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    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

     

    Les mythes du monde entier se ressemblent souvent sur des thèmes tels que la création du monde, les origines de l’humanité ou la fin du monde.

    De nombreux chercheurs se sont intéressés aux mythes principalement parce qu’ils possèdent des points communs alors qu’il s’agit de cultures différentes et surtout distantes géographiquement.

    Le mythe du déluge est l’une de ces histoires que l’on retrouve dans de nombreuses mythologies.

    Le schéma conducteur est identique et cette coïncidence est assez troublante. On y parle d’un dieu ou de dieux mécontents des hommes qui détruisent le monde par une bonne inondation. Cependant, à chaque fois, il y a deux survivants qui permettent à l’humanité de repartir à zéro.

    Pour illustrer ce comparatif, j’ai choisi sept mythologies : la mythologie égyptienne, grecque, nordique, babylonienne, chinoise et amérindienne.

    Il est également intéressant de comparer ces mythologies propres aux religions polythéistes avec la mythologie biblique qui, bien que fondée sur un dieu unique, reprend largement le mythe du déluge.

     

    La destruction du monde selon la mythologie égyptienne

     

    Après la création du monde physique et de l’être humain, les dieux se multiplient et entretiennent des liens étroits, comparables à ceux des douze dieux de l’Olympe dans la mythologie grecque.

     

    Cette fois encore, l’homme est devenu orgueilleux et pense qu’il est l’égal des dieux. Trop infatué de lui-même, il ignore les mises en garde et devient avare d’offrandes.

     

    Rê, chef de tous les dieux, réunit ces derniers afin de décider d’une punition. Ils décident d’envoyer sur terre la déesse à tête de lionne, Sekhmet, qui symbolise la vigueur du soleil.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Rê. © dinosoria.com

     

    Ne craignant pas de tuer des hommes, Sekhmet se livre à un effroyable carnage et boit le sang de ses victimes.

     

    Les dieux s’inquiètent de la fin proche de l’humanité mais n’arrivent pas à endiguer la fougue de cette déesse vengeresse.

     

    Pour sauver ce qui peut encore l’être, ils inondent un champ d’un liquide rouge sang. Attiré par ce liquide, Sekhmet le boit jusqu’à la dernière goutte et s’effondre « saoulée » par cette boisson concoctée à base de bière.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Sekhmet. By astique . (CC BY-SA 3.0)

     

    Mais lorsqu’elle se réveille de son coma éthylique, l’humanité est sauvée et les hommes ont compris une leçon : ne jamais négliger les dieux.

     

    Dans la mythologie égyptienne, le mythe du déluge est, si je peux dire, légèrement « aviné ». Cependant, les motifs de l’inondation sont les mêmes que pour les autres mythes : l’homme ne répond plus aux attentes de ceux qui les ont créés. C’est son orgueil qui le mène à une quasi-destruction.

     

    La fin du monde selon la mythologie nordique

    Pour les peuples nordiques, nul ne peut échapper à son destin. Le concept de Ragnarök (mort des dieux) est lié à cette idée.

    La destruction du monde est donc inéluctable.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Odin, Frøya et les dieux nordiques. By Mixmaster. (CC BY-NC-ND 3.0)

     

    Ragnarök doit être annoncé par trois années de guerre suivies d’un terrible hiver de trois ans, sans été.

    Un immense tremblement de terre brisera alors tous les liens. Fenrir le loup se retrouvera délivré de ses chaînes ainsi que son père Loki.

    Jormungand, le serpent cosmique, provoquera un immense raz de marée qui inondera la terre entière.

    Les eaux tourbillonnantes emporteront le bateau Naglfar rempli de géants.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Ce relief montre Fenrir engloutissant Odin le jour de Ragnarök. © dinosoria

     

    Fenrir et Jormungand marcheront vers la plaine de Vigrid, lieu de l’ultime bataille, tous comme les dieux, conduits par Odin.

     

    Odin sera tué par le loup Fenrir et Thor succombera à ses blessures après avoir tué le serpent cosmique, Jormungand.

     

    A l’issue de ce combat final, des flammes, de la fumée et de la vapeur s’élèveront et le ciel s’obscurcira.

    Les étoiles disparaîtront et la terre sombrera dans la mer.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Broche représentant Jormungand . © dinosoria

     

    Cependant, Ragnarök ne constituera pas la fin du monde. En effet, le monde ressurgira, vert et fertile et ce sera l’avènement d’un nouvel âge.

     

    Le monde des humains sera repeuplé par deux personnes, Lif et Lifthrasir. L’homme bénéficiera donc d’un nouveau départ et le cycle pourra recommencer.

     

    La mythologie nordique fait référence au déluge mais également à l’arche de Noé et au repeuplement de la terre grâce à un couple épargné par les dieux.

     

    Le déluge selon la mythologie chinoise

    Il existe quatre versions principales du mythe du déluge. Dans la première, le dieu-ouvrier Gong-Gong remue les eaux du monde entier à tel point qu’elles se précipitent contre la barrière du ciel.

     

    Le mythe de la double catastrophe du feu et du déluge met en vedette la déesse Nugua, qui met un terme au désastre.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Peinture symbolisant Nugua qui intervient, quand le déluge menace, pour réparer le cosmos. © dinosoria

     

    La version majeure narre comment le héros Yu maîtrise les eaux. Des créatures surnaturelles, le dragon aquatique et la tortue, l’aident dans sa mission.

    Après avoir canalisé les flots, il partage le monde en neuf régions et devient ainsi le fondateur de la dynastie mythique des Hia, la première de l’âge d’or.

