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    De la caféine pour contrer la maladie d'Alzheimer

     

    du site:  http://www.passeportsante.net/

     
     

    Des chercheurs français de l’Inserm sont parvenus à mettre en évidence les effets bénéfiques de la caféine sur la maladie d’Alzheimer. Ces travaux, réalisés sur des souris et publiés dans la revue Neurobiology of Aging, confirment les études qui suggéraient un effet protecteur de la caféine sur certaines pathologies cérébrales.

     

     

    Deuxième marché mondial boursier après le pétrole, le café est une boisson très appréciée des occidentaux. Les canadiens en consomment près de 5,7 kilos par personne et par an : c’est un petit peu plus que les français (5,4 kilos) mais beaucoup moins que les finlandais (12 kilos). Si on le savait déjà susceptible d’améliorer les performances et de réduire le déclin cognitif au cours du vieillissement1-3, on doutait encore de son effet sur les pathologies dégénératives telles que la maladie de Parkinson. Avec plus de 800 000 personnes atteintes en France et  100 000 au Québec, cette maladie représente la première cause de perte des fonctions intellectuelles liée à l’âge. Une lueur d’espoir vient néanmoins de naître chez une équipe de chercheurs de l’Université Lille 2.

     

    Un lien entre caféine et mémoire

    Cette équipe, menée par le Dr. David Blum, a démontré, chez la souris, qu’une consommation quotidienne de caféine prévenait des déficits de mémoire et de certaines modifications de la protéine Tau, responsable de la maladie d’Alzheimer. Pour parvenir à ce résultat, de jeunes souris transgéniques, développant progressivement une neurodégenerescence liée à la protéine Tau, ont reçu durant 10 mois de la caféine par voie orale. « Les souris traitées par la caféine ont développé une pathologie moins importante du point de vue de la mémoire, des modifications de la protéine Tau mais également de la neuro-inflammation » explique David Blum. Cette étude fournit la preuve expérimentale d’un lien entre consommation de caféine et maladie d’Alzheimer. Elle souligne surtout l’importance des facteurs environnementaux dans son développement, alors que l’on a longtemps pensé que les gênes étaient  les seuls responsables.

     

    Une contribution encourageante

    Tout n’est pas encore gagné pour autant : il reste à comprendre le mécanisme exact de cette interaction et à mettre sur pied un essai clinique à base de caféine chez des patients humains atteints de la maladie d’Alzheimer. En attendant, pas la peine de se ruer sur la cafetière : souvenez-vous qu’une surconsommation entraîne des désagréments d’ordre gastrique…

     

    Sources :

    1. Goldstein ER, Ziegenfuss T, Kalman D, et al. International society of sports nutrition position stand: caffeine and performance. J Int Soc Sports Nutr 2010;7(1):5. Voir résumé

    2. MacKenzie T, Comi R, Sluss P, et al. A. Metabolic and hormonal effects of caffeine: randomized, double-blind, placebo-controlled crossover trial. Metabolism 2007;56(12):1694-1698. Voir résumé

    3. Smillie LD, Gokcen E. Caffeine enhances working memory for extraverts. Biol Psychol 2010;85(3):496-498. Voir résumé

    4. http://www.alzheimermontreal.ca/maladie/statistiques.php

     

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    Cancer de la prostate : un traitement révolutionnaire aux ultrasons

     

    Focal One : voilà la nouvelle arme franco-française qui permet de croire en un nouveau traitement révolutionnaire du cancer de la prostate. Testé depuis trois ans à l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon, il cible plus précisément la tumeur et divise par dix les risques d’effets secondaires.

