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    Gorges du Verdon : le plus beau

    des vertiges

     

    Par Hughes Derouard
    source : Hors série - France sauvage
     

    Si vous vous pensez insensible au vertige, mettez-vous à l’épreuve dans les gorges du Verdon.  Nulle part en France, on ne connaît l’effarante sensation de vide autant que dans les hautes gorges du Verdon… Quelle émotion !

    falaises et gorges du Verdon

    Les gorges du Verdon : le plus grand canyon d’Europe, gigantesque échancrure d’une vingtaine de kilomètres, courant du pont de Tusset jusqu’à celui de Galetas, aux confins de la grande nappe verte du lac de Sainte-Croix.

    les gorges du Verdon

    Le vert émeraude du torrent, le blanc des falaises, les verts profonds de la végétation et le bleu du ciel… les couleurs du Verdon sont fièrement hissées. Ce prodige minéral resté très sauvage a été patiemment creusé, façonné, pourfendu à l’ère quaternaire par les eaux musculeuses d’un torrent. 

    Le plus grand canyon d'Europe

    La meilleure manière d’apprécier les gorges consiste à suivre en voiture les routes qui en longent le bord extrême, entre Castellane et le lac de Sainte-Croix, via les Balcons de la Mescla et la Corniche Sublime. C’est en franchissant, l’une après l’autre, les clues de la porte Saint-Jean et celle de Chasteuil que vous pénétrez dans un univers de démesure, où par leurs élancements, les structures géométriques des roches accentuent l’aspect surnaturel des lieux. Au pont de Soleils, il faut passer sur la rive gauche du Verdon et quitter le canyon momentanément. Suivez son afluent, le Jabron, et guettez, sur la droite, l’étroite route D90 qui mène au joli village de Trigance et son château médiéval. Le coup d’oeil est superbe, mais que dire des lacets qu’il faut ensuite négocier pour revenir vers le Verdon, via la D71, dite route des Balcons de la Mescla ?

    sentier imbut

    Le sentier Blanc-Martel

    Le dernier lieu a avoir été exploré en France est le canyon du Verdon. Ce fut en 1905 lorsque le ministère de l’Agriculture envisagea de noyer les gorges, dans le but de créer une réserve d’eau destinée à arroser les cultures maraîchères irriguées la Durance dans les périodes d’étiage. Cette mission fut confiée à un groupe, mené par des locaux, dont Edouard-Alfred Martel (1859-1938), avec à sa tête Isidore Blanc, instituteur à Rougon. Vous penserez à eux si vous vous aventurez sur le sentier, baptisé de leur nom, au fond des gorges, sur le GR4. Si vous vous sentez assez en forme pour parcourir ses 14 kilomètres, comptez 6 à 7 heures de crapahutage entre le Point Sublime et le chalet de la Maline.

    L'arrivée au lac de Sainte-Croix

    le pont de Galetas et le lac Sainte-Croix

    Depuis le belvédère de Galetas, le regard plonge sur le pont de Galetas, entrée sur le lac de Sainte-Croix.

    pont sur le lac de Sainte-Croix

    Le pont de Galetas (au premier plan) est le point de repère pour les adeptes du canoë car il marque l’entrée des gorges, lorsque l’on quitte les eaux calmes du lac de Sainte-Croix. Avec une superficie de 2 200 hectares, Sainte-Croix est le troisième plus grand lac de France, mis en eau en 1973.

    D'incroyables points de vue

    Dès que Verdon réapparaît, vous êtes dans l’univers le plus fou que vous puissiez imaginer. Sur le pont de l’Artuby, le coup d’oeil sur le vide est affolant. Mais tout de suite après, dans les tunnels du Fayet, à une seule voie, vous voici inquiet de voir arriver une autre voiture en face de vous ! Ensuite commence la route de la Corniche Sublime. Peut-être aurez-vous de la peine à vous concentrer sur la conduite, tant votre attention sera sollicitée par le paysage… À chaque belvédère, vous vous arrêterez pour l’admirer tranquillement. Ainsi, au niveau de la Falaise des Cavaliers, sachez qu’à vos pieds, au fond du canyon, serpente un itinéraire de randonnée dit sentier de l’Imbut, tandis que sur l’autre rive en en amont se trouve le célèbre sentier Martel (voir encadré).

    lac Sainte-CroixLe Verdon se trouve dans un Parc naturel régional, un territoire exceptionnel et fragile qu'il est important de préserver.