     

    Si le mythe du déluge est omniprésent dans la fin du monde et sa renaissance, par contre, la mythologie chinoise ne fait pas référence à une punition divine, ni à un nouveau départ grâce à quelques survivants qui bénéficient de la faveur des dieux.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Statue du dieu-ciel . © dinosoria

     

    On retrouve bien par contre, cette notion du retour à l’ordre naturel après les catastrophes universelles ainsi que le concept de l’âge d’or.

     

    Les mythes du déluge dans la mythologie amérindienne

    Selon la mythologie du peuple cañari de l’Equateur, deux frères échappent à un déluge en se réfugiant en haut d’une montagne, l’Huacaynan.

    Lorsque le niveau des eaux baisse, les deux frères doivent survivre. Un jour qu’ils rentrent sans avoir pu trouver la moindre nourriture, ils voient un repas dans leur hutte accompagné de chicha (bière de maïs).

    Ce miracle se reproduit 10 jours d’affilée. Le frère aîné décide alors de se cacher pour savoir qui leur laisse cette nourriture. 

    Il voit alors deux aras préparer le repas. Les deux oiseaux ont des visages de femme. Ils essayent de les attraper mais les oiseaux s’envolent et ne reviennent plus pendant trois jours.

     

    Le frère cadet se cache, à son tour, pour observer les curieux oiseaux. Alors que les oiseaux reviennent, il arrive à attrape le plus petit.

     

    Cet étrange couple vit de nombreuses années ensemble et a six enfants.

     

    Le mythe nous raconte que les Cañari descendent de ces enfants. La montagne, symbole de fertilité, est sacrée.

     

    Ce mythe mélange les métaphores de l’humanité et du monde animal qui exprime un thème andin universel.

    La mythologie andine et le panthéon incas particulièrement étaient gouvernés par de puissants dieux qui demeuraient au sommet de pics montagneux.

    Ils envoyaient pluie, grêle, foudre ou sécheresse pour tourmenter les hommes. Le seul moyen d’apaiser leur colère était de leur faire des offrandes ou des sacrifices.

     

    Le déluge dans la mythologie grecque

    Il existe plusieurs versions du mythe de déluge chez les Grecs.

     

    La version la plus aboutie du mythe du déluge nous vient du poète Ovide, un Romain qui a vécu au Ier siècle avant notre ère.

     

    Selon ce mythe, Zeus descendit sur Terre pour vérifier si les hommes étaient encore contrôlables.

    Il rendit visite au tyran Lycaon et se fit invité à dîner. Le peuple s’inclina devant ce dieu mais Lycaon ne lui voua aucune vénération.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Zeus . By Pro-Zak. (CC BY-SA 3.0)

     

    Il tua un prisonnier de guerre, un homme du peuple des Molosses et le fit cuire. Il le servit comme repas à Zeus. Il se dit que si cet invité était un faux dieu, il ne remarquerait pas qu’il mangeait de la chair humaine.

    Manque de chance pour lui, Zeus en vrai dieu désintégra aussitôt Lycaon et son palais puis retourna sur l’Olympe.

     

    Très en colère, Zeus demanda à Poséidon, dieu de la Mer, de créer un gigantesque ras de marée pour submerger la Terre.

    Poséidon créa donc un colossal orage et la pluie ne cessa de tomber pendant neuf jours et neuf nuits.

    Ce déluge noya l’humanité tout entière.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Sculpture de Poséidon. By Arte Molto Brotta 2. (CC BY-SA 3.0)

     

    Cependant, seul le sommet du mont Parnasse dépassait encore des eaux. Alors, Prométhée qui avait protégé sa famille dit à son fils Deucalion de construire une arche en bois, de la remplir de nourriture, puis d’y faire monter son épouse Pyrrha, la fille d’Epiméthée et de Pandore.

     

    Le couple accosta au sommet du Parnasse. Enfin, les eaux se retirèrent et ils purent descendre pour se rendre jusqu’à un temple. 

    Là, ils entendirent une voix leur ordonner de se voiler la face et de jeter les os de leur mère derrière eux.

     

    Cet acte aurait été un sacrilège. Le couple réfléchit, se disant qu’aucun dieu, ne pouvait exiger d’eux une telle chose.

    Ils comprirent alors que leur mère était Gaïa, la Terre. Donc, ses « os » étaient des pierres. Ils jetèrent donc quelques pierres et celles-ci se transformèrent en hommes et en femmes qui purent repeupler la terre.

     

    Il y a bien sûr, une ressemblance frappante entre le mythe grec et le mythe biblique.

     

    Mythologie babylonienne : Le déluge de Ninive (11e tablette de l’épopée de Gilgamesh)

    La Mésopotamie (Irak aujourd'hui) est la source de nombreux mythes qui comptent parmi les plus anciens que l’on connaisse.

     

    Le récit est conté à Gilgamesh par le héros Utanapishtim. Les similitudes avec le déluge biblique sont frappantes. 

    L’épopée de Gilgamesh date de plus de 4 000 ans avant notre ère.

     

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Gilgamesh (British Museum) By Litmuse . (CC BY-NC-ND 3.0)

     

    Utanapishtim, citoyen de la cité babylonienne de Shuruppak, reçoit un message secret du dieu Ea l'avertissant que les dieux sont sur le point de noyer la terre sous un déluge.

     

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Empreinte d'un sceau-cylindre sumérien représentant un jugement d'Ea. © donosoria

     

    Ea ordonne à Utanapishtim de construire un bateau.

