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    Jeux de société amusants pour

    l’halloween

     

    du site Kraft Canada

     

    Cliquez pour la musique - Merci

     

    Divertissement 2:  Jeux de société amusants pour l’halloween

     

    Mettez de l'ambiance en proposant ces jeux et bricolages d'Halloween amusants et créatifs, pour les enfants de tous âges et même les adultes !

     

     

    Anatomie du monstre

     

    Devine quelle est la partie de l'anatomie du monstre !

     

    1. Réunissez 5 boîtes de formats assortis, avec couvercle (assez profondes pour pouvoir y placer un bol de petite ou moyenne dimension). Découpez dans le couvercle de chaque boîte une ouverture suffisamment grande pour laisser passer une main d'enfant. Demandez aux enfants de décorer les boîtes d'images de fantômes, de chauves-souris, de chapeaux de sorcière ou de maisons hantées.
    2. Réunissez les « parties de l'anatomie du monstre » !
      Intestins = Spaghettis cuits refroidis
      Globes oculaires = Gros raisins pelés
      Dents = Bonbons
      Coeurs = Donnez une forme de coeur à votre Jell-O grâce à un moule Rigolo ou un emporte-pièce.
      Oreilles = Abricots, pruneaux, ou demi-poivrons séchés
    3. Déposez les parties du monstre dans chacun des bols, et chaque bol au fond d'une boîte; mettez les couvercles.
    4. Alignez les boîtes sur la table, réduisez l'intensité de la lumière et demandez aux enfants de mettre la main à l'intérieur de la boîte et de deviner quelle partie de l'anatomie du monstre ils touchent.

    Préparez des serviettes de papier ou des débarbouillettes mouillées pour le nettoyage des petites mains collantes.

     


     

    Combien y a-t-il de graines de citrouille dans le pot?

     

    Versez dans un grand pot autant de graines de citrouille séchées que possible. Puis, prélevez une tasse à mesurer de graines de citrouille, comptez-les et versez-les dans un autre pot. Utilisez la tasse à mesurer pour remplir le pot, en comptant la mesure chaque fois. Une fois le pot plein, il vous reste à multiplier le nombre de tasses par le nombre de graines de la première tasse pour connaître le nombre total de graines dans le pot. Pour commencer le jeu, déposez une feuille de papier à côté du pot et demandez aux enfants d'écrire combien d'après eux il y a de graines de citrouille dans le pot. Le chiffre le plus proche gagne ! Demandez aux enfants de décorer le pot avec du papier de couleur ou du ruban. Pour un effet visuel plus frappant, remplacez les graines de citrouille par des bonbons.


     

    La momie

     

    Formez des équipes de 3 enfants (1 momie, 1 enveloppeur, 1 développeur). Chaque équipe reçoit 1 rouleau de papier hygiénique extra-gros. Le jeu est minuté, alors prévenez les enfants qu'à votre signal, un membre de l'équipe commencera à enrouler la « momie » de papier hygiénique. Lorsque le rouleau est épuisé (et que la momie est presque entièrement recouverte) le 2e joueur développe la momie (pas question de déchirer le papier). L'équipe qui finit la première gagne ! C'est un jeu « emballant », surtout si vous faites jouer de la musique d'Halloween à rythme effréné.


     

    Gentil fantôme

     

    Les bricolages simples, comme notre petit fantôme si facile à créer, sont agréables à confectionner.

     

    Ce qu’il vous faut
    Pochoir du fantôme
    Papier cartonné 8½ po × 11 po 
    Stylos feutres

     

    Ce qu’il faut faire
    1. Découper le pochoir du fantôme et tracer son motif sur du papier cartonné.
    2. Découper le motif et noircir les yeux. À l’aide d’un stylo feutre, inscrire le mot « Bouh ! » ou personnaliser le fantôme à votre goût.

     

    Les jeunes enfants qui manipulent des ciseaux ou de petites pièces de bricolage doivent toujours être aidés et bien surveillés

     

     


     

    Chauve qui peut

     

    Les idées de décorations d’Halloween n’ont pas à être compliquées. Créez par exemple une série de chauves-souris à l’aide du pochoir... et faites-les voler !

     

    Ce qu’il vous faut
    Pochoirs de chauves-souris
    Papier noir, cartonné ou non 
    Ruban adhésif
    Fil de nylon

     

    Ce qu’il faut faire 1. Découper les pochoirs de chauves-souris.
    2. Tracer et découper le nombre de chauves-souris désiré.
    3. Coller un fil de nylon sur les chauves-souris et les suspendre partout dans la maison pour donner l’impression qu’elles volent.

     

    Les jeunes enfants qui manipulent des ciseaux ou de petites pièces de bricolage doivent toujours être aidés et bien surveillés

     

     


     

    Momie miam-miam

     

    Saviez-vous que les momies aiment offrir des gâteries aux enfants ? Bricolez le bol d’Halloween idéal pour les présenter.

     

    Ce qu’il vous faut
    Une boîte ou un bol noir 
    2 petits capuchons blancs de récipients à vitamines, ou deux rondelles de papier
    2 rondelles de papier bleu 
    2 boutons noirs 
    Colle
    1 rouleau de gaze

     

    Ce qu’il faut faire
    1. Coller les yeux ensemble, tel qu’illustré.
    2. Coller les yeux sur la boîte ou le bol.
    3. Emballer le « visage » avec de la gaze pour créer l’effet d’une momie. 
    4. Remplir le bol de gâteries.

     

    Les jeunes enfants qui manipulent des ciseaux ou de petites pièces de bricolage doivent toujours être aidés et bien surveillés

     

     


     

    Lueurs de peur

     

    Éclairez le chemin avec des lanternes d’Halloween effrayantes faites de cruchons de lait en plastique.

     

    Ce qu’il vous faut
    Cruchons de lait en plastique d’un gallon, lavés et séchés 
    Petit pinceau 
    Colle
    Papier de soie
    Papier de bricolage
    Stylos feutres
    Sable
    Bougies chauffe-plat ou petites lampes de poche

     

    Ce qu’il faut faire
    1. Couper la partie supérieure des récipients de lait.
    2. Couvrir les récipients de colle.
    3. Recouvrir les récipients de papier de soie et les laisser sécher jusqu’au lendemain.
    4. À l’aide des images illustrées ici, décorer les récipients avec des stylos feutres, du papier plié en forme d’oreilles, etc. 
    5. Remplir de sable le fond des récipients, les illuminer à l’aide de bougies chauffe-plat ou de lampes de poche.

     

    Les jeunes enfants qui manipulent des ciseaux ou de petites pièces de bricolage doivent toujours être aidés et bien surveillés

     

     


     

    L’assiette-monstre

     

    Les enfants adoreront créer leur propre assiette-monstre. Il n’y a pas mieux pour cacher ses gâteries emballées jusqu’au moment de les manger.

