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    6 octobre 1981

     

    Anouar el-Sadate meurt en plein triomphe

     

    Éphéméride du Jour 4:  Anouar el-Sadate meurt en plein triomphe - 6 octobre 1981

     

    Le 6 octobre 1981, tandis qu'il assiste dans un stade du Caire à un défilé militaire à l'occasion de la fête nationale, Anouar el-Sadate est assassiné par des soldats islamistes. Le raïs (mot arabe qui signifie « chef » et désignait autrefois un dignitaire ottoman) a 63 ans. Sa mort cause une immense émotion dans le monde entier. Elle fait craindre pour le processus de paix qu'il a engagé trois ans plus tôt avec Israël.

    Fort heureusement, le général Hosni Moubarak, qui lui succède, va préserver la paix avec autant d'habileté qu'il en mettra à affermir son pouvoir à la tête de l'Égypte.

    De la victoire…

    Anouar el-Sadate (25 décembre 1918 - 6 octobre 1981)Jeune officier, Anouar el-Sadate a été affilié aux Frères musulmans, mouvance islamiste très bien implantée en Égypte.

    Mais en 1952, il s'en détache et rejoint le groupe nationaliste des « officiers libres », auquel participe son ami Gamal Abdel Nasser, futur président de l'Égypte. Celui-ci meurt en pleine gloire le 28 septembre 1970... après avoir essuyé deux défaites cuisantes face à Israël.

    Sadate, en sa qualité de vice-président,  succède sans difficulté au prestigieux raïs à la tête de l'Égypte. Il prend l'initiative d'attaquer l'armée israélienne le 6 octobre 1973, à la faveur de la fête juive du Yom Kippour, pendant laquelle se recueillent beaucoup d'Israéliens.

    D'abord victorieuse, son armée venge les Arabes de leurs humiliations passées.

    Après avoir éprouvé la plus grande peur de leur Histoire, les Israéliens reprennent leurs esprits et repoussent avec succès les attaques des Égyptiens et de leurs alliés syriens. Les troupes du général Ariel Sharon repassent même le canal de Suez dans l'autre sens.

    ... à la chute

    Avec la guerre du Kippour, par laquelle il a mis fin au mythe de l'invincibilité de l'armée israélienne, Anouar el-Sadate s'acquiert un immense prestige dans son pays et l'ensemble du monde arabe. 

    Sans renier officiellement l'héritage nassérien, il s'éloigne en douceur de l'Union soviétique et se rapproche de l'Occident. Il libéralise l'économie. Il relance aussi la chasse aux Frères musulmans et aux islamistes. Surtout, il renonce aux envolées panarabistes, faisant passer le sort de l'Égypte au premier plan de ses préoccupations. 

    Fort de sa demi-victoire sur Israël, il engage des négociations de paix avec Israël.

    Avec un grand courage, il se rend à Jérusalem en novembre 1977 et prononce un mémorable discours devant la Knesset, le Parlement d'Israël. Puis, en octobre 1978, il conclut les accords de Camp-David avec le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous l'égide du président américain Jimmy Carter.

    Le traité de paix est signé le 26 mars de l'année suivante et le Prix Nobel de la paix récompense fort justement les deux ennemis de toujours, Begin et Sadate (ce dernier, cependant, ne se rend pas à Oslo pour recevoir le prix).

    Mais Anouar el-Sadate va se confronter à l'incompréhension de ses concitoyens et de la majorité des Arabes. Il doit aussi affronter la montée de l'intégrisme islamique, encouragé par la victoire de Khomeiny en Iran.

    Le 3 septembre 1981, il fait arrêter 150 opposants islamistes. Parmi eux figure le frère d'un des soldats appelés à défiler devant le raïs un mois plus tard, dans le stade où, pour des raisons de sécurité, a été cantonnée la parade militaire.

    L'assassinat d'Anouar el-Sadate (6 octobre 1981)Tandis que le président, debout, salue le passage des avions Mirage, un camion s'arrête devant la tribune, en simulant une panne. Un lieutenant en sort et lance une grenade fumigène.

    C'est le signal de l'assaut : des complices sortent du camion et courent vers la tribune en tirant à l'arme automatique et en criant : «Mort au pharaon !»

    Onze personnes sont tuées, y compris l'ambassadeur de Cuba ; 38 sont blessées, parmi lesquelles le président qui meurt peu après son arrivée à l'hôpital.

    Toute l'attention des gardes se porte sur le vice-président Hosni Moubarak, blessé à la main : il est extrait de la tribune en toute hâte car la continuité de l'État repose sur lui.

    Le drame s'est déroulé sous l'oeil du public et des caméras, dans une pagaille indescriptible. Anouar el-Sadate a été assassiné huit ans jour pour jour après le déclenchement de la guerre du Kippour qui lui avait apporté la légitimité et la gloire.

    André Larané

     

    Éphéméride du Jour 4:  Anouar el-Sadate meurt en plein triomphe - 6 octobre 1981

     

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    5 octobre 1908

     

    Annexion de la Bosnie-Herzégovine

     

     

    Le 5 octobre 1908, l'empire austro-hongrois annexe formellement la Bosnie-Herzégovine, une province ottomane qu'il occupait légalement depuis trente ans. C'est le début d'une succession de troubles qui vont agiter les Balkans et finalement mettre le feu à l'Europe entière.

