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    Dès le Moyen-Âge, Paris apparaît comme une cité puissante et les quartiers que nous connaissons aujourd'hui s'esquissent. La commerçante rive droite, avec le marché des Halles, la Cité siège du pouvoir politique et religieux, et la rive gauche universitaire et intellectuelle. Au fil des rues, se cachent des trésors du Paris médiéval. © Steven LE VOURC'H

     

      

    Au cœur du quartier latin, le musée national du Moyen-Âge est installé dans deux monuments exceptionnels : les thermes gallo-romains (Ier-IIIe siècles) et l'hôtel des abbés de Cluny (fin XVe siècle). © Catherine BURG
     
      
    Le neuvième archevêque de Sens, Tristan de Salazar, décide la construction de cet hôtel en 1475 avec pour idée de donner naissance à un bâtiment somptueux. Les travaux durent jusqu'en 1519. C'est la raison pour laquelle son architecture est transitoire entre le Moyen Âge finissant et les premières manifestations de la Renaissance. © Michèle de PUYRAIMOND
     
      
    Construit au XIIIe siècle (1245-1248) pour parfaire l'éducation chrétienne des jeunes moines, il est aujourd'hui un lieu de rencontres, de dialogues, de formation et de culture. La grande nef et ses 32 colonnes, autrefois lieu de vie des moines cisterciens. © Patrick Peralta
     
    Petite rue escarpée non loin de l'Hôtel de ville de Paris, la rue des Barres existait déjà en 1250. Elle doit son nom à l'ancien moulin des Barres qui donnait sur la Seine. © Bernard LEPLEY
     
    Bordant la Seine, la Conciergerie est le principal vestige de l'ancien Palais de la Cité. Elle fut la résidence et le siège du pouvoir des rois de France du Xe au XIVe siècle. © Yvain Blachère
     
    Dans le Quartier latin de Paris, l'église gothique Saint-Séverin, construite du XIIIe au XVe siècle, accueillait un charnier, ancien cimetière paroissial. © Jean-Pierre Tolomio
     
    Edifiée entre 1409 et 1411 par le duc de Bourgogne, la Tour Jean-sans-Peur se dresse toujours rue Étienne-Marcel dans le IIe arrondissement. Unique en France, la voûte de son escalier à vis est ornée d'une décoration végétale composée de trois plantes, le chêne, l'aubépine et le houblon. © Camille Ramos
     
    Marguerite de Provence, veuve de Saint Louis, se fit construire en 1290 cet agréable hôtel sur les bords de la Bièvre. Le château de la Reine Blanche se cache dans une petite ruelle derrière la Manufacture des Gobelins.
     
    Chef-d'œuvre de l'art gothique, la Sainte-Chapelle fut édifiée sur l'île de la Cité à la demande de Saint Louis afin d'accueillir la Sainte Couronne, un morceau de la Sainte Croix et autres reliques de la Passion. © Yves Prado
     
    Dans le quartier des Gobelins, le promeneur devra ouvrir l'œil pour apercevoir dans cette arrière-cour cette voûte et ce fronton. Vestiges médiévaux, ils dateraient de 1500 environ. © Gérard ROBERT
      
    Chef-d'œuvre de l'architecture gothique la cathédrale Notre-Dame de Paris, située à l'extrémité de l'île de la Cité, est le plus imposant témoignage du Paris médiéval. Sa construction est étalée sur plusieurs décennies puisqu'elle commença en 1163 et s'acheva en 1345. © Bernard MODELO
     
    Ornant les piédroits du portail de la cathédrale Notre-Dame, quatre statues représentent des saints parisiens. À gauche, un roi non identifié et saint Denis décapité, portant sa tête et entouré de deux anges. © PHILIPPE GUILLEMOT
     
    Un balcon de l'hôtel de Sens aux ornements végétaux et fantasques si chers au artistes du Moyen-Âge. © Yvette Gogue
     
    Dans le IIIe arrondissement, se trouve encore la maison de Nicolas Flamel, qui dit-on, détenait le secret de la pierre philosophale et changeait le plomb en or. Cette demeure était destinée à accueillir les miséreux de l'époque auxquels Nicolas Flamel offrait le gîte et le couvert © Alain Roy
     
