•  

    Vivre sans enfants

     

    Catherine-Emmanuelle Delisle ne deviendra jamais maman. Pour apprivoiser son chagrin, elle a créé une communauté en ligne qui s’étend jusqu’en Europe et en Afrique.

     

    2 jan. 2014 Par Louise Gendron de la revue Chatelaine

     

     

    Société:  Vivre sans enfants

     Photo: Jocelyn Michel

     

     

    La vie de Catherine-Emmanuelle Delisle est pleine de bambins. Ceux de ses amies. Et tous ceux à qui, depuis plus de 10 ans, elle enseigne la musique, l’art dramatique ou le français. Mais elle-même n’en a pas. Et, drame pour elle, n’en aura jamais.

    Elle cherchait une gang de filles avec qui surmonter son chagrin et apprendre à aimer la vie malgré tout. Elle n’en a pas trouvé. Alors elle a créé le blogue Femme sans enfant. Depuis, elle écume le Web et les médias pour traquer toutes les infos, toutes les histoires, tous les témoignages qui touchent à son sujet. Elle fait aussi des entrevues avec des femmes, certaines connues (comme Pénélope McQuade et Geneviève Brouillette), d’autres non, qui, par choix ou à cause des circonstances de la vie, n’ont pas eu d’enfant non plus. « Ce projet, c’était presque un processus thérapeutique, admet-elle simplement. Je cherchais tout ce qui pouvait m’aider. Et j’ai voulu partager. »

    Son blogue, mis en ligne il y a un peu plus d’un an, a reçu au-delà de 27 000 visites et est devenu un point de rencontre pour des femmes (et des hommes) aux prises avec cette réalité, au Québec et dans toute l’Europe francophone.

    Catherine-Emmanuelle sait qu’elle est infertile depuis que, à l’âge de 14 ans, attendant toujours ses premières règles, elle a consulté un spécialiste. Et appris qu’elle souffrait d’aménorrhée inexpliquée et de ménopause précoce. Ce qui signifiait qu’elle n’aurait jamais de règles et resterait donc infertile. « Un choc, dit-elle. Mais à cet âge-là, on est loin de l’idée de maternité. Je n’ai pas vraiment compris ce que ça impliquerait. »

    Quand elle a eu 16 ans, les médecins ont déclenché une puberté artificielle qui lui a fait vivre toutes les étapes de l’adolescence en moins de six mois. Puis elle a vécu sa vie. A fait des études, est devenue enseignante.

    Le vrai choc, la grande remise en question sont venus au début de la trentaine, quand elle a vu ses amies tomber enceintes, allaiter, pouponner. « Je me suis sentie exclue, dit-elle. Je me sentais seule au milieu d’un océan de familles. »

    Depuis, elle a lu des études et des reportages, recueilli des dizaines de témoignages, découvert des femmes qui, même sans enfant, vivent une existence pleine, riche et utile. Son chagrin fait tout doucement place à autre chose. Son prochain objectif : transformer le blogue Femme sans enfant en site Web complet, créer une communauté et, espère-t-elle, aider d’autres femmes à emprunter le même chemin qu’elle.

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Laïcité : non au voile

     

     

    C’est un symbole trop grave, dit Wassyla Tamzali.

     

    2 déc. 2013 Par Marie-Hélène Proulx de la revue Chatelaine

     

     

    Société:  Laïcité : non au voile

    Wassyla Tamzali 

    Crédit photo: Hejer Charf 

     

     

    Une femme peut-elle porter le voile et être libre – vraiment libre? L’auteure et avocate algérienne Wassyla Tamzali n’y croit pas une seconde. Pas plus au Québec qu’ailleurs.

     

    Elle a même déjà qualifié cette pratique de « sadomasochiste ».

     

    Cette tête forte se bat depuis toujours pour les droits des femmes. « Quand on est née Algérienne, on ne peut y échapper! » Un combat qu’elle a mené entre autres à titre de directrice à l’UNESCO.

     

    Le débat sur la laïcité au Québec la passionne – et l’inquiète. Châtelaine l’a rencontrée lors de son passage à Montréal, en novembre.

     

    Le projet de loi sur la laïcité au Québec a fait réagir beaucoup de musulmanes. Elles défendent haut et fort leur droit de porter le voile dans la fonction publique. Je pense à l’étudiante en sociologie Dalila Awada, par exemple. Elle dit qu’ici, le voile n’a pas le même sens que dans les pays où on l’impose. Ce serait plus un symbole culturel et spirituel. Que pensez-vous de ce discours?