    Alban Dignat
     

    Revendications antagonistes

    Chef Bachir-Bazouk (huile sur toile de Jean-Léon Gérôme, 1881)

    Peuplée de paysans slaves catholiques, orthodoxes ou musulmans, la Bosnie-Herzégovine s'était soulevée contre Constantinople en 1876. Mais la répression par de redoutables mercenaires albanais, les bachi-bouzouks, avait entraîné l'intervention des jeunes États slaves limitrophes.

    La Serbie et le Monténégro avaient ainsi déclaré la guerre à la Turquie ottomane avec l'intention de se partager la province rebelle en cas de victoire. La première lorgnait sur la Bosnie, une zone de montagnes et de forêts délimitée par la Save à l'Est et les Alpes dinariques à l'Ouest. Le second se serait satisfait de l'extrémité méridionale, le plateau karstique de l'Herzégovine.

    Le 27 avril 1877, la Russie était entrée à son tour en guerre contre l'empire ottoman, officiellement pour soutenir ses « frères slaves », plus sûrement pour s'emparer de Constantinople et des Détroits (le Bosphore et les Dardanelles), entre mer Noire et mer Égée, une artère vitale pour la marine russe et le développement économique de la Russie méridionale, la « Nouvelle Russie ».

    Défait, le sultan en avait appelé à l'arbitrage des grandes puissances et le congrès de Berlin de 1878 confie la Bosnie-Herzégovine à Vienne pour une durée de trente ans. La province connaît alors une longue période d'expansion économique, comme le reste de l'empire austro-hongrois.

    À l'approche de l'échéance, en 1908, voilà que le sultan doit faire allégeance à un groupe d'officiers nationalistes, les « Jeunes-Turcs ».

    Les Autrichiens craignent que le nouveau pouvoir ne remette en cause le statut de la Bosnie-Herzégovine et leur occupation. Ils s'inquiètent tout autant des visées du gouvernement serbe nationaliste issu du coup d'État de 1903, qui ne cache pas son ambition de réunir autour de Belgrade tous les territoires habités par des Serbes. 

    Acord mal fagoté

    Alois Lexa von Ährenthal (Gross-Skal, 27 septembre 1854 - Vienne, 17 février 1912)

    Alois von Aerenthal, le nouveau ministre austro-hongrois des Affaires étrangères, envisage alors une annexion formelle de la province. Sans perdre de temps, il verse une indemnité substantielle au gouvernement ottoman en échange de sa souveraineté sur la Bosnie-Herzégovine. 

    Puis il négocie un accord avec son homologue Alexandre Izvolski, ministre des Affaires étrangères de la Russie. Celui-ci, qui a le soutien du tsar, ne voit pas d'inconvénient à l'annexion à condition que son pays obtienne une compensation sous la forme d'un accès facilité aux Détroits.

    Les deux hommes se rencontrent le 16 septembre 1908 en Moravie, dans le château de l'ambassadeur autrichien à Saint-Pétersbourg, et mettent au point leur accord dans le plus grand secret.

    Quand le gouvernement de Vienne proclame officiellement l'annexion de la Bosnie-Herzégovine, c'est aussitôt une levée de boucliers à Belgrade mais aussi chez les dirigeants russes, qui y voient une violation du traité de Berlin de 1878.

    Izvolski, dans le même temps, se rend compte à Londres que les Britannique ne feront aucune concession aux Russes sur les Détroits. Décontenancé, il nie tout accord avec Aerenthal et exige une conférence internationale, ce qui ne fait qu'aggraver la crise et le ressentiment de ses concitoyens. C'en est fini des tentatives de rapprochement entre les diplomaties russe et autrichienne.

    Ferdinand 1er de Bulgarie, prince de Saxe-Cobourg-Gotha ( 26 février 1861, Vienne - 14 août 1948, Cobourg)

    Pour ne rien arranger, les Bulgares, dont le pays avait été constitué en principauté autonome inféodée à Constantinople au congrès de Berlin, profitent de l'émoi suscité par l'annexion de la Bosnie-Herzégovine pour proclamer leur complète indépendance.

    Le 6 octobre 1908, au cours d'une somptueuse cérémonie à Tarnovo, capitale du second empire bulgare (XIVe siècle), le prince se proclame tsar de Bulgarie sous le nom de Ferdinand 1er, à la grande irritation des Russes et des Austro-Hongrois, ainsi bien sûr que du gouvernement ottoman.

    En mars 1909, les Allemands calment enfin le jeu en faisant comprendre au gouvernement russe que les Autrichiens pourraient aller jusqu'à déclarer la guerre à la Serbie.

    Éphéméride du Jour 4:  Annexion de la Bosnie-Herzégovine - 5 octobre 1908

     

     

     

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    4 octobre 1830

     

    La Belgique s'émancipe sur un air d'opéra

     

     

    Territoire sans unité nationale, périodiquement disputé par toutes les grandes puissances européennes depuis le Moyen Âge, la Belgique proclame son indépendance le 4 octobre 1830. C'est l'aboutissement d'une insurrection fomentée à la sortie d'un opéra !

