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    17 mai 1510

    Sandro Botticelli s'éteint à 65 ans

     

    Le 17 mai 1510 s'éteint à Florence Sandro Botticelli.

    Le peintre est né dans la même ville 65 ans plus tôt sous le nom d'Alessandro Filipepi, dans la famille d'un tanneur. Comme l'un de ses frères, rondouillard, avait été surnommé Botticelli, qui signifie petit tonneau, le sobriquet fit le tour de la famille et fut accolé au futur peintre.

    Marie Desclaux.
    Le premier peintre humaniste

    Sandro Botticelli fait son apprentissage dans l'atelier d'un grand peintre florentin du Quattrocento (le XVe siècle italien), Filippo Lippi (1406-1469). Comme tous les artistes de la Renaissance, celui-ci, tel un chef de cuisine moderne, dirige une équipe d'aides et d'apprentis, chacun étant spécialisé, qui dans les drapés, qui dans les fils d'or...

    Avec son équipe, le maître répond aux commandes de la bourgeoisie et réalise pour elle de petits tableaux à la chaîne. À l'occasion, il est aussi sollicité par des abbés, des évêques ou des princes pour réaliser des oeuvres plus ambitieuses.

    Botticelli passe à l'atelier de Verrochio où il côtoie Léonard de Vinci, un rival. En 1470, il ouvre son propre atelier. Son talent vaut au jeune homme de fréquenter les meilleures familles de la cité, les Vespucci dont un représentant, Amerigo, donna son prénom à un continent, et surtout les Médicis. Le puissant Laurent le Magnifique lui accorde sa protection. Le peintre fréquente par ailleurs les plus grands esprits de l'humanisme, tels Pic de la Mirandole ou Marsile Ficin, traducteur de Platon.

    Ses amis l'initient à la philosophie néoplatonicienne qui voit le monde sensible comme le reflet du monde des idées. Cette philosophie se reflète dans ses célèbres allégories inspirées de l'Antiquité païenne.

     

    Son chef-d'oeuvre Le Printemps, destiné à une villa des Médicis, expose toute la grâce et l'optimisme de la Renaissance italienne, avec une touche d'inquiétude chez la nymphe de droite, saisie par la divinité Zéphyr. Il s'agit vraisemblablement de la première peinture européenne qui puise son inspiration dans l'Antiquité païenne.

    Elle montre les différentes saisons (sauf l'hiver) avec de droite à gauche Zéphyr, la nymphe Chloris, le Printemps, Vénus que domine Cupidon, les Trois Grâces et le dieu Mercure.

    En 1481, le pape Sixte IV commande à Botticelli quelques fresques pieuses pour la chapelle à laquelle il laissera son nom, la Sixtine  ! On peut encore admirer ces panneaux à côté des fresques monumentales de Michel-Ange, postérieures de trois décennies.

    Après son voyage à Rome, qui ne lui rapporte guère d'argent, l'artiste entreprend La Naissance de Vénus. Cette nouvelle allégorie néoplatonicienne illustrerait selon certains commentateurs les quatre éléments (terre, eau, air, feu) et l'Amour qui scelle leur harmonie.

    Premiers nuages

    Après la mort de son protecteur Laurent le Magnifique, en 1492, le peintre subit comme beaucoup de Florentins l'influence du prédicateur Jérôme Savonarole.

    L'optimisme propre à l'humanisme est battu en brèche par la montée des inquiétudes religieuses. La peinture de Botticelli se fait plus austère. Et l'on ne saurait oublier en marge de ses célèbres allégories quelques portraits émouvants de vérité et des peintures de madones maternelles et recueillies

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    Devant le musée du Louvre, le parc du château de Versailles et la tour Eiffel, c'est la cathédrale Notre-Dame qui reçoit chaque année le plus de visiteurs. En 2010, ils étaient 13,5 millions de pèlerins et de touristes à admirer ce chef-d?œuvre de l'art gothique à Paris. © Uwe KAMIN
      
