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    Éruption de Santorin : nouveau rebondissement dans la datation

     

    L'éruption minoenne qui a donné lieu à la formation de la caldera de Santorin a peut-être été à l'origine du mythe de l'Atlantide. Il y a quelques années, des datations au carbone 14 et l'étude des cernes de croissances des oliviers avaient situé l'événement au XVIIe avant J.-C. Mais une équipe de chercheurs met en doute la solidité de ces estimations, revenant aux âges avancés auparavant par les archéologues.

     

    Une vue de la caldera de Santorin, située en mer Égée. Elle provient d'une éruption de type plinien datant du IIe millénaire avant J.-C. qui projeta des pierres ponces et des cendres sur environ 60 m d'épaisseur autour du volcan, et jusqu'à 900 km au sud. Le volume de ponces qui fut éjecté lors de cette explosion est estimé à 30 km3. © Hartmut Inerle, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Une vue de la caldera de Santorin, située en mer Égée. Elle provient d'une éruption de type plinien datant du IIe millénaire avant J.-C. qui projeta des pierres ponces et des cendres sur environ 60 m d'épaisseur autour du volcan, et jusqu'à 900 km au sud. Le volume de ponces qui fut éjecté lors de cette explosion est estimé à 30 km3. © Hartmut Inerle, Wikipédia, cc by sa 3.0

     
     

    Depuis des décennies, on spécule sur l’importance de la fameuse éruption minoenne, celle associée à la formation de la caldera de Santorin, dans l’élaboration du mythe de l’Atlantide de Platon. On peut trouver des points communs entre la civilisation qui s'est développée en Crète et sur l’île de Santorin, dans le sud de la Grèce, de 2700 à 1200 avant J.-C. et celle que décrit le philosophe athénien dans le Timée et le Critias. De plus, le gigantesque tsunami qui a forcément accompagné l’éruption minoenne cadre bien avec la catastrophe décrite par Platon, l’engloutissement de l’Atlantide. Toutefois, il semble difficile d’établir une corrélation avec l’effondrement de la civilisation minoenne vers 1450 avant J.-C., en partie parce que les dates de deux événements ne semblent pas concorder.

    On a beaucoup de mal à dater avec précision l’éruption minoenne, et les arguments et les rebondissements se succèdent d’année en année. Pour les archéologues, en se basant sur l’étude des poteries, l’éruption de Santorin se serait produite vers le milieu du XVIe siècle avant J.-C. Mais il y a quelques années, des études basées sur des datations au carbone 14 et la dendrochronologie avaient conduit à penser que l’événement daterait plutôt du milieu du XVIIe siècle avant J.-C. Des cendres retrouvées dans des carottes glaciaires au Groenland semblaient également aller dans ce sens. Une éruption volcanique majeure se serait donc produite en 1642 avant J.-C. Cependant, des études ultérieures ont conduit à penser que les cendres retrouvées provenaient d’une autre éruption, celle du mont Aniakchak, en Alaska.

    Vue aérienne de la falaise intérieure de la caldera de Santorin, avec ses couches de téphras caractéristiques et bien visibles. Une branche d’olivier trouvée sur cette falaise a été utilisée pour dater l’éruption minoenne.
    Vue aérienne de la falaise intérieure de la caldera de Santorin, avec ses couches de téphras caractéristiques et bien visibles. Une branche d’olivier trouvée sur cette falaise a été utilisée pour dater l’éruption minoenne. © Turi Humbel, WSL, université de Zurich

    Une éruption minoenne dont la date est difficile à cerner

    Le débat dure toujours et des publications récentes d’une équipe internationale de chercheurs sous la direction de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) viennent de jeter un nouveau pavé dans la mare.

    Des échantillons de bois d’olivier avaient été trouvés dans les cendres volcaniques de Santorin. Or, selon les chercheurs, les datations au carbone 14 de ces morceaux de bois sont problématique à plusieurs titres. Comme l’explique Paolo Cherubini, l’un des auteurs principaux des nouvelles études sur la datation de l’éruption minoenne, « examiner ce type de fragments de bois n’a de sens que si l’on peut prouver avec certitude que les arbres vivaient encore au moment de l’éruption. Or, dans le bassin méditerranéen, les vieux oliviers conservent souvent leurs branches mortes pendant plusieurs décennies ». De plus, les datations au carbone 14 pour les arbres s’appuient aussi sur des âges estimés à partir des cernes de croissance d’arbres vieux de plus de 4.000 ans.

    Image et profil de densité du bois obtenus par imagerie neutronique. Sur cette section de branche d’un olivier qui pousse actuellement à Santorin, plusieurs fluctuations intra-annuelles de densité empêchent de distinguer clairement les cernes.
    Image et profil de densité du bois obtenus par imagerie neutronique. Sur cette section de branche d’un olivier qui pousse actuellement à Santorin, plusieurs fluctuations intra-annuelles de densité empêchent de distinguer clairement les cernes. © Cherubini et al.Plos One, 2013 ; photo : David Mannes, institut Paul Scherrer

    Dendrochronologie incertaine

    Malheureusement, comme le précise le chercheur, « dans les régions chaudes comme à Santorin, où les sécheresses estivales sont fréquentes et les hivers plutôt doux, les oliviers forment souvent des cernes très difficiles à distinguer. Ils présentent des fluctuations de la densité du bois à l’intérieur de certains cernes, et qui se forment surtout pendant les périodes de sécheresse ». Il en résulte que même des spécialistes peuvent se tromper pour attribuer une date à des fragments d’olivier.

    Cette section de la branche d’un olivier qui pousse actuellement à Santorin comporte des cernes très difficiles à distinguer et à dater.
    Cette section de la branche d’un olivier qui pousse actuellement à Santorin comporte des cernes très difficiles à distinguer et à dater. © Turi Humbel, WSL, université de Zurich

    Pour le prouver, Cherubini a fourni des morceaux de bois d’olivier poussant actuellement à Santorin à dix experts membres de cinq laboratoires dans le monde. Les résultats ont été spectaculaires. Le nombre de cernes évalués pouvait varier de plus de 44 % selon les estimations. Ainsi, un fragment d’olivier pouvait avoir un âge estimé à 72 ans par un groupe d’experts, alors que son âge réel était de 30 ans. Les repères chronologiques construits à partir des datations au carbone 14 combinés à la dendrochronologie étaient donc beaucoup trop imprécis pour pouvoir affirmer que l’éruption minoenne datait en réalité du XVIIe siècle avant notre ère, et pas du XVIe siècle comme l’indiquait l’étude des céramiques.

    Ce travail va certainement réjouir plus d’un archéologue, car l’éruption minoenne est un marqueur clé de l'archéologie de l’âge du bronze de la Méditerranée orientale. Elle fournit un point fixe pour aligner l'ensemble de la chronologie du deuxième millénaire avant notre ère dans la mer Égée. Les datations au carbone 14 étant en désaccord avec les dates archéologiques, elles avaient donc des implications importantes pour la chronologie acceptée des cultures de la Méditerranée orientale.

     

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