    Dans le IVe arrondissement, à l'angle de la rue des Barres et de la rue du Grenier-sur-l'Eau se cache une maison à pignons du XVe siècle. © Yvette GOGUE
     
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    Située en face du Louvre, l'église Saint-Germain-l'Auxerrois est une église dont l'origine remonte au XIIe siècle. Il ne reste malheureusement aucune trace visible de sa période romane. © Alain Roy
     
    saint-germain-l'auxerrois   
     
    Le portail de l'entrée principale, plus tardif est en revanche d'origine, il date du XIIIe siècle. © Alain Roy
     
      
    Construit entre 1337 et 1373, Vincennes est le plus vaste château fort royal français subsistant. Son donjon de 52 mètres, comprenant les appartements royaux, a subi d'importantes restaurations au cours des dernières années. © Robert Buatois
     
     
    L'escalier médiéval à vis de la Conciergerie. © A-yves PRADO
     
    Muraille construite au XIIe siècle pour protéger Paris, l'enceinte Philippe-Auguste a laissé quelques vestiges dans la capitale. Ici rue des Jardins-Saint-Paul lors d'une fête médiévale. © Yvette Gogue
     
    FIN
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  •  monuments emblématiques des villes françaises      

    Prodigieux édifice construit entre le XIIe et le XVe siècle, la cathédrale de Strasbourg domine la capitale alsacienne de ses 124 mètres de haut. C'est également autour de celle-ci que se tient le fameux marché de Noël strasbourgeois.  © René Sarther
      
    Entre lignes gothiques et lignes Renaissance, le parlement du Dauphin est l'un des plus beaux monuments de Grenoble. Aujourd'hui reconverti en Palais de Justice, il a longtemps été le siège du pouvoir delphinal. ©  / Tiphaine Bodin
      
    Amphithéâtre romain construit vers 80 ap. J.-C. - 90 ap. J.-C, les arènes d'Arles s'inspirent directement du Colisée de Rome. Dans cet édifice, 25 000 spectateurs pouvaient assister à des combats de gladiateurs, à des jeux antiques et aux célébrations de victoires romaines. © Dominique Macé
     
    Elevée à partir du XIe siècle, la cathédrale Saint-Julien est avec la cité médiévale le plus bel attrait du Mans. Son chevet gothique et son système d'arcs-boutants à double volée sont des plus remarquables. © Christophe Debail
     
    En partie détruit dans un incendie en 1994, le parlement de Bretagne a originellement été construit au XVIIe siècle pour abriter le pouvoir politique et législatif de la région.  © Katherine Lafont-Rapnouil
     
    A Bourges, le Palais Jacques Cœur, construit au milieu du XVe siècle, est un chef d'œuvre du gothique flamboyant avec quelques éléments d'architecture Renaissance. Son style, très novateur pour l'époque, le place entre le château médiéval et l'hôtel classique français. © Pierre-Marie LEGRAND
     
    Point culminant de la ville gothique, la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, imposante par l'épaisseur de ses fortifications et par la hauteur de ses murs d'enceinte, est devenu le symbole la ville méridionale. © Josette Clause
     
    Si caractéristique de la ville de Colmar, et en parfait état de conservation, la Maison Pfister a été édifiée en 1537 par le chapelier Ludwig Scherer. De type Renaissance, elle se caractérise par sa très longue galerie de bois et un oriel d'angle sur deux étages. © Lucien BERMUDES
      
    Avec son campanile haut de 57 mètres, la Gare des Bénédictins est l'un des symboles de Limoges. Inaugurée en 1929, elle est également intimement liée à l'histoire de la ville. © Gaëlle BADUFLE
     
    A l'origine tour de guet, le Beffroi de style gothique et son carillon, rythment la vie de la ville de Douai dans le Nord-Pas-de-Calais depuis 1475. © Marie PLUQUE
     
    Adossé à la colline Saint-Eutrope, le théâtre d'Orange a été construit à la fin du Ier siècle après J.C. Remarquable de conservation, l'édifice possède toutes les composantes du théâtre latin et pouvait accueillir jusqu'à 9000 personnes. © Charlène Vince /
      
    A deux pas de la cathédrale, l'Hôtel Groslot, a été construit au XVIe siècle par Jacques Androuet Du Cerceau pour Jacques Groslot, bailli d'Orléans. Cette façade Renaissance en briques rouges disposées en losanges abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville d'Orléans. © René ROZO
     