     

     
     

    Le cancer de la prostate, dont on voit une cellule tumorale à l’image, est le plus fréquent de tous les cancers, mais pas le plus mortel. Les scientifiques ont déjà testé un nouveau dispositif révolutionnaire qui pourrait le faire vaciller : le Focal One. Les premiers résultats, menés dans un hôpital lyonnais, paraissent prometteurs. © Anne Weston, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Le cancer de la prostate, dont on voit une cellule tumorale à l’image, est le plus fréquent de tous les cancers, mais pas le plus mortel. Les scientifiques ont déjà testé un nouveau dispositif révolutionnaire qui pourrait le faire vaciller : le Focal One. Les premiers résultats, menés dans un hôpital lyonnais, paraissent prometteurs. © Anne Weston, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

     
     

    Trois en un. C’est en combinant l’imagerie par IRM et l’échographie 3D que les scientifiques peuvent envoyer des ultrasons focalisés à haute densité plus précisément sur une tumeur prostatique, et donc l’éliminer plus efficacement. Conçu par l’entreprise Edap TMS, siégeant à Vaulx-en-Velin (Rhône), Focal One pourrait bien devenir l’un des traitements de référence des cancers de la prostate.

    Pourquoi ? Parce que même si 80 % de ces tumeurs sont jugées curables, les thérapies actuelles, que ce soit par chirurgie ou radiothérapie, s’accompagnent souvent de complications gênantes pour les patients : dans 10 % des cas, les hommes souffrent d’incontinence, tandis qu’une fois sur deux, ils deviennent impuissants. En effet, des tissus sains sont détruits ou retirés au passage.

    Testé depuis trois ans au sein de l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon, et surtout utilisé depuis juin dernier dans le service d’urologie, Focal One semble parvenir à de bien meilleurs résultats. Grâce à l’IRM, il localise la tumeur, et arrive même à lui donner du relief lorsqu’elle est fusionnée à l’échographie 3D. Ainsi, les contours de la région cancéreuse sont bien mieux délimités. Les médecins peuvent alors recourir aux ultrasons focalisés à haute densité, envoyés dans la zone tumorale, entraînant l’échauffement et donc la destruction des tissus malades, avec la possibilité d’ajuster en temps réel.


    Cette vidéo permet de mieux comprendre le fonctionnement et les avantages du Focal One, grâce aux explications du chirurgien Sébastien Crouzet, et de Nicolas Guillen, chef du projet chez Edap TMS. © ATP, YouTube

     

    Focal One, un traitement d’avenir pour le cancer de la prostate ?

    D’après Sébastien Crouzet, chirurgien dans l’hôpital et interrogé par l’AFP, « le gain de confort est énorme pour le patient ». En effet, il estime que les risques de complications sont divisés par dix avec cette technique non invasive et ne nécessitant qu’une anesthésie locorégionale. Autre avantage : une séance de 30 minutes à deux heures peut suffire. Si ce n’est pas le cas, l’opération peut être répétée, car il n’y a pas de dose limite, comme dans le cas de la radiothérapie. Focal One semble pousser encore plus loin la précision des thérapies ciblées et personnalisées du cancer.

    Cependant, le dispositif est toujours en cours d’évaluation et n’a pas encore fait l’objet d’une étude à grande échelle afin de déterminer son efficacité et ses limites. Ce processus pourrait durer encore une dizaine d’années.

    Après avoir fait ses premières armes dans la capitale des Gaules, le Focal One commence à circuler dans d’autres hôpitaux français. Depuis le début du mois, on le retrouve à Bordeaux, à Lille, à Paris ou encore à Toulouse. Le cancer de la prostate est de loin le plus courant chez les hommes, ayant concerné 53.465 patients en 2012, année au cours de laquelle 8.876 personnes en sont mortes.

     

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    Première : régénération d’un organe abîmé dans des souris vivantes

     

    Le thymus de souris âgées a pu être reconstitué in vivo pour ressembler en tout point à celui de rongeurs plus jeunes. Reste à voir s’il renforce réellement le système immunitaire, ce qui ouvrirait la voie à une utilisation prochaine de la médecine régénérative sur l’Homme.

     
     

    Faire du neuf avec du vieux : des souris âgées traitées in vivo ont pu retrouver un thymus digne de leur jeune âge par la simple induction d’une seule protéine, nommée FOXN1. Un nouveau pas dans la médecine régénérative. © Rama, Wikimédia Commons, cc by sa 2.0

    Faire du neuf avec du vieux : des souris âgées traitées in vivo ont pu retrouver un thymus digne de leur jeune âge par la simple induction d’une seule protéine, nommée FOXN1. Un nouveau pas dans la médecine régénérative. © Rama, Wikimédia Commons, cc by sa 2.0

     
     

    On a peut-être l’âge de nos artères, mais pas forcément celui de tous nos organes. Car tous les tissus ne vieillissent pas à la même vitesse. Le thymus est l’un des premiers à subir les affres du temps. Or, impliqué dans la maturation des lymphocytes T (pour thymus), cellules immunitaires, il joue un rôle fondamental dans la lutte contre les infections, et cette sénescence précoce explique pourquoi nos défenses faiblissent avec l’âge.

