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    Compostelle : les plus belles étapes

    du chemin de Tours

     

    Par Hugues Dérouard
    source : Détours en France Hors-série Compostelle
     

    La via Turonensis tient son nom du sanctuaire de Saint-Martin de Tours, étape majeure pour les pélerins d'Europe du Nord. Le « Grand Chemin » se distingue par son terrain peu accidenté, donc praticable à vélo.

    Paris. Départ tour Saint-Jacques

    Tour Saint-Jacques à Paris

    Venus du nord et du nord-est de l’Europe, les pèlerins se rassemblaient à Paris avant de gagner, par Orléans ou Chartres, le sanctuaire de saint Martin à Tours, ville qui donna son nom à la via Turonensis. Borne zéro de ce chemin ? La tour Saint-Jacques, aujourd’hui au milieu d’un square du même nom, au cœur de la capitale.

    Notre-Dame de ParisNotre-Dame de Paris.

    Le saviez-vous ?

    Le square de la Tour-Saint-Jacques fut le premier ouvert au public, en 1856. Lors de sa visite 
à Paris pour l'Exposition universelle de 1855, la reine Victoria fut menée sur le chantier par
le baron Haussmann, heureux de présenter à la souveraine le premier square parisien inspiré directement par les Anglais. Une stèle y est érigée à la mémoire de Gérard de Nerval (1808-1855), non loin de l’endroit où il a été retrouvé, pendu à une grille rue de la Vieille-Lanterne.

     

    Tours, le souvenir de saint Martin

    La basilique Saint-Martin à Tours

    En 1802, l'ancienne basilique Saint-Martin est détruite. La nouvelle basilique a été consacrée en 1925.

    Étape majeure pour les pèlerins d’Europe du nord, Tours donna son nom à la via Turonensis menant à Compostelle. Ils y affluaient par milliers pour honorer les reliques de saint Martin, deuxième évêque de Tours, avant d’entamer leur périple.

    Suivre son itinéraire, marcher vers son but, lever les yeux. Contempler, retenir son souffle. Le marcheur est libre de s’arrêter pour s’émouvoir de ce qui l’entoure.

    Composition de photos de Tours et des environs

    Sous les voûtes. Les voûtes gothiques de la cathédrale Saint-Gatien de Tours (1), un chemin en Aquitaine (2) et la coupole de la basilique Saint-Martin de Tours (3).

    La triade romaine de Melle

    Eglise Saint-Hilaire de Melle

    L'église Saint-Hilaire de Melle.

    Ceinturée par les vallées de la Béronne et de son petit affluent, la cité des Deux-Sèvres,à trente kilomètres de Niort, possède encore trois églises romanes fondées pour l’accueil des pèlerins. Melle demeure aujourd’hui un haut lieu spirituel.

     

    À Saintes, de Rome au roman

    Sur le chemin de Saintonge, un pavage romainSur le chemin de Saintonges, un pavage romain.

    Au bord de la Charente, la capitale historique de la Saintonge, sous une apparence quelque peu austère, allie le charme quasi méridional de ses façades blanches aux souvenirs de son riche passé. Les pèlerins y vénèrent les reliques de saint Eutrope, apôtre des Santons, troisième évangélisateur de la Gaule et premier évêque de Saintes.

    À voir aussi à Saintonge

    Composition des reliefs visibles à Saintonge

    Un chapiteau de Notre-Dame de Surgères, église du XIe siècle (1), Détails de Saint-Pierre d'Aulnay (2)... un chien de chasse (3)... un visage solaire et énigmatique (4).

    L'église Saint-Pierre de la Tour d'Aulnay

    Datant du XIIe siècle, l’église Saint- Pierre de la Tour d’Aulnay, classée au patrimoine de l’Unesco mais  un peu à l’écart de la via Turonensis, en Charente-Maritime, mérite un détour. Bien que conçue sur un plan très simple en forme de croix latine, avec nef à collatéraux, c’est une merveille de l’art roman. Sa sobriété met en valeur la  richesse du décor sculpté de son portail sud notamment, orné d’un magnifique bestiaire. Ici tout est remarquable : chaque chapiteau, chaque modillon est d’une beauté exceptionnelle. L’église est entourée d’un cimetière – avec de curieuses tombes sur pilotis – et d’une belle croix hosannière du XVe siècle.