    Œuvre de Vauban, classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO, la citadelle de Besançon se visite aujourd'hui pour son espace Vauban, son musée de la résistance et de la déportation, son musée de la vie comtoise, le service régional d'archéologie et son zoo. © Francine ANCEL
     
    Située place de l'Université à Aix-en-Provence, la Cathédrale Saint-Sauveur présente une façade du XIIe siècle, un portail du XVIe siècle et un cloître dont les bâtiments ont été construits du XIe au XIIIe siècles. © Cyril CLAUSIER-GOVINDIN
     
    Située place de l'Université à Aix-en-Provence, la Cathédrale Saint-Sauveur présente une façade du XIIe siècle, un portail du XVIe siècle et un cloître dont les bâtiments ont été construits du XIe au XIIIe siècles. © Cyril CLAUSIER-GOVINDIN
     
    Si le prieuré de Saint-Cosme à l'extérieur de Tours, accueille les pèlerins depuis le XIe siècle, son hôte le plus remarquable fût sans conteste le poète Pierre de Ronsard qui y séjourna à partir de 1565. C'est dans ce cadre paisible qu'il s'éteint en 1585. © Anette Montagne
     
    Aux portes de Saint-Etienne, le château médiéval de Grangent, situé sur une île du lac de Grangent date du XIIe siècle. © Rachid BELHADJ
     
    Inaugurée en 1961 par André Malraux, cette maison de culture a été conçue par l'architecte Oscar Niemeyer et rebaptisée "le Volcan". L'édifice abrite aujourd'hui un théâtre, une salle polyvalente, un cinéma, des studios d'enregistrement et des salles d'exposition. © Jean-Claude TRIBOUT
     
    Composé du palais Vieux, de style roman, et du palais Neuf, de style gothique, le Palais des Archevêques de Narbonne accueille depuis le XIXe siècle l'hôtel de ville et le musée d'Art et d'archéologie. © Martine Gobet
     
    Maison emblématique de Périgeux, l'ancien Moulin de Saint-Front défie les lois de la pesanteur. © Francois TRINEL
     
    Construit à partir de 1988 et inauguré en 1995, le Pont de Normandie à Honfleur constitue le troisième pont à enjamber la Seine, après celui de Tancarville et celui de Brotonne. © Annie Aubry
      
    Surplombant la grotte de Massabielle où Bernadette Soubirous aurait assisté à 18 apparitions de la Vierge et où elle découvre une source d'eau réputée miraculeuse, la Basilique Notre-Dame-du-Rosaire à Lourdes est un haut-lieu de pèlerinage. © Francois TRINEL
      
      
    L'histoire de l'empereur et de la ville d'Ajaccio restent très liées et la ville garde de nombreuses traces de l'empereur : Maison Napoléon, reconvertie en Musée, monument Napoléon, salon Napoléonien  dans l'hôtel de ville. © Romain ROGET
      
    Brest a conservé son château, qui abrite désormais le Musée de la Marine. Le plus ancien monument de la ville, âgé de plus de 700 ans, est aujourd'hui classé au titre des Monuments Historiques. © Matthieu Vigouroux
     
    Dominant la ville, le Beffroi d'Arras a été bâti entre le XIVe et le XVe siècle dans le style gothique. Reconstruit à l'identique après sa destruction due aux bombardements de la première guerre mondiale, il est aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. © Francois TRINEL
     
    Célèbre promenade de Deauville, créée en 1923 le long de la plage, les planches et ses cabines portant le nom d'une célébrité ayant participé au Festival du cinéma américain de Deauville, est le lieu à voir où il faut être vu ! © Philippe Delmer
     
    FIN
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    Petite histoire des grands magasins français

     

     

    Comment leur échapper ? Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les grands magasins sont devenus le symbole du commerce triomphant mais aussi des institutions culturelles, passage obligé de tout touriste.

    Pour en arriver là, leurs fondateurs ont élaboré toute une stratégie de séduction à l'intention de clients ravis de succomber à une attraction presque amoureuse pour ces boutiques adeptes des superlatifs.

    Comme le romancier Émile Zola en son temps, poussons les portes des modèles d'Au Bonheur des dames pour mieux comprendre pourquoi ils fascinent tellement les foules.

