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    Calmar géant contre Cachalot

     

    Prédateur de taille gigantesque, le cachalot (Physeter macrocephalus) possède un appétit pantagruélique. Sa quête de nourriture l’entraîne dans de titanesques combats avec le calmar géant.

    Après avoir nié leur existence, la communauté scientifique a bien dû admettre l’existence de calmars aux proportions inimaginables. On ne sait d’ailleurs toujours pas où s’arrête la taille du genre Architeuthis.
    Par contre, faute de pouvoir les filmer, les cachalots sont de bons auxiliaires pour permettre aux experts d’étudier le calmar géant.

     

    Le calmar géant : invisible et pourtant nombreux

    On sait de façon certaine que la population de calmars géants du genre Architeuthis est très importante. Depuis que la chasse au cachalot est réglementée, leur population a fait l’objet d’études précises.
    On estime que le menu d’un cachalot est constitué à 80% par l’Architeuthis. Le cachalot peut avaler jusqu’à 200 kilos de nourriture en un seul repas. Par ses quatre repas quotidiens, il avale une pitance journalière de près de 2,5 tonnes pour les plus grands spécimens.
    On comprend mieux pourquoi le calmar géant est sa proie favorite.

     

    Crâne d'un cachalot

    Crâne d'un cachalot. By Ryan Somma

     

    Pour survivre, la population mondiale doit consommer environ 100 millions de tonnes de calmars par an.
    Ce serait donc entre 20 et 30 milliards de calmars qui onduleraient dans l’obscurité des fonds marins.

    Sur ce nombre, il y a sûrement plusieurs millions de géants qui pèsent plusieurs tonnes.

     

    Calmar

    Calmar. © dinosoria.com

     

    Malgré cette impressionnante estimation, nous ne sommes certains de leur existence que depuis la fin du 19e siècle et nous possédons peu de renseignements sur ces créatures.

     

    A la recherche du calmar géant

    Malgré la rencontre de l’Alectron avec un calmar géant en 1861, cet animal n’était toujours pas reconnu. Mais depuis, de nombreux calmars ont pu être étudiés et en 2005 puis en 2009, des calmars géants ont été photographiés.

    En 1871, on recueillit le cadavre d’un calmar dont le corps mesurait 4,60 m de long et les bras environ 3 m.

    En 1872, on retrouva un calmar échoué à Terre-Neuve. Il possédait encore l’un de ses deux bras préhensiles qui mesurait environ 13 m.

    En 1873, toujours à Terre Neuve, quatre pêcheurs ramenèrent un calmar entier qu’ils avaient trouvé agonisant dans leurs filets. Sa longueur totale était de 10 m. C’est ce spécimen qui fut baptisé Architeuthis harveyi.

    Jusqu’en 1881, une dizaine de calmars géants s’échouèrent sur les côtes de Terre Neuve. Le plus gros avait un corps de 6 m et des bras préhensiles de 11 m.
    A partir de 1881, les échouages cessèrent. On a su depuis que tous les 80-90 ans environ, certaines branches du courant du Labrador changent de direction. Un courant glacial perturbe le métabolisme des calmars qui, affaiblis, s’échouent.
    C’est ainsi qu’entre 1964 et 1982, il y eut 15 nouveaux échouages. La prochaine perturbation est programmée entre 2040 et 2060.

    En février 2002, un calmar géant a été découvert au Japon, sur les plages de Kyoto. Il était encore en vie mais pour peu de temps.

    En avril 2003, un calmar qualifié de colossal a été repêché dans les eaux de l’Antarctique.

     

    Calmar

    Calmar repêché dans les eaux de l’Antarctique. ( Source Internet)

     

    Ce spécimen de Mesonychoteuthis hamiltoni était intact. Cette espèce a été identifiée en 1925 d’après les restes découverts dans l’estomac d’un cachalot.

    En septembre 2005, des scientifiques ont photographié pour la première fois un calmar géant vivant à 900 mètres de profondeur. (Voir dossier calmar géant)

    En novembre 2009, dans le Pacifique, près des îles d'Ogasawara, une femelle cachalot accompagnée de son petit a été photographiée en train de dévorer un calmar géant d'environ 9 mètres. Les photos montrent la mère avec des lambeaux de chair dans la gueule.

     

    Le cachalot : un auxiliaire précieux

    C’est le Prince Albert Ier de Monaco qui fut l’instigateur d’une étude scientifique sur le rapport proie-prédateur entre le cachalot et le calmar géant. Cette étude débuta en 1895.