    Avec une superficie de 234 km2 sur le territoire français, le Lac Léman est le plus grand lac de France, même s'il est situé entre la Suisse et la France. © Jean-Marc Foquet
      
      
    Dans le quartier d'affaires de La Défense près de Paris, depuis 2011, la Tour First a raflé avec ses 231 mètres le titre de plus haute tour de France. Record jusqu'ici détenu par la Tour Montparnasse. © Jean-Guy PERLES
      
      
    Avec une altitude de 4 810,45 mètres, le massif du Mont-Blanc est le point culminant des Alpes et le plus haut sommet d'Europe occidentale. Un petit record comparé aux plus hauts sommets du monde qui s'élèvent à plus de 8 000 m dans le massif de l'Himalaya. © Jean-louis THIBON
     
     
    La ville de Metz peut s'enorgueillir de posséder l'un des premiers théâtres construits en France et le plus ancien encore en activit. Un théâtre à l'italienne que l'on doit à l'architecte Jacques Oger qui fait construire de 1738 à 1752, cet "Hôtel des spectacles", dans un style classique, d'influence toscane. © Catherine Burg
     
     
    Dominée par le Monument aux Girondins, la place des Quinconces à Bordeaux atteint une superficie de 12 hectares, ce qui la hisse en tête des plus grandes places de France et d'Europe. © Anick Douane
     
     
    Pont à haubans autoroutier franchissant la vallée du Tarn inauguré en 2004 dans l'Aveyron, le Viaduc de Millau est actuellement le pont le plus haut du monde. © Dominique Rolland
     
     
    La Loire, longue de 1 013 kilomètres, est le plus long fleuve ayant son cours en France. Plus petite cependant que le Rhin qui parcourt 1 320 kilomètres de la Suisse aux Pays-Bas en passant par la France et l'Allemagne. © Galina Valikova
     
     
    A Plouezoc'h, en Bretagne, le Cairn de Barnenez reste la plus ancienne construction mégalithique continentale connue à ce jour. Constitué de onze dolmens composant autant de chambres funéraires, la partie la plus ancienne de ce tumulus en pierres sèches daterait de 4 850-4 450 av. J.-C., du Néolithique. © Stéphane SIMON
     
     
    Avec ses 67 000 m² et ses 700 pièces, Versailles détient le record du plus grand château du monde, talonné par le château de Windsor, qui lui se place en tête des plus grands palais encore habités, puisque l'édifice est encore la résidence officielle de la reine. © Gilles Oster
     
     
    A l'embouchure de l'estuaire de la Gironde, le Phare de Cordouan veille depuis 1611. Surnommé le " Versailles de la mer", le "phare des rois" ou encore le "roi des phares", il est le premier phare classé au titre des monuments historiques par la liste de 1862 et le plus ancien encore en activit en France. © Bruno Nunez
     
     
    Avec 81 338 places, le Stade de France est le plus grand du pays, il a été construit pour accueillir la Coupe du Monde de football de 1998 en France. © Donato ALTIERI
     
     
    Techniquement le monument parisien le plus ancien est bel et bien l'Obélisque de la place de la Concorde, mais disons qu'avant qu'elle ne quitte Louxor pour être érigée au centre de Paris en 1836, les arènes de Lutèce étaient, et le sont encore, considérées comme le plus vieil édifice de la capitale. Construites au Ier siècle, cet amphithéâtre gallo-romain se situe dans le Ve arrondissement. © Yvette Gogue
     
     
    La cathédrale Saint-Étienne de Sens, dont la première pierre a été posée en 1135, est la première cathédrale de style gothique en France. Suivront chronologiquement celles de Saint-Denis, Noyon, Rouen, Laon et Paris. © Michel APFELD
     
     
    Serait-ce la seule présence de Mona Lisa ou celle de ces 35 000 autres chefs-d?œuvre exposés qui font le succès du musée du Louvre ? Un succès qui compte 8,5 millions de visiteurs en 2008, un record mondial. © Jean-Jacques Cordier
     
