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Par Frawsy le 22 Octobre 2016 à 08:47
Plateau de Millevaches : le Far West limousin
source : Détours en FranceDes paysages ouverts où les vaches semblent vagabonder en toute liberté, les forêts si sombres font ressurgir légendes et peurs ancestrales, les vastes tourbières conservent la mémoire de paysages disparus. Voici le plateau de Millevaches.
Le plateau de Millevaches représente un vrai terrain d’aventure pour assoiffés de grands espaces sauvages.
Les hautes terres limousines
Même si l’altitude dépasse à peine les 1000 m, l’extrémité occidentale du plateau des Millevaches pourrait ressembler à quelque panorama d’un grand parc naturel d’Amérique du Nord.
Le plateau des Millevaches et un lieu de randonnée idéal au grand air.
A une cinquantaine de kilomètres de Tulle, ceux qui pénètrent dans le parc naturel régional de Millevaches en Limousin suivent le cours de la Vézère qui se faufile au pied du massif des Monédières, hésite au passage des rochers des Folles et traverse le beau village de Treignac-sur-Vézère.
Deux retenues d’eau donnent à ce paysage, marqué par des forêts denses de feuillus mais surtout de conifères, une allure de petit Canada. Le premier lac, le lac des Bariousses, parsemé d’îlettes et entouré d’impénétrables sapinières, tout comme son voisin le lac de Viam, sont des buts rêvés de balades équestres.
Il suffit de se rendre dans une des fermes équestres et de monter de racés paint horses, descendants des chevaux sauvages introduits par les Conquistadors découvrant le Nouveau Monde. Ces chevaux souples, rapides et endurants sont des montures idéales pour parcourir ce piémont du Massif central, vieux socle hercynien zébré de pistes forestières et de panoramas plus accessible aux cavaliers qu’aux marcheurs aussi entraînés soient-ils.
En pleine nature, une villa gallo-romaine
On ne s’attend pas à le découvrir dans ce paysage et pourtant, au sud de Saint-Merd-les-Oussines, se trouve l’étonnant sanctuaire gallo-romain des Cars. Isolés au fond d’un vallon, les vestiges issus de l’implantation des légions de César surprennent par leur ampleur. On peut distinguer un ensemble culturel de près de huit cents mètres carrés qui comprenait un temple et un mausolée.
Voici les ruines des Cars. Vestiges du temple gallo-romain composé d'un ensemble funéraire et d'une villa.
Un peu à l’écart, s’étendait une exploitation agricole. Les murets qui subsistent étaient les fondations d’une riche villa datée du IIè siècle dont le quinze salles s’organisaient autour d’une cour décorée de colonnes et de mosaïques. Le vestige le plus spectaculaire reste le monumental impluvium, cuve de granit de huit tonnes contenant la réserve d’eau de la villa.
Cette jolie demeure de pierre abrite la maison du Parc Naturel Régional.
Après cette belle plongée dans l’histoire, il est agréable de laisser la nature reprendre ses droits. Et de se mettre autour d’une table pour goûter aux plats revigorants de la région…
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Par Frawsy le 21 Octobre 2016 à 15:23
Territoire de Belfort : le kaléidoscope
grandeur nature
source : Détours en France n°157, p. 30Plus petit département français après Paris et sa petite couronne, le Territoire de Belfort pourrait être monotone. Eh bien, non. Profitant de sa situation charnière entre Franche-Comté et Alsace, il est divers et changeant. Ballon d’Alsace, Sundgau belfortain, pays des mennonites, plateau calcaire, villages de montagne..., en quelques kilomètres, les repères changent. Ce mouchoir de poche de 609 km2 est le seul département à porter deux massifs montagneux : les Vosges et le Jura.
Le lac de Malsaucy, à Évette-Salbert, regroupe plusieurs étangs aux portes de Belfort. Site de pêche ou de sports nautiques, but de balades familiales ou spot ornithologique, tous les visages de ce lac sont avenants.Pourquoi un département aussi petit ?