    Il accompagna les baleiniers qui chassaient le cachalot et obtint l’autorisation de faire examiner le contenu des estomacs et intestins de nombreux spécimens.
    Les précieuses reliques furent analysées par le Professeur Louis Joubin, célèbre zoologiste de l’époque.

     

    Cachalot

    Cachalot photographié en 1913. By Michael Heilemann

     

    Voilà ce qu’il trouva notamment :

    • Plusieurs bras d’un calmar armé, Cucioteuthis ungulata, garnis chacun d’une centaine de griffes acérées aussi grosses que celles d’un tigre
    • Plusieurs spécimens d’Histioteuthis ruppelli, un calmar abyssal au corps couvert d’organes luminescents
    • Deux nouveaux calmars géants inconnus recouverts d’écailles que l’on baptisa Lipidoteuthis grimaldii en l’honneur du Prince. Les écailles étaient en fait des papilles cornées
    • Une cinquantaine de becs cornés dépassant les 10 cm de long

    La découverte de 5 000 à 7 000 becs de calmars dans l’estomac d’un seul cachalot n’est pas rare.

    Un scientifique soviétique compta 28 000 mandibules dans un seul estomac ! Cela signifie que ce cachalot a englouti 14 000 calmars.

     

    Le cachalot : l’ogre des profondeurs

    Comment le cachalot fait-il pour capturer dans les profondeurs une telle quantité de calmars ? Ces animaux sont pourtant rapides ; le cachalot, lui, ne dépasse pas les 40 km/h en surface. De plus, un calmar peut fuir dans n’importe quelle direction en quelques secondes.
    On imagine mal notre géant se contorsionner dans tous les sens pour attraper sa proie.

     

    Squelette d'un cachalot

    Squelette d'un cachalot. By megnut

     

    Deux théories ont été avancées :

    Les dents en ivoire de la mâchoire inférieure du cachalot serviraient de leurres. Dans l’obscurité, l’éclat des dents attirerait les calmars. Le cachalot n’aurait plus qu’à les aspirer. Cela expliquerait que la plupart des calmars sont retrouvés intacts dans les estomacs.

    Le cachalot peut émettre des ultrasons et infrasons. Par écholocation, il repèrerait l’approche d’un banc de calmars. Il bombarderait alors ses proies d’ultrasons. Etourdis, les calmars ne pourraient plus fuir.
    Cette deuxième théorie s’appuie sur le fait que des études menées ont prouvé que les cachalots ayant des dents abîmées, voire une mâchoire brisée, se nourrissaient autant que les autres.
    De plus, on sait que le cachalot peut émettre des ondes sonores qui créent un champ de haute-pression. Une proie confrontée à une telle pression est temporairement paralysée. Son cerveau peut même exploser si elle est de petite taille.
    Il ne reste plus au cachalot qu’à attraper la victime avec ses dents très pointues qui peuvent mesurer jusqu’à 25 cm.

     

    Dents de cachalot

    Dents de cachalot. By KyedquestLicence

     

    Les dents ne jouent sûrement pas un grand rôle dans la chasse au calmar. Il est plus probable que le cachalot utilise la technique de l’aspirateur. En effet, leurs puissants muscles cervicaux peuvent créer un fort appel d’eau en contractant puis relâchant les voies stomacales. Ce procédé d’aspiration est également utilisé par le narval.

     

    Combat entre un cachalot et un calmar

    Peu de gens ont pu observer en surface un tel combat. En 1887, le Prince Albert Ier de Monaco fut témoin de cet incroyable spectacle.
    Alors qu’il faisait route vers les Açores, en plein Atlantique, des projections d’eau attirèrent les marins.
    Ils virent un être colossal dont la tête et le corps se dressaient au-dessus de l’eau. Mais, le voilier ne put arriver à temps. Ils ne trouvèrent plus qu’une tête coupée de calmar.

    En 1898, des baleiniers purent assister à un autre combat.

    « Un énorme cachalot livrait une lutte à mort à un gigantesque calmar, presque aussi gros que lui. Les tentacules l’enlaçaient. Le cachalot avait saisi entre ses mâchoires le tronc du mollusque et essayait de le scier en deux. Les yeux immenses du calmar se détachaient sur la peau livide de la tête.
    Les alentours grouillaient de requins qui attendaient l’issue du combat »

    Extrait de La croisière du cachalot de Franck Bullen

    Si le calmar avait emmailloté la tête du cachalot avec ses tentacules, c’est parce qu’il espérait pouvoir obturer l’évent. Chez les cachalots, l’évent se situe un peu à gauche sur la tête, caractéristique unique chez les cétacés.