     

    On ne me fera jamais dire que le voile est innocent. Jamais. C’est bien plus qu’un signe religieux, comme l’est une croix, par exemple : c’est LE signe de l’oppression des femmes. C’est grave de le banaliser.

     

    J’ai du mal à comprendre les Québécoises qui appuient les revendications des femmes voilées. Elles ne penseraient jamais que le hijab est sans conséquence pour elles-mêmes ou pour leurs filles. Pourquoi est-ce plus acceptable pour une musulmane? Pendant vos élections municipales, j’ai trouvé grotesque qu’Anie Samson, mairesse de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, se mette un foulard sur la tête pour faire un discours dans une mosquée, à Montréal. C’est ce qui pouvait arriver de pire. On ne se rend pas compte des méfaits de cette démarche.

     

    Si vous pilotiez le projet sur la laïcité, que feriez-vous?

     

    J’irais plus loin en interdisant le voile dans les écoles à tous les niveaux, pour les profs comme pour les élèves. Et je ne dis pas ça parce que j’ai peur de l’islam! J’ai grandi dans une famille musulmane, au sein d’une des premières générations de femmes dévoilées, en Algérie. On tend à nier cette partie de l’Histoire, mais dans presque tous les pays arabes, des années 20 à 60, des femmes ont dit non au foulard. Elles sont sorties, elles sont allées à l’université. Comme quoi on peut très bien être Arabe et musulmane et ne pas se couvrir. La religion ne prescrit rien à ce sujet. « Le voile n’est pas musulman, il est patriarcal », a écrit Mohamed Talbi, grand spécialiste de l’islam. C’est un outil politique pour dominer les femmes. Dans certains pays, ça commence très tôt, avec des petites filles de 4 ans déjà couvertes de la tête aux pieds.

     

    Mais, au Québec, le climat politique est différent, c’est une des nations les plus égalitaires au monde. Les musulmanes voilées sont souvent scolarisées, articulées. Et pas soumises pour deux sous, jurent-elles. Plusieurs se disent féministes.

     

    Si elles sont féministes, alors je ne le suis pas. Porter le voile ne peut être revendiqué comme un acte de liberté. Même si, en Occident, des femmes voilées étudient, gagnent bien leur vie, vont au cinéma, ont un mari qui fait la vaisselle. Même si ça résulte d’un choix personnel. On peut très bien s’aliéner soi-même! Je trouve qu’elles renforcent une vision de la place de la femme dans la société issue du vieux modèle patriarcal. Elles tiennent pour acquis le discours sur la femme dans certaines interprétations de la religion. C’est ça qu’il faut déconstruire!

     

    Pendant ce temps, le port du foulard se répand dans le Maghreb et partout ailleurs. Aujourd’hui même, dans certaines banlieues de Paris, les filles ne peuvent plus sortir sans leur hijab. Leurs frères les surveillent. C’était inimaginable il y a 15 ans.

     

    Comment expliquez-vous ce phénomène?

     

    Je pense que certaines femmes d’origine maghrébine issues de l’immigration se voilent pour manifester leur ressentiment vis-à-vis de l’Occident, notamment à cause de la colonisation du Maghreb par les Français [dès la fin du 19e siècle]. Elles veulent montrer leur résistance à l’assimilation, aux codes culturels d’une autre civilisation.

     

    Leur attitude défensive vient aussi des difficultés d’intégration dans les sociétés d’accueil. En France, les immigrants de deuxième, troisième générations continuent de se faire appeler des « immigrés ». Les politiciens leur ont construit des mosquées pour leur faire plaisir, mais tardent à forcer les entreprises à les embaucher. À la télé, par exemple, il y en a plein qui travaillent à l’arrière-scène, mais pas un qui présente une émission! Au Québec, vous allez devoir être vigilants par rapport à ça. Il y a déjà une certaine xénophobie à l’endroit des musulmans à la suite des attentats de 2001, de la guerre en Irak, etc.

     

    Pensez-vous que la volonté des filles de se couvrir ici peut aussi être une réaction à l’hypersexualisation?

     

    Oui, sans doute. Beaucoup ont un choc face à la modernité. Je suis justement en train d’écrire un roman à ce sujet. Un des personnages est une immigrée algérienne qui, dans son pays d’origine, avait porté la minijupe et allait cheveux au vent. Or, après son arrivée en Italie, elle remet le voile. Parce qu’elle a peur. Elle a peur pour ses enfants. Elle ouvre la télé, et qu’est-ce qu’elle voit? Des gens nus, deux hommes mariés ensemble, deux femmes qui s’embrassent à pleine bouche.