Répondons enfin à la question : quelle anomalie est à l’origine de ce département aussi petit ? L’explication est à chercher dans la défense héroïque de Belfort, en 1870-1871. Après d’âpres tractations avec les Prussiens, la ville et les villages alentour échappent grâce à leur vaillance à l’annexion par l’Allemagne. Quand après la Première Guerre mondiale il s’agit de les réintégrer dans leur région administrative d’origine, l’Alsace, ils refusent. Culturellement, ce territoire n’est pas alsacien (le dialecte n’est pas parlé). Et entre-temps, il s’est peuplé, industrialisé, forgé une identité propre. En 1922, l’État reconnaît son originalité et officialise le département.
L’église de Saint- Dizier-l’Évêque est l’un des plus vieux sanctuaires romans de Franche-Comté. Même très remaniés, ses premiers murs datent de 1041.Un tour en voiture dévoile sa diversité. Au sud, sur le plateau calcaire de la Croix, l’agriculture s’épanouit en champs de blé,d e colza, d’arbres fruitiers, en prairies à vaches montbéliardes. On trouve aussi de minuscules villages, Croix, Villars-le-Sec, Lebetain, scotchés à la frontière suisse. Ils sont dotés d’un curieux patrimoine, dont ces « archaïques » puits à balancier, à Croix, les mêmes que l’on trouve en Afrique. Ou le lavoir miraculeux de Saint-Dizier-l’Évêque, le « village des fous ».
La fontaine Saint-Léger de Montbouton. Ses eaux, célèbres depuis 1731, guériraient les affections oculaires.Au passage, un arrêt à Montbouton, et voilà une partie de la Franche-Comté en Cinémascope : les contreforts du Jura, au sud ; la plaine usinière de Sochaux-Montbéliard et Belfort, à l’ouest ; les Vosges, au nord.
L’Alsace, déjà ? Non, mais un avant-goût à Suarce, village typique du Sundgau qui s’enorgueillit de ses vastes demeures alsaciennes. Certaines datent du XVIIIe siècle.Un tour au ballon
Autre influence à Suarce, dans le secteur du Sundgau belfortain. Le village capte les premiers symboles de l’Alsace toute proche. Oh, pas grand-chose, des ersatz de patrimoine, maisons à colombages par-ci, avant-toits protecteurs par-là. On en trouve aussi à Recouvrance. Plus loin, la Bourbeuse annonce un autre paysage : la plaine alluvionnaire. Ici passe le canal du Rhône au Rhin, dit aussi Rhin-Rhône. Et l’Eurovélo 6, des fois qu’il nous prenne l’idée de pédaler jusqu’à Nantes ou la mer Noire ! Mais les cyclistes ont mieux à faire. Par exemple, gravir le Ballon d’Alsace.
Du sommet du Ballon d’Alsace, à 1427 mètres, c’est une houle de monts bossus et boisés qui se bouscule sous nos yeux. Roux les feuillus, rousses les vaches salers qui passent la belle saison dans les pâturages de la mi-mai à la mi-octobre.À 1247 mètres d'altitude, le Ballon d'Alsace, point culminant des Vosges du Sud, est partagé entre trois régions et quatre départements.
Car voilà la ligne bleue des Vosges, un massif dont la partie sud appartient au Territoire de Belfort. On peut pédaler mais aussi skier dans ce département... quand il neige. À 1247 mètres d’altitude, le Ballon d’Alsace est le point culminant des Vosges du Sud, partagé entre trois régions et quatre départements. Sapins et mélèzes bordent la route en lacets qui débouche au sommet sur des paysages de chaumes. Se retrouver à l’heure du goûter à déguster une tarte aux myrtilles, par 18 °C, après avoir bronzé dans le Sundgau, dit bien la variété de climats auquel le département est soumis.
Aventure « Alpine »
Côté sites et villages, le changement est brutal. La vallée qui mène à Riervescemont depuis Giromagny a des allures d’aventure alpine. Les cascades du Rummel et du Saut de la Truite ont un goût de fraîcheur inédit. Et le village d’Auxelles-Haut, tapi en cul-de- sac sur le flanc sud du massif, aligne des maisons basses qui témoignent de la rigueur des températures hivernales.
La cascade du Saut de la Truite, au-dessus de Lepuix-Gy, est l’une des chutes de la rivière Savoureuse qui prend sa source sous le Ballon d’Alsace.La mosaïque « terrifortaine » est presque complète. Il faut y rajouter le lac de Malsaucy, une belle étendue dédiée aux loisirs nautiques et site hôte du festival des Eurockéennes. Une touche balnéaire dans ce minuscule département qui cultive une immense diversité paysagère.