     

    Calmar géant contre un cachalot

    Reconstitution d'un combat. By William Hartz

     

    Quand il « souffle » en refaisant surface, le jet de vapeur est propulsé suivant un angle de 45°. Si cet évent est obstrué, le cachalot peut se noyer donc il préfèrera lâcher prise.

    On sait que ce sont les cachalots qui chassent les calmars et non l’inverse. Peut-être que seuls les cachalots sont suffisamment puissants pour venir à bout des calmars géants ? Aucune trace de blessures n’a été retrouvée sur d’autres types de cétacés.
    Il est vrai que le cachalot macrocéphale mâle est le géant de la famille. Il peut atteindre 20 m de long pour un poids de 70 tonnes.

     

    Des calmars gigantesques ?

    On a retrouvé des cicatrices aussi grosses qu’une soupière. Si on applique une règle de proportionnalité, cela voudrait dire que certains spécimens mesurent entre 45 et 50 m de long !
    C’est en tout cas l’avis du Professeur Frederick Aldrich, l’un des meilleurs spécialistes du genre Architeuthis.

    La plus grosse cicatrice circulaire trouvée sur la peau d’un cachalot mesurait 45 cm de diamètre. Pour certains, le calmar devait approcher les 66 m.
    Difficile d’imaginer un tel monstre !

    Certains spécialistes pensent que les géants Architeuthis seraient des animaux pacifiques et lents. Cela est loin d’être évident car les calmars de Humboldt (Dosidicus gigas) se sont montrés dans leur environnement comme des prédateurs agiles et très agressifs.

    Deux attaques de calmars contre des hommes ont été authentifiées.

    L’une s’est déroulée en mars 1941 alors que le Britannia venait d’être coulé par un sous-marin allemand.
    Cette tragédie s’est passée en plein Atlantique tropical. A tour de rôle les rescapés montaient sur un petit radeau car six personnes pouvaient y monter en même temps.
    Les autres se relayaient dans l’eau. Quelque chose de souple et de glacé vint s’enrouler autour de la jambe de l’un des naufragés entraînant des souffrances atroces.
    La bête lâcha prise aussi rapidement qu’elle avait attaqué. L’officier en fut quitte pour de vilaines blessures cutanées. Celles –ci furent examinées et les experts conclurent à une attaque de calmar.
    La nuit précédente, un soldat avait été arraché du radeau comme un fétu de paille par un « monstre » inconnu qui l’avait entraîné dans les profondeurs.

    L’autre s’est produite en 1992 alors que l’opérateur sous-marin Howard Hall et son assistant avaient décidé de plonger pour filmer les calmars géants sur la côte Pacifique du Mexique. Heureusement, aucun mort ne fut à déplorer.

    Nul ne sait combien d’attaques se sont réellement produites.

    Malgré toute notre technologie, nous ne savons que bien peu de choses sur les calmars géants qui hantent les profondeurs. Par contre, avec la miniaturisation des caméras, peut-être qu’un jour nous pourrons fixer un équipement spécialisé sur la tête d’un cachalot.
    Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de tuer ces superbes prédateurs pour étudier les calmars.
    Je vous laisse imaginer la lutte entre ces deux titans que nous pourrions vivre en direct.

     

    V.Battaglia (15.04.2005). M.à.J 11.2009

     

    Bibliographie

    Étranges histoires de la mer B.Breed Ed Maritimes 1964. Serpent de mer et monstres aquatiques Jean-Jacques Barloy 1978. Les monstres sont vivants Eric Joly-Pierre Affre Grasset 1995

     

    Invertébrés marins:  Calmar géant contre Cachalot

     

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    Calmar géant

     

    De nombreuses légendes entourent le calmar géant mais les dernières découvertes scientifiques ont apporté la preuve de son existence.

    Le calmar géant, du genre Architeuthis, que l’on ne connaît que par des cadavres retrouvés échoués ou repêchés dans des filets, est entré dans la légende. Mais le fait que l'on n'ait jamais pu les observer de leur vivant avant 2005 y est pour beaucoup.

      

    Actualité sur le calmar géant

    Les dernières découvertes scientifiques sur le calmar géant (ou calamar) cassent beaucoup le mythe mais sont loin de nous livrer toute la vérité sur cette créature.
    Une chose est certaine, le calmar géant est le plus grand invertébré de notre planète. Les restes retrouvés dans les estomacs des cachalots nous permettent d'avoir une idée de la taille gigantesque que certains Architeuthis pourraient atteindre.