    Ces processus de vieillissement suscitent de nombreuses questions à l’Homme depuis toujours qui cherche à comprendre comment les annihiler afin de conserver une jeunesse et une vie éternelle. Avec les découvertes des cellules souches et la maîtrise progressive du génie génétique, des avancées importantes ont été réalisées dans ce qui sera sans doute la médecine du futur : la médecine régénérative, qui espère reconstruire intégralement des organes pour remplacer ceux qui seraient défaillants. Des yeux, des foies ou des mini cerveaux ont même été conçus dans des laboratoires.

    Une nouvelle étape dans cette science moderne vient d’être franchie par des scientifiques écossais, dont Clare Blackburn, de l’université d’Édimbourg, qui ont réussi l’exploit de régénérer in vivo un thymus de souris âgées pour lui donner l’apparence du neuf. Des détails de l’histoire accessibles en libre accès dans la revue Development.

     

    Le thymus est localisé au cœur du thorax, comme le montre cette illustration.
    Le thymus est localisé au cœur du thorax, comme le montre cette illustration. © LearnAnatomy, Wikipédia, cc by 3.0

     

    La jeunesse du thymus passe par FOXN1

    Dans un premier temps, des souris ont été génétiquement modifiées pour exprimer dans certaines conditions davantage d’une protéine nommée FOXN1, dont la synthèse diminue avec le temps et dont la chute des concentrations est associée au processus de vieillissement du thymus, notamment parce qu’elle régule les gènes clés de l’organe et donne les instructions aux cellules souches pour le reconstruire. Après avoir laissé vieillir les rongeurs, les scientifiques ont induit chez une partie de leurs cobayes la stimulation du gène correspondant, Foxn1, afin de produire la protéine associée en plus grande quantité. Puis les thymus ont été comparés avec un lot témoin.

    Les souris traitées présentaient un organe deux fois plus volumineux que celui de leurs congénères âgés, mais portant la même structure et les mêmes caractéristiques génétiques que le thymus de souris jeunes. Ainsi, à l’aide d’une seule protéine, les chercheurs ont semble-t-il réussi à redonner une apparence de jeunesse à un tissu âgé. Cet organe régénéré produit également davantage de lymphocytes T que celui de rongeurs âgés non traités, mais les auteurs n’ont pas pu s’assurer qu’il fournit pour autant un système immunitaire plus efficace.

    Un traitement applicable à l’Homme ?

    À terme, l’objectif consiste à concevoir un traitement capable des mêmes effets sur l’Homme, et les scientifiques pensent également pouvoir passer par FOXN1. Cependant, il reste de nombreuses étapes à valider avant espérer lancer des essais, et notamment reproduire l’expérience sur davantage de souris pour s’assurer des bénéfices.

    Mais si un tel traitement se révèle efficace, alors la majeure partie de la population pourrait être un jour concernée. Les personnes âgées pourraient ainsi retrouver un thymus en pleine force de l’âge et renforcer alors leur système immunitaire. Mais certaines personnes immunodéprimées, comme les personnes touchées par le syndrome de DiGeorge, ou délétion 22q11, profiteraient aussi de cette avancée pour réparer leur thymus abîmé.

     

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    Au régime à 6 ans?

     

    Les enfants québécois n’ont jamais été aussi gros. Devrait-on contrôler ou laisser aller? Les familles ont besoin d’aide, et ça presse.