    Le cirque de Vaumale marque le point où on approche le lac de barrage de Sainte-Croix. Et c’est ici que vous entamez la descente, par une forte pente et des lacets serrés. À mi-descente vous attend Aiguines, dont le château carré aux tours d’angles rondes et coifées de tuiles vernissées domine le lac. Prenez le temps d’explorer les ruelles du village avant de reprendre la route. La vue sur le lac s’élargit et bientôt vous rejoignez la route qui le longe. En tournant à droite, vous atteindrez le village de Moustiers-Sainte-Marie et la route qui vous permet, si vous le souhaitez, de revenir à Castellane par la rive droite du Verdon : de nouveaux coups d’oeil vertigineux vous attendent !

    Hautes et basses gorges du Verdon

    Parce que la rivière a fait l’objet d’un spectaculaire aménagement hydroélectrique dans les années 1950, on distingue aujourd’hui deux ensembles de gorges, situées de part et d’autre du lac de barrage de Sainte-Croix. Trois kilomètres en aval du lac de Sainte-Croix, un second lac a été formé par le barrage du Quinson : là commencent les basses gorges, qui s’achèvent sur le lac de Gréoux. Moins spectaculaires que les hautes gorges, elles méritent cependant le détour, notamment vers Esparron-de- Verdon. Encore quelques kilomètres après Gréoux-les-Bains, le Verdon débouche sur la Durance, dix kilomètres en aval de Manosque.

     

    Nature en Images 3:  Gorges du Verdon : le plus beau des vertiges

     

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    Lerins : des îles au goût de paradis

     

    Par Joël Chaboureau
    source : Détours en France
     

    Détachées du continent, ces deux îles de la côte méditerranéenne, à deux pas de Cannes et de la Croisette, sont autant de havres de paix dépaysants. Des petits jardins d’Eden qui, même à l’heure des touristes, gardent une atmosphère rare, hors du temps, un peu sauvage.

    Sainte-Marguerite, le jardin sur la mer

    île Ste-Marguerite étang bateguier

    Depuis la Croisette, le bateau met le cap sur la tourelle Batéguier, annonciatrice de l’arrivée. Sainte-Marguerite semble un gros caillou couvert de pins et d’eucalyptus centenaires qui distillent cette odeur si caractéristique et attachée à ce coin de Méditerranée. Avec ses trois kilomètres de long sur 800 m de large, cette île est grande comme un mouchoir de poche. Son « village » et ses quelques maisons et cabanons possède un débarcadère.
    Côté nature, il faut parcourir le sentier botanique qui serpente à travers le maquis, garde manger des animaux de l’île (faisans, lapins, écureuils, hérissons et couleuvres…) qui présente des panneaux pédagogiques. A l’extrémité ouest de l’île, la pointe du Batéguier, où se love une étroite plage, possède un inattendu réservoir, l’étang du Batéguier : grand cormoran, sterne pierre-garin et une nuée d’oiseaux marins s’y ébattent avec insouciance. Cette partie de l’île est la plus propice à la baignade avec ses criques de sable ou de galets.

    fort royal

    Côté patrimoine, c’est le fort Vauban (qui a utilisé un bâti réalisé au XVIIe par Richelieu) qui nécessite une visite. Village dans le village, ce monument historique classé a abrité du temps de sa splendeur château, prisons (c’est là, dit-on, qu’aurait été incarcéré le fameux Masque de fer, supposé frère adultérin de Louis XIV ou membre de la haute noblesse qui aurait trahi le Roi soleil), four, hôpital, jardins, casernes, poudrières, logements…

    Saint-Honorat, l’île du silence

    îles Lérins

    Séparée de sa voisine par un chenal, le plateau du Milieu, la deuxième île de l’archipel de Lérins ne s’aborde pas sans une envie profonde de trouver la paix. Malgré ses dimensions lilliputiennes (1,5 km de long pour 400 m de tour de taille), l’île impose d’emblée le calme, voire un certain recueillement à l’hôte de passage. De nos jours, l’île appartient à une trentaine de moines cisterciens qui cultivent un peu plus de sept hectares, produisent une trentaine de milliers de bouteilles de rouge et de blanc de belle renommée et fabriquent un nectar liquoreux (la Lérina). Concoctée avec 44 plantes aux propriétés digestives, il est élaboré selon une recette gardée secrète.