     
    Fondé en 1593 par Pierre Richer de Belleval, le Jardin des plantes de Montpellier, qui s'étend sur 4,6 hectares, est le plus ancien jardin botanique de France. © Wikipédia / Vpe
     
     
    Construit sous l'impulsion de Philippe VI de Valois qui décide de fortifier le château de Vincennes en le dotant d'un donjon, c'est Charles V qui continue le chantier pour en faire sa résidence et le siège du gouvernement. Des travaux qui s'étalèrent du XIVe au XVIIe siècle. Aujourd'hui Vincennes est le plus vaste château fort royal français subsistant et son donjon, culminant à 50 mètres, est le plus haut d'Europe. © Fabrice Varinot
     
     
    Rue de Montmonrency, dans le IIIe arrondissement de Paris, se cache depuis 1407 l'une des plus anciennes maisons de Paris. Construite par Nicolas Flamel, alchimiste selon la légende, cette maison était destinée à accueillir les miséreux auxquels le bourgeois et son épouse offraient le gite et le couvert. © Alain Roy
     
     
    C'est probablement dans cet atelier d'Aix-en-Provence que le peintre Paul Cézanne réalise au début des années 1890, le tableau qui sera, plus d'un siècle plus tard, le plus cher du monde. Thème récurrent dans l?œuvre de Cézanne, les "Joueurs de cartes" font l'objet d'une série de 5 tableaux. En 2011, le Qatar fait l'acquisition d'une de ces toiles pour 250 millions de dollars, un record jamais égalé à ce jour. © Jean-Claude Carbone
     
     
    Avec 76 880 Lozériens en 2007, la Lozère reste le département le moins peuplé de France. Victime de l'exode rural au début du XXe siècle et d'une densité de population très faible, la Lozère bénéficie cependant d'une qualité de vie qui a pourrait bien, peu à peu, inverser la tendance. © Alain MANGE
     
     
    434,7 milliards d'euros ! C'est ce que vaudrait l'image de la Tour Eiffel. C'est ce qu'a estimé la chambre du Commerce de Monza et Brianza, en Italie, qui a passé en revue les principaux monuments européens. La Dame de fer arrive donc en tête, précédent le Colisée, la Sagrada Familia, la cathédrale de Milan et la Tour de Londres. © Catherine Huin
     
     
    Dans le Ve arrondissement de Paris, l'herbier du Muséum national d'histoire naturelle, qui compte environ dix millions d'échantillons, possède le plus important herbier du monde. © Evans JOHNSON
     
     
    Dans la Marne, les 2 562 habitants du village de Courtisols ont la particularité d'habiter le plus long village de France, puisque le bourg s'étend sur 7 kilomètres de long. © Wikipédia / Emegélem
     
     
    Dans le Loir-et-Cher,  le Zoo-parc de Beauval élève plus de 4 600 animaux de 400 espèces différentes. C'est l'un des plus importants parcs zoologiques d'Europe et le plus important de France. © Valérie Pedrazzini
     
     
    Enjambant l'estuaire de la Loire, ce pont à haubans s'étend sur une longueur totale de 3 356 mètres. Il est le plus long de France. © Jean-Yves Le Du
     
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     . L'abbaye de Mortemer, en Normandie, est hantée par le fantôme de Mathilde, la Dame blanche. La légende raconte que celui qui la voit avec ses gants noirs meurt dans l'année. Par contre, si elle porte des gants blancs, c'est un présage de mariage ou de naissance. ©  Photo : Franck Fouquet
      
    Située dans le Maine-et-Loire, la caverne de Dénezé-sous-Doué est révélatrice de la fascination des hommes pour les entrailles de la Terre. Les 400 statues taillées dans le tuffeau de la caverne veillent autour d'un puits. Si les archives n'ont pas permis d'identifier les auteurs de ces personnages, certains historiens ont tout de même réussi à identifier ce site comme étant un lieu de guérison. © Claude Arz, Photo : Franck Fouquet
      
