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    9 juin 1944

    Le massacre de Tulle
     


    Le 9 juin 1944 est un jour de grand deuil pour Tulle. Sous les yeux de la population, 99 otages, des hommes de seize à soixante ans, sont pendus aux réverbères et aux balcons de la ville par les soldats de la Panzerdivision SS Das Reich.

    milliers d'hommes debarquent en normandie juin 1944

    Trois jours après le débarquement des Alliés sur les plages normandes, les troupes d'occupation allemandes veulent de la sorte terroriser la population et dissuader les maquis de la région d'entraver leurs déplacements.

    Les « maquisards » s'emparent de Tulle

    Maquisards 

    Enclavée dans une cuvette au coeur du Massif Central, la petite préfecture de la Corrèze était jusque-là surtout connue pour ses dentelles et sa manufacture d'armes, laquelle travaillait depuis l'année précédente pour le IIIe Reich. Mais à l'heure du débarquement allié, elle avait aussi un rôle stratégique du fait de sa situation à proximité de deux voies majeures de communication majeures, l'une Est-Ouest (Lyon-Bordeaux), l'autre Sud-Nord (Toulouse-Paris).

    Aussi la Résistance était-elle très active dans la région : désorganisation du trafic ferroviaire du réseau téléphonique, attaques de convois... La division SS Das Reich du général Heinz Lammerding, établie à Montauban après avoir combattu sur le front de l'Est, avait pris en charge la lutte contre les maquis corréziens en attendant d'intervenir contre le débarquement imminent. Elle bénéficiait dans cette besogne du concours d'Henri « Lafont », le chef de la Gestapo française, et de ses hommes. 

    Dans la région de Tulle, le commandant des FTP (Francs-Tireurs-Partisans, communistes), Jacques Chapou, dit « Kléber », décide de son propre chef de s'emparer de Tulle avec plusieurs centaines d'hommes. C'est la première initiative de ce genre, jamais les résistants ne s'étant hasardés jusque-là à attaquer un centre urbain (trop de risques pour un gain aléatoire). La ville est occupée par quelques centaines de soldats allemands et à peu près autant de miliciens et de supplétifs de la police (GMR, Groupes Mobiles de Réserve). 

    L'attaque débute le 7 juin à l'aube. Les policiers et miliciens français obtiennent le droit d'évacuer la ville avec leurs armes. Les Allemands, quant à eux, se replient dans la manufacture d'armes, dans l'École normale de jeunes filles et dans une école communale. À la gare ferroviaire, ils massacrent les dix-huit gardes-voies, qui avaient renoncé à suivre les maquisards. 

    Le lendemain 8 juin, les assaillants concentrent leurs tirs sur l'École normale et mettent le feu à l'édifice. Les Allemands finissent par se rendre dans l'après-midi, dans la plus grande confusion, au milieu des explosions de grenades et des tirs de fusils. Ils ont en définitive 149 tués et quarante blessés. Certains Allemands, blessés, auraient été achevés par les résistants et ceux-ci auraient aussi retiré du lot de prisonniers une dizaine d'hommes identifiés comme des membres du redoutable SD (Sicherheitsdienst, service de sécurité de la SS), les auraient conduits vers le cimetière et abattus.

    Bundesarchiv Bild 101I-380-0069-37, Polen, Verhaftung von Juden, SD-Männer.jpg

    Sicherheitsdienst

    Jacques Chapou juge la victoire acquise, la prise de la manufacture et de l'école le lendemain ne devant plus être qu'une formalité. À ceux qui s'inquiètent d'un retour en force de la division Das Reich, il répond en riant que celle-ci doit juger plus urgent de gagner la Normandie où vient d'avoir lieu le débarquement. Las, dès le soir, de premiers chars allemands font leur entrée à Tulle en trois lieux différents. Les maquisards, faute d'artillerie et d'armes en nombre suffisant, se replient aussitôt.

    Répression allemande

    Le 9 juin au matin, la ville est investie par les Allemands. Par mesure de sécurité et en prévision d'éventuelles représailles, ils s'empressent de parquer dans la cour de la manufacture un total de trois mille hommes, le reste de la population restant cloîtrée chez elle.

    L'officier Aurel Kowatsch prend contact avec le préfet du département, lequel fait valoir que les blessés allemands de l'École normale ont été pour la plupart correctement pris en charge dans l'hôpital. S'étant concerté avec son supérieur, le général Lammerding, arrivé en fin de matinée, il renonce donc à brûler la ville comme il en aurait eu d'abord l'intention. Mais voilà que les Allemands découvrent les corps de quarante des leurs qui auraient été délibérément suppliciés par les maquisards. C'est en tout cas ce qu'affirme un SS survivant des combats de la veille, Walter Schmald.

    Ils décident de sévir en conséquence et ordonnent la pendaison de cent vingt otages. C'est tout de même moins que le quota que Lammerding avait lui-même fixé, inspiré de son expérience sur le front de l'Est : trois otages exécutés pour chaque soldat blessé, dix otages exécutés pour chaque soldat tué !  

    Heinz Lammerding (27 août 1905, Dortmund - 13 janvier 1971, Bad Tölz)Les SS font dans la cour de la manufacture un premier tri de quatre cents hommes, renvoyant les autres chez eux, puis un tri ultime sous la supervision de Walter Schmald, non dénué de sadisme.

    Les pendaisons débutent vers 16 heures. Sous les yeux des autres prisonniers et également de quelques notables de la ville, dont le maire, les malheureux sont conduits par groupes de dix au pied des noeuds coulants, encadrés par deux Allemands. Ils sont poussés à tour de rôle sur une échelle ou un escabeau et meurent pour la plupart dans une terrible agonie. L'effet est terrifiant aussi pour les femmes et les enfants qui observent la scène derrière les volets. 

    Sans raison apparente, les SS s'arrêtent au 99e supplicié. Les autres otages sont transférés vers Limoges d'où 149 gagneront le camp de déportation de Dachau. 101 n'en reviendront pas. Pour Lammerding, l'objectif est atteint car une bonne partie de la population qui, la veille, applaudissait aux exploits des maquisards, les vomit désormais et n'est pas loin de leur attribuer la responsabilité du drame.