    L'abbaye de LérinsL'abbaye de Lérins sur l'île Saint-Honorat.

    Les visiteurs peuvent parcourir librement l’île et accéder à l’église monastique. Mais le plus fameux monument à visiter est l’ancien monastère fortifié. Au premier niveau s’offre un cloître minuscule – avec un puits de récupération d’eau de pluie – surmonté d’une galerie et d’un second cloître. Le bâtiment riche de chapiteaux sculptés, de salles voûtées, de terrasses, réserve à l’abri de ses mâchicoulis et créneaux une vue panoramique sur l’île et le monastère actuel.

    Pour faire le tour de l’île (compter deux heures sans se presser), il faut suivre les allées boisées du « chemin de ronde » qui borde au plus près des récifs de calcaire d’un blanc éclatant. Il ne faut pas oublier que l’heure du retour sur le contient va bientôt sonner. Hormis les plaisanciers nombreux à mouiller au large, nul ne peut dormir dans ce petit paradis à moins que l’on n’ait décidé d’accomplir une véritable retraite spirituelle dans l'abbaye de Lérins (à condition de faire acte de candidature au moins deux mois à l’avance).

    Renseignements

    Office de tourisme de Cannes au 04 92 99 84 22
    Navettes pour rejoindre les îles depuis Nice ou Cannes, la Compagnie maritime Trans Côte d'Azur 

     

    Nature en Images 3:  Lerins : des îles au goût de paradis

     

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    La Camargue : une terre entre ciel et mer

     

    Par Hughes Derouard
    source : Hors série - France sauvage
     

    La Camargue, ses lumières extraordinaires, sa faune étonnante et son ambiance si particulière. C'est parti pour la balade.

    Flamands roses en Camargue

    La Camargue est née du grand fleuve qui, avant de se jeter dans la Méditerranée, traverse un vaste pays très plat. Si horizontal qu’avant les aménagements conçus pour le rendre navigable, le Rhône ne possédait pas une vitesse suffisante pour charrier ses alluvions jusqu’à la mer. Ses eaux s’éparpillaient en un réseau de bras, d’étangs et, au bord de la mer, de lagunes.

    La Camargue : un vaste delta, remodelé sans cesse par les crues provoquées par les orages cévenols, ou par l’invasion de la Méditerranée lors des tempêtes d’hiver. 

    Le delta aux deux cours

    Aujourd’hui, ce delta se compose de deux cours d’eau : le Grand-Rhône, qui se jette dans la mer près du golfe de Fos, et le Petit-Rhône, dont l’embouchure se situe près des Saintes-Maries-de-la-Mer. Entre les deux s’étend la Grande Camargue où alternent des zones de vase dure gorgée de sel (les sansouires), de pâtures, de marais et d’étangs. C’est dans ce milieu en vérité inhospitalier que vivent, en liberté, les taureaux et les chevaux immortalisés par Crin-Blanc.

    flamants roses sur l'étang de Vaccarès

    Situé dans le delta du Rhône dont il contrôle les eaux, l’étang de Vaccarès, surnommé la « Grand Mar » par les Camarguais, est entouré à gauche par le Petit-Rhône et, à droite par le Grand-Rhône, tandis qu’au sud la Méditerranée le borde. Sur cette réserve naturelle qui s’étire sur 12 kilomètres de longueur et recouvre 6 500 hectares, une importante population de flamants roses a élu domicile.

     

    Les emblématiques flamants roses de Camargue

    flamants roses camargue

    Une autre image forte de la Camargue est celle des flamants roses. Certains sont sédentaires, tandis que d’autres vont et viennent entre l’étang du Fangassier (principalement) et l’Afrique.

    Observer la faune camargaise sur l'étang de Vaccarès

    Mais les gracieux volatiles ne sont que les plus visibles des 280 espèces d’oiseaux répertoriées en Camargue ! Il suffit de s’installer derrière une paire de jumelles sur un observatoire de la Capelière (au bord de la D 36b, là où elle longe la partie orientale de l’étang de Vaccarès), pour observer par dizaines les hérons, les aigrettes, les martins-pêcheurs, les cigognes noires…

    Site hautement emblématique, le Vaccarès se confond avec l’ensemble d’étangs qui constituent la réserve naturelle zoologique et botanique de Camargue. Un milieu qu’on ne peut réellement approcher qu’à cheval, dans la meilleure tradition gardiane.


    De l’autre côté de l’étang, vers le mas de Cacharel, le sentier du Vaccarès longe les étangs des Impériaux et de Vaccarès jusqu’au pont de Méjanes, 15 kilomètres plus loin. Le domaine de la Palissade (sur l’embouchure du Grand-Rhône), et le domaine du Vigueirat (vers le Mas-Thibert) sont les autres sites aménagés pour observer la faune camarguaise.

    Chevaux, taureaux et oiseaux sauvages de Camargue

    chevaux à l'étang de Vaccarès

    Pour profiter du paysage, il n’existe qu’une solution : le cheval. Non pas les tristes promenades au bord de la route proposées aux Saintes-Maries, mais les vraies chevauchées vers des sites à grand spectacle tel le Grand Radeau, sur la rive droite du Petit-Rhône. En selle, vous serez à la bonne hauteur pour mesurer quelles étendues infinies s’étendent autour de vous. Et vous comprendrez combien est juste cette réfexion de Frédéric Mistral : « Sur le Vaccarès, on ne sait jamais ce qui appartient à la terre, à l’eau ou au ciel. »

    Se renseigner :

    Parc naturel régional de Camargue
    Mas du Pont de Rousty
    13200 Arles
    04 90 97 10 82 et parc-camargue.fr

     

    Nature en Images 3:  La Camargue : une terre entre ciel et mer

     

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    Le marais de Brière : la lagune

    mystérieuse

     

    Par Hughes Derouard
    source : Hors série - France sauvage
     

    Le marais de Brière est l’un des plus petits parcs naturels régionaux ; il se partage entre un ensemble d’étangs, de tourbières, de roselières et autres zones humides, et des terres plus élevées – des îles – où se sont construits villages et hameaux.

    marais de BrièreAu nord de l’estuaire de la Loire, longeant la façade océanique, la Grande Brière est une immense lagune installée au creux d’un effondrement du sous-sol armoricain. En vertu d’un acte sur le droit de pêche de 1461, le marais de Brière est propriété indivise des habitants des 21 communes riveraines. La commission syndicale gestionnaire de Grande Brière Mottière réglemente également l’activité.

    Le saviez-vous ?

    Couvrant 49 000 hectares, le marais de Brière est l’un des plus petits parcs naturels régionaux, mais c’est aussi l’un des plus densément peuplés. Il est situé aux portes de Saint-Nazaire, Guérande, Herbignac et Pontchâteau.

    Se sentir seul au monde

    Sous la poussée régulière de la perche, le bachot file en silence sur les eaux immobiles. Comment est-il possible que, à quelques kilomètres plus loin seulement, l’autoroute de Saint-Nazaire soit en train de déverser des milliers de baigneurs sur les plages de La Baule et de Pornichet ? Ici, au beau milieu de la Grande Brière, vous êtes comme seul au monde. Peut-être même, si votre guide vous a conduit au centre du marais, ressentez-vous une forme d’inquiétude. Une agoraphobie provoquée par le panorama qui s’offre à votre regard. Devant, derrière, comme de chaque côté de l’embarcation, aux quatre points cardinaux, un canal rectiligne s’enfuit vers des horizons indiscernables, noyé dans la brume de chaleur. Pas une brise ; l’eau est un miroir dans lequel le ciel, les joncs, les libellules et les oiseaux, en s’y reflétant, composent une image aussi nette que l’original.
     

    Le marais est immense. Sur la carte, du nord au sud, on mesure 14 kilomètres entre le point de vue des Fossés Blancs et le lieu-dit Pont-de-Paille ; d’ouest en est, on compte 9 kilomètres entre Bréca et Fédrun, où commence la Petite Brière.

    chalandPrès de Kerhinet, hameau constitué de caractéristiques chaumières briéronnes, le port de Bréca est un bon point d’embarquement pour glisser au coeur du marais. Le moyen de locomotion privilégié pour progresser dans ce monde lacustre est le même depuis que les hommes occupent le marais : le chaland, barque traditionnelle à fond plat.

    Ecoutez les animaux

    Au croisement de ces chemins d’eau, lequel de ces quatre larges canaux suivre ? Qu’importe. Avec leurs berges strictement parallèles, uniformément plantées de roseaux et de joncs, rien ne les différencie. D’après la carte, un repère géodésique est placé à l’intersection des canaux de Bréca du Nord, de Rosé et du Vieux Canal. Mais au rendez-vous, il n’y a rien. Nous nous félicitons tout de même que le ciel soit dégagé, ce qui permet de nous orienter d’après le soleil !

    Le retour s’effectuera par quelques errances à travers l’ensemble de ces canaux, curées, chalandières… pour reprendre la gamme de termes employés pour désigner les chemins d’eau du pays des oiseaux. Sur une grande mare – une piarde, en langage briéron – des dizaines de canards se reposent. Le bachot coupe un discret sillage : il est levé par le museau d’un ragondin. Un mouvement de panique subit est celui d’une poule d’eau. Cet oiseau a un comportement absurde : lorsqu’il repère une apparition potentiellement dangereuse, au lieu de se tenir immobile pour passer inaperçu, il tente bruyamment de fuir ! Soudain, un mugissement laisse supposer qu’une vache erre dans le marais. Sourire du guide : c’est le cri du butor étoilé !

    Kerhinet

     

    chaumière briéronnesCaractéristique chaumière briéronne à Kerhinet.

     

    Pour comprendre la vie d’autrefois en Brière

    Kerhinet

    Si vous souhaitez vous faire une idée de ce qu’était la vie, il y a un siècle, en Grande Brière, deux sites méritent absolument la visite : le hameau de chaumières de Kerhinet et la Maison de la Mariée. Kerhinet se trouve du côté ouest du marais, à 5 kilomètres de Saint-Lyphard. Un ensemble de chaumières restaurées et un circuit balisé permettent d’imaginer le quotidien des populations rurales à l’époque où les habitants du marais vivaient en quasi-autarcie. Sur l’île de Fédrun, la Maison de la Mariée évoque les temps où les femmes de Saint-Joachim fabriquaient à domicile des couronnes de mariées et des fleurs artificielles, commandées par de grandes maisons de couture. À travers une impressionnante collection de globes de mariage, c’est la vie intime des familles briéronnes qui se dévoile.

    Il faut garder le doigt sur la carte pour ne pas perdre le fil de l’itinéraire, qui vaut autant par la poésie des noms des canaux empruntés que par la beauté des lieux. Nous voici entre le Copis Ardent et la curée Denis Vince, cap sur Fédrun où nous trouverons la curée de la Chalandière. Tout un programme. Enfin apparaît une présence humaine : c’est un chasseur, dans un autre bachot. Un vieil habitué du marais, si on en juge d’après la souplesse de son corps qui se ramasse puis se détend le long de la perche, tandis que la barque file régulièrement, sans le moindre à-coup.

    paturage

    Un lieu authentique

    Ces quelques images d’une balade sont révélatrices de l’ambiance et des paysages du marais de Grande Brière. Car ce sont des jours et des jours qu’il faudrait pour en achever l’exploration systématique. Alors on découvrirait de nombreuses nuances, si ce n’est des atmosphères radicalement différentes. L’île de Fédrun, sur la côte est, paraît le village le plus typiquement briéron du marais, avec ses chaumières et ses maisons de pêcheurs. On peut y louer un bachot. Plus au sud, le Pont-de-Paille jouxte Trignac. Ici, dans les faubourgs de Saint-Nazaire, le lieu reste étonnamment authentique, du simple fait des pêcheries au carrelet, ces grands filets rectangulaires qu’on descend à l’eau et remonte à l’aide d’un treuil. Bréca, sur le côté ouest du marais, fait penser à la Camargue ; sans doute parce qu’on y organise des randonnées équestres sur de petits chevaux blancs, jumeaux de Crin-Blanc. Saint-Lyphard, un peu plus au nord, est le pendant de Fédrun.

    Se renseigner

    Office de tourisme de Brière
    Maison du Parc
    Village de Kerhinet
    44410 Saint- Lyphard
    02 40 66 85 01 et parc-naturel-briere.fr

     

    Nature en Images 3:  Le marais de Brière : la lagune mystérieuse

     

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    Béhuard, l'île de la Loire

     

    Par Philippe Bourget (Texte original) ; Céline Fion (adaptation web)
     

    Curiosité naturelle enlacée par la Loire, l’île de Béhuard charme par la mixité de ses paysages. Les promeneurs profitent de son superbe circuit de balade et croisent les pèlerins venus honorer la Vierge. 

    Panorama sur BéhuardTraversée par la route départementale 106, l’île de Béhuard se situe entre les côteaux de Rochefort-sur-Loire et de Savennières. 

    Béhuard est la seule île fluviale de France qui soit reconnue comme commune à part entière. Une centaine d’habitants se partagent cette bande de terre en haricot d’à peine 2km2, coincée entre le lit majeur de la Loire et son bras, la Guillemette. Attirés par la quiétude des lieux, à moins de vingt kilomètres de l’animée Angers, les Béhuardais vivent au fil de l’eau, au rythme des crues et autres caprices du fleuve. La solidarité est donc de mise sur cet insolite lopin, autrefois offert à un chevalier breton nommé Buhard (sans le é), pour services rendus au comte d’Anjou. Pour se rendre compte de la force du fleuve, il faut observer les côtes atteintes par les crues de 1904 à nos jours, sur les pierres d’ardoise, à l’entrée du village et sur la place de l’église.

    Centre de BéhuardLa Vierge est omniprésente sur l’île. Elle protège les mariniers et les voyageurs.

    L'île dédiée à Marie

    Au Ve siècle, Saint Maurille, alors évêque d’Angers, dédia cette île à la Vierge. Très vite, Béhuard devint un centre de pèlerinage reconnu. La dévotion fut renforcée par la construction de la chapelle Notre-Dame-de-Béhuard, à la demande de Louis XI. Le roi voulait remercier la Madone d’avoir échappé à une noyade dans la Charente. Aujourd’hui, les pèlerins affluent au moment de l’Ascension et les jeunes mariés des alentours se pressent devant l'autel pour célébrer leurs noces dans ce cadre idyllique.

    Vélos à BéhuardLa région est un paradis pour les cyclistes qui trouveront des pistes aménagées de qualité. 

    Un paysage panaché

    Quand les beaux jours s’installent, l’île se remplit de promeneurs venus profiter de cet environnement d’exception. Rives limoneuses, près gras, sous-bois secrets, grèves envoutantes; la palette de paysages de Béhuard semble sans limite. Un parcours en boucle de 9km a été tracé pour permettre apprécier la richesse de cette nature, le long d’un chemin balisé. Il est accessible à pied et à vélo. La balade ouvre à la fois sur les vignobles de coteaux de la Coulée de Serrant et les magnifiques boires (plans d’eau) du Val de Loire, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

     

    A voir absolument

    • Notre-Dame-de-Béhuard
    • L'église Notre-Dame-de-Béhuard
    • Les grèves propices à la balade
    • Les maisons des XVe et XVIIIe qui bordent l'église
    • Statue de la Vierge miraculeuse en bois de prunier datant du XVIe siècle
    • La fête de la Plate, le dernier dimanche d'août (un hommage aux gens du fleuve)

     

    Nature en Images 3:  Béhuard, l'île de la Loire

     

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