    Haut lieu onirique de la vallée de la Loire, les jardins des Folies Siffait étonnent par l'étrangeté des vastes structures ruiniformes, composées d'escaliers en mousse qui ne mènent nulle part, de fenêtres murées et de pavillons noyés au milieu des ronces. ©  Photo : Franck Fouquet
      
    Amateur d'énigmes ésotériques et de confréries secrètes ou fervent lecteur du "Da Vinci Code", le mystère qui entoure le village de Rennes-le-Château devrait vous séduire. La légende raconte que Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château, se serait considérablement enrichi grâce à la découverte d'un fabuleux trésor ayant appartenu aux Wisigoths. Il aurait entretenu également des relations avec des sociétés occultes dont le prieuré de Sion. © " Photo : Franck Fouquet
      
    Le château du Plessis-Bourré, en Maine-et-Loire, est réputé pour l'énigme qui se dissimule derrière les étranges fresques ornant le plafond de la salle des gardes. Certains y voient un code crypté, réalisé par un alchimiste qui abriterait le secret de la pierre philosophale et l'élixir de longue vie... © Claude Arz, Photo : Franck Fouquet
      
    Calendrier solaire, symbole de virilité, champs des morts ou culte des pierres ? Une mystérieuse fascination entoure le site mégalithique de Carnac. La croyance populaire attribua aux fées et aux géants l'origine des mégalithes. © " , Photo : Franck Fouquet
      
    Plus de cent mille gravures de la préhistoire sont incrustées dans les roches de la Vallée des Merveilles. Ce site est considéré comme un sanctuaire, un lieu de pèlerinage consacré à des animaux totémiques mais l'abondance des inscriptions soulève bien des questions. Le pictogramme ci-dessus représenterait, selon Henry de Lumley , un sorcier du dieu Taureau et daterait de l'âge du bronze ancien (1800 à 1500 avant J-C). © " Franck Fouquet
      
    Le château de Montségur fait parti de ses lieux où la légende des cathares s'est façonnée. Considéré comme le château qui aurait abrité le Graal, Montségur baigne aussi dans la légende du culte solaire. Chaque été, le 21 juin, les premiers rayons du soleil traversent les meurtrières du château et resurgissent de l'autre côté de la muraille. Cette histoire attire régulièrement les adeptes du New Age et les mystiques adorateurs du Soleil. © " Photo : Franck Fouquet
      
    L'abbaye bénédictine troglodytique de Brantôme, en Dordogne, abrite une grotte insolite dite du "Jugement dernier". Les hauts-reliefs évoquent la mort vaincue par Dieu. Certains y voient plutôt la présence d'un dieu gaulois assis que les moines ont tenté de cacher en sculptant à ses pieds une fresque de pierre évoquant une danse macabre. © " : Franck Fouquet
      
    La maison de l'alchimiste médiéval Nicolas Flamel est pleine de symboles gothiques.  On peut même encore distinguer sur la devanture de sa demeure : "Ora et labora" qui signifie "Prie et travaille". Cet écrivain public et alchimiste français du XIVe siècle est en effet réputé pour ses recherches sur la pierre philosophale. © " : Franck Fouquet
      
    Le Mont-Saint-Michel est un excellent exemple de synthèse des croyances chrétiennes et celtes. Sanctuaire de Belenos, dieu gaulois du Soleil, ou demeure de l'archange Saint Michel ? © "  : Franck Fouquet
      
    FIN
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    Michel-Ange (1475 - 1564)

    La démesure dans l'art

     

    Le 18 février 1564, Michelangelo Buonarroti, plus connu sous le nom de Michel-Ange, rejoint Dieu et ses anges. L'artiste toscan meurt à Rome à l'âge de 89 ans.

    Jusqu'à sa mort en pleine gloire, il a poursuivi une collaboration âpre et féconde avec tous les papes de la Renaissance, à commencer par Jules II.

    Marie Desclaux.