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Par Frawsy le 17 Octobre 2016 à 20:37
Les étangs de la Brenne : l'invention d'un paysage
source : Hors série - France sauvagePublié le 24/08/2015En tant que région, la Brenne est peu connue. Elle est pourtant bien visible sur la carte de France : c’est cette multitude d’étangs qui apparaît entre Châteauroux et Poitiers. Entre les vallées de la Creuse et de l’Indre, la Brenne étale plus de deux mille étangs, entre lesquels courent landes, bois et forêts. Un prodigieux milieu naturel où prolifèrent des espèces animales et végétales rares.
Le parc naturel régional de la Brenne compte officiellement 2 230 étangs, tous artificiels. Les brandes (attention aux tiques !), forêts, roselières bruissent de plus de 270 espèces d’oiseaux, de hardes de cerfs et de biches, de batraciens, de reptiles (dont la rare tortue palustre, cistude) et d’amphibiens.
Dans ces étangs vit la cistude, une petite tortue d’eau douce que l’on peut observer lorsqu’elle sort de l’eau et se perche sur une roche ou une branche, pour s’exposer au soleil. Elle est devenue un symbole de la Brenne.
Mais imagine-t-on que cette région a été façonnée par l’homme ? Dès le VIIe siècle, en effet, les moines des abbayes de Saint-Cyran et de Méobecq trouvèrent un moyen d’exploiter ces lieux où l’agriculture était impossible puisque le sol était trop humide en hiver, et desséché dès les beaux jours. Ils drainèrent toute l’eau vers des bassins qui devinrent autant d’étangs. Et ces étangs, ils les empoissonnèrent. Une richesse, avec l’obligation catholique de faire « chère maigre » le vendredi, d’autant plus qu’on se trouve ici loin de la mer !
L’exploration de ce pays long de 25 kilomètres pour une vingtaine de large, n’est pas facile. Sauf si on vous y conduit, il est quasi impossible de trouver les accès à la plupart des étangs qui, de toute façon, sont privés : leurs propriétaires, à la suite des moines du Moyen Âge, y pratiquent la pisciculture et se gardent bien des braconniers. À l’automne, les étangs sont vidés grâce à un système de vannes. Auparavant, un vaste filet a été tendu pour récupérer carpes, tanches, brochets et gardons. Cette méthode de pêche ancestrale est toujours l’occasion d’une fête.
Vous pourriez donc rouler des kilomètres et des kilomètres sur des petites routes désertes, en quête de paysages qui sans cesse vous échappent. Et quand vous traversez des hameaux, vous sentez bien qu’ils regorgent de secrets. C’est vrai que votre curiosité est partout attisée. Voyez sur la carte cet étang de la mer Rouge ! L’explication est simple : il fut ainsi baptisé par un seigneur qui, à son retour de croisade, ne parvenait pas à se déprendre d’une certaine nostalgie de l’Orient !
Plusieurs étangs sont spécialement destinés à l’accueil des amateurs de nature ; le parc naturel régional de la Brenne a aménagé des points d’observation, comme vous le découvrirez en visitant la maison du Parc à Rosnay (lieu-dit Le Bouchet). Le site le plus intéressant est la réserve de Chérine, située au sud-ouest de Saint-Michel-en-Brenne, accessible par la D 44. Il faut y venir de préférence entre avril et juillet, époque durant laquelle le plus grand nombre d’espèces différentes sont réunies. En revanche, c’est en automne que les couleurs du paysage sont les plus flatteuses, et l’ambiance la plus prenante. Vous avez toutes les chances d’y observer le busard des roseaux, le butor étoilé, le héron, la sarcelle. Mais pour la cistude, dite aussi tortue de Brenne, mieux vaut s’inscrire à une sortie nature avec un animateur.
La Marine dans le marais
Qu’est-ce donc que cette forêt d’antennes géantes, entourées de plusieurs barrières de barbelés électrifiés, près de Rosnay ? Elles appartiennent à… la Marine nationale et servent à assurer les communications radio entre l’état-major et les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la force de dissuasion, ces monstres dont personne ne sait dans quels grands fonds de la planète ils patrouillent. Mais pourquoi la Brenne ? Parce que son sol, gorgé d’humidité, est particulièrement propice à une bonne propagation des ondes radio.
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Par Frawsy le 16 Octobre 2016 à 06:48
Vallée de l'Ognon : petit patrimoine à
haute valeur ajoutée
source : Détours en France n°157, p. 54Affluent discret de la Saône, l’Ognon marque sur près de 100 kilomètres la limite entre le Doubs et la Haute-Saône. Si la vallée hésite administrativement, elle ne fait pas mystère de son identité : verte et rurale, elle aligne cités comtoises méconnues et gracieuses, temples-fontaines et mairies-lavoirs inédits. En prime, son cours est jalonné de demeures historiques, propriétés de « châtelains » à forte personnalité.
Rougemont, entre Besançon et Montbéliard, est un ancien bourg castral. Même si son enceinte et son château ont disparu, leurs empreintes restent dans le paysage : ce village agricole a conservé fière et belle allure.
L’Ognon, quel drôle de nom pour une rivière. Le patronyme nous avait interpellés, son parcours va s’avérer plus étonnant encore. De Villersexel à Pesmes, ce cours d’eau tranquille surfe sur les frontières départementales et aligne un florilège patrimonial qui en dit long sur l’histoire franc-comtoise. Châteaux, temples-fontaines, mairies-lavoirs et villages perchés : voilà en quatre clés l’identité de cette vallée.
Le premier pigeonnier d’Oricourt est mentionné en 1423 ! Celui-ci, parfaitement restauré, est plus récent : 1680...
L’itinéraire peut débuter à Oricourt (Haute- Saône). À l’écart de l’Ognon, cette forteresse médiévale altière, entre collines boisées et prairies à vaches, témoigne de la puissance des seigneuries moyenâgeuses. Bien que sous influence bourguignonne, la Franche- Comté est alors maillée de baronnies locales indociles. Plus tard, aux XVIIIe et XIXe siècles, l’affermage de ces châteaux de campagne signe le début d’une lente dégradation, avant leur reconquête sous la houlette d’in- fatigables gardiens du patrimoine. Tel est le destin d’Oricourt
Le château de Moncley, fin XVIIIe siècle. L’architecte bisontin, Alexandre Bertrand l’a construit pour le président du parlement de Franche- Comté, le marquis François Terrier (1734-1796). Côté cour, les deux ailes incurvées et l’avant-corps aux allures de temple grec n’annoncent en rien le côté jardin et sa rotonde.Fier donjon de Fondremand
Le château de Villersexel, au confluent de l’Ognon et du Scey, est d’une autre nature. Reconstruit après avoir été incendié en 1871, il affiche un style Louis XIII orgueilleux. « Château d’hôtes » à l’accueil hélas peu amène, il domine une cité partagée entre haut-bourg commerçant et bas-bourg « populaire », aux sobres maisons mitoyennes. Dans la vallée de l’Ognon, chaque commune ou presque possède son château.
Le château des Grammont à Villersexel, un style Louis XIII qui date de la fin du XIXe siècle et remplace le précédent château détruit en 1871.Celui de Rougemont, village perché au joli calcaire brun, émerge de loin avec sa tour carrée ; à Montbozon, une maison forte du XVIe siècle est restaurée avec ténacité par un ex-général ; à Cirey-les-Bellevaux, un manoir carré trône dans un creux de vallon ; à Sauvagney, un corps de bâtiment au long toit apparaît encadré de deux tours solides ; à Moncley, un autre château affiche sa symétrie néoclassique ; celui de Marnay survit en pointillés au milieu d’un urbanisme dépareillé ; et à Fondremand, enfin, un château dresse son fier donjon roman au cœur du bourg.
À Fondremand, « petite cité comtoise de caractère » la fontaine de la place du Haut. Un très bel ouvrage en pierre daté de 1838.Parlons aussi des villages. Certains arborent d’étranges fontaines-lavoirs. Un dénommé Louis Well, architecte de son état, aurait été l’instigateur de ces fontaines bâties en forme de temples. Dans les années 1820, fasciné par les édifices grecs et le site de Phaestum, en Italie, il embellit les villages haut- saônois de constructions remarquables. La plus esthétique est à Fontenois-lès- Montbozon. Circulaire, le lavoir repose sur des piliers de pierre et supporte une char- pente en bois, surmontée d’une coupole en zinc. « On l’appelait l’hôtel des Bavardes », s’amuse André, qui habite tout près. Son épouse se souvient de s’être agenouillée avec d’autres « commères » sur la margelle en pierre, pour laver le linge familial. La plus étonnante est à Étuz. Deux temples-lavoirs rectangulaires se font face, dans un ordonnancement de colonnes et de bassins dignes d’un mausolée grec.