     

    De Bordeaux à Dax : marcher dans la Grande Lande

    Forêt landaise

    Autrefois, traverser les Landes, insalubres, relevait de la mésaventure. Aujourd’hui, pour le pèlerin comme pour le randonneur, c’est une partie de plaisir. La plus grande forêt d’Europe offre un grand souffle vert.


    Des kilomètres de forêt

    Forêt landaise

    Dans cette forêt des landes née de la volonté de Napoléon III de fonciariser une zone insalubre, le marcheur suit une piste bordée de pins. Attention à ne pas se laisser hypnotiser par la régularité verticale de ces millions de fûts, pour ne pas manquer un embranchement !

    Plusieurs jours durant, vous ne quitterez quasiment pas les pistes forestières des Landes. Ennuyeux? Cela dépend de vous, car ces kilomètres de forêt sont propices à l’introspection.

    Les fontaines guérisseuses

    Dans les Landes, quasiment chaque commune possède sa source dédiée à un saint guérisseur, mélange de croyances anciennes et de vénération chrétienne. On en dénombre plus de deux cents dans la région et, chaque année, elles attirent toujours de nombreux fidèles qui viennent là en pèlerinage. Saint-Clair (qui, évidemment, guérit les maladies des yeux) à Belin-Béliet, Saint-Eutrope (qui soigne les estropiés) à Trensacq, Sainte-Rufine à Biganon...

     

    Rayonnantes chapelles

    Chapelle Sainte-Radegonde de Talmont

    La chapelle Sainte-Radegonde de Talmont, sur l'estuaire de la Gironde que les pèlerins traversaient.

    Parmi les beautés romanes sur le chemin, les chapelles de Lugaut et de Talmont-sur-Gironde sont d’incroyables joyaux. Toutes deux s’offrent au regard et vous transportent, rien ne comptant plus que d’en scruter chaque infime détail pour ne jamais les oublier.

    Fresques de la chapelle de Lugaut

    Les fresques de la chapelle de Lugaut (Landes) datent de 1220-1230 et recouvrent tout l’intérieur de l’édifice. Ici, une Descente aux enfers.

     

    Photos-Villes du Monde 2:

     

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    François Mitterrand (1916 - 1996)

     

    Le roman d'un président

     

     

    Maison natale de François Mitterrand à Jarnac (Charente)

    Président de la République française de 1981 à 1995, François Mitterrand naît le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charente), dans la famille d'un industriel catholique.

    Séduisant et cultivé, excellent orateur, il se découvre très vite des dispositions pour diriger les hommes. Mais il n'atteindra le pouvoir suprême, la présidence de la République, qu'au terme d'un long parcours erratique, parsemé de chausse-trapes.

    Tout au long de ce parcours, son éclectisme politique et sa fidélité en amitié lui valent des soutiens indéfectibles sur toute l'étendue de l'échiquier politique et social.

    Ses amis lui donnent le surnom de « Florentin » en référence à l'art de l'esquive pratiqué par des gens de la Renaissance comme Laurent le Magnifique ou Machiavel.

    Si l'on fait fi de son action politique, François Mitterrand demeure un personnage romanesque des plus passionnants. Les journalistes Catherine Nay, Jean Montaldo et Pierre Péan ont révélé par touches successives les différentes facettes de son itinéraire.

    André Larané
     

    Une jeunesse heureuse

    Le jeune François connaît en Charente une jeunesse heureuse dans une famille épanouie. C'est le quatrième d'une fratrie de quatre garçons et quatre filles ; lui-même est le deuxième des garçons mais aussi le plus brillant de tous. Sa grand-mère, en particulier, lui voue une véritable vénération. 

    Son parcours scolaire devrait normalement le conduire vers la khâgne et l'École Normale Supérieure, mais celle-ci a mauvaise presse dans  la famille catholique du futur président. Il est vrai que la plupart de ses élèves en sortent parfaitement athées.

    C'est donc vers le droit que s'orientera le jeune François, en s'hébergeant à Paris au foyer des pères maristes. Il en voudra secrètement à son père de cette orientation quand il rencontrera en 1938 la jeune Marie-Louise Terrasse, 16 ans (elle deviendra Catherine Langeais à la télévision), et fréquentera ses parents, de brillants normaliens.