    Le génie de la Renaissance

    Michel-Ange est né à Caprese, près d'Arezzo (Toscane), le 6 mars 1475, dans la famille d'un modeste fonctionnaire. Tôt orphelin de mère, il est battu par son père qui ambitionne pour lui une carrière prestigieuse et s'oppose à sa vocation artistique.

    Il n'en arrive pas moins à entrer à 14 ans en apprentissage chez un artiste important, Domenico Ghirlandaio. Celui-ci détecte immédiatement chez l'enfant des talents très supérieurs aux siens.

    Il l'introduit auprès de Laurent de Médicis, dit le Magnifique, maître tout-puissant de Florence et principal mécène de son temps.

    Le jeune homme va pouvoir s'épanouir dans l'atmosphère follement optimiste et créatrice de la Florence de ce temps... non sans quelque désagrément : une bagarre avec son apprenti, jaloux de lui, lui vaut un nez cassé et le laisse plus ou moins défiguré.

    Après la chute des Médicis, Michel-Ange se réfugie à Venise puis à Rome. On est au temps où triomphent l'humanisme et l'individualisme.

    L'artiste ne tarde pas à subjuguer les amateurs d'art avec sa Pietà, une statue représentant la Vierge éplorée tenant dans ses bras, le corps de son fils, Jésus-Christ. Sculptée dans un bloc de marbre de Carrare choisi avec soin par l'artiste lui-même, elle figure aujourd'hui en bonne place dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

    À 23 ans, Michel-Ange accède à la gloire et bientôt à la fortune. Il confirme son talent avec la statue géante de David, aujourd'hui au musée de l'Académie, à Florence. Mais il se fait aussi remarquer par son tempérament taciturne et ses manières très peu sociables (peut-être une forme particulière d'autisme). Sa sexualité suscite encore des interrogations. On ne lui connaît pas de conquête féminine ni d'attrait pour les femmes. Impuissance ? Homosexualité contenue ?...

    Il est en butte à la concurrence du doux Raphaël, du rude Léonard de Vinci et de quelques autres artistes plus accommodants que lui. Cela ne l'empêche pas de gagner la faveur du souverain le plus emblématique de la Renaissance italienne, Giuliano della Rovere, devenu pape le 1er novembre 1503 sous le nom de Jules II.

    Avide d'en remontrer aux puissants de ce monde, Jules II demande à Michel-Ange de lui sculpter un tombeau monumental. Effrayé, l'artiste empoche l'argent et s'enfuit à Florence. Mais le pape menace de faire la guerre à la République, laquelle convainc Michel-Ange de regagner Rome.

    Michel-Ange commence son travail avec la statue de Moïse, que l'on peut voir aujourd'hui à l'église Saint-Pierre aux Liens, à Rome. Cependant, en 1508, le pape change brusquement d'idée. Il ne veut plus de mausolée et exige de Michel-Ange qu'il décore d'une immense fresque la voûte de la Sixtine.

    La chapelle de Sixte

    La chapelle Sixtine, inaugurée le 31 octobre 1512, doit son nom au pape Sixte IV, né Francesco della Rovere. Celui-ci la fait construire au coeur des palais du Vatican en 1481-1483. Ses murs sont alors peints à fresque par d'illustres artistes tels Botticelli, Ghirlandaio ou Le Pérugin.

    La Création de l'Homme, détail de la Sixtine

    Michel-Ange, qui s'estime plus sculpteur que peintre, se rebiffe. Il soupçonne à juste titre l'architecte favori du pape, Bramante, d'être à l'origine de l'idée, dans le but de le placer en situation d'échec et de le ridiculiser.

    En définitive, vaincu par l'obstination du pape, il passera quatre années extrêmement pénibles sur les échafaudages et nous laissera 800 m2 de fresques imposantes, représentant la création du monde, de l'Homme et le Déluge. Vingt-trois ans plus tard, le pape Clément VII lui demandera une nouvelle fresque pour le mur de l'autel. Ce sera le grandiose Jugement dernier.