    Grands Magasins du Louvre, le hall Marengo, BnF, Paris.

    Pas de grands magasins sans grands hommes

    Aristide Boucicaut (14 juillet 1810, Bellême (Orne) - 26 décembre 1877, Paris)Les grands magasins sont nés d'une faillite : celle du Petit Saint-Thomas, magasin de nouveautés situé rue du Bac, à Paris.

    Parmi les employés remerciés se trouve Aristide Boucicaut, chef du rayon «châles».

    Fils de fermier, marié contre l'avis de sa famille à une ancienne gardienne d'oies, Marguerite, ce Normand n'aurait jamais dû entrer dans les manuels d'Histoire.

    Mais voilà : l'homme a de la ressource et des idées : embauché à la mercerie Au Bon Marché qui vient d'ouvrir dans le quartier, il en prend la direction en 1854 avant d'en faire, à grands coups d'innovations, le premier de nos «Grand magasins».

    Ce précurseur ouvre la voie à Alfred Chauchard, ancien commis et fondateur des Grands Magasins du Louvre (1855), Jules Jaluzot, simple vendeur avant d'ouvrir Au Printemps (1865) et Ernest Cognacq, également un ancien employé.

    Au Paradis des Dames, affiche publicitaire, 1856, BnF, Paris.Ernest Cognacq crée avec son épouse Marie-Louise Jaÿ La Samaritaine (1865), ainsi nommée d'après le nom d'une fontaine publique installée sur le Pont-Neuf voisin.

    Ajoutons à ce défilé deux cousins venus d'Alsace, Alphonse Kahn et Théophile Bader, qui ont eu la bonne idée de s'associer pour reprendre un petit commerce devenu les Galeries Lafayette (1894), d'après le nom de sa rue.

    Ces «self-made men», précurseurs du modèle américain de la fin du XIXe siècle, ne manquent pas de s'adonner à la philanthropie, une fois au sommet de l'échelle sociale. Ainsi Aristide Boucicaut fonde-t-il un hôpital à son nom (aujourd'hui fermé).

    Le couple Cognacq-Jaÿe, amateur d'art, laisse un beau musée dans le quartier du Marais et de nombreuses institutions au service de l'enfance, reflet de leur amertume de n'avoir pas eu de descendance.

    Émile Zola n'avait que l'embarras du choix pour donner corps à son Octave Mouret, grand maître d'Au Bonheur des dames (…).

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    330 à 717

    Les derniers feux de l'Antiquité

     
     

     

    Héritière de l'Antiquité gréco-romaine, Byzance a prolongé celle-ci de 800 ans en dépit des agressions de toutes sortes (Arabes, Bulgares, croisés francs et Turcs !).

    Elle a duré assez longtemps pour nous transmettre son patrimoine, du droit romain à l'art roman en passant par les écrits hellénistiques et la peinture figurative.

    Injuste est la réputation faite à cette civilisation par les philosophes du «Siècle des Lumières» qui ne voulaient y voir que «querelles byzantines» et interminable «décadence» !

     

    Une Antiquité tardive

    Rome a dominé le bassin méditerranéen pendant quatre siècles et lui a assuré une paix relative. A l'orée du IVe siècle, l'empire est épuisé et peine à repousser les ennemis de l'extérieur, les barbares. L'énergique Dioclétien répartit entre quatre personnes la direction de l'empire. A chacun son territoire.

    Constantin et sa mère H鬃ne, fresque du XIe siècle enl'駬ise Sainte-Sophie de Novgorod (Russie) Mais en 306, l'année qui suit la mort de l'empereur, le système se grippe. Le fils de l'un des «tétrarques» est proclamé empereur par ses troupes à York.

    Il s'appelle Constantin et, après une courte guerre civile, va réunifier à son profit l'immense empire. Constantin n'arrive pas plus que Dioclétien à gérer l'ensemble. Il fonde une «nouvelle Rome» sur le détroit du Bosphore qui sépare l'Europe de l'Asie, à l'emplacement d'une cité grecque du nom de Byzance.

    La nouvelle capitale de l'empire va prendre le nom de l'empereur, Constantinople.