     

    11 mar. 2014 Par Marie-Hélène Proulx du magazine Chatelaine
    Photo: Tom Feiler/Masterfile

    Photo: Tom Feiler/Masterfile

     

    « On pourrait faire gratiner la baguette que t’as apportée pour manger avec les tomates ! Oh, et prends aussi du persil. Et du basilic ! »

    La mini di Stasio qui m’accompagne au jardin, les joues rosies par la fraîcheur d’octobre, salive à l’avance pendant qu’on cueille légumes et fines herbes pour le souper. Ses mains potelées détachent des raisins bleus de la vigne qui s’enchevêtre dans la tonnelle, les portent à sa bouche. « Tu ne trouves pas que la texture du raisin et le goût du fromage, mettons du Saint-Paulin, c’est le match parfait ? »

    Soupir.

    Le fromage fait partie des aliments qui manquent le plus à Virginie depuis que sa mère l’a mise au régime, il y a un mois. Ça et les biscuits Pirate au beurre d’arachide. Et aussi les Whippet. « Je peux en manger, mais moins qu’avant. »

    Bon. Elle le confesse, elle triche. « Des fois, je pique des amandes au chocolat à maman », chuchote la fillette de neuf ans aux soyeuses boucles de poupée.

    Pas facile de faire carême quand on est gastrolâtre comme Virginie. Sushis, calmars, gibier, reblochon… par ici que j’y goûte ! En bonne koodie, comme on appelle maintenant les dignes descendants des foodies, elle épluchait déjà les magazines de recettes à trois ans, raconte Martine, sa mère, une grande femme carrée à l’épaisse chevelure d’ébène. Elle a elle aussi un solide coup de fourchette. D’où la difficulté de mettre un frein à la gourmandise de son héritière. « Ça vient jouer dans mes bibittes » , dit-elle. Mais ayant perdu elle-même 18 kilos (40 livres) à force « d’énoooormes sacrifices », elle se sent mieux placée pour faire la leçon.

    Les poignées d’amour de Virginie inquiètent sa mère depuis l’entrée à la maternelle. Sur ses photos de classe, son double menton saute aux yeux. « Les vêtements de taille “extra large” lui pètent sur le dos, je ne sais plus où l’habiller. »

    Ça ramène Martine à son passé de « p’tite grosse frisée pas d’amis ». « Je ne veux pour rien au monde que ma fille endure ça. À l’époque, explique-t-elle, j’aurais aimé en maudit que ma mère m’aide à perdre du poids. »

    Au secours !

    Virginie appartient au quart des jeunes Québécois qui font de l’embonpoint ou qui sont carrément obèses – c’est d’ailleurs le cas de la fillette, selon les normes de croissance de l’Organisation mondiale de la santé. Il y a 25 ans, les enfants comme elle étaient rarissimes au Québec. « Chez les jeunes de moins de 11 ans, il y avait de l’embonpoint, mais pas d’obésité, explique Natalie Alméras, kinésiologue et chercheuse à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Aujourd’hui, des bambins de deux ans en souffrent. C’est dramatique. »

    La graisse de bébé qui s’accroche et prospère peut faire des ravages. Des petits ont désormais des « maladies de vieux » : diabète de type 2, apnée du sommeil, hypertension ou problèmes articulaires aux genoux, aux hanches. Sans parler de la détresse. Se faire traiter de « gros » jour après jour dans l’autobus, être choisi en dernier dans les sports d’équipe à l’école, ne pas être invité aux partys, ça mine l’estime de soi.

    Malheureusement, les parents ne reçoivent presque pas d’appui du système de santé, selon Natalie Alméras, qui sonne l’alarme depuis des années. « Peu de cliniques spécialisées se penchent sur ce problème, affirme-t-elle. Les médecins de famille sont mal outillés et n’ont pas le temps de s’en occuper. Le manque de formation est criant. »

    Dans certains milieux, les professionnels de la santé reçoivent les parents avec une brique et un fanal, selon les témoignages recueillis par Marie Marquis, nutritionniste spécialisée dans les comportements alimentaires des jeunes à l’Université de Montréal. « On leur dit quasiment : “Mais qu’avez-vous fait à votre enfant ? Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps ?” » Bonjour la culpabilité !