     

    De Vichy au socialisme

    François Mitterrand (à gauche) et son ami Georges Dayan (à droite), prisonniers en Allemagne

    Enrôlé comme sergent au début de la Seconde Guerre mondiale, il est capturé et envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne comme la plupart des autres soldats français. Il va passer dix-huit mois dans un stalag en Hesse, et cette expérience va modeler en profondeur sa vision du monde en lui révélant la diversité sociale du peuple français. 

    En 1942, à sa troisième tentative d'évasion, François Mitterrand réussit à s'enfuir.

    Renonçant à la sécurité au sein de sa famille installée sur la côte méditerranéenne, il prend le train pour... Vichy.

    Comme beaucoup de jeunes ambitieux de sa génération, il entre au service du maréchal Pétain. Il assure un emploi modeste dans un service qui s'occupe de la réinsertion des prisonniers.

    Fidèle « maréchaliste », il lui arrive d'écrire dans des revues pétainistes et antisémites. Le 16 août 1943, François Mitterrand reçoit la Francisque des mains du Maréchal. Il obtient le n°2202 de cette prestigieuse décoration qui a été remise à 3.000 personnes au total.

    Mitterrand congratulé par Pétain le 15 octobre 1942

    Mais depuis début 1943, prévoyant sans doute la faillite du nazisme après la défaite de Stalingrad, le jeune homme aurait déjà mis un pied dans la Résistance. Il ne se rallie pas pour autant au général de Gaulle et lui préfère son rival de l'heure, le falot général Giraud.

    Il mène diverses opérations clandestines sous le surnom de Morland et bénéficie entre autres de la complicité d'un haut fonctionnaire de la Police, un certain Jean-Paul Martin.

    Après la guerre, celui-ci le met en relation avec René Bousquet, secrétaire général de la Police sous l'Occupation et principal organisateur de la rafle du Vél d'Hiv, à la suite de laquelle de nombreux juifs ont été envoyés dans les chambres à gaz.

    Pour des raisons obscures, Bousquet est blanchi à la Libération par un tribunal d'exception. Reconverti dans les milieux d'affaires, il va dès lors rendre des services importants à son nouvel ami, François Mitterrand, en finançant une partie de ses campagnes électorales (ainsi Pierre Bergé, ami personnel de l'ancien président et auteur d'une biographie, explique-t-il le lien entre les deux hommes).

    Trois ans après la Libération et après avoir été élu député de la Nièvre, François Mitterrand, à peine âgé de 30 ans, devient en 1947 ministre des Anciens combattants, puis ministre de la France d'outre-mer et ministre de l'Intérieur dans le cabinet de Mendès France en 1954, quand débute la guerre d'Algérie.

    Il est ministre de la Justice sous le gouvernement de Guy Mollet en 1956, lorsque les militaires reçoivent les pleins pouvoirs à Alger pour mettre fin au terrorisme par tous les moyens. Le brillant ministre ne cache pas son espoir d'accéder à la Présidence du Conseil, le poste le plus important sous la IVe République, à 40 ans ou un peu plus.

    Mais le retour du général de Gaulle aux affaires, en 1958, l'oblige à rentrer dans l'anonymat. En 1959, il laisse faire un faux attentat contre sa voiture, avenue de l'Observatoire, à Paris, dans l'espoir de regagner les faveurs de l'opinion publique. L'affaire est heureusement étouffée, peut-être parce que François Mitterrand aurait détenu en tant qu’ancien garde des Sceaux des renseignements gênants sur « l’affaire du bazooka » qui met en cause le Premier ministre Michel Debré.

    Candidat contre le général de Gaulle aux élections présidentielles de décembre 1965, François Mitterrand se présente comme le champion de l'alternance au gaullisme. C'est ainsi qu'il réunit les partis de gauche autour de son nom, sous l'étiquette de la FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste). Il réussit à mettre le Général en ballotage et échoue au second tour avec un résultat honorable d'environ 45% des bulletins.

    Ce relatif succès le fait basculer résolument vers le socialisme. Le 12 juin 1971, au congrès d'Épinay-sur-Seine, il fonde le nouveau Parti socialiste sur les ruines de l'ancienne SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) de Jean Jaurès et Jules Guesde, discréditée par l'engagement de Guy Mollet dans les guerres coloniales.