    Le lendemain, un détachement de la même division SS entre dans la cité d'Oradour-sur-Oradour-sur-Glane..

    Robert Hébras fait partie de la poignée de rescapés du massacre d’Oradour-sur-Glane.

    Oradour-sur-Glane....

    Certains participants du drame ont été jugés après la guerre et condamnés à quelques années de prison. Condamné par contumace, Heinz Lammerding a pu quant à lui se reconvertir en chef d'entreprise prospère à Munich et finir ses jours sans plus de tracas.

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  • L'incroyable histoire des villes abandonnées

      

    l'histoire des villes abandonnées. ici, baslestrino, en italie.
    L'histoire des villes abandonnées. Ici, Baslestrino, en Italie. © Massimo Pozzato 

    Englouties, rasées, désertées... Des villes autrefois prospères se sont vidées de leur population. Pour cause de guerre, de désastre écologique ou encore en raison de mauvaises conditions économiques, des cités sont désormais abandonnées. De Balestrino à Prypiat la ville qui abritait les ouvriers de Tchernobyl, en passant par Oradour-sur-Glane, découvrez leur incroyable histoire.

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    Balestrino, Italie

    balestrino en italie
    Balestrino en Italie © LorenzoT 

    Située dans la région de Ligurie, au nord-ouest de l'Italie, cette étrange cité médiévale semble endormie. Les volets sont clos, les maisons intactes. Seule la végétation envahissante rappelle que la ville a été désertée. Autrefois capitale économique de toute la vallée avec la culture de l'olive et de légumes, Balestrino possède toujours un château érigé au XVIe siècle en son sommet. Mais à partir de 1962, l'instabilité sismique et les glissements de terrains poussent ses quelques 500 habitants à la fuir. Une nouvelle Balestrino, plus moderne, a été construite à quelques kilomètres sur un terrain plus favorable. Des études sont toujours en cours pour essayer de sauver les bâtiments abandonnés. La partie médiévale reste désespérément vide.

      

    Kolmannskuppe, Namibie

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    Kolmannskuppe, en Namibie © Mark Daniel 

    Ensevelie sous des tonnes de sable : c'est l'inexorable destin de la ville de Kolmannskuppe ou Kolmanskop en afrikaans. Lorsqu'en 1908, le premier diamant a été trouvé dans le désert de Namib, en Namibie, des colons allemands fondent une cité qu'ils baptisent Kolmannskuppe. La ruée vers l'or fait grandir la ville qui connaît son apogée en 1920 avec quelques 1000 habitants, une école, un théâtre ou encore un tramway vers la cité voisine de Luderitz. Mais après la première guerre mondiale, le cours du diamant s'effondre et la mine n'est plus rentable. Les habitants délaissent la cité qui sera totalement abandonnée en 1956. Depuis, le sable envahit tous les bâtiments. La ville fantôme, menacée de disparition pure et simple, est devenue une attraction touristique.

    Sanzhi ou Shanjhih, Taiwan

    sanzhi ou shanjhih, taïwan
    Sanzhi ou Shanjhih, Taïwan © Cypherone 

    Originales et futuristes, ces maisons OVNI de toutes les couleurs sont désormais la proie des bulldozers. En 1978, un promoteur immobilier décide de construire un complexe de loisirs haut de gamme à Shanzhi, en périphérie de Taipei, sur l'île de Taïwan. Les bâtiments, aux allures de soucoupes volantes, sortent de terre. Mais au début des années 1980, le manque d'argent et des accidents sur le chantier provoquent l'arrêt de la construction. Selon une légende, le lieu serait hanté et donc maudit. Quasiment jamais habitées, la cinquantaine de maisons ont été saccagées et sont fortement endommagées. En 2009, les autorités locales ont décidé de raser toute la zone.

    Enfield, Etats-Unis

    enfield, aux etats-unis
    Enfield, aux Etats-Unis © Shawn Toohey 

    De la ville d'Enfield, dans le Massachussets, il ne reste rien. Fondée en 1816 en hommage à l'un de ses premiers colons, Robert Field, la ville était située de part et d'autre de la rivière Swift.  Entre 1930 et 1939, un gigantesque réservoir d'eau appelé Quabbin est construit aux limites de la ville. Il alimente en eau potable toute la région et notamment Boston. Malgré les protestations des habitants, la cité doit être évacuée et inondée pour que le réservoir entre en fonction. Le 28 avril 1938, Enfield  et plusieurs villes voisines comme Dana, Greenwich et Prescott sont vidées de leur population (2500 personnes), rasées et englouties. Les ruines d'Enfield gisent désormais sous l'un des plus grands réservoirs d'eau du monde.

      

      

      

    Oradour-sur-Glane, France

    oradour-sur-glane en france
    Oradour-sur-Glane en France © Bernard Sers 

    Maisons quasi détruites, voitures incendiées... Oradour-sur-Glane porte encore les marques de la journée du 10 juin 1944. Ce village du Limousin était une paisible bourgade, prospère et attractive avec ses cafés, ses commerces et son tramway. Mais en pleine débâcle allemande, la division SS "das Reich" décide d'organiser une expédition pour réprimer la Résistance et se venger du débarquement du 6 juin. Quelques 8000 soldats encerclent Oradour le 10 juin. Les hommes sont exécutés au hasard des rues tandis que les femmes et les enfants sont enfermés dans l'église qui sera incendiée. Ce massacre a fait 642 victimes et n'a laissé que des ruines. Dans les années 1960, un nouveau bourg a été construit à quelques centaines de mètres, sur les plans de l'ancienne cité.

    Bodie, Etats-Unis

    bodie, etats-unis
    Bodie, Etats-Unis © Ron Marks Photography 

    Symbole de la ruée vers l'or et du Far West, Bodie a connu un passé glorieux. En Californie, à l'est de la Sierra Nevada, un certains W. S. Bodey découvre dans un champ, en août 1859, une pépite d'or. De camp de fortune, Bodie devient en 1862 une vraie ville avec ses mines, son bureau de poste, son Chinatown, ses banques, ses saloons et ses quelque 6 000 habitants. Mais au début des années 1900, la population commence à décliner au fur et à mesure que le cours de l'or s'effondre. Le gisement s'épuise et son exploitation n'est plus rentable. La ville, ravagée par un incendie en 1932, est peu à peu désertée. Dix ans plus tard, la dernière mine ferme. Bodie prend alors le visage de ville fantôme. Aujourd'hui, deux cents bâtiments sont toujours debout et font la joie de centaines de touristes et la cité figure classée au Patrimoine historique depuis 1961.