    Les « monstres » repérés par les marins étaient certainement des calmars géants. Jusqu'à présent, on pensait qu'un calmar géant, si l’on tient compte de ses tentacules les plus longs, peut mesurer de 20 à 30 mètres de longueur et peser jusqu’à 200 kilos.

    Mais, le dernier spécimen de calmar (Mesonychoteuthis hamilton) pêché en Antarctique en février 2007 bat tous les records connus puisqu'il pèse 450 kg.

    Le 26 mars 2008, le premier calmar géant, baptisé Wheke, a été naturalisé au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

     

    Poulpe, Calmar ou Légende ?

     

    Au 18e siècle, un naturaliste, E.Pontoppidan, intrigué par les récits des marins évoquant le serpent de mer et une créature munie de longs bras nommée Kraken, essaye de classer cet étrange animal.
    Il pense que le Kraken est sûrement un poulpe géant.

    C’est en 1861, qu’un navire français, l’Alecton, tente de capturer ce fameux Kraken : il s’agissait bien d’un calmar géant.

     

    Kraken

    Le fameux kraken de 1861 (Dessin de l'époque)

     

    L'un des plus anciens rapports vient du naturaliste romain Pline, dans son Histoire naturelle, écrite au premier siècle avant notre ère :

    "A Cartéia, un polype accoutumé à sortir de la mer, venait dans les réservoirs dévorer les salaisons. L'odeur des salaisons attire tous les animaux marins. La continuité de ses larcins donna beaucoup d'humeur aux gardiens. Ils formèrent des palissades extrêmement hautes. Le polype les franchissait à l'aide d'un arbre.

    Il ne put être découvert que grâce à la sagacité des chiens. Ils l'attaquèrent une nuit pendant qu'il retournait à la mer. Les gardiens accoururent. Mais la nouveauté du spectacle les pénétra d'effroi.

    Sa grandeur était extraordinaire. La saumure dont il était tout trempé avait changé sa couleur. Il répandait une odeur horrible. (...) Ils croyaient combattre contre un monstre. Son souffle affreux repoussait les chiens : tantôt il les flagellait avec l'extrémité de ses bras, tantôt il les assommait de ses deux bras majeurs, dont il se servait comme d'une massue. Plusieurs hommes eurent beaucoup de peine à le tuer avec des tridents.

    "On apporta sa tête à Lucullus. Elle avait la grandeur d'un baril de quinze amphores. Ce qui fut conservé du corps pesait sept cents livres."

    On reconnaît dans ce récit la description d’un calmar géant.

    En 1801, le capitaine d’un baleinier américain installé à Dunkerque raconta que lui et ses matelots harponnèrent un jour un cachalot qui recracha un énorme morceau de chair :

    "Ils ne voulurent qu'à peine en croire leurs yeux lorsqu'ils virent que cette masse charnue, tronquée aux deux bouts, et dont le plus épais offrait la grosseur d'un mât, n'était autre chose que le bras d'un énorme poulpe, dont les ventouses renfoncées étaient plus larges qu'un chapeau. [...] Ce membre mesurait 10,65 m de long, et les ventouses y étaient disposées en deux rangs, comme dans le poulpe commun.

    Ce poulpe n’était en réalité qu’un calmar géant dont l’unique prédateur connu est le cachalot.

    Il fallut cependant attendre 1857 pour que le Danois Steenstrup décrive scientifiquement ce céphalopode géant sous le nom d'Architeuthis. Et pourtant, l'existence des calmars géants fut encore mise en doute par de nombreux scientifiques.

    Il fallut plusieurs échouages survenus dans les années 1870 sur les côtes de Terre-Neuve, pour que les calmars géants soient enfin acceptés par la communauté scientifique.

     

    Portrait du Calmar géant

     

    Le nom scientifique du calmar géant est Architeuthis dux . Il dépasse certainement, pour certains individus, les 20 m de long et pèse plus d’une tonne.
    On ne sait pas, en fait, grand-chose sur ces créatures car aucune n’a pu être observée de son vivant. Nous ne possédons qu'un film sur un spécimen plus petit observé en 2005.
    Si l’on en juge par l’ampleur des cicatrices laissées par leurs ventouses sur le corps des cachalots, avec qui ils se battent à mort, certains pourraient friser les 60 m voire même 75 m !

     

    Malgré les explorations sous-marines qui se sont succédé depuis les années 60 dans les grands fonds, aucun Architeuthis n’a accepté de poser pour la photo. A croire qu’ils détectent les engins et prennent le large.