     

    Vous n’avez pas idée comme c’est effrayant, ce monde où tout est désacralisé, alors que pour elles, tout est sacré. Notamment les différences sexuelles. Je dirais même que l’infériorisation des femmes est sacrée!

     

    Mais je crois que ce qui leur fait peur, surtout, c’est la liberté. Parce que pour la femme, cela signifie qu’il lui faut prendre en main son destin, seule, sans protecteur. Elle doit travailler, être en concurrence avec les mecs. C’est dur, la liberté. Il faut aller à contre-courant de sa famille et de son milieu, affronter la solitude… Je suis bien placée pour le savoir, et beaucoup de féministes avec moi le savent aussi. Ça explique peut-être pourquoi je ne me suis jamais mariée. Ceci dit, je n’échangerais ma vie pour rien au monde.

     

    Pin It

    1 commentaire
  •  

    À table avec Daniel Boulud

     

     

    Invitation dans l’univers d’une star de la gastronomie mondiale.

     

    26 nov. 2013 Par Louise Gendron de la revue Chatelaine

     

     

    Société:  À table avec Daniel Boulud

    Photo : T. Schaeuer

     

    Derrière le sourire se cache un grand artiste du goût, un brillant homme d’affaires, un travailleur infatigable. 

     

    Quand le Ritz-Carlton de Montréal s’est remis au monde, l’an dernier, c’est à Daniel Boulud (prononcer Boulu) qu’on a offert d’y créer un restaurant à la hauteur de la réputation du prestigieux hôtel. La Maison Boulud, nichée au rez-de-chaussée du célèbre établissement, est déjà reconnue comme l’une des grandes tables du Canada. Le décor est signé Super Potato, la société du designer japonais Takashi Sugimoto, qui a aussi conçu certains espaces à l’hôtel Hyatt de Shanghai et au Caesars Palace de Las Vegas.

     

    La Maison Boulud au Ritz-Carlton, à Montréal. Le décor est signé Super Potato, la société du designer japonais Takashi Sugimoto, qui a aussi conçu certains espaces à l’hôtel Hyatt de Shanghai et au Caesars Palace de Las Vegas.

     

    Société:  À table avec Daniel Boulud

    La Maison Boulud au Ritz-Carlton, à Montréal.

     

    Le menu y porte la griffe du chef : une cuisine moderne, mais fidèle à son héritage gastronomique, adaptée au lieu et au moment et axée sur la saisonnalité. Daniel Boulud est français. De naissance, de culture et de tradition. Américain aussi. D’adoption – il vit à New York depuis près de 30 ans – et d’affinités. Mais il est partout ! À New York, il officie au Daniel, dont la table est considérée comme l’une des meilleures au monde, en plus d’exploiter des bistros, des bars et même une épicerie. Il règne également sur un mini-empire d’une vingtaine d’établissements qu’il a semés à Singapour, Londres, Pékin, Miami, Palm Beach et Toronto.

     

    Société:  À table avec Daniel Boulud

    Le DBGB Kitchen and Bar, à New York,

    où le décontracté reste quand même chic.

    Photo: P. Wagstoulcz

     

    Partout où il s’installe, cet artiste s’allie à des producteurs locaux, associe tradition française et cultures régionales. À la Maison Boulud, dirigée au quotidien par le chef Riccardo Bertolino, on ne déroge pas à cette règle. La table met en vedette fromages, légumes, fruits de mer et viandes du Québec. De même, pour le menu des fêtes qu’il nous propose ce mois-ci, Daniel Boulud nous encourage à marier de bons produits d’ici à d’autres qui viennent d’ailleurs, certes, mais dont on peut difficilement se passer : orange, rhum, chocolat…

     

    * Les recettes de latkes, de canards à l’orange sanguine et de pots de crème ont été adaptées de Daniel’s Dish : Entertaining at Home with a Four-Star Chef (Daniel Boulud, Filipacchi Publishing, 2003).

     

    Société:  À table avec Daniel Boulud

    Le Daniel, une grande table de New York,

    où le chic se donne une nuance de décontracté !

    Photo: E. Laignel

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Violence conjugale : des mots sur

    les maux

     

    Plus d’une centaine de témoignages pour briser les tabous sur le site Vivre la violence conjugale.