    Prypiat, Ukraine

    prypiat, ukraine
    Prypiat, Ukraine © Jess Johannessen 

    Tristement célèbre, Prypiat en Ukraine a le visage d'une ville ravagée par la guerre. Fondée en 1970, elle accueillait les ouvriers qui travaillaient à la construction et à la centrale nucléaire de Tchernobyl, à 2 km de là. Au total, elle abritait environ 50 000 personnes. Lorsque le réacteur n°4 de la centrale explose, dans la nuit du 26 avril 1986, les habitants ne sont pas informés des dangers. La ville, fortement touchée par le souffle et irradiée, ne sera évacuée que le lendemain, 30 heures après la catastrophe. Aujourd'hui, Prypiat se trouve toujours dans la zone interdite et continue à être dangereuse. Si quelques uns de ses bâtiments sont intacts, la ville, abandonnée par ses habitants, est depuis quelques années victime de saccages. 

    Holland Island, Etats-Unis

    holland island, aux etats-unis
    Holland Island, aux Etats-Unis © Bald Eagle Bluff
     
    Holland Island, située dans Chesapeake Bay, aux Etats-Unis est une île qui, à son apogée en 1910, comptait jusqu'à 360 habitants et environ 70 maisons. Aujourd'hui, une seule bâtisse est restée debout et la ville est totalement déserte. La faute à l'érosion qui a fait disparaitre l'île petit à petit. Dès 1914, les habitants de l'est de l'île ont vu le sol se dérober sous leurs pieds à cause du vent et des marées. La construction de murs en pierre n'y changera rien, la mer a décidé de reprendre ses droits et les résidents, en majorité des pêcheurs et des agriculteurs, vont quitter les lieux. La dernière famille quittera l'île en 1918, quand une tempête tropicale va s'en prendre à l'église du village.

    Agdam, Azerbaidjan

    agdam, en azerbaïdjan
    Agdam, en Azerbaïdjan © Joao Leitao 

    Agdam est elle-aussi une cité fantôme, en Azerbaïdjan. Autrefois, elle abritait 160 000 personnes et possédait son aéroport. La cité calme, entourée par de magnifiques montagnes, a été rayée de la carte en quelques jours. En juillet 1993, suite à un conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, les forces armées arméniennes l'envahissent. Les habitants avaient pris la fuite précédemment sous la menace d'un conflit. Agdam est pillée et saccagée sans aucun affrontement ni échanges de tirs. De la cité, il ne reste que des ruines. Depuis, la végétation envahit peu à peu les bâtiments à moitié détruits.

    Epecuen, Argentine

    epecuen, argentine
    Epecuen, Argentine ©  Mariano Perez 

    La Villa Lago Epecuen présente le visage d'une cité engloutie, ravagée par les eaux. Les arbres secs et les maisons vides et toujours debout semblent flotter au milieu des eaux. La cité, construite au bord du lac Epecuen, est une destination touristique prisée pour ses cures thermales. Elle possède près de 250 hôtels et centres de soins. Mais le lac d'eau chaude connaît un problème ancestral : le manque d'eau. En 1978, des travaux de remblais et d'ajout d'eau sont entrepris. Mais le 10 novembre 1985, ils tournent au drame. Un mur de soutènement de 3,5 mètres de haut lâche. La ville est entièrement inondée et en quinze jours, l'eau la recouvre sur près de deux mètres. Les habitants qui ont fuit se sont réfugiés dans la cité voisine de Carhue qui, elle aussi située au bord du lac, possède des activités thermales.

    Pyramiden, Norvège

    pyramiden, suède
    Pyramiden, Suède © Gard Gitlestad 

    Ville minière intacte, figée dans le temps : les touristes qui la visitent chaque année peuvent apercevoir l'intérieur des maisons à travers les fenêtres. Cette cité aujourd'hui norvégienne, a été fondée en 1910 par la Suède puis vendue en 1927 à l'Union soviétique. Elle tient son nom de la montagne voisine en forme de pyramide. Mais la cité est victime à la fois de la crise du charbon et de la chute du régime soviétique. L'Etat russe décide d'abandonner la ville. L'évacuation des 1000 habitants s'opère le 10 janvier 1988. Accessible par bateau ou par motoneige, Pyramiden est devenue une attraction touristique prisée. Seuls quelques gardiens y habitent désormais une partie de l'année. 

    Centralia, Etats-Unis

    centralia, etats-unis
    Centralia, Etats-Unis ©  Peter Van den Bossche
     
    Cette ville de Pennsylvanie reste dangereuse encore aujourd'hui. Pour accéder à Centralia, la route 61 a même été fermée. Seuls les plus téméraires s'y rendent. La ville, qui comptait jusqu'à 1600 habitants, n'en abritait plus que 7 en 2007. Fondée dans les années 1800, la ville est le théâtre, en mai 1962, d'un gigantesque incendie de détritus dans son ancienne mine de charbon, à ciel ouvert, transformée en décharge. Vingt ans plus tard, les premiers habitants se plaignent d'odeurs nauséabondes et de problèmes respiratoires. Le feu a provoqué des émanations de monoxyde de carbone. En 1981, les premières maisons sont abandonnées. Actuellement, quelques résidents habitent toujours dans cette ville fantôme ravagée par le gaz qui attaque les routes, les arbres et qui sort continuellement du sol.

    Oil Rocks, Azerbaidjan

    oil rocks, azerbaïdjan
    Oil Rocks, Azerbaïdjan © Bruno Girin
     
    Cette cité n'est pas sur terre mais flotte, au milieu de la Mer Caspienne. Elle a été construite par l'Union Soviétique en 1947, à 50 km des côtes de l'Azerbaïdjan. Plusieurs dizaines de plate-formes pétrolières reliées entre elles  forment une gigantesque ville qui s'étend sur presque 200 km. Unique au monde, cette ville flottante a abrité jusqu'à 5000 personnes et a permis d'extraire, dans les années 1960, 21 millions de tonnes de pétrole chaque année. Mais aujourd'hui, seul un tiers de la surface est encore utilisée et plusieurs plate-formes ont sombré dans l'eau. Si la plupart des résidents ont quitté Oil Rocks, il semblerait que les opérations de forage perdurent.