    L'ancien élève des maristes se met alors à « parler socialiste », selon le mot de Pierre Mendès France, et ne craint pas d'affirmer : « Tous ceux qui n’adhèrent pas à la rupture avec le capitalisme n’ont pas leur place dans le parti » ! Rénovateur du parti socialiste, il incarne désormais tous les espoirs de la gauche non communiste mais il comprend aussi qu'il n'y a pas d'alternance possible sans une alliance avec les communistes. C'est ce à quoi il va s'atteler avec opiniâtreté. Le 27 juin 1972, le Parti socialiste et le Parti communiste français de Georges Marchais concluent un programme commun bientôt rejoint par le Mouvement des radicaux de gauche de Robert Fabre.

    Après un échec de justesse en 1974 face à Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand gagne pour de bon les élections présidentielles le 10 mai 1981 en tirant parti de l'impopularité du président sortant, lui-même lâché par Jacques Chirac, le chef du parti néogaulliste.

    Des réformes à la volée

    François Mitterrand, président de la République (portrait officiel)

    François Mitterrand entame un « règne » de 14 ans, comparable par sa durée à ceux de Henri IV, de Louis-Philippe et de... Napoléon 1er.

    Les réformes s'enchaînent à la volée dès les premières semaines. Pourtant, de cette très longue présidence, l'opinion publique ne retient que l'abolition de la peine de mort, votée le 18 septembre 1981.

    L'Histoire, quant à elle, se souvient de la conversion de la gauche à l'économie de marché, qui s'est faite en deux temps : la désindexation des salaires sur les prix lors du premier plan de rigueur à l'automne 1982, puis surtout le choix de rester dans le SME (Système Monétaire Européen) à l'issue de la semaine d'hésitation suivant les municipales de mars 1983.

    Elle se souvient aussi du soutien du président, au déploiement des fusées Pershing en Allemagne, en riposte à la menace soviétique. C'était le le 20 janvier 1983, devant le Bundestag allemand... Elle se souvient enfin de l'engagement européen du président, avec l'Acte unique, le traité de Maastricht et la monnaie unique dont l'avenir demeure incertain.

    Bilan d'un double mandat

    Le double septennat de François Mitterrand se termine dans un climat maussade tissé de désillusions, entre une gauche qui a perdu ses repères idéologiques et moraux et une droite minée par le combat des chefs.

    À gauche comme à droite, son départ est accueilli avec soulagement... Il meurt le 8 janvier suivant, après une longue agonie théâtralisée à l'égal d'un monarque.

    Une décennie plus tard, l'opinion publique, confrontée au bilan piteux de son successeur Jacques Chirac et oublieuse du passé, n'en hissera pas moins l'ancien président socialiste sur le podium de ses personnalités préférées.

     

    Éphéméride du Jour 4:  François Mitterrand (1916 - 1996) - né le 26 octobre 1916

     

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    Survivre à novembre et aux autres

    soucis quotidiens

     


    Novembre est le mal-aimé du calendrier. On le dit gris, triste, funeste. C’est quoi cette réputation? Le soleil paresse un peu, d’accord. Mais les mauvaises nouvelles, les petits tracas, les urgences au bureau comme à la maison se succèdent aussi le reste de l’année…


    Johanne Lauzon du magazine Châtelaine

     

    Ce «mois des morts» est plus que déprimant, c’est ça? Il doit bien y avoir un moyen de tenir à distance toutes ces idées noires. «Cultiver ce qui est bon» est l’un des meilleurs antidotes, selon le neuropsychologue américain Rick Hanson. Une jolie formule qui invite à changer le regard que l’on pose sur le quotidien. «Si vous portez régulièrement votre esprit sur des événements et des circonstances positifs (le fait que quelqu’un se soit montré bienveillant à votre égard ou que vous ayez un toit sur la tête), des émotions agréables, les tâches que vous parvenez à mener à bout, les plaisirs physiques et vos bonnes intentions et qualités, au fil du temps votre cerveau prendra une autre forme, caractérisée par la force et la résilience, une vision des choses optimiste quoique réaliste, un état d’esprit positif et une meilleure estime de soi», écrit-il dans Le cerveau du bonheur, dont la version de poche (chez Pocket) sort ces jours-ci.

     

    Société 2:  Survivre à novembre et aux autres soucis quotidiens

    Photo: Ilya/Stocksy

     

    Le cerveau humain retient davantage ce qui est négatif – notre ancêtre Homo sapiens en avait bien besoin pour rester aux aguets, éloigner les dangers et survivre. Pour décoder son environnement et les agissements de son entourage, on a tendance à amplifier les tons de gris et de noir. Ainsi, il faut cinq interactions positives pour en faire oublier une seule négative! Ce penchant naturel nourrit l’anxiété, la tristesse, le pessimisme et les remises en question inutiles, selon Rick Hanson. Ajoutez à cela le jour qui tombe à 16h30, et c’est la catastrophe!