    Le nouvel État va s'ériger sous l'égide de la bourgeoisie francophone de Bruxelles.

    Fabienne Manière
     
     
    La Belgique à travers les âges

     

    Éphéméride du Jour 4:   La Belgique s'émancipe sur un air d'opéra - 4 octobre 1830

     

    Les Belges sont cités pour la première fois dans le compte-rendu de Jules César sur La Guerre des Gaules. Depuis cette date, il y a 2000 ans, ils ont connu bien des avatars sans jamais perdre leur spécificité : germaniques par un bout, romans par l'autre. En 1830 naît la Belgique sur un air d'opéra...

     

    Querelles de famille

    Après la Révolution française et la chute de Napoléon 1er, l'Angleterre impose au Congrès de Vienne (1814-1815) la réunion de la Belgique et de la Hollande (ex-Pays-Bas espagnols et Provinces-Unies) sous le nom de Royaume-Uni des Pays-Bas. Londres espère que cet État-tampon empêchera la France de se relancer à la conquête de l'Europe.

    Mais dans le nouveau royaume des Pays-Bas, les Belges ne cessent de se plaindre d'être traités en citoyens de second rang alors qu'ils ne sont pas moins de 3,5 millions face à 3 millions de Hollandais et que leur territoire est la partie la plus riche et la plus industrialisée du royaume.

    Il faut dire que 250 ans après la scission des Dix-Sept Provinces de Charles Quint et Philippe II de Habsbourg, les Belges ne se sentent guère d'affinités avec leurs cousins du nord.

    Catholiques, suite à la volonté de leurs anciens tuteurs espagnols et autrichiens, les Belges se distinguent des Hollandais, en majorité protestants de confession calviniste. Ils se montrent aussi bons vivants que les Hollandais paraissent austères, à l'image de leurs peintres Rubens, Jordaens ou les Brueghel, que tout oppose aux peintres du nord, Rembrandt ou Vermeer.

    La bourgeoisie belge parle français et regarde vers Paris tandis que les Hollandais cultivent la langue de leur terroir et gardent les yeux rivés vers le grand large, n'hésitant pas à gager leur fortune dans le commerce des épices.

    Le roi Guillaume 1er s'efforce de ne faire aucune différence entre les Belges et les Hollandais ; mais il connaît aussi de graves maladresses comme d'imposer le néerlandais dans l'armée le 1er janvier 1823. Au demeurant, son gouvernement ne compte qu'un Belge sur dix ministres.

     

    Une révolution d'opéra

    Les partisans de la séparation d'avec les Pays-Bas décèlent une note d'espoir dans la révolution des « Trois Glorieuses » (27-28-29 juillet 1830) qui remplace à Paris un monarque - Charles X - par un autre - Louis-Philippe 1er -.

    Le soir du 25 août 1830, à Bruxelles, le théâtre Royal (aujourdhui théâtre de la Monnaie) donne une représentation de La Muette de Portici. Cet opéra d'Auber raconte un soulèvement des Napolitains contre les troupes de Philippe IV d'Espagne.

    Quand le ténor Lafeuillade entonne le refrain : « Amour sacré de la patrie, rends-nous l'audace et la fierté » (*), le public s'enflamme et le reprend avec ferveur. La tension devient telle que des émeutes se produisent à la sortie du théâtre.

    Des représentants de la bourgeoisie se réunissent à l'Hôtel de ville et décident sans tarder de former une garde. Ils se donnent un drapeau tricolore avec les couleurs noir-jaune-rouge du Brabant, la région de Bruxelles. Certains souhaiteraient rattacher la Belgique à la France, comme au temps de la Révolution française. Mais cette éventualité est exclue par les chancelleries qui ne veulent pas que se reconstitue la France conquérante de 1792.

     

    La Brabançonne, hymne national belge

    Le ténor Lafeuillade, qui a mis le feu aux poudres, s'était déjà illustré en entonnant le 12 septembre 1830, sur les planches du théâtre Royal, durant l'entracte, un chant nouveau qui allait devenir l'hymne national belge : la Brabançonne. Son nom désigne la province de Bruxelles, le Brabant, et fait référence à la Révolution brabançonne de 1789.

    « Après des siècles d'esclavage,
    Le Belge sortant du tombeau
    A reconquis par son courage
    Son nom, ses droits et son drapeau.
    Et ta main souveraine et fière,
    Désormais, peuple indompté,
    Grava sur ta vieille bannière :
    Le roi, la loi, la liberté ! (...) »

    Un État en quête de définition

    À défaut de mieux, les insurgés suggèrent au roi Guillaume 1er une « séparation administrative » de la Belgique et des Pays-Bas. Dans cette hypothèse, les deux moitiés du royaume ne seraient plus unies que par une allégeance personnelle à la dynastie hollandaise d'Orange-Nassau.

    Le roi fait la sourde oreille à ces propositions modérées mais propose de réunir des états généraux à La Haye. Cependant, la révolte s'emballe dans la Wallonie francophone. Liège, Namur et plusieurs cités ouvrières se soulèvent au chant de la Marseillaise et en arborant les couleurs bleu-blanc-rouge de la France. Sous la pression de la bourgeoisie bruxelloise, les Wallons se rallient quelques jours plus tard aux couleurs du Brabant et adoptent la Brabançonne, l'hymne belge hâtivement composé pour la circonstance.

    À Bruxelles, les libéraux modérés qui tiennent l'Hôtel de ville sont débordés par le club révolutionnaire «La Réunion centrale» qu'anime un certain Charles Rogier, arrivé de Liège avec 300 volontaires.

    Le roi Guillaume 1er demande au prince Frédéric de marcher sur Bruxelles avec l'armée d'Anvers. Dans la ville, le 20 septembre, les insurgés s'emparent sans attendre des armes de la garde. Trois jours plus tard s'élèvent les premières barricades. L'armée se heurte aux insurgés dans le parc de Bruxelles. Elle reçoit finalement l'ordre de se retirer le dimanche 26 septembre.

    Le 27 septembre, les états généraux de La Haye votent la « séparation administrative »de la Belgique mais leur décision, trop tardive, est rejetée par le gouvernement provisoire qui s'est entre-temps constitué à Bruxelles.

    Celui-ci proclame l'indépendance des « provinces belgiques » et, une semaine plus tard, convoque un Congrès national en vue de donner une constitution au nouvel État. 

    Il s'agit du premier accroc aux traités de Vienne de 1815 qui ont mis fin à l'ère napoléonienne et tenté d'instaurer un nouvel ordre européen. Le tsar de Russie est d'ailleurs un moment tenté d'intervenir militairement pour restaurer l'autorité du pouvoir légitime au nom des préceptes de la Sainte-Alliance. Il y renonce, étant embarrassé de son côté par l'agitation en Pologne.

     

    Un roi pour les Belges

    Le roi Guillaume 1er obtient l'ouverture d'une conférence internationale.

    Cette conférence des grandes puissances (Angleterre, Autriche, Prusse, France, Russie) se réunit à Londres le 4 novembre 1830.

    Le représentant de la France n'est autre que l'inusable prince Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (77 ans).

    Il propose, en vain, un partage de la Belgique entre la France et les Pays-Bas. Mais, à l'instigation du ministre anglais des Affaires étrangères, Lord Henry Palmerston, la conférence s'incline devant le fait accompli.

    Entretemps, à Bruxelles, le 10 novembre 1830, s'ouvre le Congrès national belge, au son du bourdon de la collégiale des Saints-Michel-et-Gudule. Le 18 novembre 1830, ses cent-quatre-vingt-huit membres votent et proclament officiellement l'indépendance de la Belgique. 

    Quatre jours plus tard, ils votent sur le choix du régime et se prononcent à une très large majorité pour une monarchie constitutionnelle. C'est qu'ils ne veulent pas effrayer leurs voisins qui, tous, ont des régimes de ce type et ont gardé de la Révolution française une franche horreur du régime républicain.

    Le 20 décembre 1830, une motion reconnaît la séparation de la Belgique d'avec le royaume des Pays-Bas.

    Le 20 janvier 1831, les conférenciers réunis à Londres entérinent solennellement l'indépendance et la neutralité du nouvel État belge.

    L'article 5 du protocole N11 signé ce jour énonce : « La Belgique, dans ses limites telles qu'elles seront arrêtées et tracées conformément aux bases posées dans les articles 1, 2 et 4 du présent protocole, formera un état perpétuellement neutre. Les cinq puissances lui garantissent cette neutralité perpétuelle, ainsi que l'intégrité et l'inviolabilité de son territoire dans les limites mentionnées ci-dessus ».

    La conférence octroie au nouveau pays les frontières qui étaient celles des Pays-Bas autrichiens en 1790, à la veille de la Révolution française. Le grand-duché du Luxembourg demeure une possession personnelle du roi de Hollande Guillaume 1er.

    À Bruxelles, le Congrès national belge se réjouit de l'indépendance mais conteste les frontières. Il lorgne sur le Luxembourg et les bouches de l'Escaut. En attendant que soit dénouée la question, il inaugure le 7 février 1831 la Constitution. Il décide aussi d'asseoir la légitimité du nouvel État en lui donnant un monarque, selon une habitude inaugurée au temps de Napoléon 1er.

    Sollicité par les Belges, le jeune duc de Nemours (16 ans), second fils de Louis-Philippe 1er, roi des Français, refuse la couronne pour ne pas irriter les autres pays, inquiets de tout ce qui pourrait ressembler à une extension d'influence de la France.

    Léopold, prince héréditaire de Saxe-Cobourg-Saafeld, est alors pressenti par les Anglais. Le 4 juin 1831, le prince, qui a refusé quelques semaines plus tôt la couronne de Grèce, est finalement élu roi des Belges par le Congrés national, sous le nom de Léopold 1er.

    Le 21 juillet 1831, il est accueilli triomphalement à Bruxelles et prête serment sur la Constitution (l'anniversaire de cet événement est devenu fête nationale).

    Léopold 1er, mort en 1865, et son fils Léopold II, mort en 1909, vont avec habileté louvoyer entre les grandes puissances pour assurer la viabilité du royaume. Mais eux-mêmes et leurs enfants souffriront dans leur chair des arrangements imposés par la raison d'État (mariages malheureux, débauches...).

    Leur descendance règne encore à Bruxelles en la personne du roi Philippe 1er, dans un style heureusement plus décomplexé, plus souriant, en un mot plus « belge ».

     

    Un siècle monarchiste

    En Belgique comme dans l'ensemble de l'Europe post-révolutionnaire du XIXe siècle, la bourgeoisie dirigeante ne conçoit pas de gouvernement autre que monarchique (la Suisse est l'exception à la règle), avec une Constitution à la clé et un suffrage censitairequi tient les pauvres à l'écart des urnes (seuls ont le droit de vote les citoyens qui sont assez riches pour payer un certain montant d'impôt, le cens). Elle est hostile au suffrage universel car elle craint que les masses illettrées des campagnes n'accordent leurs suffrages aux notables locaux (curés et aristocrates).

    C'est à cette époque que le terme république, précédemment synonyme d'État, en vient à désigner strictement un État non-monarchique.

    Rien à voir avec le Moyen Âge où les dynasties royales, tantôt héréditaires, tantôt électives, cohabitaient avec des gouvernements oligarchiques en Suisse, en Italie ou encore en Allemagne... En dépit des idées convenues, le Moyen Âge occidental, avec ses villes indépendantes, ses républiques paysannes ou urbaines et ses monarchies électives, était moins monarchique et plus « démocratique » que l'Europe continentale du début du XIXe siècle !

    Les deux premiers rois des Belges illustrent le mal-être de cette aristocratie bourgeoise, autrement plus coincée que l'aristocratie du siècle précédent (le XVIIIe).

    Précaire neutralité

    Sans tarder, Léopold de Saxe-Cobourg use de son influence pour obtenir de la conférence une rectification des frontières à l'avantage de la Belgique. C'est ainsi que le Congrès national approuve le 9 juillet 1831 le traité dit des XVIII articles. Il assure à la Belgique l'accès aux bouches de l'Escaut. Les Hollandais protestent et reprennent la guerre.

    Par la Campagne des Dix Jours, en août 1831, ils pénètrent en Belgique et n'ont aucun mal à écraser l'armée belge improvisée de bric et de broc. Le roi, l'un des rares militaires de métier de cette armée, a le plus grand mal à mobiliser ses troupes. Heureusement, l'armée française barre la route de Bruxelles aux Hollandais et ils n'insistent pas.

    Le 14 octobre 1831, le traité des XXIV articles règle la question des frontières en donnant à la Belgique la partie wallonne du Luxembourg et aux Pays-Bas les bouches de l'Escaut et le Limbourg. La Belgique accepte le traité mais les Pays-Bas quant à eux le rejettent. Les relations entre les deux pays restent tendues.

    Léopold 1er demeure consterné par sa mésaventure militaire et en conçoit un mépris aigu pour ses nouveaux compatriotes. Il est un moment tenté d'abdiquer mais se ravise. Finement, il demande à Louis-Philippe 1er la main de sa fille Louise-Marie. Elle a 19 ans, il en a 42 mais qu'importe, la raison d'État doit primer. Le mariage, conclu à Compiègne le 9 août 1832, consolide le royaume. Avec un roi allemand et anglophile, marié à une princesse française, il n'a plus à craindre d'être absorbé par ses voisins.  

    En décembre 1832, avec l'aide de la France et de l'Angleterre, les Belges récupèrent la forteresse d'Anvers. Les représentants des cinq Puissances ainsi que des Pays-Bas et de la Belgique se retrouvent enfin à Londres le 19 avril 1839 pour la signature d'un traité dit quintuple par lequel les Pays-Bas entérinent le traité des XXIV articles. L'ensemble des signataires réaffirment par ailleurs la neutralité de la Belgique.

    La violation de cette neutralité par les Allemands, le 4 août 1914, motivera l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne aux côté de la France et de la Russie.

    Bibliographie

    Sur la Belgique ou plutôt ses rois, on peut lire avec plaisir : La spectaculaire histoire des rois belges (Patrick Roegiers, 2007, Tempus, Perrin). L'auteur brosse avec beaucoup d'allant et d'humour le destin contrasté des six premiers souverains. Notons toutefois qu'il se délecte de leurs tracas intimes bien plus qu'il ne met en lumière leur action publique.

    Éphéméride du Jour 4:   La Belgique s'émancipe sur un air d'opéra - 4 octobre 1830

     

     

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    3 octobre 610

     

    Héraclius devient empereur de Byzance

     

     

    Le général Héraclius prend le pouvoir à Constantinople le 3 octobre 610 dans une période très critique de l'Empire romain d'Orient. La capitale elle-même est menacée au nord par les Avars (ou Avares), des Barbares qui ont traversé le Danube, et au sud par les Perses sassanides.

    Dans le même temps, des tribus slaves s'infiltrent de façon paisible dans les régions dépeuplées de la péninsule grecque où elles adoptent très vite la langue locale (de ces Slaves descendent beaucoup d'habitants de la Grèce actuelle).

    Combat entre les Byzantins de l'empereur Maurice et les Persans de l'usurpateur Bahram Chobin en 591 (d'après une miniature persane de la BNF)

     

    De Constantinople à Byzance

    L'empire romain d'Orient, dernier vestige de l'ancien empire romain, est sur le point de succomber à ces différentes agressions quand survient Héraclius. Ce général très doué de 35 ans est le fils de l'exarque, c'est-à-dire du gouverneur, qui dirige à Carthage les provinces grecques d'Afrique du nord.

    Héraclius débarque avec ses troupes sur les rives du Bosphore, renverse le tyran Phocas, le met à mort ainsi que sa famille. Il prend sa place sur le trône de Constantinople.

    Sous son règne, l'Empire romain d'Orient se transforme en Empire «byzantin». Ce qualificatif dérive de l'ancien nom grec de la capitale (Byzance).

    L'antique administration des provinces, fondée sur la séparation des pouvoirs civil et militaire, est abolie au profit d'une nouvelle entité, le thème. Le thème est dirigé par un stratège qui regroupe entre ses mains tous les pouvoirs. Enfin, à la cour du nouvel empereur, la langue grecque se substitue au latin.

    Héraclius lui-même supprime les titres de césar et auguste hérités de la Rome antique. Il renonce à l'emploi du terme latin imperator dont nous avons fait empereur et qui désignait à Rome la personne dotée du commandement militaire suprême, l'imperium. L'empereur se donne le titre de «basileus» par lequel les Grecs désignaient habituellement le Grand Roi des Perses.

     

    Constantinople et l'empire byzantin

     

    Éphéméride du Jour 4:  Héraclius devient empereur de Byzance - 3 octobre 610

    Alexandre le Grand unifie brièvement le Moyen-Orient, de la péninsule des Balkans à l'Indus, ce qui ne se reproduira plus jamais dans l'Histoire...

    Après lui, Rome et Byzance vont à leur tour occuper la région mais sans jamais dépasser l'Euphrate, à l'Est. Au-delà perdure l'antique civilisation perse... Les cavaliers arabes mûs par leur foi en l'islam vont balayer cet ordre antique en quelques décennies...

    La menace perse

    Pendant qu'Héraclius s'installe tant bien que mal à Constantinople, les Perses de l'empereur Chosroès II, de la dynastie sassanide, en profitent pour envahir l'Arménie d'une part et assiéger Jérusalem d'autre part.

    La Ville sainte tombe le 5 mai 614 aux mains des Perses. La population, qui prétendait résister malgré les négociations entamées entre le général perse Schahrbaraz et le patriarche Zacharie, est massacrée ou chassée. Les prisonniers, 35.000 environ, sont vendus comme esclaves. Les églises sont brûlées, y compris l'église de la Résurrection. La relique de la Vraie Croix, installée là par Hélène, mère de Constantin 1er, est emmenée à Ctésiphon, au coeur de l'empire sassanide.

    Poursuivant leur avance, les Perses conquièrent l'Égypte et menacent directement le coeur de l'empire byzantin.

    Lutte à mort

    Assuré de son pouvoir sur Constantinople, Héraclius se prépare à lutter contre les envahisseurs qui, au nord comme au sud, réduisent son empire comme peau de chagrin.

    Dans un premier temps, en 617, il repousse les Avars au nord. Puis il se retourne contre les Perses au sud. C'est une «croisade» avant la lettre qu'il organise contre ces ennemis qui professent la religion mazdéiste. Il mobilise son peuple, fait lire des proclamations enflammées dans les églises et encourage chacun à faire don de ses bijoux et de son or pour financer les campagnes futures.

    Tandis que Chosroès II l'attend au Proche-Orient, Héraclius fonce avec son armée jusqu'en Mésopotamie, au coeur de la Perse.

    Chosroès, pris de court, se dirige quant à lui vers Constantinople et, concluant une alliance de circonstance avec les Avars, il assiège la deuxième Rome. Sous la direction énergique du patriarche Sergius, celle-ci résiste tant et si bien que les assaillants, de lassitude, se retirent le 8 août 626.

    Entre temps, Héraclius poursuit, non sans peine, son combat en Mésopotamie. Le 12 décembre 627, il remporte une victoire sous les murs de Ninive. Il fait une entrée triomphale dans la capitale sassanide, Ctésiphon, d'où s'est enfui Chosroès. Celui-ci meurt peu après, assassiné par son propre fils.

     

    Héraclius défait l'empereur perse Chosroès II (icône byzantine, Musée du Louvre, Paris)

    Héraclius profite de son équipée pour reprendre la relique de la Vraie Croix et la ramener à Jérusalem.

    La lutte à mort entre l'empire byzantin et son rival perse se termine en apparence par la victoire du premier. En réalité, elle fait le jeu d'un nouveau venu sur la scène méditerranéenne, l'islam. Le conflit entre Grecs et Perses laisse le Proche-Orient et l'Égypte sans véritable gouvernement.

    Après l'élimination des Perses qui assuraient à ces territoires une relative stabilité politique, les habitants, en majorité des chrétiens de la mouvance monophysite, se retrouvent délaissés par leur nouveau maître, l'empereur de Constantinople, chrétien mais de la mouvance orthodoxe rivale.

    Héraclius est davantage préoccupé par les menaces d'invasion sur la frontière du Danube que par le sort de ses lointains sujets orientaux.

     

    Désastre face aux Arabes

    C'est le moment où débouchent du désert d'Arabie les armées musulmanes animées par la foi que leur a léguée Mahomet, mort quelques années plus tôt, en 632.

    Le 20 août 636, une armée byzantine est écrasée par l'armée arabe de Khalid ibn al-Whalid dans la vallée du Yarmouk, en Palestine, au sud du lac de Tibériade. Suite à cette victoire, les Arabes enlèvent en un tournemain les provinces orientales que les Grecs avaient reconquises à grand-peine sur les Perses (Palestine, Syrie, Mésopotamie). Les habitants, lassés par les guerres entre Grecs et Perses et les querelles théologiques, se soumettent sans trop de résistance aux nouveaux venus.

    Les Arabes conquièrent un peu plus tard l'Égypte. Le 17 septembre 642, Alexandrie ouvre ses portes aux armées d'Amr ibn al-Ac, l'un des généraux du calife Omar.

    Héraclius est mort quelques mois plus tôt à Constantinople, le 10 février 641, sans doute sans avoir conscience du désastre dans lequel il laissait son empire.

    Les nouvelles frontières de l'empire grec coïncident désormais avec le domaine originel de la culture grecque, à savoir le sud de la botte italienne, autour de Tarente, la péninsule grecque (la Grèce actuelle) et la Thrace, autour de Constantinople, enfin l'ouest de l'Asie mineure (la Turquie actuelle).

    André Larané
     
     
    La fin de l'Antiquité

    L'avènement d'Héraclius (610) et l'Hégire (622) marquent la fin véritable de l'empire romain et de l'Antiquité.

    C'est l'époque où l'empire romain d'Orient se transforme en empire grec ou byzantin. Renonçant à une illusoire reconquête de l'Occident, les successeurs d'Héraclius concentreront désormais tous leurs efforts dans la lutte contre les envahisseurs venus d'Orient : Arabes, Turcs... C'est aussi l'époque où l'Europe occidentale, dominée par les rois barbares, entre dans la période la plus noire de son histoire.

    En Gaule et sur le Rhin, les rois mérovingiens qui succèdent à Clovis et Dagobert s'avèrent si insignifiants que la postérité les qualifiera de rois fainéants. Mais le pape Grégoire 1er le Grand, par ses réformes et son audace, préfigure déjà le renouveau de l'Europe.

    La péninsule arabe et l'Orient romain et persan sont bouleversés par l'expansion militaire de l'islam. En quelques décennies, la religion de Mahomet, contemporain d'Héraclius, se répand des Pyrénées aux portes de la Chine. Cet événement majeur coupe en deux moitiés rivales le monde méditerranéen qu'avaient unifié les Romains. La ruine du commerce méditerranéen accélère la décadence du réseau urbain hérité de Rome.

    En Occident, les centres de pouvoir se transfèrent du Midi vers le bassin rhénan, berceau de Charles Martel, Pépin le Bref et Charlemagne. Il faudra attendre les Croisades, un demi-millénaire plus tard, pour que l'Occident rétablisse des liens réguliers avec l'Orient.

    À l'autre extrémité de l'Eurasie, la Chine se relève d'une longue décadence grâce à un nouvel empereur, Li Che-min, qui fonde la dynastie des T'ang et rompt avec le passé.

    NB : la tradition qui désigne l'année 476 comme marquant la fin de l'Antiquité n'a aucune signification historique en-dehors de l'Europe occidentale (cette année-là se signale simplement par la déposition à Ravenne, en Italie, d'un enfant-empereur sans pouvoir). Cette tradition trouve son origine dans la volonté des historiens français du XIXe siècle de faire remonter les origines de leur pays à Clovis, un chef franc qui vécut à cette époque (vers 465-511).

     

    Éphéméride du Jour 4:  Héraclius devient empereur de Byzance - 3 octobre 610

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    2 octobre 1935

     

    L'Italie attaque l'Éthiopie

     

     

    Le 2 octobre 1935, Mussolini annonce son intention d'envahir l'Éthiopie sur un fallacieux prétexte.

    Ce pays africain, aussi appelé Abyssinie, est gouverné par un empereur ou négus du nom de Haïlé Sélassié 1er. Chrétien de rite copte comme la majorité de ses sujets, il se flatte de descendre de la reine de Saba et du roi d'Israël Salomon.

    L'Éthiopie est le seul pays d'Afrique qui ait jusque-là échappé à toute forme de colonisation européenne. Elle fait même partie depuis 1923 de la Société des Nations. L'organisation supranationale, en condamnant l'agression, va pousser le dictateur italien à se rapprocher de Hitler.

    André Larané
     
     
    Prétexte

    L'affaire débute par une joute diplomatique. Mussolini prétexte de l'agression d'inspecteurs italiens, quelques mois plus tôt, le 23 novembre 1934, aux confins de la colonie italienne de Somalia et de l'Éthiopie.

    Le négus Haïlé Sélassié 1er riposte en dénonçant pour sa part une incursion de militaires italiens à Walwal, à une centaine de kilomètres à l'intérieur de ses frontières. Il a saisi la Société des Nations.

    La SDN, qui a pour vocation de maintenir la paix entre ses membres, se trouve mise à l'épreuve pour la première fois de son existence. Elle nomme une commission d'arbitrage. Celle-ci renvoie les deux plaignants dos à dos le 3 septembre 1935. Mais le Duce italien n'a cure de son avis ! Il est de toute façon décidé à envahir l'Éthiopie.

    Il veut offrir à son pays un empire colonial digne de son rang et n'a pas d'autre solution pour cela que d'attaquer le seul État africain qui ait échappé à la colonisation européenne. Il veut par la même occasion venger une humiliante défaite des armées italiennes face aux Éthiopiens du négus Ménélik, à Adoua, le 1er mars 1896.

    La guerre !

    C'est ainsi que le 2 octobre 1935, le Duce adresse un discours belliqueux aux Italiens et leur annonce sa décision d'envahir l'Éthiopie. Dès le lendemain, sur son ordre, dix divisions appuyées par les chars et l'aviation - au total 400.000 hommes - se ruent sur ce pays misérable et le prennent en tenaille à partir des colonies italiennes de Somalia et d'Érythrée.

    Malgré des bombardements brutaux et l'usage de l'ypérite et du phosphore, malgré les massacres de populations civiles, malgré également la trahison de certains seigneurs du Sud hostiles à l'empereur, il faudra plusieurs mois aux troupes fascistes pour venir à bout de la résistance éthiopienne.

    Les Italiens s'emparent successivement d'Axoum, Adoua et Maklli.

    Le 15 avril 1936, Dessié, quartier général du négus, tombe entre leurs mains. Le 2 mai 1936, le maréchal Badoglio, chef des armées d'Afrique, pénètre enfin à Addis-Abéba, la capitale. Le 5 mai, Rome annexe officiellement le pays africain cependant que, la veille, le négus a gagné Genève, siège de la SDN, via Djibouti et Jérusalem.

     

    L'invasion de l'Éthiopie par les armées italiennes

     

    Éphéméride du Jour 4:  L'Italie attaque l'Éthiopie - 2 octobre 1935


    Cette carte montre les différentes offensives italiennes destinées à prendre en tenaille l'Abyssinie avec un objectif : la capitale Addis-Abéba...

    Le 9 mai, le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d'Éthiopie et, le 1er juin, Mussolini peut annoncer à Rome la naissance de l'« Africa Orientale Italiana ».

    L'occupation italienne n'ira pas sans mal et dès février 1937, le vice-roi Graziani fera l'objet d'une tentative d'assassinat qui se soldera par une vague de terreur et plusieurs milliers d'exécutions.

     

    Fatal enchaînement

    L'agression de l'Éthiopie porte un rude coup à la paix dans le monde et rompt l'équilibre précaire né du traité de Versailles. Conséquente avec elle-même, la SDN condamne l'Italie dès le début de l'agression et, le 5 octobre 1935, demande à la France et à l'Angleterre d'appliquer à son encontre des sanctions économiques.

    Les gouvernements français et anglais (qui possèdent eux-mêmes d'immenses empires coloniaux !) s'exécutent avec réticence. Ils répugnent à se brouiller avec le Duce à un moment très critique pour l'Europe.

    En France, les partis de gauche comme de droite se refusent à sanctionner une violation du droit international pour complaire à « un amalgame de tribus incultes » (sic).

    Une pléiade d'intellectuels et d'académiciens (Thierry Maulnier, Pierre Gaxotte, Marcel Aymé...) dénoncent la « fureur d'égaliser » et des sanctions qui « n'hésiteraient pas à déchaîner une guerre universelle, à coaliser toutes les anarchies, tous les désordres, contre une nation [l'Italie] où se sont affirmées, relevées, organisées, fortifiées depuis quinze ans quelques-unes des vertus essentielles de haute humanité ».

    En Italie, la condamnation de la SDN a l'effet paradoxal de souder la population autour du Duce. Le vieux pape Pie XI (78 ans) commet lui-même l'erreur de visiter une exposition consacrée à la conquête et de saluer l'expansion italienne (aux dépens de l'Éthiopie chrétienne !). Son Secrétaire d'État, Eugenio Pacelli, futur Pie XII, tente de minimiser la portée de sa déclaration.

    Peu après l'occupation de l'Éthiopie, le négus Haïlé Sélassié vient plaider la cause de son pays à Genève, devant les délégués de la SDN. Le 30 juin 1936, le petit homme frêle tout de blanc vêtu fait une grande impression sur les délégués et sur l'opinion publique mais n'entraîne aucune décision en sa faveur. Au contraire, inquiète pour la paix en Europe, la SDN lève les sanctions contre l'Italie le 4 juillet 1936. Trop tard. Mussolini est déjà en voie de se rapprocher de Hitler. -

     

    Éphéméride du Jour 4:  L'Italie attaque l'Éthiopie - 2 octobre 1935

     

     

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