     

    L'atoll de Bikini, Iles Marshall

    l'atoll de bikini.
    L'atoll de Bikini. © Library of Congress
     
    L'atoll de Bikini, dans les îles Marshall, au beau milieu du Pacifique, est aujourd'hui répertorié au patrimoine mondial comme "symbole de l'entrée dans l'âge nucléaire". Mais l'homme a habité l'atoll pendant au moins 2000 ans selon les experts. Ce sont les Allemands qui s'y implanteront les premiers en y fondant une première colonie en 1885. Au milieu du XXe siècle, près de 200 habitants occupent les îles quand les Américains décident d'y réaliser une série d'essais nucléaires. L'atoll est évacué et, entre 1946 et 1958, vingt-trois engins vont littéralement faire disparaitre trois îles de la carte. Les habitants qui décideront de revenir s'installer dans l'atoll seront exposés à de forts taux de radioactivité et devront de nouveau être évacués dans les années 1960. Terre, bananes, noix de coco, crustacés et poissons y sont toujours fortement radioactifs.

    Castelnuovo dei Sabbioni, Italie

    castelnuovo, italie
    Castelnuovo, Italie © Alessio Undini 

    Pourquoi la partie la plus ancienne du village de Castelnuovo dei Sabbioni est-elle abandonnée ? La cité, située sur la commune de Cavriglia en Italie, a été bâtie au 13e et 14e siècle sur les collines du Chianti et du Valdarno. Au début du 20e siècle, la découverte d'un gisement de lignite fait sa fortune et attire jusqu'à 1000 habitants. Mais l'exploitation de cette mine fragilise les bâtiments situés en hauteur. Dans les années 1970, un glissement de terrain fait de nombreux dégâts et incite les autorités à prendre une décision. La vieille ville, menacée, est totalement évacuée. Les résidents sont relogés dans une nouvelle ville, en contrebas. Aujourd'hui, la municipalité de Cavriglia a racheté les terrains du vieux village et souhaite le réhabiliter.

    Hashima Island ou Gunkanjima, Japon

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    Hashima Island, Japon © Blakey Bear
     
    Cette île est située à 19 km des côtes de Nagasaki, au Japon. Hashima Island ou Gunkanjima tire son surnom, Battleship Island ou l'île navire, de sa forme et de ses hauts murs. En 1890, l'entreprise Mitsubishi achète l'île et la transforme en lieu de stockage pour ses équipes chargées de récupérer du charbon au fond de la mer. En 1916, les premiers bâtiments en béton y sont construits dont plusieurs immeubles pour loger les familles des ouvriers. L'île, qui mesure 160 m de large et 450 m de long, est alors habitée par 5000 personnes. L'épuisement des gisements provoque la fermeture de l'usine en 1974 et l'abandon de la cité. Depuis, les bâtiments ont été saccagés et l'accès, fermé au public, n'a été rouvert qu'en avril 2009. Des visites guidées en bateau attirent de nombreux curieux.

    Cairo, Etats-Unis

    cairo, etats-unis
    Cairo, Etats-Unis © Michael Kelley 

    Si elle n'est pas totalement abandonnée, son centre-ville reste désespérément désert : maisons murées, enseignes de magasins intactes et rues vides. Cairo, installée à la confluence des rivières du fleuve Mississipi et de la rivière Ohio, a été fondée en 1837. La cité a tiré sa prospérité de son port où les bateaux à vapeurs y étaient ravitaillés. Elle atteint son pic de population, 20 000 habitants, en 1907. Mais les avancées technologiques font décliner l'activité de son port. Peu à peu, Cairo se vide. Les usines et les commerces ferment. Lors du dernier recensement de 2000, il ne restait plus que 3632 habitants qui résidaient tous en périphérie.

    Great Blasket Island, Irlande

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    Great Blasket Island © Bjørn Christian Tørrissen CC
     
    Great Blasket est une île située dans le Comté de Kerry, en Irlande. L'île a été habitée jusqu'en 1953, lorsque le gouvernement irlandais a décrété qu'il ne pouvait plus "garantir la sécurité de la population" restante. Jusqu'en 1953, les habitants de Great Blasket Island étaient ceux qui vivaient le plus à l'ouest du pays, dans des conditions en effet difficiles. La petite communauté de pêcheurs a atteint près de 150 habitants à son apogée. Tous vivaient pour la plupart dans des chalets primitifs perchés sur la partie nord-est de l'île. C'était notamment le lieu de résidence de trois écrivains irlandais connus : Tomás Ó Criomhthain, Sayers Peig et Muiris Ó Súilleabháin. Aujourd'hui, l'île a été abandonnée et vendue à l'Etat.

    Sewell, Chili

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    Sewell, Chili © Jorge Felipe Gonzalez 

    Ses façades colorées et ses rues bien entretenues entretiennent l'illusion. Sewell ou El Teniente est bel et bien une cité minière abandonnée. En 1904, elle n'était qu'un simple campement de mineurs. Très vite, la richesse du gisement de cuivre a nécessité la construction d'immeubles pour abriter les ouvriers. Son apogée s'est située entre 1930 et 1960 avec près de 15 000 habitants. L'activité de la mine a été fortement réduite à partir de 1967 puis complètement arrêtée en 1971 lorsque le gisement s'est épuisé et Sewell a été abandonnée. Les familles ont été relogées dans la ville voisine de Rancagua. Elle est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1996 et certains de ses bâtiments ont fait l'objet d'une restauration. L'ancienne cité se visite toute l'année. 