    On a donc un effort à faire: s’attarder aux petits riens qui font du bien et s’en réjouir. Le café du matin (juste parfait!), le bon mot d’une collègue, une photo magnifique sur Instagram, le câlin spontané d’un enfant… On le fait sur-le-champ ou à un moment précis de sa journée.


    Ce ne sont pas là de la pensée magique ou des exercices de visualisation pour-gagner-14-millions-à-Lotto-6/49. Il s’agit d’une façon toute simple de modifier ce cerveau qui ressemble à «1,5 kilo de pudding au tapioca», comme le dit Rick Hanson. «Cette masse gluante insignifiante est l’organe régulateur du corps et la principale source interne de bien-être, d’efficacité au quotidien, de guérison psychologique, de développement personnel, de créativité et de succès. Le fait que vous vous sentiez en colère ou détendu, frustré ou comblé, seul ou aimé, dépend de vos réseaux neuronaux. De plus, la manière dont les cerveaux interagissent est à la base des relations épanouissantes, des organisations performantes, des nations florissantes et, en définitive, d’un monde en paix et prospère.»


    Pourquoi ne pas faire quelques pas de danse cubaine? Manger mexicain? (Nous avons de bonnes adresses à Val-d’Or, Québec, Sherbrooke et Montréal dans la section C’est dans l’air!) Ou découvrir les saveurs de la Corée? Ajouter une touche d’éclat à la déco? Vivre comme les optimistes? Ou simplement dormir davantage?

    Le prochain mois de novembre sera tout sauf déprimant. Promis, juré.

     

     

    Société 2:  Survivre à novembre et aux autres soucis quotidiens

     

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    25 octobre 1415

    La «fleur de la chevalerie française» défaite

    à Azincourt

     

     

    Le 25 octobre 1415, la « fleur de la chevalerie française » est anéantie à Azincourt, au nord de la Somme, par les archers et les piétons du roi d'Angleterre, Henri V de Lancastre.

    Le désastre d'Azincourt relance la guerre de Cent Ans après une embellie de 35 ans consécutive aux victoires de Charles V et de son connétable Bertrand Du Guesclin. S'ajoutant aux défaites de Crécy et Poitiers, Azincourt signe la mort de la chevalerie féodale.

    André Larané
     

    Bataille d'Azincourt (miniature, Abrégé de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, XVe siècle, Paris, BNF)

    Désastre français

    Henri V, le vainqueur d'Azincourt, est le fils d'un usurpateur, Henri Bolingbroke, qui renversa, emprisonna et fit assassiner le roi Richard II. Énergique et ambitieux, le jeune roi (28 ans) profite de la folie du roi Charles VI et des querelles entre les membres du Conseil de Régence, Armagnacs et Bourguignons, pour dénoncer la trêve conclue en 1396 entre Richard II et Charles VI.

    En août 1414, Henri V demande à Charles VI rien moins que la main de sa fille Catherine et la succession du trône de France ! Sa demande n'ayant pas abouti, et pour cause, Henri V débarque le 13 août 1415 près de Harfleur avec 1 400 navires, de l'artillerie et un total de 30 000 hommes.

    Il s'empare de Harfleur après un difficile siège de cinq semaines, en expulse brutalement la population et laisse sur place une partie de son ost (« armée »).

    Avec 15 000 hommes chargés de butin mais qui souffrent aussi de dysenterie à cause de l'abus de fruits de mer, le roi longe la côte et se dirige vers Calais en vue de s'y retrancher. Comme son armée est épuisée, il se propose d'attendre le printemps suivant pour reprendre l'offensive avec l'aide de son allié, le puissant duc de Bourgogne.

    Entre temps, le roi de France a convoqué le ban et l'arrière-ban de son armée, selon la vieille coutume féodale. Les chevaliers français groupés autour de la faction des Armagnacs vont à sa rencontre pour lui couper la route. L'armée est placée sous le commandement du connétable d'Albret cependant que le roi et son fils, le Dauphin, restent à Rouen par prudence.