    Peu après le saccage de Rome par les lansquenets allemands de l'empereur Charles Quint (1527), le pape Paul III demande à l'artiste de réaménager la place du Capitole, siège du Sénat de la ville. Michel-Ange dessine le plan actuel, remarquable d'équilibre et d'harmonie, avec, au centre de la petite place, la statue en bronze de l'empereur Marc-Aurèle, héritée de l'Antiquité.

    En 1546, le même pape confie à Michel-Ange, architecte en chef du Vatican, le soin de reprendre la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, délaissée depuis la mort de Bramante, 32 ans plus tôt. Michel-Ange remanie les plans de son ancien rival et dessine une majestueuse coupole (136,50 mètres de hauteur totale). Parmi d'autres constructions romaines à mettre au crédit du vieil artiste figurent la Porta Pia et le palais Farnèse, qui abrite aujourd'hui l'ambassade de France.

    Entre christianisme et paganisme

    Sculpteur, peintre, architecte, ingénieur, poète, Michel-Ange est le plus démesuré des artistes de la Renaissance. C'est aussi le plus païen des illustrateurs de la foi catholique. L'énergie et la force vitale qui se dégagent de son oeuvre évoquent davantage la mythologie d'Hésiode que la compassion évangélique.

    Michel-Ange poète

    Ogn'ira, ogni miseria e ogni forza,
    Chi d'amor s'arma, vince, ogni fortuna.

    Chaque colère, misère et violence,
    Qui d'amour s'arme vainc le sort.

    Comment ne pas songer à Zeus devant la scène du Jugement dernier, à la Sixtine ? Et les bustes d'esclaves à demi ébauchés dans le matériau, n'est-ce pas l'Homme créé à partir de la Terre ? Que dire encore des David-Apollon, magnifiques représentations du corps humain ? Il n'y a guère chez Michel-Ange que la Pietà douloureuse de Saint-Pierre de Rome, réalisée à l'âge de 23 ans, qui échappe au soupçon de paganisme.

    Pourquoi Michel-Ange ?

    Depuis un demi-millénaire, le spectacle de Florence et Rome laisse perplexe autant qu'admiratif. Par quel miracle autant de beautés ont-elles pu surgir en l'espace de trois ou quatre générations ?

    A la cour de Laurent le Magnifique comme à celle de Jules II, dans des États et des villes qui ne dépassaient pas quelques centaines de milliers d'âmes, se retrouvaient une pléthore d'artistes dont un seul ferait la gloire d'une grande nation d'aujourd'hui. Que l'on pense à Michel-Ange bien sûr, mais aussi à Léonard de Vinci, Raphaël, Botticelli, Bramante...

    Ces génies auraient-ils été engendrés en cette époque et en ce lieu par une conjonction singulière des étoiles ? Absurde. Plus sûrement, nous devons admettre que c'est l'environnement humain et spirituel qui a permis à ces artistes de s'épanouir pleinement tandis qu'en d'autres lieux et en d'autres époques, ils auraient vécu médiocrement ou, pire, auraient sombré dans la maladie ou la démence.

    Nous pouvons imaginer, pour faire court, que les chromosomes du génie sont également répartis dans toutes les populations humaines... Ces chromosomes se dessèchent le plus souvent car ils tombent en mauvaise terre, dans un environnement peu propice. Et dans des circonstances rarissimes, ils génèrent à foison des Michel-Ange et des Raphaël, des Shakespeare et des Cervantès, des Mozart et des Beethoven.

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    Un masque de la tribu des Hopis, exposé à Paris le 5 avril 2013 (Photo Miguel Medina/AFP)

    Vendredi 12 avril 2013, 18h00
    Des masques Hopis se sont arrachés vendredi aux enchères à Drouot à Paris pour plus de 900.000 euros au total, en dépit des suppliques de la tribu amérindienne d'Arizona qui réclamait la restitution de ces objets sacrés et a tenté d'en stopper la vente par voie de justice.