Double fontaine-lavoir d’Étuz, le temple à laver selon l’architecte Pierre Marnotte en 1845.Il suffit de sillonner les routes départementales pour atteindre des villages anonymes enrichis d’autres « maisons-lavoirs » : à Mollans, elle est à colonnes; à Bouhans, elle forme une rotonde ; et un arc, à Boult ; à Rougemont, elle est bâtie en impluvium ; à Gézier-et-Fontenelay, elle s’allonge et l’eau y coule à flot. Gézier abrite une autre curiosité locale : la mairie-lavoir. Plus question ici d’inspiration grecque. L’idée viendrait d’une volonté de rapprocher le cœur du pouvoir communal avec les lieux de sociabilité : le lavoir, la fontaine et l’abreuvoir. Quoi de plus républicain que d’attirer lavandières et paysans sous les fenêtres de l’hôtel de ville, pour informer des affaires et encourager la démocratie participative ?
À Chassey-les- Montbozon, découvrez les curieuses cabanes flottantes du Domaine des grands lacs. Accessibles en barque, uniquement !À Gézier-et-Fontenelay, à Cussey-sur-l’Ognon, on peut voir ces exemples intéressants d’architecture « politique ». Il reste beaucoup à découvrir dans cette vallée décidément prolixe. Il faut apprécier les églises aux clochers comtois recouverts de tuiles vernissées, à Villersexel, Rougemont, Montbozon. Surtout, il faut prendre le temps de parcourir les trois villages phares de la vallée : Fondremand, Marnay et Pesmes. Fondremand regorge de maisons vigneronnes et bourgeoises d’un beau calcaire clair et dégage une atmosphère romanesque autour de son château Gaillard. Marnay cumule le charme des demeures Renaissance (hôtel particulier du XVIe siècle, aujourd’hui mairie) et des maisons paysannes dans leur jus. Quant à Pesmes, perché au-dessus de l’Ognon, il conserve de son passé de place forte un splendide patri- moine. Église Saint-Hilaire à l’inévitable clocher comtois et au riche statuaire, portes de défense Saint-Hilaire et du Loigerot, maisons nobles de la rue des Châteaux, maison Granvelle (XVIesiècle), maison royale fortifiée (XVe siècle). Le tout relié par des trajes (petits passages) et entouré d’un joli bout de « chemin de ronde », avec vues sur la vallée de l’Ognon. Le Doubs et la Loue n’ont qu’à bien se tenir. Leurs vallées ont un concurrent sérieux dans la catégorie patrimoine !
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Par Frawsy le 9 Octobre 2016 à 06:43
Le mont Beuvray et les forêts du Morvan
source : Hors série - France sauvagePublié le 18/08/2015Certaines contrées se jouent de ceux qui cherchent à les explorer. Ainsi le Morvan dont le hasard fait qu’il se trouve là où se chevauchent les cartes, tant de Michelin que de l’Institut géographique national ! La partie la plus intéressante de ce massif forestier et montagneux se trouve dans ses confins méridionaux, entre le Haut-Folin, son point culminant, et le mont Beuvray.
Avec ses allures de montagne granitique « bosillée », le massif du Morvan est au mitan des quatre départements constituant la Bourgogne. Sur ce vieux massif raboté par l’érosion et affaissé tel un vieillard, la forêt recouvre la majeure partie d’un territoire de 80 km2. Cette « immobile respiration chlorophyllienne » (Julien Gracq) est peuplée de soyeux de mélèzes, de pins, d’épicéas (le Morvan produit nos sapins de Noël), de hêtraies touffues, de breuils, d’étangs et de rivières.
Du Morvan, on dit parfois qu’elle est la « montagne des Parisiens » , parce qu’on peut voir, sur son point culminant du Haut-Folin (901 mètres), une vieille remontée mécanique de ski, qui fut installée par le Club alpin français en ces temps d’avant le réchaufement climatique, à l’époque où chaque hiver déposait une abondante couche de neige sur le massif. Orienté nord-sud, le Morvan s’étend sur 70 kilomètres de longueur environ, entre Quarré-les-Tombes et Saint-Léger-sous-Beuvray. Sa largeur atteint une quarantaine de kilomètres. Tout au sud se trouve sa partie la plus sauvage, le Haut-Morvan.
Issu de la construction au XIXe siècle d’un barrage destiné à réguler la navigation des flotteurs de bois sur l’Yonne, le lac des Settons (Nièvre), situé au coeur du parc naturel régional du Morvan, se découvre à pied, à vélo ou à cheval via un faisceau de circuits balisés (GR13, GR de Pays, Boucle de Folie...).
Rivière prenant sa source au pied du Haut-Folin, la Canche entame une course folle à travers rochers de granit taillés en escaliers, jaillissant là en cascades, s'encaissant ici en de sombres gorges, irriguant plus loin une hêtraie classée réserve biologique domaniale. Les galets et graviers charriés par le courant impétueux ont creusé dans le roc des "marmites de géant" aux eaux noires.
Celui-ci commence au sud du lac des Settons, à des altitudes se situant entre 600 et 900 mètres, avec des escarpements rocheux et des forêts profondes qui ont donné leur nom aux lieux. En effet, l’étymologie celte de Morvan serait « Montagne noire ». La justesse du terme se vérife lorsqu’on traverse les futaies de chênes et de hêtres multicentenaires qui couvrent le mont Beuvray. Enfn, il faut le savoir : dans la mesure où le Morvan forme obstacle à la course des dépressions venues de l’Atlantique, les pluies y sont fréquentes. Elles gonfent une multitude de ruisseaux et torrents, lesquels alimentent généreusement des lacs de barrage.
C’est sur les terres du « Morven » aux puissantes racines celtiques que l’ancienne Bibracte des Éduens, au sommet du mont Beuvray, développa son inconfortable oppidum.
Du lac des Settons au mont Beuvray, la traversée du Morvan fait suivre un labyrinthe de routes étroites et sinueuses, la plupart du temps désertes. Comme point de repère pour baliser l’itinéraire, prenez Anost, via l’Huis-Prunelle, qui vous fera passer à côté de la source de la Cure, puis les lieux-dits Athez et Corcelles. Une fois arrivé au niveau de la D 978, prenez la direction d’Autun. Après 4 kilomètres, tournez à droite pour remonter les gorges de la Canche par la D 179. Cette petite route très spectaculaire vous conduira au village de Saint-Prix où, après l’église, vous trouverez la D 260. Deux carrefours plus loin, voici la route qui gravit le mont Beuvray.
Qu’est-ce qu’elle a ma « queule » ? Au mont Beuvray, les queules forment de curieuses clôtures constituées de branches de hêtres entrelacées, qui, jadis, séparaient le parcellaire agricole. Ces haies plessées étaient obtenues en fendant les troncs d’arbres puis en liant leurs tiges entre elles.
On peut sourire des 900 mètres d’altitude du Morvan, pourtant, les escarpements rocheux, les pentes abruptes, les vallées encaissées, procurent la sensation de se trouver en véritable montagne. Et justement, les randonneurs tout-terrain le savent bien : ce n’est pas l’altitude qui fait la montagne, mais les dénivelés. De ce point de vue, les 821 mètres du mont Beuvray se défendent bien. Pour qui l’a gravi à vélo, la route qui mène au sommet laisse de grands souvenirs. Et l’on songera qu’ils avaient 3 trouvé un site naturellement bien fortifé, ces Gaulois de Vercingétorix qui créèrent ici l’oppidum de Bibracte, épicentre de la résistance aux légions romaines. Aujourd’hui, il n’en reste rien de très visible, mais quelle futaie ! Les dimensions des troncs, couverts de mousse au vert fuorescent, laissent rêveurs. Et de la table d’orientation, quelle vue sur la plaine d’Autun. Il paraît qu’après le passage d’une perturbation atlantique, le vent de nord-ouest nettoyant l’atmosphère, la vue porte jusqu’au Jura, voire jusqu’aux Alpes !
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