    On note la défection du duc de Bourgogne Jean sans Peur, cousin et vassal du roi, qui a refusé de répondre à l'appel.

    Les Français, qui ont l'avantage du nombre (50 000 combattants contre 15 000 !), refusent d'écouter les conseils du duc de Berry, oncle du roi. Après plusieurs jours de tergiversations, qui laissent aux Anglais le temps de reprendre des forces, ils décident d'attaquer ceux-ci en un lieu très étroit où il leur est impossible de se déployer.

    Après une nuit passée sur le dos de leur monture faute de pouvoir dormir sur le sol détrempé par plusieurs jours de pluie, les chevaliers chargent au galop les lignes de pieux derrière lesquelles se sont solidement retranchés les archers anglais.

    Ils ne daignent pas attendre la piétaille, en particulier les piqueurs et les arbalétriers gênois. Ils sont par ailleurs encombrés par des armures qui atteignent jusqu'à 20 kilos  (beaucoup moins lourdes malgré tout que l'équipement de nos soldats du XXIe siècle...).

    Leurs chevaux, eux-mêmes caparaçonnés de plaques de fer et de cuir bouilli, peinent à se déplacer. Comme à Crécy, ils ont par ailleurs le soleil dans les yeux, preuve que l'expérience ne leur a pas servi.

    Victoire du roi anglais Henri V à d'Azincourt (manuscrit de Martial d'Auvergne, XVe siècle, BNF)

    Dans la panique, face aux volées de flèches, beaucoup de chevaliers chutent de cheval. Les archers anglais lâchent leurs grands arcs et se ruent sur les chevaliers, les frappant de leurs épées et de leurs haches.

    Azincourt : massacre des prisonniers français par les coutiliers gallois sous le regard d'Henry V

    Les vainqueurs ont bientôt une telle foule de prisonniers (1 700 environ) que le roi Henri V, craignant une attaque de revers et sans doute pas mécontent d'en finir avec les Armagnacs, ordonne de les égorger ! Il ne se soucie pas de les garder vivants pour les échanger contre rançon selon l'ancienne coutume féodale (tout se perd !). 200 archers et coutiliers se chargent de la besogne. Seuls sont épargnés quelques grands seigneurs, dont le duc Charles d'Orléans.

    Les pertes sont énormes du côté français (près de 10 000 hommes contre 1 600 du côté anglais). Elles font d'Azincourt l'une des batailles les plus meurtrières du Moyen Âge occidental.

    Le connétable de France est mort au combat de même que le comte de Nevers, le duc de Brabant, le duc d'Alençon... Le duc Charles d'Orléans (24 ans), neveu du roi Charles VI et chef des Armagnacs, fait prisonnier, n'est pas égorgé mais devra demeurer 25 ans en Angleterre où il cultivera la poésie.

    En regardant vers le pays de France
    Un jour m'advint, à Douvres sur la mer,
    Qu'il me souvint de la douce plaisance
    Que je soulais audit pays trouver;

    La Normandie redevient anglaise

    Fort de sa victoire inattendue à Azincourt, le roi d'Anglerre entreprend la conquête de la Normandie. Il s'empare d'abord de Caen : 25 000 habitants sur 40 000 choisissent de s'établir en Bretagne pour échapper à la loi anglaise ! Puis, le 20 novembre, la forteresse de Falaise, là même où est né Guillaume le Conquérant, tombe entre ses mains. Presque toute la basse-Normandie est désormais en son pouvoir.

    En 1418, le roi met le siège devant Rouen, plus grande ville du royaume après Paris. La capitale de la Normandie dispose d'une forte garnison et même d'une centaine de canons. Sa milice bourgeoise est commandée par un chef déterminé, Alain Blanchard.

    Après sept mois de siège, en décembre, les Rouennais poussent hors des murs 12 000 bouches inutiles (vieillards, enfants, femmes) en espérant que les Anglais auront pitié d'eux. Mais ces derniers les laissent mourir de froid et de faim dans les fossés de ceinture... Ainsi va la guerre. Les Rouennais doivent se rendre. Ils sont condamnés à payer 365 000 écus et à livrer trois chefs dont Alain Blanchard. Ce dernier, trop pauvre pour payer sa rançon, est pendu haut et court.

    La résistance de Rouen témoigne de l'émergence d'un sentiment national mais il faudra attendre une décennie encore et l'arrivée de Jeanne d'Arc pour en mesurer l'importance...

    Triomphe anglais

    Fort de sa victoire, Henri V remet sur le tapis le projet d'épouser Catherine, fille du roi de France Charles VI le Fou et d'Isabeau de Bavière.

    À Paris, cependant, le mécontentement gronde contre les gens du comte d'Armagnac qui font régner la terreur (comme, avant eux, les Bourguignons). Dans la nuit du 28 au 29 mai 1418, une violente émeute chasse les Armagnacs de Paris. Des milliers sont massacrés et le comte lui-même est découpé en rondelles.

    Deux mois plus tard, le soir du 20 août, le bourreau Capeluche entraîne le petit peuple et une bande de va-nu-pieds à l'assaut de la Bastille (déjà !) et des maisons des Armagnacs. Tueries et pillages se prolongent toute la nuit. On compte plus de dix mille morts.

    Le dauphin Charles, l'héritier légitime du trône, alors âgé de 15 ans, est réveillé en catastrophe par le prévôt de Paris, Tanneguy Duchâtel, qui le roule dans une couverture, le jette sur un cheval et l'entraîne hors de la ville en furie. Le prévôt l'emmène à Bourges, prospère capitale du duché de Berry que l'enfant a reçu en héritage de son grand-oncle le duc Jean.

    Prenant le titre de régent, le jeune prince va poursuivre la lutte contre les Anglais à la tête de ce qui reste du parti armagnac. Paris n'en a cure et se soumet une nouvelle fois aux Bourguignons. C'est le triomphe de Jean sans Peur et de ses amis anglais.

    Le duc de Bourgogne manoeuvre à sa guise le pitoyable roi de France, Charles VI le Fou, et sa femme, la reine Isabeau de Bavière. En même temps, inquiet de la pression des Anglais, il tente une réconciliation avec le dauphin Charles. Mais leur rencontre va virer au drame et à l'assassinat du duc.

    Shakespeare et Azincourt

    La bataille d'Azincourt a inspiré deux siècles plus tard à Shakespeare le drame King Henry V. Le dramaturge y exalte le courage et l'amour de la patrie :

    KING HENRY.
    This day is called the feast of Crispian :
    He that outlives this day, and comes safe home,
    Will stand a tip-toe when this day is named,
    And rouse him at the name of Crispian.
    He that shall see this day, and live old age,
    Will yearly on the vigil feast his neighbours,
    And say, To-morrow is Saint Crispian.
    Then will he strip his sleeve, and show his scars,
    And say, These wounds I had on Crispin's day.
    Old men forget; yet all shall be forgot,
    But he'll remember, with advantages,
    What fears he did that day...

    Once more unto the breach, dear friends, once more;
    Or close the walt up with our English dead...
    In peace, there's nothing so becomes a man,
    As modest stillness, and humility :
    But when the blast of war blows in our ears,
    Then imitate the action of the tiger.

     

    Éphéméride du Jour 4:  La «fleur de la chevalerie française» défaite à Azincourt - 25 octobre 1415

     

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  • Découvrir les châteaux de la Loire

    Par François Silvan
    source : Détours en France n°170, p. 23
    Publié le 02/09/2014

    Le rayonnement du Val de Loire tient en grande partie aux joyaux Renaissance que sont ses châteaux. 

    ChenonceauLe château de Chenonceau

    ChenonceauChenonceau. Sur le château « des Dames », Flaubert écrit : « Bâti sur l’eau, en l’air, il lève ses tourelles, ses cheminées carrées. Le Cher passe dessous, et murmure au bas de ses arches dont les arêtes pointues brisent le courant. C’est paisible et doux, élégant et robuste. Son calme n’a rien d’ennuyeux et sa mélancolie n’a pas d’amertume.» Chenonceau, sur le Cher, n’est qu’à une dizaine
 de kilomètres à vol d’oiseau d’Amboise.

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    Le château d'Amboise

    Le château d’Amboise occupe le promontoire du Châtelier, point d’observation imprenable sur la Loire et connu de l’homme depuis le néolithique. C’est Charles VIII qui fit construire les deux tours cavalières (ici, la tour des Minimes) qui permettaient aux cavaliers et attelages d’accéder par une rampe hélicoïdale au château, 40 mètres plus bas que le village. En 1498, le roi meurt avant leur achèvement.