    Il y a bien quelques initiatives prometteuses, ici et là. Le camp SNAP, fondé l’an passé grâce, entre autres, à la collaboration du CHU Sainte-Justine, rassemble durant l’été des jeunes obèses à l’Auberge Le P’tit Bonheur, dans les Laurentides. Au programme : jouer dehors, participer à des ateliers de cuisine, apprendre à lire les étiquettes sur les produits alimentaires.

    De plus, à la demande pressante des parents, l’organisme à but non lucratif ÉquiLibre publiera au printemps le premier guide à l’intention des familles avec enfants en surpoids, disponible seulement auprès de professionnels de la santé (médecins, infirmières, psychologues, nutritionnistes). Des questions délicates y seront abordées. Que faire quand ma fille réclame une autre assiette de pâtes ? Dois-je bannir du garde-manger nachos et cupcakes ? Puis-je parler à fiston de sa corpulence ? Si oui, sur quel ton ?

    En attendant, Martine y va avec son jugement, sans supervision médicale. Son plan de match n’a rien de spartiate, précise-t-elle : davantage de sport, des portions réduites, plus de légumes, moins de sucreries et de féculents. L’affaire a été présentée à fifille avec humour, en faisant allusion à son « bedon rond » et à ses fesses « en pamplemousse ». « Mon but n’est pas d’en faire un paquet d’os, mais qu’elle puisse porter la taille “large”. » Virginie ne demande pas mieux : elle rêve de trouver enfin de « jolies robes chics » qui lui feront bien. Et d’être « mince comme Claudia », sa copine de classe. Elle rapproche ses mains pour que je me représente la finesse de sa taille : « Je me trouverais plus belle comme ça. »

    La bonne approche ?

    « Oh là là !… Neuf ans, c’est jeune pour se soucier déjà de son poids ! » Marie Marquis a beau être archi-consciente des dangers causés par l’obésité, elle n’est pas fan des régimes amaigrissants, comme tous les experts que j’ai bombardés de questions.

    D’abord parce que ça ne donne rien – la science en a fait la preuve maintes fois. Les enfants que l’on met au régime courent davantage de risques d’être gros à l’âge adulte. Et d’entretenir une relation tordue avec la bouffe.

    Marie Marquis a constaté que chez les parents, et surtout chez les mères, puisqu’elles sont le plus souvent responsables des repas, c’est un réflexe répandu de rationner, voire d’éliminer des aliments du menu des enfants rondouillards. Même des éducatrices en garderie le font, selon une étude québécoise récente. « Le contrôle des assiettes frise parfois la maniaquerie », dit la nutritionniste, qui a vu des couples faire souper leurs enfants avant qu’ils se rendent à une fête chez des copains, de peur qu’ils mangent moins santé qu’à la maison.

    Stéphanie, enseignante et maman de trois belles brunes encore au primaire, ne pousse pas la note jusque-là. Mais elle admet avoir coupé dans les portions quand elle a remarqué que la bedaine d’Émilie, alors âgée de trois ans, prenait de l’expansion. « Je me sentais mal pour elle, je ne voulais pas qu’elle parte dans la vie sur ce pied », raconte la svelte Montréalaise de 41 ans. Quatre ans plus tard, même si les replis d’Émilie ont fondu, Stéphanie continue de lui donner moins de friandises qu’aux deux autres, des gymnastes longilignes « bâties sur le même frame de chat que leur père ». En douce, bien sûr, pour éviter les cataclysmes. « Elle est folle du sucre… »

    Les étiquettes nutritionnelles n’ont plus de secret pour ses petites, qui vérifient souvent la teneur en calories de ce qu’elles mangent. « On les met en garde contre les aliments qui font grossir », dit-elle. Toujours, l’argument de la santé est mis de l’avant. « On ne parle jamais d’apparence. » Mais pour être honnête, Stéphanie souhaite que ses filles se trouvent belles à l’adolescence, période critique où le miroir se transforme parfois en instrument de torture. « C’est facile de dire à une ronde : “Accepte-toi telle que tu es” quand la société valorise la minceur ! » Et si elle avait eu des garçons ? « Je me soucierais moins de leur poids. »