    "C'est une honte ! It's a shame !", s'est écriée une femme alors que la vente, organisée par la maison Neret-Minet Tessier & Sarrou, débutait dans une salle pleine à craquer, surchauffée, décorée de peintures tribales et de la photo géante d'un grand chef Hopi datant de 1935.

    Les 70 masques "Katsinam" provenant d'une collection privée estimée entre 600.000 et 800.000 euros sont en bois et en cuir, souvent très colorés, parfois sertis de plumes, certains représentant des animaux. Ils incarnent l'esprit des ancêtres pour les Hopis.

    Ils se sont arrachés pour un montant total de 931.435 euros (frais compris) chez Drouot, contrairement aux récentes ventes d'art précolombien "fragilisées par les demandes de pays comme le Mexique ou le Pérou qui réclament la restitution des oeuvres d'art", selon une experte.

    Un masque de la tribu des Hopis, exposé à Paris le 5 avril 2013 (Photo Miguel Medina/AFP)

    Les acheteurs, venus très nombreux chez Drouot, n'ont pas hésité à enchérir, tendant leurs cartes de crédit, leur chéquier.

    Un masque heaume en bois noir et turquoise doté de plumes noires déployées, baptisé mère-corbeau, a atteint 198.272 euros (avec les frais).

    Dans la salle, des visages attristés, comme celui de Jean-Patrick Razon, à la tête de Survival International France, une association de défense des peuples indigènes, à l'origine, avec les Hopis, de la procédure judiciaire.

    L'ambassadeur des Etats-Unis, Charles H. Rivkin a twitté en direct être "attristé d'apprendre que des objets culturels sacrés #Hopis soient mis aux enchères aujourd'hui". L'acteur Robert Redford a quant à lui jugé la vente "sacrilège" dans une lettre demandant la restitution des masques.

    "Comme vendre la Torah"

    Un masque de la tribu des Hopis, exposé à Paris le 5 avril 2013 (Photo Miguel Medina/AFP)

    "Ce ne sont pas de simples objets d'art, nous croyons qu'ils renferment l'esprit. C'est comme pour les Juifs, si quelqu'un essayait de vendre la Torah. On ressent la même chose pour ces Katsinam", a déploré Bo Lomahquahu, 25 ans, membre des Hopis et étudiant en lettres à Paris.

    "Ce sont vraiment des masques très importants que nous n'exposons pas en public, qui servent à nos rites de passage. Ils ne sont pas destinés aux musées", a expliqué le jeune homme, dont le nom signifie "aigle merveilleux".

    A ses côtés, un défenseur du Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques exhibait un drapeau noir, rouge, jaune et blanc, "le drapeau du renouveau des nations indiennes".

    Parmi les acheteurs, Alain Giraud, qui vient de traduire de l'anglais un livre écrit par le chanteur Joe Dassin (1938-1980) "Cadeau pour Dorothy" (Flammarion, 2013).

    Joe Dassin, a-t-il expliqué à l'AFP, était diplômé d'ethnologie aux Etats-Unis dans les années 60 et avait été adopté par une tribu de Hopis.

    En accord avec la soeur du chanteur décédé, la Fondation Joe Dassin a acquis l'un des premiers masques à la vente, une "tête de boue" des années 1910-1920 partie à 3.700 euros, qu'elle compte restituer à la tribu.

    A midi, un juge du tribunal des référés avait maintenu la vente, estimant que ces masques avaient certes une "valeur sacrée" pour les Hopis, mais que cela n'en faisait pas des "biens incessibles".

    Dénonçant une "vision trop restrictive et mal fondée du droit", l'avocat français qui défendait les Hopis, Me Pierre Servan-Schreiber, s'est félicité que cette affaire ait au moins eu le mérite de montrer une "très forte mobilisation" en faveur des Hopis.

    "C'est le début d'une réelle prise de conscience de l'opinion publique qui comprend que tout ne peut pas être acheté ou vendu, surtout pas quelque chose de si intime et sacré. Peut-être que dans dix ans nous gagnerons", a-t-il dit.

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