    Le château d'Amboise

    Amboise fut le premier chantier royal de transition architecturale entre Moyen Âge et Renaissance. Dominé par ses impressionnants murs fauves, songez qu’il ne reste que 20 % de l’édifice de l’époque, à la fois forteresse inexpugnable et demeure de plaisance. L’aile gauche et ses fenêtres à meneaux conservent l’influence gothique rappelant le Moyen Âge, tandis qu’au deuxième étage de l’aile droite, les pilastres encadrant les fenêtres signalent le règne de François Ier. Dans les jardins, le buste de Léonard de Vinci marque l’emplacement de son inhumation avant qu’il ne soit transféré dans la chapelle gothique qui donnait alors directement à l’intérieur des appartements royaux. Amboise est marqué par deux événements ouvrant le chapitre des guerres de Religion : « L’affaire des placards » en 1534, virulents écrits protestants dont l’un est apposé ici sur la porte même de la chambre de François Ier (à la suite de quoi le roi décida d’affirmer sa foi catholique et de réprimer la Réforme) ; et la conjuration d’Amboise en 1559, qui voit la plupart des chefs protestants conjurés pendus aux balustrades du château, laissant la voie à la ligne dure des catholiques, avec à leur tête le duc de Guise.

    La chapelle Saint-HubertLa chapelle Saint-Hubert est un vestige du château d’Amboise tel qu’il se présentait avant la Révolution. Tout en tuffeau, commandé par Charles VIII, ce bijou du gothique flamboyant est réalisé de 1491 à 1496. Une poignée d’années plus tard, elle aurait adopté le style Renaissance, « importé » d’Italie par Charles VIII à partir de 1494.

    Le château de Blois

    Blois, le château d’où Louis XII gouverna le royaume, à partir de 1498. Sa statue équestre surplombe l’entrée. Son successeur, François Ier, fait bâtir l’aile éponyme, ornée de son fameux escalier, de 1515 à 1524.

    Blois
     

    Le château d'Azay-le-Rideau

    Azay-le-Rideau
    Azay-le-Rideau, château de la Loire posé entre deux bras... de l’Indre, est élevé à partir de 1518 et forme un L. Son aspect défensif est soigneusement dissimulé puisque son chemin de ronde (présent uniquement sur les deux façades extérieures) est fermé par les combles. Son architecture est dite de première Renaissance française et fait partie des châteaux favoris des visiteurs, plus de 300 000 l’an passé !

    Le château de Chinon

    Elle domine l’Anjou, le Poitou et la Touraine, la forteresse royale de Chinon. Sur son éperon rocheux stratégique occupé de tout temps, elle est fortifiée au XIIe siècle par Henri II Plantagenêt, puis agrandie par Philippe Auguste qui s’en rend maître. Elle accompagne et prend part à l’Histoire de France à plusieurs reprises : vous souvenez-vous que c’est en ses murs que Charles VII reçut Jeanne d’Orléans, en mars 1429 ? 

    La forteresse royale de Chinon
    Ses fortifications (s’étendant sur plus de 500 mètres de longueur), le fort Saint- Georges, le fort du Coudray, et au centre, le château du Milieu, où se trouvent les logis royaux, ont pour partie été restaurés entre 2003 et 2010 : 17 millions d’euros pour préserver et valoriser ce site exceptionnel.

    Le château de Langeais

    Château de Langeais
    Le château de Langeais, que l’on doit à Louis XI (il est construit de 1465 à 1490 sur les bases d’un château du Xe siècle), résonne encore du 6 décembre 1491, date à laquelle Charles VIII y épouse Anne de Bretagne. Le château retrace cet événement et la vie au XVe siècle ; une quinzaine de salles sont décorées et meublées selon les usages de cette époque. Le saut dans le temps est encore plus grand dans le vieux donjon : une mise en perspective de sa construction avec échafaudage et engins de levage vous emmène à l’époque de sa construction, en l’an mil.

    Le château de Chambord

    Chambord
    Chambord cour intérieure
    Qui dit Chambord pense François Ier et Léonard de Vinci. Le roi avait associé son « père » (le plan centré et le double escalier lui sont dus) à ce projet architectural à visée hautement stratégique : démontrer sa puissance à ses rivaux. Les travaux débutent en 1519 et ne sont pas achevés lorsque le roi meurt en 1547. Il est remarquable que Chambord soit parvenu jusqu’à nous en grande partie dans son état originel.

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