    « Les bourrelets des fillettes semblent inquiéter plus que ceux des garçons », observe la nutritionniste Marie Marquis. Sauf si ces derniers sont obèses et qu’on se moque d’eux à l’école. On voit la différence dans le langage : « On dira souvent des gars qu’ils sont costauds, qu’ils ont du coffre, qu’ils ne s’en laisseront pas imposer plus tard. » Alors que les filles se font traiter de « toutounes ».
    Hélas ! même formulés sur un ton badin, ces commentaires peuvent anéantir la confiance en soi, selon les spécialistes. Tout comme parler de son poids devant l’enfant, ou de sa voisine « qui a donc engraissé ». Ou des calories contenues dans tel aliment, ou de l’urgence de suivre un régime avant la saison du bikini. Chez certains, ça peut d’ailleurs entraîner des troubles du comportement alimentaire, d’après des études américaines.

    Les adolescentes en particulier absorberaient comme des éponges les commentaires et l’attitude de leur mère vis-à-vis de la bouffe et de l’apparence. D’autres travaux récents menés notamment au Québec montrent aussi que plus un jeune a d’interdits à table, plus il s’empiffre – parfois jusqu’à l’orgie. En cachette s’il le faut.

    Plainpicture/Westend61/Mito Images

    Plainpicture/Westend61/Mito Images

     

    La méthode douce

    Les cas de boulimie sont d’ailleurs de plus en plus fréquents, s’inquiète le psychiatre Howard Steiger, qui traite depuis 30 ans les troubles du comportement alimentaire à l’Institut Douglas, à Montréal. Selon ses enquêtes, au moins 1 Québécoise sur 10, âgée de 13 à 30 ans, en souffre de façon « importante ». Chez les hommes, le phénomène croît. « Ceux qui aboutissent dans mon bureau ont souvent intégré très jeunes l’idée que leur poids est trop élevé et qu’il faut le contrôler coûte que coûte. »

    « Mais ne jetez pas la pierre aux parents ! » insiste-t-il. Les médias, la mode, les amis, les médecins peuvent aussi instiller la phobie d’être gros. Dans certaines écoles, les professeurs d’éducation physique pèsent même les élèves devant tout le monde.

    Se calmer le pompon est la règle d’or pour aider vraiment son enfant, indique Howard Steiger, qui s’oppose farouchement au culte de la minceur. Il préside avec la journaliste Marie-Claude Savard la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée. « Il n’y a pas lieu de se précipiter chez la nutritionniste parce que sa fille est rondelette. Certaines personnes sont faites pour être enrobées et leur santé n’en souffre pas », dit-il. Elles peuvent même être plus en forme que d’autres qui n’ont pas un gramme de gras.

    Bien sûr, les risques se multiplient quand on dépasse de beaucoup son indice de masse corporelle. « Mais l’enfant n’en mourra pas le lendemain matin », tempère le psychiatre.

    La nutritionniste Marie Marquis abonde dans le même sens : il ne faut pas en faire toute une histoire, car on risque de transformer l’heure des repas en entreprise comptable. « Au-delà des nutriments et des calories, ce qui compte, c’est d’avoir du plaisir à manger. »

    Comme Howard Steiger, elle est convaincue qu’à long terme la seule manière efficace de maigrir, c’est avec la stratégie des petits pas. « Si les membres d’une famille mangent des croustilles tous les soirs devant la télé, pas question de  leur dire de mettre une croix là-dessus. Autrement, je ne les reverrai plus jamais dans mon bureau. » Elle propose plutôt de s’en passer un soir par semaine, puis deux, puis trois… « Plutôt qu’interdire, il faut motiver les troupes à explorer d’autres types de grignotines. »

    Aucun aliment ne devrait être mis à l’index, croit Natalie Alméras. Chaque chose a sa place. Les légumes et les produits laitiers doivent être au menu tous les jours ; les croissants et la charcuterie peuvent y figurer une ou deux fois par semaine ; les frites et les boissons sucrées, deux ou trois fois par mois. « Ces notions devraient être enseignées dès les cours prénataux ! » plaide la kinésiologue, qui recommande aux gens de consulter La vision de la saine alimentationun guide disponible en ligne sur le site du ministère de la Santé et des Services sociaux.