    Leurs yeux, d’un diamètre de 25 cm, laissent supposer qu’ils pourraient vivre dans la zone dite crépusculaire (entre 200 et 1 000 m).
    En effet, la lumière perce encore faiblement à cette profondeur et permet aux prédateurs de chasser à vue.

     

    calmar

    Le calmar n'est blanc qu'une fois mort. Vivant, il possède de splendides couleurs changeantes. By Dan Hershman

     

    Les dernières constatations des chercheurs nous permettent d'en savoir un peu plus. En effet, malgré la légende qui entoure cet animal mystérieux, certains scientifiques ont pu étudier des corps repêchés. Ainsi, Neil Landman du Muséum d’histoire Naturelle de New York a livré ses conclusions. Grâce à trois corps provenant de Tasmanie, il affirme que le calmar géant vit à environ 300 m de profondeur.
    On est très loin des profondeurs abyssales souvent avancées.
    De plus, sa longévité serait inférieure à 15 ans. Exit, les créatures géantes centenaires.

    Les calmars se distinguent des pieuvres par leur morphologie et leur mode de déplacement. Les pieuvres ont huit bras et se déplacent en marchant au fond de l'eau. Les calmars ont huit tentacules, plus deux bras plus longs armés de crochets leur permettant d'immobiliser leur proie. Ils ne marchent pas, mais nagent entre deux eaux.

     

    Des céphalopodes mystérieux

     

    Les scientifiques ont pu observer certains céphalopodes jusqu’à 5 000 m de profondeur.

    En l’an 2000, Un spécimen très rare de calmar géant a été retrouvé en Antarctique.
    L'animal, Kondakovia longimana, qui s'était échoué sur une plage de l'Antarctique est une espèce mal connue de calmar géant. L’animal mesurait 2,3 mètres de long et pesait près de 30 kilos.

     

    Kondakovia longimana

    Kondakovia longimana (Source Internet)

     

    Le calmar Histioteuthis possède, lui, un œil plus grand que l’autre. Cette caractéristique lui permet de détecter les ombres de ses futures proies nageant au-dessus de lui.

     

    Calmar

    Histioteuthis sp. © dinosoria.com

     

    Le calmar vampire des profondeurs (Vampyroteuthis infernalis) a un corps rouge et tient à la fois de la pieuvre et du calmar. Ses deux grands yeux bleus ressortent d’autant plus qu’ils sont énormes. On dirait deux gros saphirs.
    Son corps est recouvert de photophores et il dispose d’organes producteurs de lumière.

     

    Un calmar géant photographié vivant (septembre 2005)

     

    Des scientifiques ont photographié pour la première fois un calmar géant vivant à 900 mètres de profondeur.

    L'équipe dirigée par Tsunemi Kubodera, du Musée national des sciences de Tokyo, a réussi à immortaliser sur la pellicule un Architeuthis de huit mètres de long, alors qu'il attaquait une proie à 900 mètres de profondeur, au large des Iles Bonin (Japon).
    "Nous pensons que c'est la première fois qu'un calmar géant adulte est photographié dans son habitat naturel", a déclaré Kyoichi Mori.

     

    Calmar geant

    Calmar géant photographié en 2005 par Tsunemi Kubodera et son équipe

     

    Ce calmar géant attaquait sa proie avec agressivité, ce qui remet en cause la réputation du calmar lent et léthargique.

    Contrairement à l'idée selon laquelle le calmar géant est relativement inactif, le calmar que nous avons photographié usait ses énormes tentacules très activement pour attraper sa proie", a déclaré Kyoichi Mori.

     

    Des pêcheurs néo-zélandais capturent un calmar géant de 450 kg (février 2007)

     

    Des pêcheurs néo-zélandais ont capturé un calmar géant de 450 kg au large de l’Antarctique. Ses tentacules ont la largeur de pneus de tracteur. Ce calmar ne fait pas partie du genre Architeuthis. L'espèce Mesonychoteuthis hamilton est réputée pour son corps massif. La photo ci-dessous confirme cette hypothèse.

     

    Calmar geant

    Photo prise le 22 février 2007/REUTERS/Ministère néo-zélandais de la Pêche/Handout /
    Reuters

     

    Le calmar était toujours vivant lorsqu'il a été capturé et mangeait une légine accrochée à un hameçon lorsqu'il a été hissé à bord du bateau.

    Selon les médias locaux, le spécimen capturé par les pêcheurs mesure près de dix mètres et pèse 450 kg, soit 150 kg de plus que le dernier plus grand calmar jamais découvert.