     

    Ce qu’il vous faut
    Assiettes de papier colorées
    Papier de bricolage ou cartonné 
    Ruban adhésif double-face ou colle 
    Yeux exorbités

     

    Ce qu’il faut faire
    1. Découper l’assiette en deux en créant une courbe, tel qu’illustré.
    2. Coller une moitié d’assiette sur une assiette entière pour créer la tête du monstre.
    3. Découper quatre bandes de papier et les plier en accordéon pour former les jambes et les bras.
    4. Ajouter les mains et les pieds créés dans du papier de couleur différente.
    5. Découper d’autres traits de visage dans d’autres papiers et les coller sur le visage.
    6. Fixer les yeux avec de la colle ou du ruban adhésif.

     

    Les jeunes enfants qui manipulent des ciseaux ou de petites pièces de bricolage doivent toujours être aidés et bien surveillés

     

     

    Divertissement 2:  Jeux de société amusants pour l’halloween

     

     

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    #MoiAussi: au-delà des vedettes…

     

    #MoiAussi a accompli ce qu’#AgressionNonDénoncée n’avait pas permis de faire: démontrer l’ampleur du problème du harcèlement sexuel.


    Marilyse Hamelin du magazine Châtelaine

     

     

    Société 3:  #MoiAussi: au-delà des vedettes…

     

    La preuve n’est plus à faire quant à l’utilité de la campagne #MoiAussi (#MeToo) sur les réseaux sociaux. Au moment où j’écris ces lignes, les gestes de plusieurs hommes influents ont été dénoncés. La vague #MoiAussi, c’est une prise de conscience collective assortie de gestes d’éducation populaire, comme un guide pour démystifier les agressions et le harcèlement sexuel au travail, publié par Le Journal de Montréal.


    Ainsi, #MoiAussi a accompli ce qu’#AgressionNonDénoncée n’avait pas permis de faire: démontrer l’ampleur du problème du harcèlement sexuel. Si l’affaire Aubut a été une forme de prologue, cette fois, on sent que ça ne passe plus.


    Mais au-delà du «déboulonnage de vedettes», bien avant que La Presse ne publie son enquête sur Éric Salvail, j’avais déjà pu mesurer l’utilité de la campagne en raison de la prise de conscience de nombreux hommes «ordinaires». Certains ont publiquement utilisé les mots-clics #ihave #itwasme ou #ididit sur les réseaux sociaux. D’autres sont tour à tour débarqués dans ma boîte de réception privée sur Facebook, au point où j’ai dû dire à chacun qu’il n’était «pas le seul à passer à la confesse».


    Qu’ils aient eux-mêmes commis du harcèlement sexuel par le passé ou qu’ils en aient été les témoins silencieux, ces hommes-là ont non seulement compris quelque chose grâce à #MoiAussi, mais ils ont senti le besoin d’exprimer des regrets. Ce n’est pas rien.


    Mieux vaut tard…

    Sur une note plus personnelle, j’ai reçu des excuses de la part d’un homme qui était au courant du harcèlement sexuel que j’ai subi en emploi au tournant des années 2010 et qui ne m’en avait jamais parlé.


    Évidemment, son message a ravivé chez moi de douloureux souvenirs, enfouis. Je n’ai jamais été aussi dysfonctionnelle et incompétente que durant ces mois passés à endurer les agissements et paroles déplacées de mon ex-patron à mon endroit. À cette époque, je suis allée chez la coututière à quelques reprises pour faire ajouter des boutons aux cols de mes chemisiers et me suis mise à porter des foulards et des pulls amples. La jeune femme naïve que j’étais a cru que cela pourrait la protéger.


    (Âmes sensibles, s’abstenir de lire le paragraphe suivant, qui relate ce que j’ai vécu.)


    Je me souviens de ma surprise la première fois où, en route vers une réunion, en voiture, mon patron m’interroge sur mes positions préférées au lit. Ces questions reviendront à plusieurs reprises durant les mois suivants. Je me souviens du sentiment de peur qui s’installe chez moi à l’idée de me retrouver seule avec lui au bureau, parce qu’il arrive souvent par derrière, au moment où je m’y attends le moins, pour me susurrer des paroles à l’oreille ou pour renifler l’odeur de ma nuque. Je me souviens de sa manière de m’enlacer par la taille, de mettre sa main sur le creux de mes reins lorsque je suis à l’ordinateur, de sa façon de me regarder dans les yeux et de mimer un cunnilingus avec ses doigts et sa langue, alors que sa conjointe est dans la même pièce, de dos. Je me souviens de sa manière de me faire sentir que je suis son employée et que je lui appartiens. Je me souviens de mes collègues et supérieurs – à qui je me plains de la situation – qui relativisent ce que je vis («Il fait ça pour rire»; «Il est comme ça, que veux-tu»; «Ignore-le»).


    J’ai fini par démissionner. Je me suis arrangée, toute seule.


    Je n’attendais plus rien, après toutes ces années… J’ai d’abord versé quelques larmes en lisant ce message d’excuses, mais il m’a fait grand bien. C’est également ça, la vague #MoiAussi.


    Évolution des mentalités

    Je comprends, en tout respect, celles qui sont à la fois lasses et en colère, qui ne voient aucune utilité à ce mouvement à long terme, mais il ne faut pas céder au cynisme ou au découragement. Les changements de mentalité sont une chose difficile à quantifier. Or c’est souvent à l’aune de ceux-ci qu’on mesure l’évolution des sociétés.


    Dans son livre Le féminisme québécois raconté à Camille, l’historienne Micheline Dumont rappelle que le 12 mai 1982, la première fois qu’il a été question à la Chambre des communes de la violence faite au femmes, ces messieurs parlementaires ont éclaté de rire. Il faut dire qu’à l’époque, l’air du temps faisant en sorte que certains se sentaient bien à l’aise de parodier une vieille annonce de bière (Labatt, n’y a rien qui la batte!), en lançant à la cantonade, suivi d’un gros rire gras: À place de la battre, débouche-toi donc une Labatt! Hilarant, n’est-ce pas?


    De nos jours, grâce à une législation plus adaptée, mais aussi au travail de fond des groupes de femmes et aux campagnes publiques de sensibilisation, la violence conjugale n’est plus acceptable socialement. (D’ailleurs, je me souviens comme si c’était hier de cette publicité qui a marqué mon enfance.)


    Bien que le problème du harcèlement sexuel ne disparaîtra pas comme par magie, nous venons de faire un sapré pas en avant sur cette question. Ce n’est plus aux victimes de ressentir de la honte et de la culpabilité. Non seulement les fautifs devront réfléchir, mais j’ose espérer que les témoins ne se tairont plus.


    Je sais, j’espère beaucoup, mais on avance, indéniablement. Et il faut continuer, parce que le monde, on est vraiment en train de le changer.