     

    27 nov. 2013 Par Caroline Larocque-Allard de la revue Chatelaine

     

    Société:  Violence conjugale : des mots sur les maux

    IStock

     

    Dans une perspective de prévention et de sensibilisation, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC) lance cette semaine le site Web Vivre la violence conjugale. Il réunit les témoignages de femmes qui ont subi une forme ou une autre de violence.

     

    « Au début de ma relation, mon tortionnaire ne me frappait pas […], mais avec les années, j’ai vite compris que ses gros mots remplis de cruauté et de méchanceté sont devenus pires qu’une “volée”. Il passait son temps à me traiter de bâtarde, de chienne, même devant mon enfant, ses amis […] Il m’a déjà fait coucher dans la remise sous prétexte qu’il n’était plus capable de voir ma “crisse de face laitte” […] J’ai pu le larguer parce que j’ai finalement eu ma pension de vieillesse.

     

     

    D’une “poquée” qui espère finir ses jours dans une vie meilleure. »

     

    Ce genre d’histoire de « poquée », les intervenantes en entendent régulièrement entre les murs des centres d’hébergement et de soutien pour femmes violentées.

     

    « Quand les femmes se présentent à notre porte ou nous appellent, elles ne savent pas nécessairement qu’elles subissent de la violence. Plusieurs viennent vers nous perplexes, incertaines de ce qu’elles vivent à la maison, pour s’informer et pour obtenir un avis extérieur », explique Nathalie Villeneuve, présidente du Regroupement.

     

    Les intervenantes des quelque 45 maisons membres du Regroupement ont mis plusieurs mois à recueillir les 125 témoignages qui se trouvent sur le site Vivre la violence conjugale. Les histoires sont racontées avec les mots des victimes, crus, sans artifices. Une incursion poignante dans ce qui s’avère le lot quotidien de milliers de femmes chaque année au Québec.

     

    « Certains récits présentés sur le site sont troublants, c’est vrai, mais notre but n’est pas de faire du sensationnalisme. Nous croyons qu’en livrant ainsi le vécu des femmes qui passent par nos maisons, en exposant, avec leur accord, des drames qui, autrement, demeureraient confidentiels, nous arrivons à mettre des mots - les vrais - sur ce qui est, encore en 2013, un tabou, pour elles comme pour la population générale. »

     

    « Au-delà des faits divers qu’on présente dans les médias, le vécu de violence qui les entoure est encore méconnu et tabou », ajoute Mme Villeneuve. « Les femmes ont honte ou ont tendance à relativiser les sévices qu’elles subissent en se disant que d’autres vivent bien pire qu’elles. Les préjugés persistent aussi : “Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de réagir?” “Il devait avoir une raison d’agir comme il l’a fait.” »

     

    Ce qui a néanmoins convaincu la majorité des femmes de surpasser leur peur et de confier leur expérience dans le cadre du projet, croit Nathalie Villeneuve, c’est la possibilité qu’elles puissent ainsi changer la vie d’autres femmes, les convaincre de prendre les décisions nécessaires pour s’en sortir. C’est aussi pourquoi certaines victimes ont voulu livrer des témoignages d’espoir et relater les changements positifs qui ont découlé de leur démarche.

     

    « Dans les quatre dernières semaines, les bulletins de nouvelles nationaux ont fait état de trois meurtres ou tentatives de meurtre contre des femmes par leur conjoint. Et ça se reproduira. C’est alarmant, mais ça reste pourtant souvent au niveau du fait divers. La sensibilisation est un travail de tous les jours, et nous espérons que l’outil du site Internet nous aidera à répondre à une partie des besoins. »

     

    En plus de consulter les histoires déjà recueillies, le public peut témoigner directement sur le site Internet. « Nous souhaitons aussi attirer l’attention des amis, de la famille ou des voisins sur ce que peut représenter concrètement un cas de violence conjugale et les inciter à demeurer vigilants. »

     

    Le site Vivre la violence conjugale s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale « 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes », qui débutait le 27 novembre et qui culmine le 6 décembre, date anniversaire de la tuerie de Polytechnique.

     

    Pour trouver une maison d’hébergement : maisons-femmes.qc.ca

     

    Des services téléphoniques, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 : 1 800 363-9010

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    22 novembre 1963

    Assassinat de Kennedy à Dallas

     

     

    Le président américain John Fitzgerald Kennedy est assassiné à Dallas (Texas), le 22 novembre 1963. 