    Autre règle de base : les parents sont responsables de la qualité et de la variété des aliments qui se trouvent dans le garde-manger, tandis que l’enfant détermine la portion qu’il engloutit.

    Même si une petite en surpoids comme Virginie se farcit trois assiettes débordant de macaroni au fromage, plus un dessert ? Et qu’elle touche le fond du sac de chips ? « On ne passe surtout pas de commentaires du genre : “Tu ne trouves pas que tu exagères ?” qui risquent de la miner, dit Fannie Dagenais, nutritionniste et directrice d’ÉquiLibre. Pour la guider, on pourra lui demander, au moment de la servir, si elle a une petite ou une grosse faim. » L’organisme propose d’ailleurs sur son site Détective Gargouillis, un jeu pour la famille.

    « Les signaux de satiété ont été mis à mal par des décennies de : “Finis ton assiette, il y a des enfants qui n’ont rien à manger !”explique Marie Marquis. Heureusement, ça se reprogramme. »

    Martine s’est justement abstenue d’intervenir auprès de Virginie dans le temps des fêtes. Depuis notre rencontre d’octobre, sa fille avait réussi à perdre 10 livres, du moins à vue de nez (elle ne la pèse jamais).

    Mais les boustifailles à droite et à gauche ont eu un effet « catastrophique », s’exclame la maman découragée. « Elle pigeait dans les plats sans retenue. » Retour à la case départ : « Les fermetures éclair de ses pantalons ne montent plus. »

    Ne nous leurrons pas : une fois les kilos installés, c’est « vraiment difficile de s’en départir », dit Howard Steiger. C’est la faute à l’hypothalamus, la partie du cerveau qui régule le poids : il résiste avec entêtement à brûler de la graisse. Et si vous y parvenez, il fera tout en son pouvoir pour vous la faire regagner, jusqu’à sept ans après votre petite victoire. Sympathique.

    Le meilleur service à rendre à son enfant reste donc de l’inciter à s’aimer. « Être en surpoids, ce n’est pas l’idéal pour la santé, mais c’est le cas de bien des gens. Et ça ne les empêche pas d’être compétents, attirants et utiles à la société, soutient le psychiatre. Ce sont plutôt les railleries et les jugements sévères dont ils sont la cible qu’il me tarde de voir disparaître. »

    Quelques chiffres…

    • À neuf ans, le tiers des fillettes auront déjà suivi leur premier régime. À l’adolescence, cette proportion grimpe à 70 %.
    • 75 % des femmes veulent perdre du poids. La moitié d’entre elles ont un poids santé.
    • 33 % des élèves du secondaire consomment des boissons sucrées, des grignotines ou des sucreries tous les jours.
    • Le nombre de jeunes Québécois en surpoids a doublé en 25 ans.

    Quatre bonnes habitudes

    1 Partager plus de repas en famille

    Les enfants mangent beaucoup mieux aux côtés de leurs proches, selon une étude menée auprès de 40 000 jeunes Américains. Et ce, même si la télé est allumée !

    2 Encourager sa progéniture à parler de ses peines, de ses inquiétudes, du stress qu’elle subit

    C’est le genre d’émotions souvent tapies derrière le gavage compulsif…

    3 Aller jouer dehors !

    Plus de la moitié des jeunes Canadiens ne font aucune activité physique. L’Hôpital de Montréal pour enfants conseille de limiter à deux heures par jour les jeux vidéo, la télé et l’ordinateur.

    4 Inciter les enfants à faire la popote

    Ils seront fiers de manger de la salade et des muffins santé qu’ils auront préparés.

     

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    Les végétariens en moins bonne santé que les carnivores ?

     

    Bien s’alimenter est une des clés d’une bonne santé. Souvent, le régime végétarien est jugé meilleur pour notre organisme. Néanmoins, une nouvelle étude semble indiquer que les amateurs de verdure ne se portent pas forcément mieux que les mangeurs de viande, et souffrent plus fréquemment de certains maux.