    Dans le monde romain de cette époque, les religions traditionnelles reculent au profit du christianisme, encore minoritaire sauf dans quelques villes d'Orient. Constantin décide de s'appuyer sur cette nouvelle religion pour consolider l'unité de l'empire. Il n'hésite pas à s'ériger en arbitre en réunissant à Nicée le premier concile oecuménique. Lui-même se fait baptiser sur son lit de mort en 337. Dans le siècle qui suit, le christianisme progresse rapidement jusqu'à devenir sous le règne de Théodose 1er (379-395), la seule religion autorisée.

    Théodose, en mourant, partage l'empire entre ses fils. A l'un l'Occident, de culture latine, à l'autre l'Orient, de culture grecque. Ce partage, à la différence des précédents, va être définitif. Il va amener l'Orient et l'Occident à évoluer chacun de leur côté et l'on retrouve encore dans la frontière qui sépare la Croatie de la Bosnie-Herzégovine et de la Serbie la coupure héritée de Théodose.

    Après l'effondrement de l'empire romain d'Occident sous les coups des barbares, Justinien le Grand, empereur de Constantinople, lance ses troupes, elles-mêmes essentiellement composées de mercenaires barbares, à l'assaut des royaumes d'Occident, comme celui des Ostrogoths en Italie ou celui des Vandales en Afrique, autour de Carthage.

    L'empereur accomplit aussi une grande oeuvre administrative, notamment en compilant le droit romain dans un Digeste qui servira de base bien plus tard à notre propre droit civil.

    On lui doit aussi la basilique Sainte-Sophie, chef d'oeuvre byzantin par excellence.

    Mais la «reconquête» et les efforts de restauration de Justinien n'auront pas de suite.

    Le règne de Justinien est entaché par l'apparition en 541 du fléau de la peste.

    L'épidémie, qui va se prolonger longtemps à l'état endémique, va entraîner une première et brutale récession démographique dans la plupart des provinces byzantines, y compris dans la capitale.

    Cinq ans après la mort du grand empereur (565) naît au fin fond de l'Arabie un homme nommé Mahomet dont l'action va définitivement clore l'Antiquité gréco-romaine.

    Succession

    Dans l'empire byzantin, comme dans l'empire romain qui l'a précédé, le choix d'un nouvel empereur se fait par acclamation de l'armée, du Sénat (les représentants des principales familles) et du peuple de la capitale. À Constantinople, à partir de Justinien, le patriarche (le chef religieux) consacre ce choix en sacrant le nouvel empereur dans la basilique Sainte-Sophie.

    Le titre impérial se transmet souvent au sein d'une même famille et un prestige particulier s'attache aux personnes qui sont nées dans la chambre pourpre réservée au couple impérial, dans le Grand Palais. Ces personnes sont dites «porphyrogenètes» (expression grecque qui signifie «né dans la pourpre»).

    Mais l'opinion admet volontiers l'irruption d'usurpateurs pourvu qu'ils gouvernent sainement l'empire. La transmission du titre impérial de père en fils ne va pas de soi comme dans les royaumes occidentaux mais elle devient de plus en plus courante à l'approche de l'An Mil.

    Héraclius restaure la culture grecque

    Au début du VIIe siècle, l'empire d'Orient est attaqué au Nord par les Avars, des barbares apparentés aux Turcs, et à l'Est, du côté de la Mésopotamie, par les Perses sassanides. Dans le même temps, des tribus slaves s'installent pacifiquement dans la péninsule des Balkans, vidée de ses habitants par la dénatalité et l'insécurité. Au sud de la péninsule (la Grèce actuelle), ces Slaves vont rapidement s'intégrer et adopter la langue grecque populaire encore en usage.

    L'empire, au bord de l'effondrement, est sauvé par un général de grand talent, Héraclius. Il devient en 614 empereur d'Orient (ou plutôt basileus, selon le terme grec qui revient à la mode pour désigner le souverain).

    Sous Héraclius, l'administration renoue avec ses racines grecques et la langue officielle de l'empire n'est plus le latin mais le grec, langue usuelle des habitants. On ne parle plus guère d'empire (romain) d'Orient mais d'empire byzantin. Le nom de Constantinople est lui-même délaissé au profit de Byzance (mais reste en usage dans les affaires religieuses).

    Cavaliers arabes (manuscrit arabe de la BNF) Héraclius, délaissant l'Occident, tourne tous ses efforts vers l'Orient.