    Craco, Italie

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    Craco, Italie © Emanuele Cristallo 

    Aucun doute : la cité médiévale de Craco reflète bien son état d'abandon. Située dans la région de Basilicata, dans le sud de l'Italie, Craco a été édifiée vers 1060 sur une montagne. En 1891, sa population qui a atteint les 2000 habitants vit de la culture du blé et de l'élevage. Mais les mauvaises récoltes et l'instabilité du terrain, avec des glissements de terrain, provoquent un exode. En 1963, les 1800 habitants qui restaient ont été priés d'évacuer et se sont installés, dans la vallée, 7 km plus bas, au cœur d'une nouvelle cité baptisée Craco Peschiera. Depuis, la vieille ville dépérit.

    Humberstone, Chili

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    Humberstone, Chili © Michael 

    Dans le désert chilien d'Atacama, Humberstone a été autrefois prospère. Fondée en 1872, elle était une cité minière avec plusieurs usines d'extraction de salpêtre, utilisé dans un engrais, le nitrate de soude. Des ouvriers venus du Chili, du Pérou et de Bolivie y ont travaillé pendant plus de soixante ans. Mais dès 1929, la grande dépression mondiale entraîne la chute de la localité. Au bord de la faillite, la ville-usine est rachetée en 1934 par une société chilienne. Après la modernisation de l'usine et une période de croissance, le gisement s'épuise finalement dans les années 1960 et les ouvriers désertent définitivement la cité. Dix ans plus tard, elle devient officiellement une ville fantôme et reçoit ses premiers touristes. Humberstone est classée par l'Unesco, depuis 2005, sur la liste du Patrimoine mondial en danger.

    Stroma, Ecosse

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    Stroma © Brent Snook
     
    Stroma est une île située au large de la côte nord de l'Écosse. Quand elle était encore peuplée, cette île a pu compter jusqu'à 550 habitants. Elle a aussi longtemps appartenu à un propriétaire agricole qui pouvait y faire paître les moutons. Dès 1901 la population avait fondu à environ 375 habitants et a continué de diminuer au cours du XXe siècle, à cause de l'isolement et faute d'activité. Les derniers résidents ont travaillé à la construction  de la centrale nucléaire de Dounreay, dédiée à la recherche, sur la côte écossaise en 1960. Les deux dernières familles restées sur l'île l'ont quittée en 1962. De nombreuses de maisons en ruines, l'église et son presbytère témoignent aujourd'hui le l'installation de l'homme sur l'île. Stroma est maintenant une zone de conservation des plantes rares.

    Varosia ou Varosha, Chypre

    varosia ou varosha, chypre
    Varosia ou Varosha, Chypre © Bass_nroll 

    Varosia ou Varosha est une cité balnéaire de Famagusta, une ville située sur l'île de Chypre. Dans les années 1970, Varosia était la destination touristique numéro un du pays. De nombreux immeubles modernes ont été construits face au littoral. L'Hôtel Largo, sur le Boulevard JFK, a même accueilli plusieurs vedettes dont Elizabeth Taylor. Mais le 15 août 1974, l'armée turque entre dans Famagusta suite à des échanges de tirs avec l'armée grecque. La cité balnéaire de Varosia est évacuée et tombe aux mains des Turcs. Depuis 35 ans, aucune négociation internationale n'a permis le retrait des troupes. La cité, vidée de ses habitants, dépérit, et reste inaccessible car entourée de barbelés. Les fenêtres tombent et la végétation envahit peu à peu les bâtiments.

    Kadykchan, Russie

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    Kadykchan, Russie © Google Earth mapping service / Image 2009 Digital Globe 

    Cette ville est l'une des victimes de la chute du régime soviétique. En 1936, un géologue russe découvre un gisement de charbon sur le plateau de Magadan, à l'Est du pays. Dès l'année suivante, trois mines à ciel ouvert voient le jour. La ville de Kadykchan est fondée dans les années 1940. La région devient alors l'une des plus grandes mines de charbon du pays. Au plus fort, Kadykchan accueille 10 000 habitants. Mais la dissolution de l'URSS provoque l'arrêt de l'exploitation des usines. La cité perd petit à petit ses habitants qui choisissent l'exode. La très grande majorité des bâtiments désertés sont fortement endommagés par les intempéries.

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    la ville de kolmannskuppe ou kolmanskop qui disparaît recouverte par le sable.
    La ville de Kolmannskuppe ou Kolmanskop qui disparaît recouverte par le sable. © Mark Daniel
     
     
     
     

     
     
     
     
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    Le débarquement en images #2

    LE JOUR LE PLUS LONG EN IMAGES

     

    LA CHAPELLE DE LA MADELEINE

    Chapelle de la Madeleine
    Des soldats du génie américain, qui viennent de débarquer sur Utah Beach, traversent ce qu'il reste de la petite Chapelle de la Madeleine et de son cimetière.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    CEUX QUI SE BATTENT PRENDRONT LE TRAIN

    Des rails sur la mer
    Des lignes de chemin de fer ont été tirées jusqu'à la mer pour permettre de placer directement les wagons sur rail à leur descente des navires. Ils étaient ensuite remplis d'armes, munitions ou ravitaillement.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    EN ATTENDANT LA NORMANDIE

    Attendant la Normandie
    Les soldats ont dû s'armer de patience. A gauche, deux USMP (Police militaire américaine chargée d'organiser le convoi de véhicules) attendent de charger leur jeep sur un bateau. A droite, des troupes américaines à bord d'un LCT (Landing Craft Tanks ou porte chars).
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LET'S GO !

    Let's go
    Les hommes sont lâchés ! Lourdement armés, les soldats alliés dominent la première journée de combat. Au soir du 6 juin 1944, le bilan est d'ailleurs plutôt positif. 156 000 hommes ont débarqué dont 73 000 unités américaines et 83 115 anglo-canadiennes. 10 000 d'entre eux ont néanmoins péri dans cette première journée.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LE PORT DE CHERBOURG

    Port de Cherbourg
    Le matériel des Alliés est déchargé dans le port artificiel de Cherbourg, construit à côté de la plage Napoléon pour faire face à l'affuence de cargos. Moins de 15 jours plus tard, dans la nuit du 19 au 20 juin, le port artificiel a été détruit dans une tempête.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LES PÉNICHES DE DÉBARQUEMENT

    Péniches de débarquement
    Dans le cadre d'un entraînement en Grande-Bretagne, des troupes américaines à bord d'un LCA s'apprêtent à rejoindre un navire de la flotte alliée.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LE MUR DE L'ATLANTIQUE

    Mur de l'Atlantique
    Dès 1941, les Allemands ont commencé à se prémunir contre une attaque par voie maritime. Ils barricadent le littoral atlantique, de la Norvège au Pays-Basque espagnol : des milliers de kilomètres de barbelés, de mines, de bombes forment le "Mur de l'Atlantique". Le front normand, sous la responsabilité de Rommel, est particulièrement protégé, notamment par une batterie d'artillerie.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LA MER COMME ENNEMIE

    La mer ennemie
    Ces soldats sont sauvés in extremis de la noyade par leurs camarades. Deux possibilités peuvent expliquer leur détresse : soit ils ont été victimes des violentes tempêtes qui ont sévi sur la Manche les 4 et 5 juin 1944 ; soit leur embarcation a été détruite par un bombardement allemand.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LE DESSOUS DES CARTES

    Dessous des cartes
    Quelques jours après le débarquement, deux soldats canadiens, qui ont vraisemblablement investi un ancien local nazi, observent une maquette des plages normandes.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du Canada
     

    DES SOLDATS À FLOT

    Soldats à flot
    Le 6 juin 1944, les barges du débarquement vont et viennent, déversant un flot continu de soldats.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    EMBARQUEMENT DES PRISONNIERS

    Embarquer les prisonniers
    A gauche, un soldat des US Engineers (ingénieurs américains) inscrit le nom des prisonniers de la Wehrmacht. Celui-ci, de type asiatique, est surement un soldat de l'armée russe incorporé dans les rangs allemands. A droite, une longue file de prisonniers de la Wehrmacht est supervisé par des officiers britanniques.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    HÔPITAL SANS FRONTIÈRES

    Hôpital
    Un hôpital de secours a été dressé en secteur américain, en pleine campagne, au moment de la libération de la Normandie durant l'été 1944. Les GI's américains disposent d'excellents soins médicaux car de nombreux appelés et volontaires sont médecins, chirugiens, infirmiers ou dentistes.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    AIR FORCE AMÉRICAINE

    Air force
    Les 82e et 10e divisions américaines ont été désignées pour être parachutées à l'ouest et au sud-ouest d'Utah Beach. Mais 75% des effectifs n'ont pas été largués au bon endroit, entraînant une désorganisation importante des opérations aéroportées. Un parachutiste s'est noyé dans un marais alors qu'un autre est resté accroché pendant 2h au clocher de Sainte-Mère-Eglise.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    FOURBI SUR UTAH BEACH

    Utah Beach
    Vélos, barbelés, barrières, caisses, hommes , armement... La plage d'Utah Beach s'est transformée en un vaste fourbi où quelques soldats, à gauche de la photo, font une pause déjeuner.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LE DÉBARQUEMENT VU DU CIEL

    Débarquement vu du ciel
    Sur ce cliché pris du ciel, on distingue clairement des navires de taille impressionnante ainsi que des chars d'assaut et camions qui pullulent sur la plage.
    ©  Conseil régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    RENOUVELLEMENT DES TROUPES

    Renouveller les troupes
    Au lendemain du D-Day, des troupes fraîches de l'armée américaine débarquent des LCM's ("Landing Craft Mechanized" ou plateforme flottante) et des LCT's (Landing Craft Tank).  
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    OMAHA BEACH

    Omaha Beach
    Cette prise de vue d'Omaha Beach illustre la prolifération impressionnante d'hommes et de matériel. En premier plan, des files de 6x6 et de jeeps s'apprêtent à quitter la plage alors que de nouveaux bâtiments, protégés par des dirigeables, accostent encore.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     
     
    Ces personnes sont mortes pour notre liberté et démocratie.  Merci à vous de ce que vous avez fait... Chapeau....  Vous méritez plus qu'une simple médaille...
     

    Histoire:  Le débarquement en images #2

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    Le débarquement en images #1

    LE JOUR LE PLUS LONG EN IMAGES

    Le jour le plus long
    Le 6 juin 1944, se déroule "le jour le plus long" de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, l'Opération Overlord aboutit. Hommes, navires, chars et avions débarquent sur les plages normandes pour libérer la France de la dictature nazie. De nombreuses répétitions ont été nécessaires pour organiser l'opération (photo).
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    SOLDATS AUX AGUETS

    Aux aguets
    A bord d'un LCA ("Landing Craft Assault" ou barge de débarquement), des soldats américains observent l'activité des plages. Ils ne sont pas les premiers : de nombreux navires et camions sont déjà sur place.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    UNE OPÉRATION COLOSSALE

    Opération colossale
    Le débarquement est l'opération la plus grandiose de la Seconde Guerre mondiale : 7 000 navires, 11 000 avions, 160 000 hommes, 20 000 véhicules et 15 000 chars débarquent sur les plages normandes.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    VUE AÉRIENNE

    Vue aérienne
    Les Alliés ont surnommé les plages normandes du débarquement Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. Ici, un bombardier survole l'une d'entre elle sur laquelle on distingue les colonnes de fumée blanche laissées par l'impact des bombes.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LES TIRS ANTIAÉRIENS

    Tirs antiaériens
    Depuis leur bâtiment, des soldats de l'US Navy procèdent à des tirs antiariens à l'aide d'une mitrailleuse. Pendant la traversée de la Manche, les commandants des navires de guerre ont ordre de tirer sur tout avion volant à basse altitude, qu'il soit ami ou ennemi.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LA FLOTTE ARMÉE

    Flotte armée
    Après avoir investi des plages, des immenses LST ("Landing Ship Tank" ou cargo du débarquement) déversent quantités de véhicules et de matériel. Pour empêcher toute attaque aérienne, les bâtiments sont reliés à des ballons dirigeables par des câbles d'acier. C'est moins le ballon qui les protège que les câbles qui pourraient couper les ailes d'un avion s'approchant de trop près.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    "STARS AND STRIPES"

    Stars and stripes
    La flotte alliée, qui navigue tous drapeaux dehors, avance dans des nuages de fumée artificielle formés à l'avant des bâtiments pour camoufler l'armada.  
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    TOUCHÉS COULÉS

    Touchés coulés
    Les passagers d'un navire en train de couler, très certainement touché par un bombardement, appellent à l'aide.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    LA NORMANDIE EN RUINE

    Normandie en ruine
    Les bombardements des Alliés ont détruit une grande partie de la Normandie, mais il n'existe pas d'estimation exacte des dégâts. Routes, villages, usines, télécommunications ont été victimes de "dommages collatéraux" et certaines villes, telles que Le Havre, ont été presque entièrement démolies.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    NOM DE CODE "NEPTUNE"

    Neptune
    Le Débarquement a nécessité une organisation lourde et la mise en place de différentes opérations militaires. Notamment, l'opération Neptune qui désigne excusivement le débarquement de la flotte alliée sur les côtes normandes. Elle a permis de mener à bon port, le 6 juin 1944, 5 forces principales, une par plage, chacune subdivisée en 8 à 16 convois.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    VOL À LA TIRE

    Vol
    Alors que la flotte de l'armada alliée traverse la Manche, 3 460 bombardiers lourds et 1 650 bombardiers légers et moyens larguent des centaines de bombes sur les fortifications du Mur de l'Atlantique.
    ©  Conseil Régionale de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    PRISONNIERS DE GUERRE ALLEMANDS

    Prisonniers allemands
    A la fin de la Seconde Guerre mondiale, 430 000 prisonniers de guerre allemands sont emprisonnés à l'étranger, dont 380 000 aux Etats-Unis. Ironie du sort, les "Liberty ships" (bateau de la liberté), qui ont servi à transporter soldats et marchandises à l'aller, sont mobilisés pour leur transport vers les camps américains.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     

    L'OPÉRATION OVERLORD

    Opération Overlord
    Le débarquement a nécessité une préparation de longue haleine pour les troupes anglo-saxones. Entraînement des hommes, ravitaillement, armement, soins médicaux... Les Alliés ont tout prévu pour soutenir l'assaut en Europe. A droite, un camion chargé de réserves monte sur un LST, dans un port anglais. A gauche, des soldats britanniques s'entraînent en Angleterre.
    ©  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
     
    Pour toutes ces personnes tuées pour nous, je leur offre une rose...
    Frawsy
     

    Histoire:  Le débarquement en images #1

     
     
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    Jean Jaurès
     

    Alors que la Première Guerre mondiale est sur le point d’éclater, Jean Jaurès, tribun socialiste, est assassiné par un nationaliste, Raoul Villain.
    Pourtant, Jean Jaurès n’était pas anti-militariste. C’était un républicain mais aussi un grand patriote très attaché à la notion de défense nationale.
    Fervent défenseur de la paix, Jaurès aurait-il pu empêcher ce conflit qui a provoqué la mort de plus de 10 millions d’hommes ?
    A travers cette question, on peut se demander si la Première Guerre mondiale était vraiment inéluctable.

     

    Jaurès et l’Internationale ouvrière

    Jaurès est l’un des fondateurs de la S.F.I.O (Section française de l’Internationale ouvrière) constituée en 1905.
    Député depuis 1893, il a fondé en 1904 un journal : l’Humanité. Très attaché aux valeurs de la République, Jaurès est persuadé que seule la lutte des classes permettra de construire un avenir meilleur.
    Mais, c’est également un visionnaire et un homme très en avance sur son époque. En effet, en ce début de 20e siècle, colonialisme et nationalisme sont fortement ancrés dans les mentalités.

    Histoire:  Jean Jaurès

    Jean Jaurès

    Jean Jaurès a, lui, une vision beaucoup plus globale et pressent déjà que l’unité socialiste passe par l’internationalisme.
    C’était en quelque sorte un européen avant l’heure. Partant de ce principe, seule une unité européenne organisée autour des valeurs du socialisme pouvait aboutir à une paix durable.

    Si effectivement, dans chaque pays, les socialistes condamnent leurs gouvernements, le consensus est loin de se faire quand il s’agit de mettre en place des solutions pour éviter la guerre.
    Que faire en cas de conflit ? C’est la question qui est posée lors du congrès de Copenhague en 1910.
    Une motion propose la grève générale et la révolte des forces populaires. Mais, les intérêts individuels passent avant l’unité du mouvement.
    Les socialistes allemands rejettent cette motion.

    Discours de Jaurès en mai 1913

    Assez paradoxalement, tous sont convaincus que le capitalisme est un fléau qui, par pur intérêt financier, risque d’entraîner les peuples dans la guerre. Mais, ils sont incapables de se mettre d’accord quant au choix des moyens d’action.

    Le nationalisme prime sur l’internationalisme. A ce propos, Jaurès écrit : "Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène ".

    Le projet d’ "armée nouvelle"

    Jean Jaurès propose un projet dans lequel il préconise un système de milice pour remplacer le service militaire qui est passé de deux ans à trois ans. 
    « Une armée ne repose pas sur une permanence de la caserne mais sur la permanence de la nation elle-même, constamment éduquée, constamment entraînée. »

    Il propose un service militaire de 6 mois suivi de huit périodes de rappel. L’idée est qu’une milice pourra défendre efficacement une portion de territoire mais le principe restant défensif. L’ "armée nouvelle" est donc une déclaration de « la guerre à la guerre » en valorisant l’action défensive au détriment de l’action agressive.

    Suite à ses déclarations, les nationalistes le considèrent comme un traître et même un agent de l’Allemagne.

    Un nationalisme exacerbé

    Si nous trouvons que certains propos actuels sont parfois choquants, les attaques politiciennes et journalistiques d’aujourd’hui semblent bien tièdes en comparaison avec celles de cette époque. 
    Certains journaux nationalistes vont très loin en incitant leurs lecteurs à se débarrasser du « vendu ».
    Dans la Sociale, un journaliste écrit : » A la veille de la guerre, le général qui commanderait à quatre hommes et un caporal de coller au mur le citoyen Jaurès et de lui administrer à bout portant le plomb qui lui manque dans la cervelle ferait son plus élémentaire devoir. »

    Ce n’est plus de la propagande mais un appel au meurtre. Le plus incroyable c’est que cette haine vis-à-vis d’un homme qui ne fait que défendre ses convictions est partagée par des écrivains et des poètes.
    Le poète Charles Péguy, par exemple, écrit que Jaurès est un traître qu’il faudrait fusiller.

    En parallèle, le 28 juin 1914, l’attentat de Sarajevo lance l’engrenage de la guerre.

    Un conflit suicidaire bien préparé

    Le 28 juin, alors qu’il passe en revue les troupes impériales, François-Ferdinand de Habsbourg, l’archiduc héritier d’Autriche-Hongrie, est assassiné avec son épouse à Sarajevo, en Bosnie (territoire autrichien).

    L’assassin est un terroriste bosniaque. Cet attentat n’est pas le premier et pourrait être presque considéré comme un « incident » parmi beaucoup d’autres.
    Pourtant, l’attentat amène l’Autriche à déclarer la guerre à la Serbie. Pourquoi ? Certainement pas pour l’attentat par lui-même qui n’est qu’un prétexte.
    En réalité, l’Autriche veut venir à bout de la Serbie, grand foyer d’agitations, qu’elle considère comme une menace pour la stabilité de l’empire des Habsbourg.

    Assassinat de François-Ferdinand de Habsbourg

    A partir de là, c’est le jeu des alliances qui va précipiter le monde dans l’une des plus grandes tueries de l’histoire de l’humanité.
    La Russie, protectrice des pays slaves, déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie. Le tsar, Nicolas II, espère ainsi détourner contre un ennemi commun les forces révolutionnaires qui mettent en péril son pouvoir.
    De plus, derrière ce « protectorat » se cachent des ambitions expansionnistes.

    L’Europe se divise alors en deux camps :

    • La Triple-Entente avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie
    • La Triple-Alliance avec l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne et l’Italie

    Avec le jeu des alliances, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie puis à la France. La Grande-Bretagne soutient son allié français.

    En déclarant la guerre, l’Allemagne souhaite surtout assouvir son désir de conquêtes notamment en matière coloniale.

    L’assassinat de Jaurès

    En ce 31 juillet 1914, la chaleur est suffocante à Paris. La population est dans l’attente de la déclaration de guerre contre l’Allemagne.
    Les journaux multiplient les déclarations patriotiques et exacerbent les valeurs guerrières.

    Jean Jaurès n’est, quant à lui, pas du tout convaincu que cette guerre est inévitable. Il s’emploie au contraire à l’éviter.
    Alors qu’il est en train de dîner au café du Croissant avec ses collaborateurs, il est assassiné de deux balles dans la tête par un homme de 29 ans.

    Illustration de l'assassinat de Jaurès

    Raoul Villain, l’assassin, est étudiant en architecture. Influençable et très porté sur l’absinthe, Villain est le type même du nationaliste enflammé par les propos haineux des journaux, et notamment à l’encontre de Jaurès.
    Pour toute défense, il déclare simplement : »Je n’aimais pas Jaurès. C’était un ennemi de la loi de trois ans et il nuisait à la patrie. »

    Villain sera incarcéré pendant toute la durée du conflit et ne connaîtra donc jamais l’horreur vécue par les soldats dans les tranchées.
    Il ne comparaîtra en justice qu’en mars 1919.

    C’est là que l’on constate que la justice n’est juste que par son nom. Villain aurait dû en principe, selon les lois de l’époque, être condamné à mort. 
    Cependant, les avocats de la partie civile, par respect pour Jean Jaurès qui était contre la peine de mort, ne demandent que la perpétuité.

    Leur erreur a été probablement, étant donné le contexte d’après-guerre, de porter le débat sur un terrain politique.
    Ce n’était qu’une affaire criminelle qui aurait dû être traitée comme telle. Les témoins, amis et collaborateurs de Jaurès, vont tenir des propos qui choquent aussi bien les juges que les jurés.
    Comment peut-on faire passer un message de paix au moment où le Parlement est majoritairement nationaliste et alors que la France a gagné la guerre en sacrifiant sa jeunesse ?

    Le juré déclare donc Raoul Villain non coupable. En clair, personne n’a tué Jean Jaurès. Il est tout simplement relaxé.

    Bien sûr, des manifestations sont organisées pour protester contre cette injustice et des poilus viennent rendre hommage à cet homme qui aurait peut-être pu leur éviter tant de souffrance. Mais, d’une certaine manière, Jaurès est assassiné une seconde fois au nom de la raison d’Etat.

    Jaurès aurait-il pu éviter le déclenchement de la Grande Guerre ?

    Jaurès comptait surtout sur une alliance des partis ouvriers pour sauvegarder la paix.
    Les gouvernements des pays belligérants mobilisaient à l’inverse les populations en valorisant le patriotisme.
    Derrière les drapeaux et les hymnes nationaux, se cachaient de vulgaires intérêts économiques et financiers ainsi qu’un goût prononcé pour l’expansionnisme.

    Malheureusement, cette propagande bien orchestrée et largement relayée par les journaux a fonctionné.
    Les socialistes, comme les syndicalistes, de tous les pays, pourtant pacifistes finissent par soutenir l’entrée en guerre de leurs pays.

    Tableau de John Singer qui montre les ravages causés par la guerre des gaz

    Avec la mort de Jaurès, ce sont les derniers espoirs de paix qui ont disparu. Le lendemain de sa mort, la mobilisation générale a été décrétée en France.
    Les soldats sont partis « la fleur au fusil » persuadés d’être de retour dans quelques mois.

    La suite, nous la connaissons ….

    Personnellement, je doute que Jean Jaurès ait pu éviter le déclenchement de la guerre. Tout au plus, aurait-il pu retarder l’entrée dans le conflit de la France.
    Ce n’est qu’une opinion personnelle mais, à ma connaissance, la volonté d’un seul homme n’a jamais été suffisante pour lutter contre la folie collective.

    Statue de Jean Jaurès. Monument à Carmaux

    Comme l’a écrit Jaurès lors de son discours à la jeunesse en 1903 :
    « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques »

    Il n’a pas été entendu en 1914 et il ne le saura pas plus en 1939.

    V.Battaglia (23.04.2007)

     

     

    Histoire:  Jean Jaurès

     

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