     

    À 12h30, tandis que sa limousine roule sur Dealey Plaza, il est atteint de deux balles tirées par derrière, du 5e étage d'un immeuble abritant un dépôt de livres.

     

     

    Société:  Assassinat de Kennedy à Dallas.... 22 nov. 1963

     

    Assassinat de John Fitzgerald Kennedy, Dallas, 22 novembre 1963 (DR)

     

    Un attentat au retentissement planétaire

     

    En vue de sa réélection l'année suivante, le président avait entrepris au Texas un voyage officiel aux allures de tournée préélectorale. Après Fort Knox, où il a serré les mains des badauds sans prudence aucune, le voilà qui débarque à l'aéroport de Dallas. 

     

    De bonne humeur, savourant le beau temps et désirant se concilier une ville frondeuse, de tradition sudiste et hostile à sa politique d'intégration raciale, Kennedy demande que sa voiture soit décapotée et roule à petite vitesse. Pas moins de deux cent mille personnes se sont déplacées pour l'accueillir.

     

    À l'avant de la voiture se tiennent deux  agents du Secret Service, en charge de sa sécurité. À ses côtés son épouse et le gouverneur du Texas John Connally.

     

    Une première balle frappe le président à la gorge et blesse gravement le gouverneur au poumon. Quelques secondes plus tard, une deuxième balle fait exploser le crâne du président. Les photographes saisissent l'instant où, dans un réflexe désespéré, son épouse en tailleur rose se jette sur le capot arrière pour recueillir un morceau de cervelle ! 

     

    Le président décède sur le chemin de l'hôpital. Il avait seulement 46 ans. Il était beau (et coureur de jupons). Il avait de jeunes enfants (Caroline et John-John) et une femme séduisante, Jacky, née Bouvier (d'origine française).

     

    Il souffrait aussi de maux importants : une malaria attrapée pendant la guerre du Pacifique et surtout une tuberculose des reins et une grave maladie dégénérative des os qui affectait la colonne vertébrale et l'accablait de douleur.

     

    Sa mort soulève une émotion immense dans le monde.

     

    Une enquête bâclée

     

    L'assassin, très vite identifié comme l'un des employés du dépôt de livres, est arrêté dans l'après-midi dans un cinéma de la ville. Il s'avère être un désaxé de 24 ans, Lee Harvey Oswald, ancien marine et sympathisant communiste, qui a séjourné en URSS de 1959 à 1962 et en est revenu avec une jeune épouse soviétique et un enfant.

     

    Société:  Assassinat de Kennedy à Dallas.... 22 nov. 1963

     

    Assassinat de Lee Harvey Oswald par Jack Ruby le 24 novembre 1963 (DR)

     

    De façon aussi spectaculaire qu'inattendue, il est lui-même tué deux jours après par un certain Jack Ruby, propriétaire d'une boîte de nuit, devant les caméras de la télévision, alors qu'on le transférait du poste de police à la prison du comté. Il meurt donc avant d'avoir pu communiquer ses mobiles à la police.

     

    Cette circonstance, combinée aux maladresses de la police et à l'incurie des services de renseignement, laissera planer un doute sur l'existence d'éventuels commanditaires (Mafia, CIA, URSS, Cubains...?) et donnera matière à plusieurs films et livres à sensation (dont JFK, un film d'Oliver Stone, en 1991).

     

    Le successeur de Kennedy à la Maison Blanche, son vice-président et ancien rival Lyndon Baines Johnson (55 ans), est même suspecté d'avoir organisé le complot pour cacher son alliance douteuse avec les pétroliers du Texas et faire avorter un projet de taxation des revenus pétroliers... 

     

    La commission désignée par le nouveau président le 29 novembre 1963 pour faire la lumière sur l'assassinat, placée sous la direction du président de la Cour Suprême Earl Warren, a conclu au bout de dix mois au crime d'un tireur isolé, Lee Harvey Oswald, mais en laissant beaucoup de zones d'ombres.

     

    De son côté, Jack Ruby, peut-être détenteur de la vérité, meurt d'un cancer en prison sans avoir fourni d'autre explication à son meurtre que le désir de punir l'assassin pour la peine qu'il avait fait subir à... Jacky Kennedy.

     

    Depuis l'attentat de Dallas, les Américains cultivent la nostalgie du président défunt. Ils l'associent au souvenir d'une incontestable prospérité et d'une société relativement égalitaire et homogène.

     

    André Larané

     

    Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique