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    C’est pas la faute à Facebook

     


    Facebook est un réseau public depuis 11 ans, Twitter a soufflé tout autant de bougies et Instagram compte sept années d’existence. Il n’y a aucun doute : notre lune de miel avec eux est finie. Mais les réseaux sociaux sont-ils réellement la cause de nos problèmes ? se demande l’animatrice et chroniqueuse Lili Boisvert.


    Par Lili Boisvert du magazine Châtelaine

     

    J’aime les réseaux sociaux. En tant qu’animatrice et chroniqueuse, je m’y fais critiquer quasi quotidiennement, je m’y fais insulter régulièrement, on m’y harcèle et j’y reçois aussi de temps à autre des menaces. J’aimerais pouvoir affirmer que je suis toujours au-dessus de tout ça et que ça ne m’affecte pas, mais ce serait mentir. La vérité, c’est que, comme c’est le cas pour bien des gens, les réseaux sociaux peuvent représenter pour moi une source de stress. Pourtant, je continue de les trouver merveilleux et je reste fermement convaincue qu’ils représentent un progrès social.

    Je tiens donc à les défendre un peu, parce qu’ils sont accusés de plusieurs maux ces temps-ci (j’ai vu ça sur Facebook). On leur reproche beaucoup de choses – l’élection de Donald Trump, favorisée par le déploiement de fausses nouvelles, n’étant pas la moindre.

     

    Société 3:  C’est pas la faute à Facebook

    Photo: iStock

     

    Je vois aussi de plus en plus de personnes à boutte qui annoncent des retraits temporaires ou définitifs des réseaux sociaux pour préserver leur santé mentale.

    On dit des réseaux sociaux qu’ils créent des conflits, qu’ils sont des vecteurs de haine et d’intimidation, qu’ils forcent la censure des artistes et des humoristes qui y déclenchent des controverses et qu’ils créent des bulles artificielles contre la dissonance cognitive.

    Facebook est un réseau public depuis 11 ans, Twitter a soufflé tout autant de bougies et Instagram compte sept années d’existence. Il n’y a aucun doute : notre lune de miel avec eux est finie. Mais les réseaux sociaux sont-ils réellement la cause de nos problèmes ?


    Reproche #1 La méchanceté

    Il est assez difficile de ne pas remarquer la méchanceté qui sévit en ligne. De toute évidence, plusieurs internautes, anonymes ou pas, sont plus désinhibés sur les réseaux sociaux que dans la réalité. Ils se permettent davantage d’insulter les autres ou de les harceler.

    Il est probablement vrai que la distance créée par nos écrans et nos claviers nous rend moins sensibles dans nos interactions. Toutefois, il faut admettre que l’intimidation et la haine existaient bien avant la naissance de Mark Zuckerberg.

    Et si l’on peut se montrer plus ouvertement méchant sur Internet, on peut tout autant l’être dans la vraie vie, de manière moins directe, mais aussi efficace. La politesse dont on fait preuve dans un face-à-face peut n’être qu’un masque de respect.

    Une personne qui est haineuse dans une section « Commentaires » ne l’est pas nécessairement moins IRL [1]. Elle peut n’être que plus politico-correctement haineuse.

    Or, s’il y a une chose qui m’enthousiasme follement sur les réseaux sociaux, c’est la possibilité que nous avons désormais de documenter la haine à grande échelle comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité.

    Avant, quand une personne subissait un comportement haineux ou discriminatoire dans la vie, elle ne pouvait pas toujours démontrer factuellement ce qui venait de lui arriver, surtout si l’agression était subtile. Maintenant, en ligne, on peut faire une capture d’écran et littéralement compiler les exemples de harcèlement, de haine ou de mépris vécus et les brandir à la face du monde.

    Dans la vraie vie, on ne peut pas photographier la méchanceté. Sur le web, oui.[2]

    Un autre bon côté des réseaux sociaux : des gens qui étaient isolés auparavant peuvent désormais accéder à des communautés en ligne qui ont les mêmes expériences et les mêmes idées qu’eux.

    Si je prends mon cas, par exemple, quand j’ai commencé à être féministe vers la fin de l’adolescence, j’étais la seule féministe que je connaissais. Ç’a été le cas pendant des années, jusqu’à ce que j’entre en contact avec d’autres féministes en ligne avec qui j’ai pu échanger et discuter.

    Je suis convaincue que ce n’est pas un hasard si, ces dernières années, on entend tellement parler d’intimidation, de racisme, de sexisme et d’autres problèmes sociaux. Je suis persuadée que c’est grâce aux réseaux sociaux – qui portent d’ailleurs très bien leur nom.

    Oui, il y a beaucoup de méchanceté en ligne, mais il y a aussi beaucoup de solidarité.