    Chroniqueuse du mois

    Journaliste indépendante, conférencière et auteure, Marilyse Hamelin dirige le blogue féministe La semaine rose. Son premier essai, Maternité, la face cachée du sexisme, vient tout juste de sortir en librairie.

     

    Note de Frawsy:

    N'ayez pas peur de dénoncer ces

    agressions sexuelles au Service de Police.

     

    Société 3:  #MoiAussi: au-delà des vedettes…

     

     

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    Les agressions sexuelles ne sont pas que

    le fait des puissants

     

    Après des jours de révélations fracassantes et salutaires, où en sommes-nous en matière de dénonciation d’agressions, de harcèlement, d’inconduites ou de malaises à caractère sexuel? Au début d’un temps nouveau? Peut-être. Mais il est encore trop tôt pour le dire.

     

    Josée Boileau du magazine Châtelaine

     

    Matière à Réflexion:  Les agressions sexuelles ne sont pas que le fait des puissants

     


    Tremblement de terre, point tournant, moment historique, révolution sociale – tous ces mots viennent d’être employés à répétition pour qualifier le courage des femmes et des hommes qui, à visage découvert ou pas, ont dénoncé ce que des vedettes d’ici leur ont fait subir. Comme je suis, hélas, rendue méfiante par expérience, aucune de ces expressions ne me plaisait vraiment.


    Puis, j’ai entendu Matthieu Dugal, animateur à la radio de Radio-Canada, parler tout simplement d’un nouveau chapitre. Voilà qui sonnait juste. Nous avançons, certes, mais nous ne sommes pas à la fin de l’histoire. C’est plutôt un continuum qu’on voit à l’œuvre.


    De tout temps, dans toutes les sociétés, les femmes ont été agressées. Mais de tout temps, on l’oublie, des femmes en ont parlé. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont amplifié leur parole, mais il est faux de dire: «Enfin, les victimes s’expriment.»


    Autrefois, bien avant que la justice ne reconnaisse le viol, l’agression, le harcèlement, il y avait déjà une prise de parole dans l’intimité. S’il est vrai qu’on ne dénonçait pas publiquement ces «choses-là», entre elles, les femmes tentaient quand même de se mettre en garde (franchement, par allusions ou par sous-entendus), de se soutenir mutuellement, de protéger la petite sœur ou la nouvelle collègue. Et des hommes aussi réagissaient: «Tu toucheras plus à ma femme, tu toucheras plus à ma fille!» Les souvenirs de famille, la littérature le font voir.


    Le grand mérite du mouvement féministe aura été, à partir des années 1960, de faire éclater sur la place publique cette violence envers les femmes et d’en souligner l’anormalité: non, ça ne fait pas partie de la job, ou de la vie de couple, ou des aléas d’une société! Que la justice s’ajuste! La prise de parole était éclatante et a amené des changements législatifs.


    Restait le reste, restait la réalité. Et celle-là, les enquêtes n’ont pas manqué de nous l’étaler depuis 30 ans. Un seul exemple: depuis 1988, à tous les cinq ans, Statistique Canada mène une vaste enquête sur la victimisation au pays, qui lui permet notamment de mesurer où nous en sommes quant à la violence faite aux femmes de 15 ans et plus. Pas de secret ici: ces enquêtes ont toujours été couvertes par les médias.


    Le dernier relevé nous indique que, si l’on s’en tient strictement aux plaintes déposées à la police, les femmes sont 11 fois plus nombreuses que les hommes à être victimes d’agressions sexuelles. De plus, 83 % des gestes de violence commis contre les femmes sont le fait d’hommes, et ceux-ci sont issus essentiellement (à 84 %) de leur entourage – amoureux, conjoint, ami, famille, connaissance.


    D’autres études nous ont aussi démontré que près de 90 % des agressions sexuelles ne sont pas rapportées à la police, ou encore que près d’une femme sur quatre au Québec a déjà été agressée avant même d’avoir 18 ans. Un tout récent sondage Léger précisait que 40 % des Québécoises affirment avoir déjà été harcelées sexuellement, réitérant ce que d’autres enquêtes ont déjà révélé.


    Depuis des décennies donc, on a très bien dénombré ce à quoi les femmes sont confrontées.


    Oui, mais ces chiffres manquent de chair, ont dit les sceptiques. Pas du tout! Depuis des années, dans plein d’études, qualitatives cette fois ou couvrant des domaines particuliers (comme l’armée), des femmes ont décrit précisément ce qu’elles ont vécu.


    Ah, mais c’est trop gros, attention aux exagérations, aux mauvaises perceptions, a-t-on dès lors entendu. En plus, c’est anonyme, faudrait des noms! C’est justement ça la nouveauté ces jours-ci, assure-t-on: enfin, on nomme les agresseurs.


    Et pourtant, on en a eu des noms, et des célèbres, au fil du temps! Juste au Québec, on pense spontanément à Gilbert Rozon en 1998, Guy Cloutier en 2004 ou Jeff Fillion, sanctionné en 2005 pour ses commentaires dégradants à l’égard de Sophie Chiasson. Chaque fois, l’indignation publique fut totale et la conclusion semblait évidente: désormais, les morons, les pervers et ceux qui les regardent aller comprendraient enfin la leçon! Il faut retourner voir ce que l’on disait à l’époque, comme l’ont fait Pascale Navarro et Nathalie Collard qui ont republié ces derniers jours sur Facebook la chronique qu’elles avaient signé dans l’hebdomadaire Voir au moment de la première affaire Rozon (hum!) en 1998. Que lit-on? Exactement ce que l’on écrit près de 20 ans plus tard, avec la deuxième affaire Rozon!


    Depuis, le même scénario s’est répété. Ainsi, des cinq dernières années avec #agressionnondéclarée, avec le cas Marcel Aubut cloué au pilori sur la place publique, avec des histoires de députés tassés à Québec comme à Ottawa, avec des gars condamnés comme l’entraîneur Bertrand Charest. (Mais on a vite mis sous le tapis des gestes commis par des étudiants au moment du Printemps érable de 2012 et dénoncés par quelques femmes, qui se le sont fait reprocher, car les milieux progressistes n’aiment guère se faire dire que chez eux aussi…)


    Chaque fois donc, on a réaffirmé que, dorénavant, les femmes ne se laissaient plus faire, donc que les temps avaient changé et que les abuseurs se le tiennent pour dit, etc. Ouais…


    Ces jours-ci, on regarde des puissants tomber et on s’attarde aux notions de pouvoir, d’autorité, de célébrité et aux abus qu’ils permettent (qui, par ailleurs, ne sont pas que sexuels). Avec un risque réel: perdre de vue l’ordinaire, celui que l’on trouve depuis 10 jours sous tant de témoignages marqués #MoiAussi sur les réseaux sociaux.