    Il livre une guerre très dure aux Perses en agitant l'étendard de la guerre sainte du christianisme contre le mazdéisme (religion des Perses sassanides).

    Cette guerre va cependant épuiser les deux empires, cela au moment même où surgissent du désert les cavaliers de l'islam.

    Les disciples de Mahomet tirent parti de cet épuisement mutuel ainsi que des divisions religieuses dans la société byzantine entre chrétiens (monophysites contre orthodoxes...).

    Avant de mourir en 641, Héraclius a le temps d'assister à la débâcle de son oeuvre : la Syrie, l'Arménie, l'Égypte... sont envahies par les nouveaux-venus.

    Sous le règne de ses successeurs, en 674-677, les Arabes arrivent même jusque sous les murailles de Constantinople... mais ils sont repoussés grâce en particulier à l'usage du feu grégeois (ou feu grec), une arme secrète des Byzantins.

    Menaces tous azimuts

    Les Byzantins, qui ont échappé aux Arabes, ne sont pas sortis d'affaire pour autant car d'autres menaces se profilent, en particulier l'arrivée dans la région du Danube de Bulgares, tribus païennes proches des Mongols et des Huns. A Byzance même, les Héraclides, héritiers d'Héraclius, sombrent pendant longtemps dans les querelles et les guerres civiles. -


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    Coco Chanel (1883 - 1971)

    Un parfum pour l'éternité

     


    Gabrielle Chanel n'aurait jamais dû laisser son nom dans l'Histoire : fille d'un couple pauvre et illégitime, elle naît le 19 août 1883 dans un hospice de Saumur.

    Avec sa sœur Julia, elle va passer son enfance sur les marchés avec son père, colporteur forain, spécialisé dans les costumes de travail. Mais la mort de sa mère, en 1895, change son destin : la voici abandonnée, confiée aux soins de l'orphelinat d'Aubazine (Corrèze).

    À 18 ans, les portes s'ouvrent et elle s'envole : la première étape est une mercerie à Moulins où elle rêve de théâtre. Elle parvient à monter sur scène à Moulins, et surtout à se faire remarquer par un fils de bonne famille, Étienne Balsan. Elle le suit dans sa propriété aux environs de Paris, mais la proposition de mariage ne vient pas...

    Isabelle Grégor.

    Coco ? Une poseuse !

    Ce sont ses admirateurs des 10e Chasseurs de Moulins qui donnèrent à Chanel ce surnom désormais connu dans le monde entier. Dans le café-concert de La Rotonde, les membres de la garnison remarquent vite cette «poseuse», figurante destinée à faire patienter entre les numéros. La jeune fille timide ne connaît que deux chansons : «Ko Ko Ri Ko» et «Qui qu'a vu Coco». Ainsi naquit «la petite Coco».

    De Paris à Deauville, quelle audace !

    Son nouvel amour, l'Anglais Boy Capel, ne lui fait pas plus de promesses mais lui permet de réaliser son rêve : en 1910, elle inaugure à Paris sa première boutique de chapeaux. La voici enfin modiste !

    Artistes et femmes de la société se pressent dans ses salons, tandis que ses créations sont publiées dans les journaux de mode. Il est temps de passer à l'étape suivante en ouvrant une nouvelle boutique à Deauville, en 1913, pour diffuser cette mode sport, décontractée mais toujours élégante, qui libère les femmes du bustier baleiné et des échafaudages de chapeaux.

    Ses trouvailles vestimentaires sont plébiscitées pendant la Première Guerre mondiale, époque où élégantes cherchent à la fois l'efficacité et la féminité. Elle crée alors à Biarritz sa maison de couture et poursuit ses audaces en dessinant des ensembles en jersey souple à la taille à peine marquée, et laissant même apparaître les chevilles de ces dames qui ont vite adopté sa coupe de cheveux «à la garçonne».

    Il ne lui reste plus qu'à conquérir Paris. C'est rapidement chose faite, notamment grâce au cercle des émigrés russes dans lequel Chanel s'est invitée en se liant avec le fils du tsar Alexandre II, le grand-duc Dimitri. Elle participe à l'ébullition régnant dans la capitale qui ouvre les bras aux insolences de Picasso, Cocteau ou encore Joséphine Baker.