     

    Sur le vaisseau terminé, Utanapishtim embarque de l'or et de l'argent, les membres de sa famille et un représentant de chaque espèce animale. À l'heure dite, les digues se rompent et la pluie tombe. La tempête est si terrible que même les dieux en sont effrayés.

     

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Utanapishtim sur son bateau . © donosoria

     

    Au septième jour, les eaux se retirent et Utanapishtim constate que son bateau s'est échoué. Il libère la colombe et l'hirondelle mais celles-ci reviennent au bateau. Seul le corbeau consent à s'installer sur la terre ferme. Utanapishtim fait débarquer sa famille et célèbre son salut par un sacrifice au cours duquel il verse des libations et brûle de l'encens.

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    11e tablette de l’épopée de Gilgamesh. By Atonal . (CC BY-NC-ND 3.0)

     

    Attirés par l'agréable senteur, les dieux se rassemblent autour d'Utanapishtim et de sa victime. Lorsque vient la déesse-mère, elle pleure la destruction de ses créatures et jure de ne jamais oublier. Elle accuse Enlil de la destruction presque totale de l'humanité. Enlil est furieux qu'une famille humaine ait réussi à échapper au déluge, mais Ea lui avoue qu'il a organisé lui-même le périple d'Utanapishtim.

     

    Apaisé, Enlil bénit le héros et son épouse et leur accorde la vie éternelle.

     

    La mythologie biblique et le déluge

    Dieu voit que l’homme ne pense qu'au mal et se repent de l'avoir créé. II décide d'effacer de la surface de la Terre tous les hommes et les animaux. Seul Noé, homme juste et parfait, trouve grâce à ses yeux.

     

    Dieu dit à Noé qu'il a résolu de faire périr tous les hommes en les soumettant à un déluge qui détruira tout sur la terre. II commande à Noé de construire une arche en bois de pin, d'y aménager des cellules et d'en enduire la coque de poix, puis il lui ordonne de monter à bord de l'arche en compagnie de sa femme, de ses fils, d'un couple d'animaux de chaque espèce, et d'assez de vivres pour les nourrir tous.

     

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Le Déluge, fresque de Paolo Uccello. (DP)

     

    Noé fait ce que Dieu lui a commandé. Sept jours plus tard, les eaux du déluge s'abattent sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Les eaux soulèvent l'arche et submergent tout, tuant les créatures restées sur terre. Après quelque temps, Dieu se souvient de Noé et de l'arche. II ferme les sources de l'abîme et les écluses des cieux, et la pluie cesse de tomber. Lentement, les eaux se retirent de la terre.

     

    Après quarante jours, Noé libère la colombe mais, ne trouvant aucun endroit pour se poser, elle revient sur l'arche. Après sept jours, il envoie à nouveau l'oiseau, qui revient le bec chargé d'un rameau d'olivier. Sept jours plus tard, Noé libère à nouveau la colombe, qui cette fois ne revient pas.

     

     

    Comparatif entre les mythologies concernant la fin du monde

    Mosaïque de la basilique Saint-Marc, à Venise, qui illustre le Déluge

     

    Noé comprend que la surface de la Terre a séché et Dieu lui commande de sortir de l'arche avec sa femme, ses fils et tous les animaux. 

    Noé construit un autel et sacrifie à Dieu plusieurs des bêtes pures et des oiseaux purs. Sentant une odeur agréable, Dieu décide de ne plus maudire la Terre pour le salut de l'homme car c'est dans le coeur de l'homme que réside le mal.

     

    II bénit Noé et ses fils et décrète que les animaux doivent vivre dans la crainte de l'homme, puis il fait apparaître un arc-en-ciel dans le ciel.

     

    Que doit-on en conclure ?

     

    Il semble y avoir un mythe original qui s’est propagé à travers le monde. Les mythes expliquent souvent des phénomènes naturels qui ont réellement existé.

    Ils symbolisent également l’anxiété et les peurs propres à l’homme.

     

    Des mythologies aussi éloignées géographiquement que celles de la Grèce et du Japon comportent des similitudes. Pourquoi ?

     

    Dans toutes les cultures, quatre grandes questions, sont posées et les mythes tentent de répondre aux interrogations des hommes :

     

    La création du monde

    La cosmogonie : description du monde, des étoiles, du ciel et des Enfers

    Les origines de l’humanité

    La fin du monde et surtout celle de l’humanité

    Ces questions sont aujourd’hui traitées de manière scientifique mais le progrès est loin d’avoir résolu toutes ces énigmes.

     

    On ne peut que penser que la coïncidence est étrange. Comment des cultures ont-elles pu posséder des mythes aussi ressemblants.

     

    Il serait tentant de penser qu’un savoir universel réside dans la mémoire humaine ; savoir qui nous viendrait d’un lointain héritage.

    Cette théorie nous ramène à une première humanité qui aurait disparu pour laisser un maigre héritage aux rares survivants.

     

    Les esprits plus rationnels penchent tout simplement pour une communication orale d’un mythe du fait que l’homme, de tout temps, a toujours voyagé.

    Avant l’invention de l’écriture, l’homme communiquait. Il y a-t-il eu emprunt de ces mythes qui sont venus se greffer sur les croyances locales ?

     

    Quelles que soient nos convictions dans ce domaine, une question reste posée : d’où le mythe original provient-il ?

     

    V.Battaglia (10.12.2006)

     

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    Mythes et Symboles du Diable

     

    Le diable peut revêtir de nombreuses apparences sous différents noms. Le mythe du diable est présent dans de nombreuses cultures.

    Qu’on le nomme Belzébuth, Satan, Tengu, Démon ou Lucifer, le diable symbolise les forces qui affaiblissent la conscience.

    C’est l’éternel combat entre le monde des ténèbres et le monde de la Lumière.

    L’homme doit en permanence lutter contre ses instincts. Satan est là pour le pousser au péché, comme le Serpent de la Genèse.

     

    Le diable dans les mythes du Proche-Orient ancien

    Dans la mythologie sumérienne, notre diable occidental est représenté par Ereshkidal, la reine des Enfers.

    Le diable symbolisant l’obscurité, il brûle dans un monde souterrain. Dans la plupart des mythes, il devient le maître des Enfers.

     

    Les Babyloniens ont retranscrit un grand nombre de mythes sumériens et on retrouve Ereshkidal dans leur mythologie.

     

    Les mythes du Proche-Orient ancien sont les initiateurs du paradis et de l’enfer. Dans le royaume des morts, les Justes se voient décerner des récompenses, tandis que les pécheurs sont punis.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Illustration du diable tentateur. By Bascom Hogue . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Les thèmes de la mythologie biblique empruntent à différentes cultures du Proche-Orient ancien. L’épisode du Déluge, par exemple, est clairement inspiré de la version babylonienne.

     

    Les religions monothéistes sont pauvres en écrits mythologiques et tous les textes bibliques ont subi des altérations afin qu’il existe une cohérence théologique, d’où l’importance d’en minimiser les éléments mythologiques.

     

    Le diable et la Bête

     

    De nombreux animaux ont figuré les forces maléfiques. Réduire le diable à la forme d’une bête symbolise la chute de l’esprit.

    Le mythe du diable est d’ailleurs très proche des mythes du Dragon, du Serpent et des monstres gardiens des ténèbres.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Illustration du diable. By David Johnson . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Les mouches sont des êtres qui se multiplient sur la pourriture et la décomposition. Elles transmettent de nombreuses maladies et semblent invincibles.

    Sans cesse bourdonnantes, elles ne cessent de poursuivre tous les êtres vivants.

     

    C’est en ce sens qu’une ancienne divinité syrienne, Belzébuth, dont le nom signifie « le Seigneur des mouches » est devenue le prince des démons.

     

    L’âne est aujourd’hui le symbole de l’ignorance mais dans sa conception originale, presque universelle, il est l’emblème de l’obscurité et des tendances sataniques.

    En Egypte, l’âne rouge est l’une des entités les plus dangereuses que rencontre l’âme dans son voyage vers l’au-delà.

     

    Dans l’art roman et l’art gothique, les animaux représentent selon le cas, le paradis ou l’enfer, Dieu ou le diable.

    L’araignée est un animal diabolique et le diable se réincarne souvent en elle.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Gargouille de Notre-Dame. By Laertes . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Le bouc est bien sûr l’une des représentations favorites du diable, chevauché par les sorcières se rendant au sabbat.

     

    Le bestiaire des cathédrales est très riche. Les gargouilles sont les gardiennes du lieu sacré car même le Mal est effrayé par leur laideur.

     

    L’éternel combat entre le bien et le mal

     

    Dans la mythologie égyptienne, Anubis « celui qui a la tête d’un chien sauvage » est le dieu des funérailles et le Seigneur des défunts.

    Il sera plus tard supplanté par Osiris.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Anubis. © dinosoria.com

     

    Osiris, assisté de 42 juges divins, procède au jugement des âmes tandis qu’Anubis en assure la pesée.

    Les défunts doivent passer cette épreuve avec succès s’ils veulent renaître dans l’au-delà.

     

    Dans le royaume des morts où règne l’obscurité, on trouve des êtres malfaisants comme le serpent Apophis.

     

    La mythologie grecque a exercé une profonde influence sur la culture occidentale. Les mythes de la création offrent d’étonnantes similitudes avec certains récits mythiques du Proche-Orient ancien.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Osiris. © dinosoria.com

     

    Les mythologies grecques et indo-européennes présentent de nombreux points communs et se sont probablement inspirées des mêmes sources.

     

    Les principales divinités habitaient le mont Olympe. Zeus, dieu suprême, régnait sur le ciel. Hadès gouvernait les enfers (Pluton chez les Romains).

     

    Selon la mythologie grecque, au tout début, seul existe le Chaos d’où surgissent Gaïa (la Terre), Eros (Dieu de l’Amour), le Tartare (les enfers), l’Erèbe (ténèbres des enfers) et la Nuit (ténèbres de la terre).

     

    Concernant le voyage des défunts vers l’au-delà, il y a des similitudes avec la mythologie égyptienne.

     

    Après leur décès, les morts sont conduits à la frontière du monde souterrain par Hermès. Charon leur fait passer dans sa barque les eaux noires du Styx, un grand fleuve séparant le monde souterrain du monde des vivants.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Illustration de Charon. By Hartwig HKD . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    A leur arrivée, les morts sont jugés.

     

    Cependant, l’Hadès n’est pas un lieu de torture comme peut l’être notre enfer. Par contre, on s’y ennuie ferme.

     

    Les Justes se voient parfois autoriser à vivre dans une sorte de paradis, l’Elysée ou Champs Elysées.

     

    Le Tartare est une sorte d’enfer qui se situe dans la partie la plus obscure de l’Hadès. On y enferme ceux qui ont commis des crimes particulièrement odieux.

     

    Nul ne peut s’échapper de l’Hadès qui est gardé par Cerbère, le chien à trois têtes.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Charon et la pesée des âmes. By Hartwig HKD . (CC BY-SA 3.0)

     

    Dans les différents mythes, le genre humain devient l’enjeu de la lutte cosmique. Cette lutte est bien retranscrite dans le panthéon hindou.

     

    Les devas, êtres divins, habitent le niveau supérieur. Le niveau intermédiaire est la Terre, habitée par les humains.

    Le niveau inférieur appartient aux asouras, des démons qui détiennent des pouvoirs occultes.

    Devas et asouras se livrent des luttes permanentes.

     

    Vishnu est là pour restaurer l’équilibre au cas où l’un des niveaux prendrait le dessus sur l’autre.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    Vishnu. By Vaticanus . (CC BY-SA 3.0)

     

    L’humanité est prise au milieu de cette guerre cosmique. C’est la lutte entre le bien et le mal. Chacun est libre de choisir son comportement et doit donc affronter ses propres démons.

     

    Le diable et la libre disposition de soi-même

    Le diable est capable de revêtir toutes les apparences, y compris celle du gentil. Il est le Tentateur dont le seul objectif est de nous soumettre à sa domination.

     

    Dans la religion catholique, la croix du Christ libère les hommes. Le Christ a la lourde tâche d’arracher le genre humain à la puissance du diable et de lui permettre la libre disposition de lui-même.

    En effet, le diable est symbole de tyrannie.

     

    Il est tentant de vouloir négocier avec lui pour bénéficier de toute sa puissance.

     

    Mythes et Symboles du Diable

    By Martin Gommel . (CC BY-SA 3.0) . (Site de l'auteur)

     

    Mais, le Christ nous rappelle tous les dangers à vouloir utiliser des forces mal maîtrisées pour son compte.

     

    Si nous ne sommes pas capables de dominer ces forces occultes, et donc nos désirs et nos instincts, nous sommes condamné à être l’esclave du diable c’est-à-dire l’esclave de nos désirs.

     

    Cependant, sur le plan psychologique, le diable peut être bénéfique. Pour pouvoir s’épanouir, l’homme a besoin de briser ses chaînes.

    La réussite est au bout du chemin pour celui qui est capable d’assumer cette force occulte d’une façon dynamique.

     

    V. Battaglia (05.05.2009)

     

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    Vampirisme moderne

     

    Le mythe du vampire existe toujours. Alimentée par le cinéma, cette croyance a malheureusement inspiré des tueurs en série comme Peter Kürten baptisé « le vampire de Düsseldorf ». Au 21e siècle, la culture vampirique est plus forte que jamais.

    Il existe un réseau de plusieurs milliers de vampires en Amérique du Nord et en Europe et également, dans une moindre mesure, au Japon.

    Les vampyres modernes sont réunis au sein d'ordres occultes dont les rituels sont directement inspirés des sociétés secrètes européennes du 19e siècle.

     

    Vampirisme moderne

     

    New York : la ville des vampires

    New York ne dort jamais. À partir du crépuscule, cette ville fourmille d'individus plutôt étranges. Il existe plusieurs clans de vampires dans la ville. Chaque clan possède son propre territoire.

    Les initiés écrivent le mot vampire avec un y « vampyre » ; le « y » symbolise les crocs.

     

    Parmi eux, les plus connus sont les Hidden Shadows ou le clan Sabretooth Omega.

     

    Tous ces clans sont très discrets et évitent les médias. Chaque mois, une soirée est organisée. C'est le lieu de rendez-vous de centaines de vampires venus de Harlem, du Bronx et du Queens.

     

    Father Sebastian est l'un des fondateurs du clan Sabretooth et de l'Ordo Strigoi Vii.

    La philosophie des membres s'appelle le strigoi Vii qui signifie « vampire vivant » en roumain. Ils suivent la « Voie de la main gauche » pour entrer dans le 5e éon : l'ère de Satan.

     

    Ils ne croient pas en l'existence d'un dieu, car ils sont leur propre dieu.

    L'égalité entre les deux sexes est totale. Hommes et femmes possèdent les mêmes pouvoirs.

     

    Father Sebastian contrôle un réseau de plusieurs milliers de vampires en Amérique du Nord et en Europe. Il a également pris des contacts en Asie.

     

    Susan Walsh, journaliste, a disparu en 1996, dans le New Jersey, alors qu'elle souhaitait écrire un article sur les clans vampiriques de New York. Mais, il semble beaucoup plus probable que cette disparition soit liée à l'enquête qu'elle menait sur la mafia russe et les réseaux de prostitution.

     

    Qu'est-ce qu'un vampire moderne ?

    Les membres intègrent le vampirisme à leur mode de vie Ce ne sont pas des gothiques. Ils portent de faux crocs qui sont réalisés sur mesure.

     

    Ces crocs représentent le côté charnel, la face bestiale et donc l'animal qui sommeille en chaque être humain.

     

    En portant ces crocs de manière visible, le « vampire » ne triche pas sur sa vraie nature ; il montre aux autres le prédateur qu'il est réellement.

     

    Les vampires modernes n'ont rien de comparable avec ceux qui ont alimenté la littérature. Il s'agit pour la plupart de jeunes qui ont grandi dans les ghettos.

    Manifestement, devenir vampire permet à ces jeunes d'intégrer une famille, un groupe et d'avoir une identité.

    Unis, ils se sentent plus puissants et surtout, ils existent enfin, au sein d'un système qui broie l'individu isolé.

     

    Les initiés portent d'ailleurs un médaillon, le ankh, symbole qui unit tous les vampires et montre qu'ils constituent une entité ayant un but commun.

     

    Parmi les milliers de vampires, tous n'ont pas les mêmes motivations. Certains le deviennent par mode, pour se trouver une identité, par spiritualité ou tout simplement par luxure.

    En effet, le sexe est étroitement lié au vampirisme.

     

    D'autres membres sont des fétichistes du sang, persuadés que ce breuvage leur donne l'énergie indispensable pour survivre.

     

    Si à New York, les vampires se font discrets la journée, ce n'est pas le cas à La Nouvelle-Orléans. Dans le quartier français, très mal réputé, le vampirisme sévit au grand jour.

    Des membres de tous les États s'y retrouvent pour y organiser des fêtes, des cérémonies et des rituels.

     

    La peur des morts-vivants en Europe

    Au 21e siècle, en Europe centrale, la peur des vampires, subsiste.

    En 2004, une affaire de zombi à défrayer la chronique. Dans un petit village de Roumanie, Marotinu de Sus, des habitants ont déterré un homme, accusé par sa nièce d'un un vampire.

    En effet, Mirella Marinescu affirmait que son oncle, qui était revenu à la vie, voulait la tuer.

     

    Le corps a été exhumé puis éventré avec un couteau. Les hommes ont ensuite arraché le cœur avec une fourche.

    Enfin, les cinq hommes ont apporté de la paille et des feuilles de maïs pour brûler la dépouille.

     

    La fille du défunt a porté plainte et la police a ouvert une enquête qui n'a abouti sur aucune arrestation. 

    Contrairement aux membres des clans vampiriques, ces personnes n'intègrent nullement le vampirisme dans leur mode de vie. Elles ont une réelle peur des zombis.

    Ces croyances et superstitions qui perdurent dans les villages reculés de Roumanie et de l'ensemble des Balkans sont les mêmes que celles qui existaient au Moyen Âge.

     

    Magie rouge et rituel du sang

    Tous les vampires modernes ne boivent pas du sang. Certains se contentent de se nourrir d'énergie psychique.

    Cependant, des rituels du sang sont régulièrement organisés. 

    Les membres s'infligent des blessures pour que le sang s'écoule.

    L'acte sexuel est étroitement lié à la magie rouge. Le sado-masochisme semble prédominer.

     

    Depuis la nuit des temps, le sang est sacré et doué de pouvoirs selon la pensée magico-religieuse.Véhicule de la vie, il contient l'âme.

     

    Le sang des sacrifices sert à fortifier les dieux et à affirmer leur immortalité. Le liquide rouge communique aux divinités et aux hommes la puissance physique et spirituelle.

    Le sang possède donc, selon les différents mythes, un pouvoir de régénération.

     

    Dans de nombreuses coutumes ancestrales, le sang humain est bu pour guérir les malades.

     

    Le mythe des vampires, obligés de boire du sang humain pour vivre, s'inspire très probablement de ces coutumes.

     

    Pour la plupart d'entre nous, le vampirisme est devenu un phénomène populaire, qui nous fait sourire.

    Cependant, derrière ce qui peut sembler un simple folklore un peu ridicule, se cache un véritable mal de vivre. 

    Intégrer un clan de vampires constitue pour tous ces jeunes gens la seule possibilité de s'affirmer et de supporter la réalité quotidienne.

    Mais quels sont les buts poursuivis par les leaders de ces clans ? Qu'adviendrait-il si ces réseaux tombaient entre les mains de gourous moins pacifiques ?

     

    V. Battaglia (18 .06.2012)

     

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    Le vampirisme à travers l’histoire

     

    Le vampirisme est né des puissantes vertus que l’homme a toujours attribué au sang ainsi qu’à sa peur de la vengeance des morts.

     

    La parfaite conservation de certains cadavres a largement contribué aux croyances en l’immortalité de certains êtres maléfiques.

     

    La peur des morts-vivants

    Dans l’Antiquité, le panthéon assyrien possède des démons suceurs de sang dont la cruelle Lilith.

    Dans la Bible, Lilith est la première femme créée par Dieu. Mais, il utilisa de la boue, mélangée à des immondices pour la façonner.

    Créature impure et mauvaise, Adam la rejeta. Dieu créa alors Ève.

    Symbole du mal absolu, du vice et de la luxure, Lilith représente l'abandon aux sens.

     

    De leur côté, les Romains ont Lamia, une goule malfaisante qui vampirise et dévore les fœtus.

     

    Il existe des écrits religieux irlandais, du 7e ou 8e siècle, qui font mention des vampires. L'excommunication est d'ailleurs préconisée pour ceux qui croient aux morts-vivants.

     

    C’est au XIe siècle que l’on trouve la première mention officielle du vampirisme en Occident. Le mythe s’étend au monde entier.

    Ainsi, au XIIe siècle, il est tellement bien implanté que l’on doit, en Angleterre, brûler ces créatures pour apaiser la colère populaire.

    Autant préciser que ce sont de pauvres victimes innocentes qui font les frais de cette superstition.

     

    Depuis une dizaine d'années, de nombreux squelettes, datés du Moyen Age, étrangement mutilés ont été découverts en Europe. Les individus ont subi des mutilations afin qu'ils ne reviennent pas à la vie.

     

    Le vampirisme à travers l’histoire

    La pierre placée dans la bouche empêche l'âme de s'échapper et le défunt de revenir à la vie (Kilteasheen, Irlande). Crédit photo

     

    À partir de 1730, des tombes sont profanées en grand nombre. Les cadavres, soupçonnés d’être des vampires, sont déterrés, leurs cœurs sont transpercés d’un pieu puis les corps sont brûlés.

    Le phénomène prend tant d’ampleur que l’armée est obligée d’intervenir. Ce macabre rituel est parti de Grèce pour s’étendre à toute l’Europe centrale.

     

    En décembre 1732, des médecins militaires autrichiens ont enquêté sur une série de décès survenus dans un village de Serbie, qui fait alors partie de l'Empire austro-hongrois.

     

    Les habitants du village ont expliqué aux Autrichiens que 17 personnes étaient mortes subitement en l'espace de trois mois. Plusieurs d'entre elles se seraient transformées en vampires.

     

    Le chirurgien en chef a rédigé un rapport précis des autopsies qu'il a réalisé, car les autorités craignaient qu'il ne s'agisse d'un foyer épidémique.

     

    Le chirurgien a constaté que sur les 17 corps, seuls quatre se décomposaient selon un processus qui lui semblait naturel.

     

    Les autres cadavres présentaient, selon lui, des anomalies :

     

    Ongles longs

    Peau souple

    Présence de sang frais à l'intérieur du corps

    Présence de sang à la commissure des lèvres

    Le chirurgien a conclu dans son rapport à des actes de vampirisme. La presse s'est aussitôt emparée de l'histoire qui a fait la Une dans toute l'Europe.

     

    La rumeur est venue se greffer sur des peurs préexistantes. Une gigantesque chasse aux vampires s'est alors organisée.

     

    De nombreuses tombes de personnes récemment décédées ont été profanées, les dépouilles exhumées et les têtes tranchées.

    Des cadavres ont été brûlés sur des buchers.

     

    Autopsie d'un vampire

    Depuis le 18e siècle, la médecine a fait des progrès. Elle a établi que les stigmates du vampirisme n'étaient en fait que les marques d'un processus normal de décomposition.

     

    Un corps peut paraître inaltéré simplement parce que les gaz issus de la décomposition font gonfler les tissus.

     

    Les marques de sang, autour de la bouche, sont les conséquences d'un rejet de liquide gastrique.

     

    Le syndrome de Dracula

    Les scientifiques ont cherché à trouver des bases rationnelles pour expliquer le vampirisme. Les dernières théories médicales s’orientent vers une maladie rare : la porphyrie.

    Cette affection héréditaire aboutit à l’accumulation dans le sang d’un des composants de l’hémoglobine, la porphyrine. Cela entraîne divers symptômes cutanés.

    Dans les années 1980, des chercheurs ont décrit une forme très rare de cette maladie. Les patients développaient des dents pointues, une hypersensibilité à la lumière et un besoin de sang.

     

    Des cas, inconnus par nos ancêtres, de cette maladie, ont certainement dû alimenter la peur populaire.

     

    V. Battaglia (17.06.2012)

     

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    Mort vivant et vampire

    au Moyen Âge

     

    Depuis une dizaine d'années, de nombreux squelettes étrangement mutilés ont été découverts en Europe.

    En juin 2012, un cadavre fixé à la terre par des agrafes en fer afin qu'il ne se transforme pas en vampire a été mis au jour en Bulgarie.

    En 2005, en Irlande, des cadavres ont été exhumés et tous portaient des traces de violence délibérée.

    Ces découvertes jettent un éclairage nouveau sur le mythe du vampire et sur notre peur ancestrale des morts-vivants.

     

    D'étranges sépultures en Irlande

    Entre 2005 et 2009, des archéologues ont entamé des fouilles sur le site de Kilteasheen, près de Loch Key en Irlande, à la recherche d'un palais épiscopal du 12e siècle.

    L'équipe d'archéologues était conduite par Chris Read (Institute of Technology in Sligo, Ireland) et Thomas Finan (University of St. Louis).

    Ils ont creusé sous des dalles, pensant y trouver les vestiges d'un ancien évêché. Mais, à très faible profondeur, ils ont découvert des squelettes.

    Dans une zone d'environ un mètre sur trois, 30 squelettes ont ainsi été mis au jour. Durant la période de fouilles, ce sont 137 squelettes qui ont été exhumés.

     

    Mort vivant et vampire au Moyen Âge

    Squelette d'un "mort-vivant" exhumé à Kilteasheen. Crédit photo

     

    Toutes ces dépouilles étaient entassées les unes sur les autres. Les archéologues estiment qu'entre 2 500 et 3 000 personnes ont été ensevelies dans cette zone.

     

    Tous les corps ont subi des actes de violence délibérée. Les archéologues ont donc cherché à comprendre pourquoi ces corps avaient été soumis à de telles agressions.

    La réponse se trouve certainement dans les nombreuses croyances et histoires d'épouvante qui accompagnent l'humanité depuis la nuit des temps.

     

    Comment combattre les zombis ?

    Sur plusieurs squelettes, une grosse pierre triangulaire avait été placée entre les mâchoires. D'autres corps présentaient des caractéristiques anormales :

     

    Jambes tordues autour d'une grosse pierre

    Pierres positionnées afin de déformer le squelette

    Corps « cassés en petits morceaux » puis parties repositionnées de manière à ce que la personne ne puisse jamais revenir à la vie

    Colonne vertébrale passée sous le thorax

    Mort vivant et vampire au Moyen Âge

    La pierre placée dans la bouche empêche l'âme de s'échapper et le défunt de revenir à la vie (Kilteasheen, Irlande). Crédit photo

     

    Les analyses, effectuées en laboratoire, ont révélé de quelle manière certains de ces individus étaient morts. Les entailles, relevées sur certains os, indiquent que certains ont été tués à l'arme blanche, avec une épée ou une lance.

     

    Tous ces individus ont été enterrés au milieu du 8e siècle, entre l'an 720 et 760.

     

    À Kilteasheen, les corps ont été ensevelis en bordure d'un cimetière, à l'écart des autres tombes.

     

    Sépultures déviantes

    Les archéologues ont baptisé les sépultures qui comportent des anomalies : sépultures déviantes

     

    Ces tombes ne présentent pas les caractéristiques habituelles liées aux usages chrétiens du Moyen Âge.

     

    En effet, la profanation de sépulture était prohibée par l'Église. De plus, les chrétiens avaient des croyances très codifiées dont notamment de ne pas emporter d'objets avec soi.

     

    Dans la Bible, l'Apocalypse précise que :

     

    «  À la fin des temps, tous les morts sortiront de leur tombe face au soleil levant. ».

     

    Le Soleil, apparaît au- dessus de l'horizon vers l'est. C'est pourquoi, les tombes chrétiennes sont orientées dans un axe est/ouest.

     

    Ce n'est pas le cas des sépultures déviantes.

     

    Vampire et zombi au Moyen Âge

    Les chroniques du Moyen Âge, rédigées par des historiens ou des religieux, racontent de nombreuses histoires terrifiantes de morts-vivants comme s'il s'agissait d'histoires vraies.

    En Europe, la population croyait dur comme fer aux phénomènes surnaturels. Les monstres étaient bien réels et cette croyance était largement entretenue par l'Église.

    Le fait qu'un cadavre puisse reprendre vie n'avait rien d'anormal. L'image du vampire est particulièrement présente en Europe centrale.

     

    Mort-vivant, revenant sur terre pour sucer le sang de ses victimes, le vampire symbolise les ténèbres opposées à la lumière.

     

    Mort vivant et vampire au Moyen Âge

    Ce "vampire" a eu la tête tranchée puis retournée. Crédit photo

     

    Pour les chrétiens, comme pour d'autres religions, la mort n'est pas une fin, mais un commencement. La mort figure le passage obligé vers la lumière.

    C'est donc une transition nécessaire du profane vers le sacré.

     

    L'âme est jugée en fonction de ses bonnes et mauvaises actions. Les âmes pures vont directement au Paradis. Par contre, les âmes insuffisamment pures vont au purgatoire, espace symbolique situé entre le Paradis et l'Enfer.

     

    Nul ne peut s'échapper de l'Enfer ; par contre, le purgatoire étant une aire transitoire, il est normal, pour la population du Moyen Âge, que certains tentent de s'en échapper.

     

    C'est ainsi que les morts-vivants viennent hanter les vivants. Ce sont des âmes maléfiques qui jettent des sorts aux hommes et aux animaux, provoquant maladies et destruction.

     

    Les individus qui ont été enterrés à Kilteasheen avaient certainement transgressé une règle, une loi séculaire ou sacrée, ce qui leur a valu ce châtiment.

     

    Mort vivant et vampire au Moyen Âge

    En tordant les jambes autour d'une pierre, le zombi ne peut venir hanter les vivants (Kilteasheen, Irlande). Crédit photo

     

    Des sépultures déviantes ont été mises au jour dans de nombreux pays d''Europe. Dans les années 1960, des dépouilles lestées de grosses pierres ont été découvertes en République Tchèque.

     

    D'autres sépultures ont été exhumées en Angleterre. Des clous avaient été enfoncés dans les corps, dont un dans le cœur.

     

    Dans d'autres tombes, les têtes avaient été tranchées puis retournées. Deux squelettes, datés du Moyen Âge, percés de morceaux de fer, ont été découverts récemment dans une ancienne église de la ville bulgare de Sozopol, sur la mer Noire. Les dents d'un des individus avaient été brisées, probablement pour qu'il ne puisse pas sucer le sang des vivants.

     

    En juin 2012, une équipe d'archéologues, dirigée par Nikolay Ovcharov, a découvert une nouvelle sépulture déviante, à Veliko Tarnovo, en Bulgarie.

     

    L'individu a été fixé à la terre par des agrafes en fer, trois aux jambes et une du côté gauche du thorax. Par double précaution, la tombe a aussi été recouverte de charbon brûlé.

     

    Mort vivant et vampire au Moyen Âge

    En clouant le mort, ce dernier ne peut devenir un vampire. (sépulture déviante de Veliko Tarnovo, Bulgarie)

     

    Nikolay Ovcharov a expliqué qu'il s'agissait d'un homme d'une trentaine d'années, qui n'a pas encore été daté, mais est vieux de plusieurs siècles.

     

    Les nombreuses preuves archéologiques qui s'accumulent corroborent donc parfaitement les sources historiques.

    Contrairement à ce que l'on a pu croire, ces superstitions n'étaient pas de simples mythes. Cette frayeur du vampire n'a pas débuté au Moyen Âge. Elle perdure d'ailleurs aujourd'hui dans certains villages reculés de Roumanie et dans l'ensemble des Balkans.

     

    Cette peur existait déjà durant l'Antiquité. Où a-t-elle réellement pris sa source ? Historiens et archéologues ne peuvent, pour le moment, répondre à cette question. Peut-être que cette peur viscérale de voir ressurgir les morts existait déjà au temps de la préhistoire ?

     

    V. Battaglia (17.06.2012)

    J'espère qu'après cette lecture, vous pourrez encore dormir la nuit prochaine....

    Frawsy

    Merci de votre visite... chez les vampires...

     

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