    Cet ordinaire nous renvoie aux chiffres de Statistique Canada: les femmes violentées (voies de fait, agressions sexuelles, harcèlement criminel…) le sont par leur amoureux ou leur conjoint (45 % des agresseurs recensés par la police) ou les proches (27 %). Il n’y a pas tant de célèbres ou de puissants dans le lot, et il n’y a pas nécessairement rapport d’autorité. C’est pareil quand on élargit à ce qui est vécu hors des plaintes acceptées par la police.


    Que tombent les idoles, c’est un soulagement – et on imagine sans peine la grande difficulté de témoigner pour les déboulonner. Mais le bruit des statues qui s’écroulent ne doit pas nous faire oublier toutes ces voix qui font état d’un problème généralisé. À toutes ces personnes croisées qui m’ont dit ces derniers jours: «T’as vu pour Salvail, pour Rozon? C’est épouvantable!», je répondais: «Oui, c’est effrayant. Et as-tu vu en plus les #MoiAussi sur Facebook?». Toutes ces femmes, tous ces hommes (généralement gais) qui brisaient le silence et la honte, c’était bouleversant. Pourtant, en quelques jours, on les avait déjà perdus de vue.


    Dans le tourbillon des analyses récentes, quelqu’une a dit que si nous ne vivions pas de nouvelles vagues de prises de parole, il fallait néanmoins constater que ces vagues revenaient de plus en plus vite et de plus en plus fortes.


    C’est une belle image, car elle permet de rappeler que la vague s’accompagne souvent de ressac: mises en demeure (il y en a eu contre des femmes après #agressionnondéclarée), trop-plein qui finit par semer l’indifférence envers les victimes, causes perdues devant les tribunaux. Ces impacts-là existent et font mal. De même, les organismes d’aide, eux, manquent toujours de soutien pour vraiment faire face à la houle qui enfle…


    Et guette toujours l’écueil de l’oubli qui permet aux imbéciles de continuer à sévir, car – et c’est là le cœur de l’affaire – nous sommes dans une société où l’on décide entre hommes (au sens le plus mâle de l’affaire) et où la place des femmes n’est pas acquise.


    Il y a eu de beaux combats ces derniers jours, mais gardons-nous de croire que la bataille est gagnée ou même qu’elle achève.

     

    Journaliste depuis plus de 30 ans, Josée Boileau a travaillé dans les plus importants médias du Québec, dont au quotidien Le Devoir où elle a été éditorialiste et rédactrice en chef. Aujourd’hui, elle chronique, commente, anime et signe des livres.

     

     

    Matière à Réflexion:  Les agressions sexuelles ne sont pas que le fait des puissants

     

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    Espagnes

     

    La Catalogne nostalgique de sa gloire passée

     

    www.herodote.net

    Le comté de Barcelone, nom sous lequel fut connue la Catalogne au Moyen Âge, domina longtemps la Méditerranée occidentale. Ses comtes-rois gouvernèrent aussi bien la Provence que Naples.

    Ses commerçants, ses marins et ses soldats étendirent l'usage du catalan sur toutes les rives du bassin méditerranéen, jusqu'à Athènes. Ses artistes portèrent à son summum le style roman et ses troubadours firent de la cour de Barcelone un haut lieu de la culture occidentale.

    Cette gloire aux multiples facettes déclina très vite après l'union personnelle entre le comte-roi de Barcelone et la reine de Castille et surtout la conquête du Nouveau Monde qui marginalisa la Méditerranée.

    André Larané
     
     
    La Catalogne, une Espagne à part
     

    drapeau catalan

     

    Grande comme la Bretagne (30 000 km2) mais presque deux fois plus peuplée (7,5 millions d'habitants), l'actuelle Généralité de Catalogne recoupe assez précisément l'ancien comté de Barcelone.

    C'est un triangle rectangle dont un côté est constitué par la côte, des Pyrénées au delta de l'Èbre, et l'autre par les Pyrénées elles-mêmes, de la côte au val d'Aran, où la Garonne prend sa source.

    La région compte quatre provinces, Barcelone, Gérone, Lerida (Lleida en catalan) et Tarragone, avec trois langues officielles, le catalan, le castillan et l'aranais, variante du gascon, une langue d'oc.

    Plus de la moitié des habitants reconnaît le castillan pour langue maternelle. Le catalan est la langue maternelle d'un tiers des habitants. Il est aussi présent aux Baléares, à Valence, dans les Pyrénées orientales (France) et même en Sardaigne. Notons enfin qu'une grande partie des 20% d'immigrés parle le tamazight, langue berbère du Maroc et d'Algérie.

    Avec un PIB de 224 milliards d'euros, la Généralité est la région la plus riche d'Espagne (1000 milliards pour 46 millions d'habitants, 2016). L'essentiel de l'activité industrielle se concentre sur la côte, autour de la capitale Barcelone (2 millions d'habitants). Le tourisme estival est la ressource dominante sur la côte nord (Costa Brava).

     

    Préhistoire de la Catalogne

    Les premiers habitants de la région furent appelés Ibères par les navigateurs grecs, d'après le nom du fleuve local, Iber (aujourd'hui l'Èbre). Ces mêmes navigateurs, sans doute des Phocéens originaires de Marseille, fondèrent près des Pyrénées un port du nom d'Emporion (le « comptoir », aujourd'hui Ampurias).

    Plus tard, au IIIe siècle av. J.-C., la région devint le terrain de jeu des Carthaginois et des Romains. Ces derniers finirent par soumettre l'ensemble de la péninsule et un fils d'Auguste fonda une cité appelée à un grand développement à l'emplacement d'une bourgade ibère dénommée Barcino (aujourd'hui Barcelone).

     

     l'amphithéâtre romain de Tarraco (Tarragone) (DR)

    Mais la véritable capitale de la province romaine est Tarraco (Tarragone), qui conserve de nombreux monuments hérités de cette période.

    Aux temps sombres de l'empire, au Ve siècle, des bandes de Vandales et de Wisigoths ravagent le pays avant de s'y installer pour de bon. Beaucoup plus tard, aux alentours de l'An Mil, des chroniqueurs nommeront la région d'après ces hôtes de passage Gothalonia. D'où, sans doute, par déformation phonétique, le nom actuel de Catalogne.

     

    En attendant, les rois wisigoths, établis à Tolède et convertis au catholicisme, ramènent une prospérité très relative dans la péninsule. Leur suprématie dure deux siècles jusqu'à l'arrivée des musulmans, Arabes et Berbères, en 711.

    Ils conquièrent en quelques années toute la péninsule ibérique à laquelle ils donnent le nom des anciens Vandales, al-Andalous (Andalousie)... Toute ? Non, quelques roitelets wisigoths résistent dans la chaîne cantabrique. Ils ne tardent pas à recevoir le soutien des Francs d'outre-Pyrénées.