     

    V.Battaglia (10.05.2004) M.à.J 03.2008

     

    Invertébrés marins:  Calmar géant

     

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    Couronnes d’épines ou Étoile noire

     

    La couronne d’épines, également appelée l’étoile noire (Acanthaster planci) mange la Grande Barrière de corail d’Australie. Les écologistes sont si préoccupés par le développement de cet échinoderme venimeux et par les dommages qu’il provoque qu’ils ont procédé à des massacres.

      

    Généralement rouge, mais la couleur peut varier selon les endroits, la couronne d’épines possède 12 à 19 bras.
    Son diamètre est de 25 à 40 cm, parfois jusqu’à 80 cm.

     

    Etoile noire

    Acanthaster planci. By g_na

     

    Chaque épine, très venimeuse, mesure 4 à 5 cm.
    L’étoile noire est une étoile de mer particulièrement vorace et destructrice.

    Certains pensent que la pêche excessive du triton, principal prédateur de la couronne d’épines, serait la cause de sa prolifération.
    Cependant, d’autres recherches indiquent qu’il y aurait déjà eu dans le passé des explosions de populations dont on ignore la cause.
    Cela pourrait faire partie d’un cycle naturel.

     

    Couronne d'épines. Etoile noire

    Une étoile noire en train de manger le corail. By Mattwright.com

     

    Une chose est sure, le corail est dévoré dans de grandes quantités et peu à peu le récif meurt et disparaît.

    Pour manger, l'étoile noire dilate son estomac par la bouche, nappe le corail de sucs digestifs et aspire la « bouillie » ainsi obtenue.

    Chaque couronne avale jusqu’à 6 m² de corail par an.

    Chez l’homme, le poison provoque une douleur intense, des nausées et des vomissements.

    Classification: Animalia. Echinodermata. Asteroidea. Spinulosida. Acanthasteridae. Acanthaster

    V.Battaglia (07.01.2007)

     

    Références

    Etoile de mer. Collection Cavendish. 2003
    Acanthaster planci. Nomenclature SITI

     

    Invertébrés marins:

     

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    Étoile de mer

     

    L’étoile de mer est un animal fascinant dont les formes et les couleurs peuvent être très variées. Il existe en effet environ 1 600 espèces dans la classe des astéroïdes qui mesurent entre 5 cm et un mètre de diamètre.

    Les fonds marins sont souvent très peuplés. Oursins, anémones de mer et ophiures se disputent quelques centimètres carrés. Tous sont des échinodermes, animaux exclusivement marins, dont il ne reste que cinq groupes principaux : les étoiles de mer, les oursins, les crinoïdes, les holothuries et les ophiures.

    Il en existait beaucoup plus au Paléozoïque mais un changement brutal des conditions de vie a provoqué l’extinction de plus de 96% des espèces, vivants de cette sorte.

     

    Anatomie de l’étoile de mer

    L’étoile de mer fait partie des échinodermes ((à la peau épineuse) et à la classe des astéroïdes. Les étoiles de mer vivent sur ou sous le sable, ou sur les rochers.
    Elles sont présentes dans toutes les mers et océans du monde et pratiquement à toutes les profondeurs.

     

    Etoile de mer

    L'étoile de mer est un invertébré marin. By Chef jancris

     

    Elle a généralement 5 bras (symétrie radiaire à 5 branches) mais certaines espèces en ont 24 et même 50 pour des espèces d’Amérique du Nord.

     

    Etoile de mer

    Etoile de mer . (CC BY-SA 3.0)

     

    Si une étoile de mer vient à perdre un de ses membres, elle peut le régénérer sans grands dommages.

     

    Etoile de mer

    Les membres de l'étoile de mer se régénèrent en cas d'accident. By Sushla

     

    Chaque bras est couvert sur sa face inférieure de centaines de minuscules pieds ambulacraires (ou podions).
    Ils sont généralement pourvus d’une ventouse et c’est grâce à eux qu’une étoile se déplace.

     

    Etoile de mer

    Gros plan sur un bras. By Eecue. com

     

    Cet animal n’a ni tête, ni cerveau.

    L’étoile de mer se déplace très lentement. Elle peut parcourir entre 5 cm et 2 m par minute. Certaines ne parcourent pas plus de 1 km durant toute leur vie.
    En effet, les étoiles de mer se trouvent toujours là où il y a de la nourriture. Elles peuvent donc être grégaires et se retrouvent souvent en populations très denses.

     

    Etoile de mer

    L'étoile de mer n’a ni tête, ni cerveau. By Palestrina 55

     

    Les étoiles de mer peuvent causer de graves dégâts dans les élevages de moules ou d’huîtres.

    La plus grande étoile de mer est Midgardia xandaras qui atteint 1,30 m à près de 1,40 m pour les plus grands spécimens. Elle est originaire du Golfe du Mexique.

    L’étoile de mer que l’on peut souvent apercevoir dans les fonds peu profonds est bien moins pacifique qu’il n’y parait. En effet, l’étoile de mer est un véritable prédateur notamment pour le corail.

    Dans nos contrées, on rencontre essentiellement l'étoile de mer commune (Asterias rubens) qui ne dépasse pas 50 cm.

     

    Alimentation de l’étoile de mer

    Certaines étoiles se nourrissent de coraux, d’autres d’éponges, mais le plus souvent elles raffolent de coquillages.

     

    Etoile de mer

    L'étoile de mer raffole de coquillages. By Enkai

     

    Elle a une méthode très originale pour les manger. Elle peut sortir une partie de son estomac par sa bouche et l’introduire entre les valves du coquillage. Auparavant, elle a écarté les valves à la force de ses bras et de ses podions.

     

    Etoile de mer

    By Sushla

     

    Elle commence donc à digérer la proie à l’extérieur de son corps. Une fois, le coquillage prédigéré, elle « récupère » son estomac avec la nourriture.

     

    Etoile de mer

    L'étoile de mer peut sortir une partie de son estomac par sa bouche. By Enkai

     

    La bouche de l’étoile de mer est située au centre, sur la face antérieure.

    L’étoile de mer a peu de prédateurs, à part d’autres étoiles de mer ou des gastéropodes, pour L’Acanthaster planci (étoile noire).
    Leur peau contient des substances qui ressemblent au savon et qui lui donnent un goût désagréable.
    D’autres espèces, pour se protéger, sont recouvertes de piquants venimeux.

     

    Reproduction de l’étoile de mer

    Chez la plupart des espèces, la femelle émet ses œufs dans l’eau et ses derniers sont ensuite fécondés au gré des courants par les spermatozoïdes que les mâles émettent.

     

    Etoile de mer

    By Michael Aston

     

    Les larves se développent généralement en eau libre. Elles dérivent au gré des courants pendant environ 2 mois.
    A la fin de la vie larvaire, elles coulent, tombent sur le fond et subissent une métamorphose qui les transforme en petite étoile.

    Certaines étoiles se reproduisent de façon asexuée. Un de leurs bras se coupe et régénère une nouvelle étoile complète.

     

    Etoile de mer

    By Phil Harmania

     

    D’autres espèces incubent leurs œufs dans des poches spécialisées ou couvent les œufs, comme l’ophiure commune, entre leurs bras. La progéniture trouve la nourriture sur ces bras et est à l’abri des prédateurs.

     

    L’étoile noire : un danger pour le corail

    Acanthaster planci est une grosse étoile de mer, couverte d’épines et mesurant 60 cm de diamètre.
    Elle est appelée couronne d’épines ou l’étoile noire. C’est une véritable tueuse de coraux. Son seul ennemi naturel est le triton [Charonia tritonis] qui est un gros gastéropode.
    Malheureusement, le triton est chassé à outrance pour sa jolie coquille.

     

    Acanthaster planci  . Etoile noire

    Une étoile noire en train de manger le corail . By Mattwright.com

     

    Cette étoile de mer porte jusqu’à 17 bras, couverts d’épines venimeuses. C’est à ses épines qu’elle doit son surnom de « coussin de belle-mère ».

    Elle dissout les polypes du corail grâce à des sucs digestifs et s’en nourrit par succion.

     

    Etoile noire

    Les bras de l'étoile noire sont couverts d’épines venimeuses. By Stompy

     

    Une étoile détruit 6 m² de récif par an mais, le problème, c’est que ses attaques sont collectives.
    On a trouvé dans le Pacifique jusqu’à 20 000 étoiles noires sur une bande de 2 km.

     

    Etoile noire qui se fait dévorer

    Une couronne d'épines qui se fait dévorer. By Nemo's great uncle

     

    Privé de vie, le squelette du corail se recouvre d’algues, d’éponges ou de coraux non récifaux. Le récif peut mettre des années avant de retrouver son aspect.

     

    Ophiure

    Les ophiures (Ophiuroidea) sont également des échinodermes, proches des étoiles de mer. Ils sont très friands de jeunes mollusques.

    Les ophiures sont présents dans toutes les mers et évoluent aussi bien à très faible profondeur que jusqu'à 4 000 m de profondeur.

    L'ophiure possède cinq très longs bras articulés en exosquelette à plaques. Très fragiles, ses bras se cassent fréquemment.

     

    Ophiure

    Ophiure. By Estherase

     

    Mais, contrairement à l’étoile de mer, l'ophiure se déplace vite grâce à ses bras très souples. Comme les étoiles de mer, les bras peuvent se régénérer en cas d’amputation ou se ramifier.
    Ces ramifications donnent l’illusion d’un entrelacs de racines. Ce mimétisme est très utile pour se protéger des prédateurs.

     

    Ophiure

    Ophiure. By Laszlo-photo

     

    L'ophiure commune (Ophiura ophiura) est une espèce envahissante. Les colonies atteignent plusieurs milliers d’individus au m².

    V.Battaglia (21.02.2006)

     

    Références

    Etoile de mer. Collection Cavendish. 2003
    Asteroidea. Nomenclature SITI

     

    Invertébrés marins:  Étoile de mer

     

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    La physalie (Physalia physalis ), également appelée galère portugaise, ressemble à une méduse mais n’en est pas une du tout. Elle se compose d’une centaine de polypes suspendus à un flotteur, pouvant mesurer jusqu’à 30 cm de long..
    La physalie est dangereuse pour l’homme.

     

    Portrait de la physalie

    Contrairement aux apparences, la physalie n’est pas une méduse mais un siphonophore.

    En effet, la physalie n’est pas un organisme unique, mais une colonie de centaines de polypes.
    Sous le corps flottant se trouvent des grappes de polypes reproducteurs et digestifs, d’où traînent des tentacules d’un pourpre vif ou bleu.
    Il existe quatre types de polypes ayant chacun leur rôle : reproduction, digestion, production du poison.

     

    Physalia physalis

    Physalia physalis. By Coolskipper

     

    Le corps peut mesurer jusqu’à 30 cm. Les tentacules mesurent 20 mètres en général mais peuvent atteindre 50 mètres. Le corps, transparent, peut être rose, bleu ou violet.

    Cette étrange créature est composée d’environ 90% d’eau. Elle ne nage pas. Une crête en haut du flotteur (pneumatophore) joue le rôle d’une voile.
    Ce pneumatophore permet donc à la colonie de se déplacer en fonction des vents et de la marée.

    Ce flotteur est rempli d’air et de dioxyde de carbone.

     

    Physalie

    La physalie est composée d’environ 90% d’eau. By Warrenski

     

    En cas de danger, le pneumatophore se dégonfle pour permettre à la physalie de s’immerger.

    La physalie peut attraper d’assez grosses proies comme des maquereaux. Les poissons qui passent entre les tentacules sont paralysés par le venin puis aspirés par les polypes digestifs et ingérés.

    Certains poissons, comme le poisson-clown, produisent un mucus protecteur qui leur permet de se nourrir des tentacules, lesquels sont constamment régénérés.

     

    Physalie

    La physalie peut attraper d’assez grosses proies. By Gravityware

     

    La physalie vit dans la plupart des mers tropicales et subtropicales. Sa répartition est très vaste : Océans Atlantique, Pacifique et Indien, mers des Antilles et mer des Sargasses.

     

    Les dangers de la physalie

    Mieux vaut admirer la belle physalie à distance. En effet, le venin de la physalie est très toxique.

    Les longs tentacules peuvent infliger une douloureuse brûlure aux nageurs. Les physalies sont particulièrement présentes sur la côte Atlantique.

     

    Physalie

    Le venin de la physalie est très toxique. By Tarotastic

     

    Chez l’homme, il provoque des lésions et des malaises graves pouvant entraîner la mort dans les cas extrêmes.
    Le contact provoque un état de choc qui devient très dangereux en pleine mer pour les plongeurs.

     

    Physalie

    Il ne faut jamais toucher une physalie, même morte. By Roger OZ

     

    C’est d’autant plus dangereux que la physalie se déplace en grande colonie pouvant atteindre plusieurs millions d’individus.

    Même mortes et échouées sur la plage, les cellules de la physalie conservent leur toxicité. En cas de piqûre, il faut rincer la plaie avec de l'eau de mer mais sans frotter.

    Classification: Animalia. Cnidaria. Hydrozoa. Siphonophorae. Physaliidae. Physalia

    V.Battaglia (07.11.2007)

    Références

    Les animaux à métamorphoses de Victor Meunier. BookSurge Publishing 2001
    Steve Backshall. Venom: Poisonous Creatures in the Natural World. New Holland Publishers Ltd 2007
    Physalia physalis. Nomenclature SITI

     

    Invertébrés marins:  La physalie

     

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