    Reproche #2 Les bulles et les conflits

    Un autre problème qu’on associe aux réseaux sociaux est qu’ils créent des bulles, des communautés qui « pensent pareil » et que les internautes s’en trouvent moins souvent exposés à des idées qui les dérangent. Ils nous éviteraient toute dissonance cognitive (l’inconfort mental qui survient lorsqu’on est heurté dans nos valeurs), qui peut avoir comme effet positif de susciter chez nous des remises en question ou de favoriser notre ouverture d’esprit. Les algorithmes sont pointés du doigt.

    Or, en même temps, on reproche aux réseaux sociaux de générer des conflits à la tonne. Trolls, threads, flaming… un jargon a carrément été inventé pour parler des chicanes en ligne.

    Les deux reproches, donc, se contredisent.

    Si les deux réalités coexistent, c’est parce qu’il y a deux manières d’utiliser les réseaux sociaux. D’un côté, il y a les gens qui les utilisent pour éviter les conflits : ils vont créer des safe spaces, cesser de suivre les gens avec qui ils ne sont pas d’accord et bloquer leurs trolls.

    De l’autre, il y a ceux qui utilisent les réseaux sociaux pour faire voyager leurs idées le plus possible, qui vont garder leur profil public et tolérer les disputes et les microagressions. L’intérêt (un peu masochiste) de jeter son dévolu sur cette deuxième option est de maintenir la possibilité que chaque publication devienne virale (joie !), mais ça vient aussi avec des inconvénients (se chicaner, se faire troller, etc).

    Nous opterons pour l’une ou l’autre de ces options en fonction de notre désir de nous faire entendre, de l’état de notre santé mentale, de notre seuil de tolérance et de notre réalité socioéconomique (nous ne sommes pas tous égaux devant le harcèlement et les microagressions sur les réseaux sociaux, et certains types de personnes sont plus ciblés que d’autres).

    Cela étant dit, parlons maintenant des médias traditionnels. Car, encore une fois, les bulles contre la dissonance cognitive existaient bien avant l’arrivée de l’oiseau bleu et des pouces en l’air.

    Le fait est que les médias traditionnels ont toujours été des communautés d’esprit. Les salles de nouvelles ont toujours été peuplées d’individus qui se ressemblent (majoritairement des personnes blanches, majoritairement des hommes et majoritairement des gens éduqués), qui ont tendance à penser sensiblement de la même manière parce qu’ils ont des expériences de vie plutôt similaires. Sans compter que les médias sont financés pour la plupart par des intérêts privés et que cela crée aussi des contraintes subtiles en ce qui a trait à leur ligne éditoriale, même s’ils s’en défendent.

    Auparavant, les médias traditionnels représentaient le contre-pouvoir officiel qui donnait de la rétroaction aux grands de ce monde, aux politiciens, aux entreprises, aux producteurs de contenus culturels et aux vedettes. Ils donnaient la parole « au peuple », mais ils exerçaient un filtrage. Ils sélectionnaient avec parcimonie les gens qu’ils faisaient parler dans leurs pages et leurs micros.

    Maintenant, les médias traditionnels ne sont plus le seul chien de garde. N’importe qui avec une connexion Internet peut donner son opinion publiquement, blanc ou pas, homme ou femme, éduqué ou non.

    C’est d’ailleurs cette rétroaction hyper diversifiée qui exaspère plusieurs influenceurs…


    Reproche #3 La censure


    Oui, les réseaux sociaux ont des politiques qui censurent certains messages et certaines images sur leur plateforme où des publications seront supprimées selon des critères arbitraires.

    Sauf que, lorsqu’un artiste ou un humoriste exaspéré crie à la censure parce qu’il se fait critiquer sur les réseaux sociaux, il s’égare. Il n’est pas censuré : il fait tout simplement face à la force de la démocratie au XXIe siècle.

    Les réseaux sociaux sont des tribunes populaires. Ils forment une immense agora. Et lorsqu’une masse critique d’internautes se met à considérer le discours d’un artiste comme inacceptable, parce que les mœurs sont en train de changer, alors l’artiste doit soit s’adapter, soit accepter de déclencher des controverses. Mais si le choix est fait de changer de discours, ce n’est pas de la censure, c’est un calcul coût/bénéfice.

    Évidemment, lorsqu’on fait le choix de lire les commentaires, cela peut être éreintant.

     

    Société 3:  C’est pas la faute à Facebook


    En 2013, j’interviewais l’ex-animateur de Radio-Canada Simon Durivage et il m’avait dit ceci, qui illustre à merveille le rapport qu’entretiennent plusieurs personnalités publiques avec ces plateformes : « Twitter, on dit que ça nous amène dans la rue avec les gens. Sauf que ça nous amène aussi dans la cuisine des gens. Et les fenêtres sont ouvertes, et on me crie après pendant que je parle. »

    La différence entre le « avant » et le « après » l’apparition des réseaux sociaux, ce n’est pas que les gens ne protestaient pas en écoutant les artistes, les politiciens, les entreprises et les animateurs dans leur cuisine avant les années 2000. C’est juste que les fenêtres étaient fermées et qu’on n’entendait pas…

    Quoi qu’il en soit, que le blâme soit légitime ou pas, être critiqué et trollé, ce n’est pas être censuré.

    En tant que nouveau contre-pouvoir, les réseaux sociaux doivent devenir plus responsables et plus imputables. On doit pouvoir contrer la propagation de fausses nouvelles et connaître les effets des algorithmes sur nos vies. Toutefois, les réseaux sociaux ne sont que des courroies de transmission. Des courroies plus efficaces qu’aucune autre auparavant, que ce soit le téléphone, le télégramme ou la domestication des chevaux… Mais des courroies quand même.

    Or, la cause d’un problème n’est pas toujours sa courroie de transmission. Il faut souvent aller à la source pour repérer la bonne cible : l’humain derrière l’écran. Quand c’est lui le problème, rien ne sert de tirer sur le messager. 

     

    [1] Abréviation de In real life, en français : dans la vraie vie.

    [2] Si vous ne savez pas comment faire, ce sont les touches cmd+majuscule+4 sur Mac et Alt + Print Scrn sur PC.

     

     

    Société 3:  C’est pas la faute à Facebook

     

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    La « toute petite » violence

     

     

    Dans ce récent portrait de l’Observatoire des tout-petits, on y apprend que « près de la moitié des enfants âgés de 0 à 5 ans auraient subi de la violence physique mineure ou des agressions psychologiques répétées au cours de la dernière année. » Une statistique qui a fait sursauter notre chroniqueuse Marianne Prairie.

     

    Par Marianne Prairie du magazine Châtelaine

     

    Je ne peux pas passer à côté d’une importante publication dévoilée par l’Observatoire des tout-petits et qui a beaucoup fait jaser la semaine dernière. Ce premier portrait détaillé annuel des enfants québécois de 0 à 5 ans s’intéresse plus précisément aux environnements dans lesquels ils grandissent. Ce document fascinant regroupe des statistiques qui proviennent de recensement, de données administratives et d’enquêtes sur la population.

     

    Société 3:  La « toute petite » violence

    Photo: iStock


    On y apprend entre autres que les tout-petits forment 6,5% de la population québécoise et qu’ils vivent majoritairement en ville (81%). Le modèle de la famille dite « intacte » prévaut toujours, 8 enfants sur 10 habitent avec leurs deux parents biologiques ou adoptifs et la fratrie issue de cette union.


    Parmi les faits marquants, notons l’amélioration de la situation économique des familles et de la scolarité de la mère à la naissance, des facteurs qui impactent de façon positive le développement des enfants. On constate également que les pères se prévalent de plus en plus du Régime québécois d’assurance parentale, permettant d’augmenter le bien-être de toute la famille et le lien papa-enfant. Les politiques sociales relatives au congé parental auraient entraîné une hausse du nombre de mères qui allaitent leur enfant jusqu’à l’âge de 6 mois. Ça fait du bien de le répéter, t’sais, d’un coup que certains doutaient encore du bien-fondé du RQAP!

     

    Société 3:  La « toute petite » violence

    Source: Observatoire des tout-petits, Portrait 2016.


    Dans les faits préoccupants, le logement inabordable et l’insécurité alimentaire sont des risques à surveiller pour encore trop de jeunes enfants. Environ 94 000 tout-petits vivent dans des milieux défavorisés. Mais ce n’est pas la pauvreté et les familles les plus vulnérables qui ont monopolisé les conversations. Évidemment que non. Même à quelques semaines de Noël. Quand est-ce que ces sujets créent des débats publics, hein?

     

    Ce sont plutôt des chiffres sur la conduite parentale à caractère violent qui ont surpris et confronté bon nombre de parents, et je m’inclus là-dedans. C’est ce que nous apprend l’Institut de la statistique du Québec citée dans ce rapport de l’Observatoire des tout-petits. Près de la moitié des enfants âgés de 0 à 5 ans auraient subi de la violence physique mineure ou des agressions psychologiques répétées au cours de la dernière année.

     

    Société 3:  La « toute petite » violence

    Source: Observatoire des tout-petits, Portrait 2016.


    Un enfant sur deux, victime de violence? Cela m’est paru énorme, voire impossible! Mais de quoi parle-t-on au juste?


    « La violence physique mineure implique une punition corporelle comme secouer ou brasser un enfant (si l’enfant a 2 ans ou plus), lui taper les fesses à mains nues, lui donner une tape sur la main, le bras ou la jambe ou le pincer.


    Le concept d’agression psychologique renvoie au fait de crier ou hurler après un enfant, de jurer après lui, de menacer de le placer en famille d’accueil ou de le mettre à la porte, de menacer de le frapper (sans le faire) ou encore de l’humilier en le traitant par exemple de stupide, de paresseux ou de tout autre nom de même nature. »


    Quand j’ai pris connaissance de ces définitions, j’ai eu un choc : il m’arrive de faire subir ces choses à mes enfants quand j’arrive au bout de ma patience, de ma fatigue, de mes ressources. Parfois, je crie. J’ai déjà serré des bras et tapé une fesse ou deux. Chaque fois, je me sens tout croche, je me hais et je m’excuse.


    Ensuite, une question m’est venue en tête : « Combien? » À combien d’incidents franchit-on le seuil de la conduite parentale à caractère violent? À combien de tapes ou de cris est-on considéré comme un parent ayant un comportement à risque pour son enfant?


    C’est là que j’ai eu un deuxième choc.


    Pour la violence physique mineure, le rapport indique qu’il suffit d’une fois au cours de la dernière année. Et en ce qui concerne l’agression psychologique, on la considère comme «répétée» à partir de trois fois au cours de la même période.


    Je n’arrivais pas à y croire mais, selon ces critères, je suis un parent ayant une conduite parentale violente. Ma première réaction a d’ailleurs été le déni : nope, nope, nope. Moi, femme éduquée et bien entourée, mère aimante et généreuse avec ses enfants, auteure et chroniqueuse sur la famille de surcroît, je ne pouvais me trouver du « mauvais bord » des statistiques. Je ne suis jamais dans le camp des comportements à risque! Il doit y avoir une erreur! Je ne suis pas violente! Je suis une bonne personne!

     

    J’ai ensuite critiqué la grille d’évaluation, la trouvant sévère, intransigeante et sans nuance. Toutes les tapes sur les fesses ne s’équivalent pas! Il y a celle qu’on échappe et qu’on regrette aussitôt, lorsqu’un bambin en furie nous pousse dans nos derniers retranchements. C’est très différent de la tape comme méthode d’éducation au quotidien.


    La journaliste Mariève Paradis abonde en ce sens dans un billet intitulé « Sommes-nous de si mauvais parents? » chez Planète F. Elle se demande si le rapport ne rate pas sa cible en mettant une pression supplémentaire sur les parents qui emploient des « stratégies éducatives non violentes » la très grande majorité du temps.


    « Il est sain de s’interroger sur les pratiques parentales. Mais je me demande comment communiquer les résultats à la population, sans en venir aux jugements envers les parents. Et comment parler aux parents sans les culpabiliser? Il est difficile de comprendre qu’on puisse mettre dans le même panier ceux qui perdent patience trois fois pendant l’année et ceux qui utilisent la violence (qui cause des traumatismes, des lésions et des séquelles) comme moyen de discipline. »
    Beaucoup de parents ont réagi comme moi en se faisant remettre sous le nez des gestes dont nous ne sommes pas fiers. Nous avons essayé de nous débarrasser de la culpabilité en justifiant ou banalisant la violence (aussi mineure soit-elle) que nous avons employée avec nos enfants. J’ai lu de nombreuses variations sur l’expression « Il ne s’en souviendra plus le jour de ses noces! » Aussi, beaucoup d’appels à un meilleur soutien des parents et à la reconnaissance de leur stress élevé, notamment en ce qui concerne la conciliation travail-famille. Je ne peux qu’être d’accord avec cette dernière demande, j’en ai déjà parlé sur cette tribune.

     

    Mais la culpabilité a continué à m’habiter pendant plusieurs jours. J’ai donc décidé de l’écouter au lieu de la rejeter. S’il y a une chose que j’ai apprise de mon travail avec Maman a un plan, c’est que la culpabilité est une émotion négative et désagréable à ressentir, mais qu’elle est utile. C’est le signal que je fais quelque chose de mal. Et, semble-t-il, que je crois fondamentalement que crier après ses enfants et les taper, c’est mal. Aussi étrange que ça puisse paraître, ce constat m’a rassurée, m’a remis les valeurs à la bonne place, même si mon estime de parent est amochée.


    Et c’est là que j’ai compris pourquoi le rapport de l’Observatoire des tout-petits établit qu’un seul acte de violence mineure, c’est trop. Parce qu’il faut que les parents se sentent coupables de lever la main sur leurs tout-petits, qu’ils sachent fondamentalement que c’est mal et que ça ne se fait pas. Il n’y a aucune violence justifiée, méritée ou acceptable.


    Cette prise de position est nécessaire, surtout en lien avec une autre statistique préoccupante du rapport : 62% des mères et 67% des pères ont une attitude favorable envers la punition corporelle. Les deux tiers des parents québécois pensent que la force est utile, voire nécessaire à l’éducation d’un enfant!

     

    Société 3:  La « toute petite » violence

    Source: Observatoire des tout-petits, Portrait 2016.


    C’est donc tant mieux si vous vous êtes sentis, tout comme moi, comme le pire parent du monde à la lecture de ces données sur la violence. Aux prises avec ce sentiment, vous êtes du « bon bord » en ce qui me concerne. Et on trouvera des solutions à nos problèmes d’adultes, on s’organisera pour mieux s’outiller devant les crises de nos enfants et le stress dans nos vies. En tant que grandes personnes, on peut le faire et on doit le faire. Parce que les tout-petits, ils ne peuvent rien dire ni s’organiser contre la violence qu’ils subissent, mineure ou pas.

     

    Société 3:  La « toute petite » violence

     

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    Au boulot: Isabelle Michaud

     

    Entrevue avec la parfumeuse Isabelle Michaud.

     

    Par Emmanuelle Gril du magazine Châtelaine

     

    Société 3:  Au boulot: Isabelle Michaud


    Photo: Louise Savoie

     


    Ce que je fais dans la vie

    En 2009, j’ai lancé ma propre ligne de parfums, Monsillage. J’ai depuis créé six eaux de toilette?: Dupont Circle, Ipanema Posto Nove, Aviation Club, Vol 870 YUL-CDG, Wazo et Eau de céleri. Pour celle-ci, j’ai reçu l’an dernier le grand prix de la catégorie «Artisan» aux Art and Olfaction Awards à Los Angeles.

     

    Comment je suis devenue parfumeuse

    J’avais 35 ans et aucune attache. C’était le moment ou jamais! Je n’ai jamais eu peur de prendre des risques, c’est un moteur pour moi. J’ai donc vendu mon condo et je suis allée apprendre le métier de parfumeuse à l’Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire, à Versailles, en France, pendant un an. À mon retour à Montréal, je me suis lancée en affaires.

     

    Ce qui me rend fière

    Avoir réussi à démarrer mon entreprise et pouvoir aujourd’hui en vivre. Cela n’a pas été facile au début. C’est un domaine qui demande d’importants investissements pour les matières premières, les flacons, les emballages, etc. Ça a pris plus de cinq ans avant que mes affaires soient viables.

     

    J’ai de l’admiration pour…

    Les gens qui ouvrent leur propre voie, tracent leur chemin, font fi des modes, de ce que disent les uns et pensent les autres.

     

    Mon petit luxe

    Me lever sans réveille-matin?!

    Je suis ma propre patronne et je n’ai pas d’employés, alors je peux commencer ma journée à mon rythme. Je prends un café, je regarde les nouvelles… Je travaille par contre souvent le soir et la fin de semaine, ce que j’apprécie, car alors je ne suis pas dérangée par les courriels ou le téléphone.

     


    J’ai dû renoncer à…

    La perfection. Quand je sens que je ne peux pas amener un parfum plus loin, j’accepte de le laisser aller et de le lancer sur le marché pour qu’il vive par lui-même. Il sera toujours imparfait, mais c’est cette imperfection qui lui permet d’exister.

     

    Comment j’ai choisi mon métier

    J’ai un parcours assez original. Après avoir obtenu un baccalauréat en criminologie, je me suis orientée vers la traduction, qui correspondait davantage à ce que je recherchais. J’ai travaillé dans ce domaine à Toronto pendant quelques années, mais il me manquait quelque chose… Une formation en fabrication de savons artisanaux a fait vibrer une corde sensible en moi. Cela m’a permis de me reconnecter avec une passion que j’ai depuis que je suis enfant: les odeurs.

     

    Société 3:  Au boulot: Isabelle Michaud

    Photos: Louise Savoie

     

    Je me parfume avec…

    Mes parfums, au moment de leur création, pour savoir ce qu’ils donnent sur ma peau, s’ils génèrent un sillage que les gens vont remarquer. Le reste du temps, j’ai une garde-robe de parfums et j’en change au gré de mes humeurs ou des saisons. Récemment, j’ai eu un coup de cœur pour Myrrh Casati de Mona di Orio, une eau de toilette dont l’ingrédient principal est la myrrhe, ce qui est plutôt rare.

     

    Ma philosophie

    Chaque être humain porte en lui tout ce qu’il faut pour son bonheur et son accomplissement. Pourtant, je vois autour de moi beaucoup de femmes et d’hommes aux prises avec des dépendances affectives, ou encore qui mettent leur existence en suspens parce qu’ils sont en quête de quelque chose ou de quelqu’un. La vie, c’est maintenant, et il faut la vivre pleinement.

     

    Mon style

    Je n’en ai pas vraiment, car je ne prête pas beaucoup attention à la mode. J’aime les vêtements confortables et pratiques, les manteaux amples et enveloppants…

     

    Ce qui est important pour moi

    Garder mon identité et mon indépendance. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour les conserver, j’ai dû marcher sur mon orgueil et prendre des petits boulots peu rémunérateurs le temps que mon entreprise vole de ses propres ailes. Mais je me suis accrochée parce que je me disais que c’était temporaire. On doit faire confiance à la vie.

     

     

    Société 3:  Au boulot: Isabelle Michaud

    Photo: Louise Savoie

     


    Mon défi personnel

    Moins procrastiner, passer plus rapidement à l’action et me montrer plus ferme quand quelque chose ne me convient pas.

     

    Mon coup de cœur

    La série The Americans, diffusée sur FX. C’est l’histoire d’un couple d’espions russes qui vit aux États-Unis et y élève ses deux enfants comme des citoyens américains. Cela m’intéresse d’autant plus qu’après mon diplôme en criminologie, j’ai posé ma candidature pour travailler au Service canadien du renseignement de sécurité. Mais cela n’a pas fonctionné. Je crois que je n’avais pas le profil psychologique. Je suis probablement trop indépendante d’esprit! [rires]

     

    Un livre qui m’a marqué

    Les piliers de la Terre, de Ken Follett, un roman historique qui se déroule au Moyen Âge, à l’époque où l’on bâtissait les grandes cathédrales. On y décrit les manipulations en coulisses, on voit comment certains tirent les ficelles pour s’assurer le pouvoir, la gloire… Je suis plutôt naïve, et je ne vois pas toujours les jeux de pouvoir dans la société ou au travail. Ce livre s’est avéré à la fois instructif et fascinant.

     

    Ma découverte mode

    Même si cela existe depuis longtemps, je viens de découvrir les bas de nylon qui tiennent tout seuls, comme les Dim Up. C’est tellement plus confortable que les bas-culottes!

     

    Société 3:  Au boulot: Isabelle Michaud

     

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    Saint Nicolas : le patron des écoliers a inspiré notre Père Noël !

     

     
     de l'Internaute

    SAINT-NICOLAS 2016 - Chaque année en décembre, le protecteur des enfants fait concurrence au Père Noël, de Lorraine aux Pays-Bas. Mais qui est vraiment Saint Nicolas ? Quelles sont ses légendes, histoires, date et chansons ?

     

     "Ô grand Saint Nicolas / Patron des écoliers / Apporte-moi des pommes /Dans mon petit panier..." Et bien d'autres friandises ! Protecteur des enfants, le bon Saint Nicolas récompense surtout ceux qui ont été bien sages. Traditionnellement célébré à la date du 6 décembre dans le Nord et l'Est (de la France et de l'Europe), Saint Nicolas "2016", sa chanson et son histoire, vont être fêté dès ce week-end à Nancy ! Enigmatique ancêtre du Père Noël, Saint Nicolas est aussi patron des marins, des prisonniers, des avocats, des kinésithérapeutes ou encore des hommes célibataires (quand Sainte Catherine est celle des femmes seules). Le personnage au chapeau pointu tient avant tout le premier rôle de super protecteur des enfants. Une mission légendaire qui débute dans son ancienne vie - celle de l'évêque Nicolas de Myre -, lui permettant de devenir aujourd'hui, par l'intermédaire des époques, de la tradition et du marketing (avec l'opération Coca Cola), le héros connu de tous et gâtant les enfants à la fin de l'année... le 25 décembre !

     

    Mais comment Saint Nicolas a-t-il inspiré le Père Noël "moderne"  ?  Où le fête-t-on ? Qui est vraiment le Père Fouettard, son terrible frère ennemi mais aussi son binôme ? Que disent les paroles de la chanson de Saint Nicolas ? Pourquoi ce dernier est-il tant célébré dans les contrées nordiques ? A quoi doit-il son accoutrement si spécial ? Quels miracles lui attribue-t-on ? Retrouvez dans cette page toute l'histoire et la légende de Saint-Nicolas. 

    La chanson de Saint Nicolas

    Pour aborder la grande et étonnante histoire de Saint Nicolas, pourquoi ne pas commencer par cette comptine qui résonne encore dans certaines régions de France ? La chanson de Saint Nicolas donne la parole à un enfant qui promet d'être sage, "comme un mouton" et d'apprendre ses leçons pour "avoir des bonbons". Voilà qui pourrait être le slogan des écoliers qui l'entonnent chaque 6 décembre (date de la Saint-Nicolas) pour accueillir leur Saint protecteur... Déjà, l'ombre du Père Noël moderne pointe derrière des strophes plutôt désuètes. Voici les paroles de la chanson de Saint Nicolas selon le site spécialisé fete-enfants.com :

     

    Ô grand Saint Nicolas,
    Patron des écoliers,

    Apporte-moi des pommes
    Dans mon petit panier.
    Je serai toujours sage
    Comme une petite image.
    J'apprendrai mes leçons
    Pour avoir des bonbons.

    Venez, venez, Saint Nicolas,
    Venez, venez, Saint Nicolas,
    Venez, venez, Saint Nicolas, et tra la la...

    Ô grand Saint Nicolas,
    Patron des écoliers
    Apporte-moi des jouets
    Dans mon petit panier.
    Je serai toujours sage
    Comme un petit mouton.

    J'apprendrai mes leçons
    Pour avoir des bonbons.

    Venez, venez, Saint Nicolas,
    Venez, venez, Saint Nicolas,
    Venez, venez, Saint Nicolas, et tra la la...

     

    Père Fouettard Saint Nicolas

    La princesse Mathilde de Belgique à la rencontre du Père Fouettard local en 2011. © JOHANNA GERON / BELGA / AFP

     

    Si Saint Nicolas est toujours accueilli avec joie par les écoliers ou lors de son défilé dans les villes, l'arrivée du Père Fouettard (dont vous découvrirez l'histoire un peu plus loin dans ce dossier) est, sans surprise, moins bienvenue chez les enfants. Mais aussi parfois chez leurs parents : en 2014, une polémique a eu lieu aux Pays-Bas au départ du cortège annuel de la Saint-Nicolas...  quant au caractère supposément raciste du personnage de Zwarte Piet, ou Pierre le Noir (la version hollandaise du Père Fouettard).

     

    Les légendes de Saint Nicolas

    "Est-ce que vous avez été sages les enfants ?" - "Ouiiii" répondent la plupart des temps les plus jeunes à cette sempiternelle question.  Depuis le Moyen-âge, Saint Nicolas va  de domicile en domicile dans la nuit du 5 au 6 décembre (c'est en tout cas ce que dit la légende) pour demander aux enfants s'ils ont été sages. Deux options : les marmots l'ont été et reçoivent des cadeaux ; ou bien ils n'ont pas brillé par leur discipline et le Père Fouettard, binôme de Saint-Nicolas, leur donne une correction.
    Si Saint-Nicolas est si populaire, c'est parce que dès le Moyen-Age, il a hérité d'une casquette : celle de patron des écoliers. On dit qu'il la doit à ses nombreux miracles. Et pas n'importe lesquels. Il aurait par exemple ressuscité trois pauvres écoliers coupés en morceaux par un boucher et jetés dans un saloir... Ledit boucher donnera naissance à la légende du méchant Père Fouettard (lire ci-dessous). Une autre légende raconte comment le futur "vrai" Père Noël évite à un homme endetté de vendre ses trois filles comme esclaves pour s'en sortir (un procédé classique dans l'Antiquité) : pendant trois nuits consécutives, l'évêque de Myre jette assez d'argent dans le logis familial (par la fenêtre ou la cheminée, les versions diffèrent) pour que le père puisse rembourser ses dettes et pourvoir ses filles d'une dot. Une autre légende dit que le bon Saint-Nicolas aurait sauvé de la tempête un bateau transportant une cargaison de blé pour la ville de Myre. Des histoires inspirées d'icônes bizantines bien réelles. Peu à peu, la tradition du Père Noël supplantera celle de son inspirateur.

     

    Saint Nicolas

    Saint Nicolas se fête dans les pays nordiques mais aussi côté quart nord-est de la France  © Daisy DEMOOR - galerie photo Linternaute.com

     

    L'histoire de Saint Nicolas

    Si Saint Nicolas arbore un look si reconnaissable (mitre sur la tête, crosse à la main et habit ecclésiastique sur le dos), c'est parce qu'il était évêque dans une autre vie ! C'était au IVe siècle, en Asie mineure - autrement dit, dans le sud-ouest de l'actuelle Turquie. Victime de persécutions sous le règne de Dioclétien, Nicolas de Myre, comme on l'appelait alors, fait surtout parler de lui après sa mort, un 6 décembre. On se souvient de lui comme du protecteur, bienveillant et généreux, de la veuve et de l'orphelin.
    Au XVIe siècle, Saint Nicolas subit le bannissement dans une bonne partie de l'Europe, réforme protestante oblige.  Mais les Hollandais gardent la tradition au chaud, et vont même, comme dit plus haut, l'importer de l'autre côté de l'Atlantique. Normal : ils sont parmi les premiers à coloniser l'Amérique, où ils n'oublient pas d'apporter leur "Sinterklass" (Saint-Nicolas en néerlandais). De quoi donner Santa Claus (le "Père Noël" américain) un peu plus tard. Des chrétiens américains s'approprient la légende et rapprochent, dans la version moderne de la fête de Saint Nicolas, la venue du Père Noël de la naissance du Petit Jésus. Il fera donc sa tournée le 24 décembre ! Cette remise au goût du jour n'empêchera pas d'autres chrétiens de rester fidèles à la Saint Nicolas. En 2016, les enfants de Lorraine en savent quelque chose. Ils y ont gagné un deuxième noël...

    L'histoire du Père fouettard

    Le Père Fouettard peut être vu comme le double sombre de Saint Nicolas. Et pour cause : il est là pour punir les enfants pas sages pendant l'année. Il devrait son existence dans la vie des écoliers à une invention de précepteurs au XVIIIe siècle pour que les garnements se tiennent tranquilles. D'autres pointent le Château de Berwartstein, en Allemagne, comme le repère du méchant visiteur aux allures de croquemitaine : un personnage historique, le seigneur Hans Von Trotha, l'aurait occupé entre 1480 et 1503. Bâti en haut d'un rocher en bordure de la forêt Palatine, il était réputé imprenable avec ses tunnels souterrains reliés au donjon. Une origine historique précise vient aussi expliquer la présence du Père Fouettard façon épouvantail pour enfants : au XVIe siècle, en plein siège de Metz par les troupes de Charles Quint, les habitants de la ville assiégée tournent en dérision l'image de l'empereur, brûlant un mannequin à son effigie. Et on surnomme ce dernier "le Père Fouettard".  D'après le site pour enfants Gaminsdulux.fr, au Luxembourg, le Père Fouettard avait à l'origine dans son sac des "rudden", "petites baguettes de bois souple, style saule pleureur, pour donner des fessées aux enfants." De nombreuses chansons font également référence au sinistre personnage.

     

    Saint-Nicolas : la date

    Saint Nicolas

     

    Comme tout saint qui se respecte, Saint Nicolas dispose désormais d'une date bien à lui dans notre calendrier, le 6 décembre. C'est à cette date qu'il visite les maisons pour récompenser les bons élèves. L'Allemagne a commencé à la marquer d'une pierre blanche au Xe siècle ! La Saint-Nicolas fait aussi figure de tradition dans les pays nordiques. Hollandais et Allemands ont importé sa légende aux Etats-Unis, dès le XVIIe siècle. Des régions françaises célèbrent aussi sa "venue" très tôt : particulièrement populaire dans le Nord de la France, il l'est encore davantage dans l'Est du pays. Saint Nicolas passe chaque 6 décembre voir les écoliers en Lorraine et distribuer bonbons, pain d'épice et chocolat tandis qu'ils l'accueillent en chanson. Il défile également le long des rues sous les yeux brillants des petits et des grands. À Nancy par exemple, les fêtes de Saint Nicolas durent traditionnellement tout un week-end. Et elles mêlent feu d'artifice XXL, défilé de chars et même remise symbolique des clefs de la ville au Saint-Patron par le maire en personne.

     

    Zoom sur Saint-Nicolas 2016 dans l'Est de la France - A la rentrée dernière, des rumeurs disant le contraire circulaient sur les réseaux sociaux, et pourtant : les festivités spécial Saint-Nicolas se tiendront bien dans la ville de Nancy en 2016 (pour plus d'informations, cliquez ici). Elle durent en réalité 36 jours, du vendredi 25 novembre au samedi 31 décembre 2016. Mais l'apogée a lieu ce week-end, le premier de décembre, samedi 3 et dimanche 4. Avec le marché de noël de Strasbourg, les célébrations de la Saint-Nicolas à Nancy sont l'autre temps fort de l'hiver dans l'Est de la France. Elles n'avaient pas eu lieu en 2015. Les habitants et les visiteurs d'un jour pourront cette fois profiter du traditionnel défilé de la Saint-Nicolas ou encore des animations de rue en musique. Seul bémol : la suppression du feu d'artifice par sécurité, quelques semaines seulement après le premier "anniversaire" des attentats de Paris et quelques mois après celui de Nice. Dans le mois qui suivra cette journée réunissant d'ordinaire 100 000 personnes, les animations continueront. Mais avec le défilé, le principal clou du spectacle reste la tournée du Saint-Patron des écoliers et des Lorrains dans les écoles.

     

     

    Société 3:  Saint Nicolas : le patron des écoliers a inspiré notre Père Noël !

     

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