    L'un d'eux, appelé à un destin exceptionnel sous le nom de Charlemagne, va intervenir en personne contre l'émir de Saragosse en 778. Il va ensuite conquérir Gérone en 785, Barcelone en 801 et constituer au nord de l'Èbre des comtés destinés à résister aux musulmans et mener la reconquête.

    Cette « marche d'Espagne » va donner naissance à l'État catalan, simultanément à la naissance des futurs États européens tels que la France, l'Allemagne, la Hongrie...

     

     

    Portail roman du monastère bénédictin Santa María de Ripoll (DR)

    La Catalogne romane

    En 878, au concile de Troyes, les carolingiens réunissent toute la Catalogne orientale entre les mains du comte de Barcelone Guifred le Velu. Les historiens y voient l'acte de naissance de la Catalogne.

     

    Les apôtres Jude et Jacques (art roman de Catalogne, fin XIe siècle)Pour asseoir son autorité et assurer son salut, Guifred fonde le monastère Notre-Dame de Ripoll, dans les moyennes Pyrénées. Il va devenir un haut lieu de la culture érudite où l'on traduit notamment des livres arabes et grecs. C'est là que Gerbert d'Aurillac, futur pape Sylvestre II, s'initiera à la science des chiffres.

    En 985, le comte de Barcelone appelle à l'aide le lointain successeur de Charlemagne suite à la mise à sac de sa ville par le vizir al-Mansour. Mais l'empereur, qui a d'autres soucis en tête, fait la sourde oreille et le comte comprend qu'il n'a plus rien à espérer des carolingiens. Dès lors, il va apprendre à se débrouiller tout seul quitte à nouer des alliances de circonstance avec les roitelets musulmans pour protéger son indépendance.

    La future Catalogne renforce aussi ses liens avec les pays de langue d'oc et la Provence, qui appartiennent à la même communauté linguistique. Ces liens prennent forme aussi dans le domaine religieux à l'initiative de l'abbé Oliba.

     

    sarcophage de l'évêque et abbé OlibaCe noble né vers 971 a renoncé à la vie profane pour entrer comme moine à Notre-Dame de Ripoll. Il en devient l'abbé en 1008.

    Il va dès lors accompagner le renouveau de l'Église en embellissant Saint-Michel de Cuxa et en fondant Saint-Martin du Canigou (Pyrénées-Orientales), en fondant aussi le monastère de Sainte-Marie de Montserrat, devenu aujourd'hui un haut lieu du nationalisme catalan.

    Oliba enrichit considérablement la bibliothèque de Ripoll. Fin connaisseur de la Lombardie et la Provence, il introduit en Catalogne l'art roman en s'inspirant des réalisations de ces régions et très vite les artistes catalans vont se hisser au premier plan, tant dans la sculpture que la peinture.

    Devenu évêque de Vic, cet homme d'exception trouve aussi moyen de faire voter la Trêve de Dieu au synode d'Elne (ou concile de Toulouges), dans la plaine de Toulouges, au sud de Perpignan, le 16 mai 1027. Cette disposition qui interdit les combats le dimanche et les jours fériés va grandement contribuer à pacifier la société féodale.

     

    L'Espagne (1086-1194), Atlas historique de la Catalogne, 2010, avec l'aimable autorisation des éditions Autrement

     

    Le comte de Barcelone se fait comte de Provence et roi d'Aragon

    Après l'An Mil, les souverains chrétiens du nord de l'Espagne poursuivent avec un certain succès la reconquête (Reconquista) face à des musulmans divisés, les reyes de taïfas. Après la perte de Tolède, en 1085, ces derniers appellent à l'aide le souverain almoravide qui règne à Marrakech (Maroc).

    Cet « État islamique », avec ses guerriers du désert, a tôt fait de s'emparer d'al-Andalous et renvoie dans leurs montagnes les souverains chrétiens du León, de Castille, d'Aragon et de Barcelone. Sans se décourager, ceux-ci reprennent l'offensive avec l'appui de tous ceux que révulse le fanatisme des Almoravides.

    Dans l'épreuve, les descendants de Guifred le Velu soudent autour d'eux les petits féodaux du nord de l'Èbre et consolident la puissance de Barcelone. Ce n'est pas tout. D'heureux mariages vont propulser le comté au premier rang des puissances de Méditerranée occidentale.

    Cela commence avec l'union du jeune comte Raymond Bérenger III (Ramon Berenguer) avec Douce, fille et héritière du comte de Provence Gilbert et devient lui-même comte de Provence en 1116. A la même époque, le roi capétien Louis VI le Gros peine à sortir de son domaine sis entre Paris et Orléans !...

    Le comte de Barcelone se voit toutefois contester ses droits par le comte de Toulouse Alphonse Jourdain. Leur guerre se conclut le 16 septembre 1125 par un traité de partage qui laisse au Toulousain les terres au nord de la Durance ainsi que les châteaux de Beaucaire et Valabrègue, à l'ouest du Rhône, sous l'appellation de marquisat de Provence.

    Raymond Bérenger IV, Pétronille d'Aragon et leur fils Alphonse II (Généalogie des rois d'Aragon de Poblet, 1400)Entretemps, Raymond Bérenger III arrondit ses domaines avec la Cerdagne et l'île de Majorque. Son fils et successeur Raymond Bérenger IV fait mieux encore.

    Le 11 août 1137, il convient avec le roi d'Aragon d'épouser sa fille et héritière Pétronille. La jeune promise a tout juste... un an et il faudra attendre quatorze ans pour que le mariage devienne officiel.

    Le comte n'a pas attendu ce délai pour asseoir son autorité sur le royaume pyrénéen et sa capitale Saragosse, au grand dépit de son rival, le roi de Castille et León.

    Poursuivant par ailleurs son offensive contre les Almoravides et les Almohades qui leur ont succédé, il reprend aux musulmans toutes les terres qu'ils tiennent encore au nord de l'Èbre. Des colons venus d'outre-Pyrénées et des moines cisterciens mettent en valeur cette « Nouvelle Catalogne ».

    À sa mort, le 6 août 1162, le comte-roi Raymond Bérenger IV, dit le Vieux, laisse ses Etats plus puissants que jamais, tant en Méditerranée occidentale que dans la péninsule ibérique. Le meilleur reste à venir.

     

    La Catalogne au XIIe siècle, Atlas historique de la Catalogne, 2010, avec l'aimable autorisation des éditions Autrement

    Le quart d'heure de gloire des Catalans

    Alphonse II, fils de Raymond-Bérenger et Pétronille, s'attire les surnoms de Chaste et Troubadour. Prince énergique et lettré, il cultive le « gai savoir », ce qui vaut à Barcelone le surnom d'« Athènes des troubadours ». Alphonse II est aussi un habile politique. Attiré par le nord des Pyrénées, il s'empare du Roussillon et du Béarn et annexe Nice à la Provence.

    Catalans, Languedociens et Provençaux communient dans une même culture et leurs parentés linguistiques conduiront beaucoup plus tard, au XIXe siècle, le poète provençal Frédéric Mistral à tenter un rapprochement avec ses homologues catalans...

    Son fils et successeur Pierre II négocie un mariage avec Marie, dame de Montpellier, ce qui lui vaut d'annexer ledit comté. Ayant fait allégeance au pape Innocent III, il prend la tête de la croisade contre les Almohades et écrase ceux-ci à Las Navas de Tolosa en 1212.

    L'année suivante, fort de son prestige de roi très catholique, il obtient l'allégeance du comte de Toulouse et se porte à son secours quand il est attaqué par l'armée de Simon de Montfort, venue du bassin parisien sous le prétexte d'éradiquer l'hérésie cathare. Mal lui en prend. Il est tué à la bataille de Muret.

    Son jeune fils et héritier Jacques 1er (5 ans) va devoir gérer la succession. À sa majorité, il met au pas la noblesse aragonaise puis entreprend la conquête des Baléares, du royaume de Valence, de la Sicile et de la Sardaigne, ce qui lui vaut le surnom de Conquérant. Dans le même temps, en 1258, le traité de Corbeil avec saint Louis lui fait renoncer à la Provence et au Languedoc (à l'exception de Montpellier). C'en est fini du rêve provençal.

    En mourant, le 27 juillet 1276, Jacques 1er le Conquérant lègue ses domaines à son fils aîné Pierre III, à l'exception du Roussillon et des Baléares qui forment le royaume de Majorque, avec Perpignan pour capitale, sous l'autorité de son fils cadet. Ce royaume ne durera que deux générations.

    En 1282, à la suite des Vêpres siciliennes, les habitants de Palerme chassent leur souverain français et offrent la couronne à Pierre III. Voilà l'Aragon installé pour plusieurs siècles en Italie du sud. La Catalogne devient ainsi le centre d'un empire ibérique et méditerranéen.

    Barcelone devient une vraie métropole et se pare de monuments qui font encore la splendeur du « quartier gothique », le barrio gotico.

    Autour de la ville se développe une activité textile importante fondée sur le tissage de la laine importée de Castille. Cette activité et ces échanges vont contribuer au rapprochement entre les deux royaumes... et à la pénétration de la langue castillane parmi les élites catalanes.

    Les armateurs catalans, qui disposent à Barcelone de chantiers navals impressionnants, les Drassanes, commencent aussi à se poser en concurrents redoutables des Italiens dans tous les ports de la Méditerranée et au-delà.

    Ils établissent des comptoirs au Levant et, au XIVe siècle, des mercenaires catalans au service de l'empereur byzantin fondent même pour leur propre compte un duché d'Athènes !

     

    Atlas catalan (1375, BnF, département des Manuscrits)

    Le ciel s'assombrit

    Au milieu du XIVe siècle, la Catalogne compte un demi-million d'habitants (dont quelques milliers de juifs). C'est alors qu'elle est frappée par la Peste noire. Après un dépeuplement brutal, la région connaît comme le reste de l'Europe une succession de crises de croissance, marquées par des révoltes sociales et un creusement des inégalités.

    En 1410, la maison de Barcelone issue de Guifred le Velu s'éteint sans descendance mâle. Il s'ensuit une guerre de succession (un peu comme en France un siècle plus tôt avec la fin des Capétiens directs).

    Par le compromis de Caspe, le 15 juillet 1412, les représentants du pape et du roi de France imposent le choix du candidat castillan, Ferdinand 1er d'Antequera, fils cadet du roi Jean 1er de Castille et neveu du roi défunt par sa mère. Il inaugure la dynastie de Trastamare.

    Son fils et successeur Alphonse le Magnanime laisse à sa femme Marie le gouvernement de la Catalogne et s'établit à Naples. La reine doit gérer tant bien que mal le conflit entre seigneurs et paysans, ces derniers réclamant la suppression de la remence, une taxe très lourde obligatoire pour quiconque désirait quitter son seigneur.

    Les Cortes catalanes réunis en présence du roi Ferdinand II le Catholique (incunable du XVe siècle)Le conflit sera réglé en 1486 par la Sentence de Guadalupe prononcée par le roi Ferdinand II. Celui-ci se montre habile à rabaisser les prétentions de la noblesse en cultivant l'alliance entre la monarchie et les assemblées d'Etats qui représentent la bourgeoisie.

    Le 14 octobre 1469, par son mariage avec l'héritière du trône de Castille, Isabelle 1ère, Ferdinand II prépare l'union des deux royaumes. Cette union personnelle va prendre corps avec l'accession au trône d'Isabelle, le 13 décembre 1474.

    En 1492, le couple royal va s'illustrer par la prise du dernier royaume musulman de la péninsule, ce qui va lui valoir de recevoir du pape le titre de « Rois catholiques ». La même année, la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb va entraîner le déclin du commerce méditerranéen et la marginalisation de la Catalogne.

    Le comté de Barcelone va dès lors perdre son indépendance au profit de Madrid tout en restant farouchement attaché à ses institutions particulières, ses assemblées d'Etats et ses coutumes.

     

    Les révoltes catalanes

    Dans les siècles suivants, les Catalans ne vont avoir de cesse d'exprimer par des révoltes leur ressentiment à l'encontre du centralisme castillan.

    En 1640, écrasés d'impôts du fait d'une guerre entre l'Espagne de Philippe IV et la France de Louis XIII et Richelieu, les paysans se soulèvent et, le 7 juin 1640, plusieurs centaines de moissonneurs saccagent Barcelone. Le chant de ces segadors deviendra à la fin du XIXe siècle l'hymne national catalan.

    Il se trouve alors des Catalans pour proposer au roi de France une annexion de leur pays.

     

    La révolte des moissonneurs ou Segadors (peinture de 1890)

     

     

    En 1703, cependant, la conjoncture internationale se retourne en défaveur des Catalans avec une guerre longue et particulièrement meurtrière : la guerre de la Succession d'Espagne, dans laquelle la France et l'Espagne sont alliées contre presque toute l'Europe.

    La guerre a été provoquée par l'Angleterre qui refusait qu'un petit-fils de Louis XIV hérite du trône d'Espagne selon la volonté du roi défunt. À tout prendre, elle lui préférait le frère de l'empereur allemand, l'archiduc Charles. Mais la mort inopinée de l'empereur en 1711 place son frère sur le trône de Vienne. Pour l'Angleterre, il n'est pas question qu'il reçoive en prime le trône d'Espagne. Le moment est venu donc d'engager des négociations de compromis avec la France. Elles aboutiront au traité d'Utrecht.

    Les assemblées catalanes rejettent quant à elles ce compromis qui aboutit à l'installation d'un Bourbon à Madrid. Elles se soulèvent au nom du Habsbourg, l'archiduc Charles.

    Barcelone, assiégée par les troupes castillanes et françaises, va être soumise à un rude siège et à une répression impitoyable, avec en prime une administration centralisée et l'obligation du castillan dans tous les documents officiels.

    L'anniversaire de sa reddition, le 11 septembre 1714, est aujourd'hui fête nationale.

     

    Le siège de Barcelone vue par La Gazette
     

    La Gazette, journal de référence des élites parisiennes, raconte dans son édition du 29 septembre 1714 le siège de Barcelone par les troupes françaises. La ville, aux dires du narrateur, souffre de la famine. « Deux cents hommes ou femmes sortirent de la Ville, criant : Miséricorde, Vive le Roy Philippe V, mais on les força de rentrer »...

     

     

    Extraits :


    « Les dernières lettres du Camp devant Barcelone, portent que tout se preparoit pour donner l'assaut général ; les mines estant chargées, & les breches augmentées é pratiquables. les rebelles avoient été battus en plusieurs rencontres. [...] Le 31 du mois dernier, la tranchée fut montée devant Barcelone.
    [...] Il [le Duc de Mortemar] a rapporté au Roy que le Maréchal de Berwik avoit fait donner le 11 à quatre heures du matin, l'assaut général de la Ville de Barcelone. Le feu fut terrible de part & d'autre, néantmoins à onze heures les assiégez furent forcez, & on se rendit maître des deux bastions de l'attaque & des retranchements. On fit un grand carnage des ennemis qui se retirèrent dans la nouvelle Ville, laquelle n'étant séparée de l'ancienne que par une vieille muraille, ne peut pas les mettre en estat de faire une longue résistance. En effet, sur le midy, ils arborèrent un drapeau blanc, & ils demanderent à envoyer des Ostages pour traiter. [...]
    Le 13 à dix heures du matin, le Marquis de Broglie envoyé par le Mareschal de Berwik, arriva à Fontainebleau avec la nouvelle de la prise de Barcelone... »

    Ainsi faisait-on la guerre au XVIIIe siècle.

    Source : BNF (Retronews).

     

    L'Europe du traité d'Utrecht, 1714, Atlas historique de la Catalogne, 2010, avec l'aimable autorisation des éditions Autrement

     

    La tentation indépendantiste

    Sous les premiers Bourbons, la Catalogne, résignée à la perte de son autonomie, prend sa revanche dans le domaine économique. Elle connaît au XVIIIe siècle une vive expansion industrielle grâce aux filatures de cotons et au commerce des indiennes (cotonnades imprimées). Beaucoup de Catalans, les Indianos, vont aussi faire fortune au Nouveau Monde.

    Au milieu du XIXe siècle, des érudits et des poètes tentent de faire revivre la culture et la langue indigènes, comme dans d'autres régions européennes (Finlande, Allemagne, Provence etc). Ce mouvement débouche sur des aspirations autonomistes qui se traduisent par la victoire électorale du parti catalan, la Lliga regionalista, en 1901.

    À la génération suivante, l'industrialisation suscite un « anarcho-syndicalisme » original avec la fondation de la puissante Confédération Nationale du Travail (CNT) à Barcelone en 1910. Il s'ensuit de violentes tensions sociales en Catalogne. Elles opposent le courant anarchiste et anticléricald'extrême-gauche aux conservateurs et aux libéraux.

    Dans le même temps, des artistes redonnent vie à la créativité catalane mais n'ont cure des revendications autonomistes. Leur horizon déborde la région. Il englobe la péninsule ibérique, la France et l'Europe. Ces créateurs de génie ont nom Antoni Gaudí, Joan Miró ou encore Salvador Dalí. Auraient-ils pu s'épanouir dans une Catalogne indépendante, séparée par la langue tant de l'Espagne que de la France ?...

     

    Amers combats

    Francesc Macià, fondateur en 1922 du fonda le parti indépendantiste Catalan (Estat Català) (Vilanova i la Geltrú, 21 octobre 1859 ; Barcelone, 25 décembre 1933De cette question, le colonel Francesc Macia n'en a cure...

    Ce militaire sexagénaire fonde en 1922 le parti indépendantiste Estat Catalàet triomphe sous la IIe République avec la proclamation d'une « République catalane » le 14 avril 1931. L'année suivante, le Parlement espagnol accorde l'autonomie à la « Generalitat de Catalunya » dont le vieux Francesc Macia devient le premier président.

    L'avocat Lluis Companys lui succède à la présidence le 1er janvier 1934. Mais la guerre civile va couper court à cette renaissance catalane. À Barcelone, lors du pronunciamento militaire du 17 juillet 1936, les milices ouvrières renvoient les militaires dans leurs casernes. Les anarchistes et les trotskistes assument dès lors la légalité républicaine.

    Il s'ensuit une guerre civile à l'intérieur de la guerre civile ! Tandis que dans le reste de l'Espagne, les troupes nationalistes de Franco grignotent le terrain au détriment des républicains, en Catalogne, ces derniers se déchirent cruellement, les brigades communistes et les agents staliniens faisant la chasse aux anarcho-trotskistes. 

    La prise de Barcelone par les franquistes le 26 janvier 1939 met un terme à la Généralité de Catalogne mais pas à la répression. S'étant réfugié à La Baule, Lluis Companys est repris par la Gestapo après l'invasion de la France et livré aux Espagnols. Il est torturé et exécuté sur la colline de Montjuich, au-dessus de Barcelonne, le 15 octobre 1940. 

    Il faudra attendre le rétablissement de la démocratie espagnole pour que la Catalogne retrouve son autonomie le 11 janvier 1980, à l'égal des deux autres communautés nationales, la Galice et le Pays basque.

    Sous l'égide du charismatique Jordi Pujol, un médecin né en 1930, élu président de la Généralité en 1980, la Catalogne va cultiver avec bonheur ses nouveaux droits et imposer la reconnaissance de sa langue et de sa culture. Barcelone entre dans le cercle prestigieux des métropoles-mondes en accueillant les Jeux Olympiques en 1992.

    Jordi Pujol quitte le pouvoir en 2003. Il est relayé à la tête du parti autonomiste (Convergence démocratique catalane) et un peu plus tard à la présidence de la Généralité par Arthur Mas. En 2014, sous le coup d'une inculpation d'enrichissement illicite, il est remplacé par un inconnu, le journaliste Carles Puigdemont, suite à d'obscures manoeuvres de couloir.

    Entretemps, le 18 juin 2006, le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero a accordé aux Catalans un nouveau statut d'autonomie approuvé par référendum. Il reconnaît à la Généralité le statut de nation avec de très larges délégations de pouvoir en matière de justice et fiscalité. Contesté par la Cour constitutionnelle, ce statut est abrogé en 2010.   

     

    La tentation du repli

    Depuis l'abrogation du statut de 2006, il se trouve beaucoup de Catalans pour ne plus se satisfaire de l'autonomie, si étendue soit-elle, ni même du retour en force de la langue et de la culture catalanes. La crise économique de ce début du XXIe siècle leur a rendu insupportable la solidarité avec les régions espagnoles moins bien dotées.

    Oublieux de la « Movida » joyeuse qui a suivi la dictature franquiste, aigris par la montée du chômage, des dépenses sociales et de l'immigration maghrébine... et andalouse, ils aspirent à une complète indépendance, avec des ambassadeurs et une armée.

    Cette tentation du repli, à l'opposé de la grandeur d'antan, quand la langue catalane chantait tout autour de la Méditerranée, ne les empêche pas de vouloir demeurer sous la protection de l'Union européenne... Une contradiction à l'origine du relatif succès des indépendantistes aux élections régionales du 27 septembre 2015 (une majorité de sièges avec seulement 48% des voix).

    À la suite du référendum illégal du 1er octobre 2017, rien n'est à exclure. Et d'aucuns s'inquiétent d'un nouvel État qui rejetterait la fraction hispanophone de sa population et que refuseront de reconnaître la plupart des États européens, à commencer par la France, soucieuse de ne pas ouvrir la boîte de Pandore. De quoi déstabiliser un peu plus l'Union européenne, déjà mise à mal par le Brexit et la crise financière de la Grèce.

    Bibliographie

    Nous nous sommes très largement inspirés de l'Atlas historique de la Catalogne (Gracia Dorel-Ferré, 2010, éditions Autrement pour la version française).

     

    Histoire Moderne 2:   Espagnes - La Catalogne nostalgique de sa gloire passée

     

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    Robert Edward Lee (1807 - 1870)

     

    Un homme d'honneur à la tête des sudistes

     

    www.herodote.net

     

    Le général Robert E. Lee est la plus noble figure militaire de la guerre de Sécession, bien qu'appartenant au camp des vaincus en sa qualité de chef des armées confédérées (sudistes).

    Issu d'une vieille famille de planteurs virginiens, il se voue très tôt au métier des armes et sort second de l'Académie militaire de West Point en 1829.

    Le 30 juin 1831, il épouse une amie d'enfance, Mary Custis. C'est une descendante de George Washington, fille d'un riche planteur propriétaire du domaine d'Arlington. Six des sept enfants du couple naîtront dans cette somptueuse résidence. Mary héritera du domaine à la mort de son père en 1857 mais le gouvernement de Washington le confisquera en 1861, au début de la guerre. Il sera plus tard converti en nécropole militaire.

     

    Un officier charismatique

     

    Robert Edward Lee en 1838 (19 janvier 1807, Stratford Hall - Virginie ; 12 octobre 1870, Lexington - Virginie)

     

    Lee s'illustre dans la guerre contre le Mexique en 1848 puis dirige l'Académie militaire de West Point, où il a lui-même effectué de brillantes études. En 1859, il met fin à la rébellion du militant anti-esclavagiste John Brown.

    Quand survient la sécession du Sud, le président Lincoln lui offre le commandement de l'armée de l'Union mais l'officier est tiraillé entre sa fidélité aux États-Unis et son attachement à sa Virginie natale, sécessionniste.

    Il rejoint finalement la Virginie et la Confédération sudiste en avril 1861 et devient conseiller militaire du président Jefferson Davis.

    Le 1er juin 1862, il prend le commandement de l'armée de Virginie du Nord et connaît pendant un an une longue série de succès. Malgré leur coût humain très élevé, Lee bénéficie d'un bénéficie d'un immense prestige auprès de ses hommes, par sa droiture et sa proximité.

    Il arrête la marche de McClellan sur Richmond puis vainc John Pope à la seconde bataille de Bull Run les 29-30 août 1862. Il est toutefois mis en échec par McClellan à Antietam le 17 septembre 1862.

     

    Robert Edward Lee en 1864  (19 janvier 1807, Stratford Hall - Virginie ; 12 octobre 1870, Lexington - Virginie)

     

    Après deux grandes victoires à Fredericksburg le 13 décembre 1862 et à Chancellorsville les 2-4 mai 1863, il entame une marche téméraire sur Washington mais est battu à Gettysburgh les 1er-3 juillet 1863. Cette défaite fait basculer le sort des armes en faveur des nordistes.

    En février 1865, alors que la Confédération sudiste a perdu toute chance de victoire, Lee prend le commandement en chef de son armée. Il est définitivement battu à Appomattox le 9 avril 1865.

    La mort dans l'âme, impassible, sanglé en grand uniforme, il apporte sa reddition au général Ulysses Grant, lequel l'accueille en simple vareuse, nonchalamment vautré dans un fauteuil.

    Robert Lee prend dès lors une retraite honorable en qualité de président du Washington College de Lexington (Virginie).

     

    Lee et l'esclavage

    Bien que propriétaire d'esclaves et commandant des armées sudistes, Robert Lee est à la fois hostile par principe à l'« institution particulière » (l'esclavage) et convaincu qu'il est voué à disparaître rapidement de façon naturelle, du moins aux États-Unis.

    Dans une lettre célèbre à sa femme, le 27 décembre 1856, le futur généralissime écrit : « En cet âge éclairé, peu je crois disconviendront que l'esclavage en tant qu'institution est un mal à la fois moral et politique quel que soit le pays. Il est inutile de s'étendre sur ses inconvénients. (...) mais il ajoute aussi : Les noirs sont incommensurablement mieux ici qu’en Afrique, moralement, socialement et physiquement. L’instruction douloureuse qu’ils subissent est nécessaire pour leur éducation et leur race. (...) Leur émancipation résultera plus vite de la douce et unificatrice influence du christianisme, plutôt que des orages et des tempêtes de la controverse violente ».

    Lee est par ailleurs partisan du maintien d'une ségrégation entre blancs et noirs. Il est proche en cela de la plupart de ses concitoyens éclairés, y compris du président Lincoln, lequel rappelait en 1862, en pleine guerre de Sécession : « Mon objectif essentiel dans ce conflit est de sauver l'Union. Ce n'est pas de sauver ou de détruire l'esclavage. Si je pouvais sauver l'Union sans libérer aucun esclave, je le ferais. Si je le pouvais en libérant tous les esclaves, je le ferais. Et si je le pouvais en en libérant quelques-uns sans toucher au sort des autres, je le ferai aussi ».

     

    Robert E. Lee entre son fils et son aide de camp Taylor, le 16 avril 1865 à Richmond (Virginie)

     

    Histoire Moderne 2:  Robert Edward Lee (1807 - 1870) - Un homme d'honneur à la tête des sudistes

     

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