     
     

    Les régimes alimentaires riches en fruits, céréales et légumes préservent-ils vraiment la santé ? Une étude relance le débat. © Agricultural Research Service, Wikipédia, DP

    Les régimes alimentaires riches en fruits, céréales et légumes préservent-ils vraiment la santé ? Une étude relance le débat. ©Agricultural Research Service, Wikipédia, DP

     

    La société moderne souffre d’un mal nouveau depuis quelques décennies : une recrudescence des maladies métaboliques liées à notre mode de vie et à notre alimentation. La malbouffe s’accompagne d’un apport excédentaire en sucres et en graisses, au détriment des bienfaits des fruits et légumes. Cependant, les personnes végétariennes semblent mieux armées pour détenir les clés d’une plus grande longévité.

    Ce régime alimentaire vert a été associé à de nombreux avantages d’un point de vue de la santé : IMC inférieur, meilleure espérance de vie, bénéfices sur le risque cardiaque, le diabète et l’hypertension ou limitation des risques d’occurrence de certains cancers associés à la viande rouge, entre autres. Néanmoins, de telles habitudes alimentaires se paient avec quelques conséquences, parfois l'apparition de quelques carences ou un taux plus important de troubles mentaux (comme l’anxiété ou la dépression), bien que les études ne soient pas unanimes sur cette question.

    Nathalie Burkert et ses collègues de l’université de médecine de Graz(Autriche) ont voulu vérifier certaines de ces conclusions pour voir si un régime sans viande constitue réellement un avantage sanitaire. Et leurs résultats, accessibles dans Plos One, tranchent avec ceux avancés jusque-là.

     

    Des végétariens d’horizons différents

    Dans un premier temps, les chercheurs ont soumis 15.474 Autrichiens de plus de 15 ans à des questionnaires sur leurs caractéristiques sociodémographiques, certains des comportements associés à la santé (tabagisme, consommation d’alcool, niveau d’activité physique), leur IMC, les éventuelles maladies dont ils souffrent et les traitements pris, ou la santé psychologique, puis, évidemment, leur régime alimentaire afin de les ranger en six groupes bien distincts :

    • les végétaliens ;
    • les végétariens mangeant du lait et des œufs ;
    • les végétariens mangeant, en plus du lait et des œufs, du poisson ;
    • les carnivores fortement tournés vers les fruits et légumes ;
    • les carnivores avec un apport modéré en viande ;
    • les grands mangeurs de viande.

    Santé:  Les végétariens en moins bonne santé que les carnivores ?


    Ce tableau révèle les variations pour divers troubles de santé selon les différents groupes. En gras figurent les maladies pour lesquelles les différences sont statistiquement significatives, toutes à la défaveur des végétariens. © Nathalie Burkert et al.Plos One, cc by 2.5

    Après un écrémage, seuls 1.320 participants ont été retenus : 330 pour l’ensemble des trois groupes de végétariens, en plus de 330 dans chaque groupe de carnivores, afin de comparer les amateurs de verdure aux mangeurs de viande.

     

    L’apologie du régime carnivore ?

    Les résultats de leurs analyses montrent, comme les recherches précédentes, que l’IMC des végétariens est inférieur à celui des différents groupes de mangeurs de viande (22,9 contre 23,4 à 24,9). D’autre part, la consommation d’alcool est globalement inférieure aux deux lots composés des plus carnivores. Cependant, aucune différence n’a été constatée au niveau du tabagisme ou de l’activité physique selon les régimes alimentaires.

    Là où les conclusions surprennent et font naître une polémique, c’est lorsqu’ils montrent que les végétariens se sentent en moins bonne santé que leurs homologues soumis aux autres régimes alimentaires. Par exemple, ils souffrent davantage d’allergies (30,6 % contre 16,7 à 18,2 %), de cancers (4,8 % contre 1,2 à 3,3 %) ou de troubles de l’humeur (9,4 % contre 4,5 à 5,8 %).

    Certains ont déjà accusé les auteurs de faire l’apologie de la consommation de viande. Des critiques balayées de la main par les chercheurs qui rappellent que leur étude ne révèle qu’une association entre le régime alimentaire et la santé, et non une relation de cause à effet. Ils expliquent par exemple que des personnes malades se tournent peut-être alors vers une alimentation végétarienne, pour les bénéfices qui lui sont associés.

     

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