    Le style Art Déco triomphe, l'heure est à la sobriété, à la structuration des formes, à l'androgynie. Les collections présentées par Coco dans son nouvel immeuble parisien de la rue Cambon, aux parois revêtues de miroirs, sont là pour satisfaire les femmes en quête de modernité. Et qu'importe si les grincheux comme le grand couturier Paul Poiret trouvent qu'elles ressemblent à «de petites télégraphistes sous-alimentées» et y voit «un misérabilisme de luxe» !

    «Voici la Ford signée Chanel»

    C'est ainsi que le magazine américain Vogue présenta en 1926 la première «petite robe noire» dont la simplicité fit grincer des dents. Comment pouvait-on proposer un tel modèle, totalement impersonnel et couleur de deuil ? Les femmes n'allaient jamais accepter de toutes porter cet uniforme ! Et pourtant ce fourreau allait devenir la Rolls de la mode, élément indispensable de toute garde-robe, mille fois copié mais toujours inégalé.

    Le confort avant tout

    Après la Russie, l'Angleterre : Chanel est présentée en 1925 au duc de Westminster, homme le plus riche de son pays. Elle devient sa maîtresse et, grâce à lui,  s'empare du tweed, des rangs de perles et de la bonne société londonienne.

    À l'écoute de son temps, elle traduit la libéralisation des mœurs et du corps féminin par la création de la mode unisexe. Les femmes aisées, qui découvrent les joies du sport et des loisirs, se jettent sur ces pantalons qui les laissent enfin libres de leurs mouvements. Mais l'élégance est toujours là : à la mode stricte des Années Folles succèdent, le soir, la robe longue en satin et les teintes pâles des années 30.

    Pour Gabrielle, amoureuse du décorateur Paul Iribe, Paris est une fête. On lui prête cette jolie formule : «Personne n'est jeune après quarante ans, mais on peut être irrésistible à tout âge» !

    Un chiffre : 5

    Un cube en cristal aux arêtes marquées, un bouchon tout de sobriété et une étiquette blanche : en 1920, Chanel lance la star des parfums, le Numéro 5. Le fameux nez des Grands de Russie, Ernest Beaux, a présidé à l'élaboration de ce mélange subtil, le 5e des échantillons présentés à la couturière.

    Pour la première fois, le monde de la mode et celui du parfum se rejoignent pour créer un des plus gros succès du luxe dans le monde. Les vedettes les plus en vue se bousculent pour incarner cette femme audacieuse, libérée et sensuelle qui, comme Marylin, ne portent pour tout pyjama que «quelques gouttes de N°5».

    On ne danse plus...

    Les années qui suivent sont celles de l'épreuve pour Chanel : en 1935, Paul Iribe, qui voulait l'épouser, meurt sous ses yeux d'une crise cardiaque.

    Dans le monde de la couture, de nouveaux rivaux viennent fragiliser sa puissance, comme sa grande rivale Elsa Schiaparelli qu'elle appelait avec mépris «L'Italienne». Puis de nouveau la guerre est là, il faut se décider à fermer la maison Chanel et licencier le personnel. 

    Coco obtient des Allemands une suite à l'année à l'hôtel Ritz. Elle n'y est pas seule : elle entretient une liaison avec un officier allemand, le baron Hans Günther von Dincklage. Elle tente aussi de mettre à profit les lois sur l'«aryanisation» pour dépouiller les frères Wertheimer, propriétaires juifs de la maison Chanel, réfugiés aux États-Unis, mais sa manoeuvre échoue. 

    Ses compromissions avec l'occupant nazi lui valent à la Libération d'être inquiétée jusqu'à l'intervention de Churchill en sa faveur.

    Suivront huit années d'exil en Suisse, pendant lesquelles un jeune couturier nommé Christian Dior lance le raz-de-marée du «new look» et pulvérise avec sa taille de guêpe et ses balconnets tous les efforts de Coco pour libérer le corps. Mais rien ne peut abattre Chanel, plus tyrannique et tenace que jamais : le 5 février 1954, elle présente une nouvelle collection. C'est un échec incontestable. Il lui faudra un travail acharné, et le soutien des Américains, fous de son fameux petit tailleur de tweed, pour reconquérir à plus de soixante-dix ans sa place dans la mode.

    «Mademoiselle» meurt le 10 janvier 1971, après avoir écrit à elle-seule une des pages les plus brillantes de l'Histoire de la mode.

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